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Critiques de Georges Walter (17)
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Enquête sur Edgar Allan Poe : Poète américain

Cet ouvrage est un monument. Le romancier Georges WALTER le publia en 1998 et l'intitula fort honnêtement : "Enquête sur Edgar Allan Poe poète américain". Il mérite, à nos yeux, un très-très large lectorat...



Il s'agit du Fruit conséquent de plusieurs années d'un travail passionné et acharné : tout en épluchant à Richmond (Virginie) les archives commerciales/personnelles du père adoptif John Allan, l'auteur "paya de sa personne" par sa présence obstinée sur les divers lieux du Culte, un siècle et demi après la disparition du Géant...



Sans trop connaître l'Oeuvre immense de Poe, nous découvrons 620 pages denses d'une biographie admirablement contée, publiée - sans illustrations, ce qui ne nuit pas à l'ouvrage d'un prix très modique [13 €] - aux éditions Phébus (collection "Libretto").



Notre amie Woland lui a dressé ici un piédestal en 2007 et je ne rendrai jamais assez grâce à son article qui m'amena, moi aussi, un jour au pied de la statue du "Virginien", par le truchement de ce Monument d'empathie savante de Monsieur WALTER. [*]



L'imbécillité de l' "ami" exécuteur testamentaire (premier éditeur, charognard et Père-la-Morale) "révérend" Rufus Wilmot Griswold, les naiseries psychanalysantes & hilarantes de Marie Bonaparte, l'alcoolodépendance de l'artiste [Edgar Allan POE, 1809-1849] poursuivi par la dèche, de Boston à Baltimore, en passant par Richmond, Charlottesville, Boston, New-York, Philadelphie et Baltimore, n'y changeront plus jamais rien : l'intransigeant orphelin a mené - malgré tous les obstacles - une carrière épatante de critique, poète, essayiste, "nouvelliste" et romancier (le seul achevé fut le fameux et alors méprisé "Les Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket" qui vit le jour en 1838...).



Un pourfendeur donquichotesque des "cliques" complaisantes et mafiosesques de la Critique de son temps (de New-York à Boston, on défend les ouvrages des "amis" et la respectabilité de ceux-ci, évidemment "sans taches au gilet")... et il paiera fort cher son outrecuidance ! Pauvre et "alcoolique" et encore... donneur de leçons de Littérature ! "Alors non, ça ne se passera pas comme ça ! " D'où ces démolitions-de-l'homme-par-la-Rumeur... ces prévisibles petites vengeance[s] & autres sournoiseries qui vous tueront à petit feu un homme déjà fort éprouvé par l'existence...



Aumônes éditoriales, inexistence du moindre des Droits d'auteur et joyeuse piraterie de toute la Littérature anglaise dans le (pas si) "Nouveau Monde"... Quelle époque de p...tains & flibustiers chez ces héritiers du Puritanisme !



Il fut le bel inventeur (scientifique) du Post-Gothique "poesque" en mille pièces de puzzle d'amours brèves et de morts précoces : de "Metzengerstein", "Manuscrit trouvé dans une bouteille", "Bérénice", "Morella", "Le Roi Peste", "Ombre", "Ligeia", "La chute de la Maison Usher", "Double assassinat dans la Rue Morgue", "Eléonora", "Le Portrait ovale", "Le Masque de la Mort Rouge", "William Wilson", "Le Jardin Paysage", "Le Mystère de Marie Roget", "Le puits et le pendule", "Le coeur révélateur", "Le Scarabée d'or", "Le Chat noir", "L'enterrement prématuré", "Révélation magnétique", "L'Ange du Bizarre", "La lettre volée", "Petite discussion avec une momie", "La vérité sur le cas de Monsieur Valdémar", "Le Domaine d'Arnheim", jusqu'à son inachevé "Le Phare"...



L'essayiste de "L'art du conte", "Le principe poétique" et, enfin, d' "Eureka"...



Le poète de "Tamerlan", "Stances à Hélène", "The Raven" ["Le Corbeau"] et du doux souvenir d' "Annabel Lee"...



La vénération des contes et récits de l'autre pionnier de la Littérature du Nouveau-Monde, son frère de rêves et son exigeant contemporain Nathaniel HAWTHORNE [1804-1864], père de "La Lettre écarlate" qui fleurit l'année 1850...



Sa voix de conteur toujours singulière, son ton inimitable, sa culture et son érudition immenses...



Bref, l'inadapté parfait.



"L'Oncle d'Amérique" (ainsi qualifié par Julien GRACQ dans l'un de ses ouvrages critiques) que fut Poe en sa trajectoire météoritique ABSOLUMENT singulière et solitaire... avait la dent dure et argumentait fort méchamment : on retrouve chez lui la constante de cette dénonciation (passablement violente et inattendue par eux) des moeurs de "gentlemen" ne se préoccupant alors ABSOLUMENT PAS d'art littéraire mais bien de commerce et de "renvois d'ascenseur" avant la Lettre - comme une préfiguration du pamphlet "La littérature à l'estomac" [1950] que fit paraître le jeune GRACQ à l'âge de 40 ans (l'âge de la mort du poète).



