Geoffrey Homes

Je ne peux resister a une couverture avec Robert Mitchum. Tiree d'un film noir classique que je n'ai pas vu (soupir). Je me console en lisant le livre.



Il n'a rien de consolant, ce livre. C'est du noir de noir. Un thriller decapant. Une histoire cruelle, de mensonges, de fourberies, de crimes, d'espoirs decus, qui ne peut que finir tragiquement.



J'ai du m'accrocher au debut. Ca se promene en avant et en arriere dans le temps, et ca introduit une ribanbelle de personnages dont on n'arrive a saisir les rapports qu'apres quelques chapitres.

Un ancien prive veut reconstruire sa vie, laisser derriere lui un passe violent et dangereux, se couler dans une placide existence anonyme. Son paradis c'est Bridgeport, un petit patelin où une jeune fille l'aime. Son enfer, New York. Mais il ne peut y avoir de paradis pour quelqu'un qui a vecu comme lui. Son passe le rattrape. Des malfrats veulent le forcer à rentrer dans les affaires, en fait lui coller des meurtres. Il n'est pas ne de la derniere pluie et il le comprend vite. Mais va-t-il s'en tirer dans un jeu ou il est seul contre de tres nombreux adversaires, chacun pour ses propres raisons? L'ombre du gibet le poursuit. Et toutes ses actions sont peuplees de souvenirs, surtout le souvenir d'une femme qu'il avait sauve, qu'il avait aime, et qui le trahit. C'est LA femme fatale, la beaute qui marche sur les paumes et les cadavres. La femme qui, entre les draps, lui avait recite des vers d'une poetesse oubliee: “quand je serai morte et qu’au-dessus de moi l’éclatant Avril secouera sa chevelure mouillée…”, facheux presage. But this is noir, baby, personne n'echappe a son destin.



C'est une histoire qui a comme constante l'ambiguite, le clair-obscur moral. Et c'est fascinant. Malgre tout, le lecteur prie pour le heros, pour le sauvetage de sa peau et de son ame, mais ni lui ni le lecteur n'en pourront rien. Noir de noir, disais-je. Pour moi un classique, comme certaines oeuvres de Cain ou de Goodis. En plus il parait que le film qu'en avait tire Jacques Tourneur, avec Mitchum et Kirk Douglas, est encore meilleur. J'ai du pain sur la planche.



P.S. Il n'y a pas qu'a Robert Mitchum que je ne peux resister. Aux citations non plus. J'ai donc cherche. C'est un court poeme de Sara Teasdale (1884-1933), une poetesse qui s'est suicidee. Un poeme premonitoire? Pour elle? En tous cas pour le heros de ce roman.



I Shall Not Care



WHEN I am dead and over me bright April

Shakes out her rain-drenched hair,

Tho' you should lean above me broken-hearted,

I shall not care.

I shall have peace, as leafy trees are peaceful

When rain bends down the bough,

And I shall be more silent and cold-hearted

Than you are now.

Avec un énième déménagement en vue, je continue ma relecture des livres qui sont en fin de vie et que je ne vais pas garder vu leur état de décrépitude avancé. Alors celui-ci date des années 70 et tombe en morceaux, mais il a fait le job de me divertir avec une enquête policière, qui paraît assez simple. J'avais dès le départ une idée du coupable mais l'auteur nous fait douter en nous proposant différents suspects potentiels, je suis un peu déçue par la fin parce que le coupable que j'avais imaginé est bien le seul et unique responsable de tous ces crimes, pas de rebondissements de dernière minute, pas de coupable qu'on n'aurait pas imaginé mais ça marche quand même.