Le village est petit, mais j’aimerais le lui faire visiter. Il faut dire que c’est la première fois que j’ai un camarade de classe de mon âge, un autre garçon que Kôtarô. Je suis tellement contente, surtout depuis que Shige a fini le collège il y a quatre ans, j’ai toujours rêvé de pouvoir échanger mes livres scolaires, copier les devoirs… en plus, ça veut dire que je ne serai pas toute seule pendant le voyage de fin de collège.
J’espère que l’école va lui plaire, et le village aussi. Ce serait bête qu’il n’aime pas notre chez nous.
Peut-être que chaque chose a une place qui lui convient ? Mieux vaut la laisser à l'endroit où elle s'épanouira le plus...
- Dis… dans ce village….
- C’est reparti. La question typique d’Ôsawa : il y a XXXX dans ce village ?
….
?
- Non, rien, c’est pas grave.
- Quoi ? allez, vas-y, demande ! Peut-être qu’il y a ce que tu cherches !
- Une salle d’arcade.
- … une salle de quoi ?
- Une salle de jeux vidéo, si tu préfères.
- Mais tu as déjà une Famicom, non ?
- C’est pas pareil.
- Ah bon, moi je n’y ai jamais joué, alors je ne vois pas trop la différence.
- Tu veux essayer ? tu verras, c’est sympa. Viens jouer chez moi, OK ?
Les jeux vidéo ne m'attirent pas trop, mais ça me fait plaisir d'être invitée, et puis je n'aime pas quand il a l'air de s'ennuyer.
-Si ça se trouve, j’aurais pu ouvrir un restaurant, qui sait ? C’est pour faire des études de cuisine que j’étais partie à Tokyo.
-C’est sûr, avec des plats aussi délicieux, ça aurait bien marché.
- pourquoi vous ne l'avez pas fait ?
-C’est un peu difficile à expliquer, surtout à des enfants comme vous.
-Vous avez couché avec un homme marié ? Ou alors vous aviez plein de dettes ? Ou vous étiez victime de racket ?
- Enfin quelque chose dans ce goût-là, euh, non, hum
- Je vous comprends, ce sont de bonnes raisons, tout ça....
- J’ai vraiment du mal à l’aimer en ce moment. Je parle de mon père. Il est chiant et capricieux, il n’arrête pas de nous crier dessus, il se moque de nous, il ne réfléchit pas, et en plus il persiste dans sa bêtise. J’aimerais qu’il disparaisse. Ca fait un moment que je pense ça, mais maintenant que j’en ai parlé, je ne sais pas, je crois que je le regrette.
- OK alors j’ai rien entendu.
- Tu as beau être enfin à Tokyo, tu ne penses qu'à ton village.
- Pourtant, cette ville me coupe vraiment le souffle, comme on dit. D'ailleurs, elle m'épuise. Mais j'ai tellement insisté pour venir, je n'ai pas le droit de me plaindre.
- Soyo, je crois que tu as réalisé, que tu aimes ta campagne. C'est une belle leçon. Bon... on visite la mairie de Tokyo et on rentre.
- Elle est tellement obsédée par Tokyo je ne sais plus quoi faire. Aidez-moi s'il vous plaît.
- C'est plutôt bien sa proposition de t'emmener quand vous serez adultes, non ?
- C'est dans longtemps et je n'ai pas confiance. En plus, le Tokyo de demain ne sera pas le même que celui d'aujourd'hui.
- Ce n'est pas faux. Mais cela vaut pour le monde entier, tu sais.