Monsieur GRACQ conclut d'ailleurs l'ouvrage-somme de WALTER par une somptueuse lettre manuscrite du 28 février 1991 : autre grand moment du livre (déjà fort de ses XVII chapitres, ses notes passionnantes, son index)... où l'auteur de "En lisant en écrivant" [1980] parle avec éloquence de son admiration pour cette biographie où le romancier a su se mettre dans la peau du très aristocratique Auguste Dupin de "Double assassinat dans la Rue Morgue" (que la traduction de Charles BAUDELAIRE nous rendit inoubliable)...



Derrière l'icône, l'homme obstiné : vous trouverez ici son émouvant, très sensible et très mouvant portrait - pour ainsi dire "SCIENTIFIQUEMENT EXACT" (jusqu'à voir les flous du daguerréotype tardif s'animer peu à peu sous nos yeux) !



Allons, lâchons bien vite "nos" chers Foenkinos, Gavalda, Nothomb, [...] et autres "Nouveautés (?) Amuse-Néant" [*] pour nous ruer en masse sur cette magnifique enquête biographique dont la précision et l'intérêt valent largement celles du "Simenon" et du "Hergé" de Pierre ASSOULINE...



[*] ... 3 seules critiques babéliennes de cet ouvrage en 14 années [!!!] sur notre Media "intelligent" favori... face à une moyenne de 15.000 textes (j'exagère à peine...) par "new-nouillerie" - je parle bien sûr de ces pénibles "Nouveautés" autoproclamées, tombant automatiquement dans La Gamelle et aussitôt avidement commentées ("Ah moi-z'ai aimé, pas toi ? Pareil... Allé-zou dans ma PAL !")... :-)



"Tu vois, (cher Eddy...) rien n'a vraiment changé depuis que tu nous as quittés... " [Cf. le très douloureux mais très jazzy "Pauvre Boris..." de Jean FERRAT]
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Faubourg des Amériques

Un résident d'un petit hôtel dans un faubourg dévasté élabore le scénario d'un film qu'il présente à des personnalités du monde cinématographique. Nous suivons les aventures de deux Nora, Nora numéro un, qui traverse l'Atlantique avec les pères pèlerins du Mayflower et Nora numéro deux, mannequin d'une agence internationale.

Même s'il est intéressant au point de vue historique, ce roman constitue un imbroglio difficile à suivre entre ces trois personnages.

Je l'ai lu avant de m'endormir, ce qui était parfait !

je l'ai trouvé dans une boîte à lire et je vais m'empresser de l'y remettre !
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Le Livre interdit

J'ai commencé à lire l'oeuvre de Kessel en 2018, il n'est jamais trop tard pour bien faire, et c'est avec bonheur que j'ai reçu ce livre sur ce personnage atypique, impressionnant, tel un lion avec sa chevelure, sa carrure. Il en impose, c'est le moins que l'on puisse dire.

J'ai beaucoup aimé découvrir ce personnage, cet amoureux des chats, des mots, des voyages. Un dernier hommage à Jef, par son ami Georges, qui a su nous dévoiler un peu plus ce personnage, sa famille, sa femme Michèle, ses demeures et son chat : Moustafa le plus beau matou de Paris. Aussi atypique que son maître, ça va de soi.

Une très belle écriture, si belle qu'elle nous porte tel un fleuve sur les rives du plaisir.

Une très belle découverte qui me permet d'imaginer mieux cet auteur et de découvrir encore ses livres. Sans doute, je pourrai les aborder différemment.

Si vous appréciez Kessel, ce livre vous ravira sans aucun doute.

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Le Livre interdit

Grande admiratrice de l’œuvre de ce géant Joseph Kessel je ne pouvais pas ignorer ce récit.

Plus qu'un récit, d'une plume inspirée, c'est pour moi la dernière lettre d'une amitié passionnée.



Georges Walter, nous livre les dernières années d'un homme qui a tout vécu intensément et qui ne pouvait se résoudre à écrire Le livre, que tout écrivain voudrait écrire, celui sur sa mère. Avec l'exemple de celui de Gorki et d'Albert Cohen voir celui de son ami Romain Gary «la promesse de l'aube».

Le début peut paraître lent, mais c'est plutôt l'empreinte d'une belle émotion à livrer ce témoignage d'une amitié virile et exaltante.

Puis éclos, comme une fleur s'ouvre aux premiers rayons du soleil, encore enveloppée de rosée, le portrait d'un Joseph Kessel, intime sans voyeurisme.



Un homme vieillissant, fatigué, et en filigrane Michèle sa femme depuis trente ans, en but aux démons d'un alcoolisme quasi-génétique, grand amour de l'écrivain même si cela ne plaisait pas à certains de son entourage.

D'autres ont formé un noyau dur d'une amitié indéfectible et se sont relayés, épaulés, pour les entourer jusqu'au dernier souffle.



Le mystère reste Le Livre, celui qu'il n'arrive pas à écrire, celui qui le tourmente...Le lecteur averti n'a pas besoin de consulter la bibliographie du «lion» pour savoir qu'il n'a pas été écrit.

Ce qui est attachant, ce sont toutes les anecdotes d'une vie normale, même pour quelqu'un comme l'écrivain, reconnaissant mais pas dupe, des manigances de ses amis, pour lui faciliter ces dernières années.



Personnellement j'ai été ému de le retrouver, dans ce quotidien, fait de petits bonheurs à saisir, de difficultés, de cet attachement aux vraies valeurs.

Cet homme était capable d'admiration et surtout son humilité réchauffe le cœur à une période où les sans talent font la une de tous les médias existants, sont partout tout le temps.

Kessel était attentifs aux autres, jamais pontifiants...



Cela m'a rappelé mes heures de lectures à rêver ces pays lointains, ces hommes et ces femmes et ces histoires si luxuriantes et sauvages. Le tout fait de vraies valeurs.



La musique de ce récit est celle d'une voix étranglée par l'émotion de celui qui raconte, pour ensuite enfler sur des notes plus cocasses, et personnelles pour finir en sanglots car perdre un tel ami, pas facile.

C'est avec émotion que je referme ce livre en préparant mentalement les livres de Kessel que je vais relire.

Ce beau témoignage de Georges Walter nous aura redonner vie à son ami, tellement aimé et aura réhabilité sa femme Michèle disparue elle aussi en 1979, quelque mois après son Jeff.

Un beau complément à la magnifique biographie d'Yves Courrière.






Lien : http://chantal-lafon-12.skyr..
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Ils étaient cent mille

Hu Chi-hsi, historien chinois et Georges Walter, écrivain français se sont mis ensemble pour racouter l'histoire de la longue marche de Mao Tse Tong.



Ce fut pour moi qui ne connait pas bien l'histoire de la Chine, un livre très instructif.

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Enquête sur Edgar Allan Poe : Poète américain

Sans tourner à l'hagiographie, cette "Enquête sur Edgar Allan Poe" passe volontairement sous silence une bonne part de l'alcoolisme du grand écrivain américain ainsi que toute sa sexualité. Georges Walter, au demeurant excellent écrivain, n'est pas un vautour. Certains regretteront sans doute ce parti pris qui s'explique peut-être par la colère dans laquelle les excès de Marie Bonaparte sur le même sujet ont plongé le biographe. Poe paré d'un alcoolisme qui, selon Walter, ne révèle pas sa vraie nature mais crée au contraire un autre Poe ; Poe dépouillé de cette sensualité morbide qui le pousse à faire de toutes ses héroïnes des mortes ou des demi-mortes, Poe perd un peu de son cachet unique.


En contrepartie, Georges Walter met en évidence, il faut bien le dire, tout ce qui, chez Poe, est habituellement passé sous silence et, partant, inconnu du grand public. D'abord et surtout la place éminente qui lui revient dans la naissance de la littérature américaine moderne. Car, ne nous y trompons pas, Poe est un moderne. Récupérant ici et là les vieilles lunes du Gothique, les saupoudrant d'un Romantisme qui n'est pas encore sur le déclin et d'une clarté d'analyse qui n'appartient qu'à lui et qui trouve son origine dans ses études grecques et latines autant que dans son intérêt pour les mathématiques, Edgar Poe annonce à la fois le roman policier et le roman d'épouvante du XXème siècle. Mieux : il annonce leurs motivations occultes.


Mais Edgar Poe, on l'oublie trop souvent, c'est aussi un fabuleux critique littéraire, un lecteur qui écrivait et qui avait l'oeil pour dégager la perle rare du fatras pseudo-littéraire de son époque. Précurseur, avec Dickens, qu'il rencontra lors de la tournée de celui-ci aux Etats-Unis après la parution de "Barnaby Rudge", de ce que nous appelons aujourd'hui le copyright international, il se battit toute sa vie contre les plagiaires. Son rêve - qu'il ne concrétisa que trop brièvement - était d'avoir son propre journal, une gazette littéraire résolument élitiste. Pour cette littérature qu'il aimait tant, Poe ne rêvait que du meilleur.


Gentleman sudiste jusqu'au bout des ongles - sauf lorsque l'alcool le possédait - Poe portait trop haut la fierté de sa différence pour ne pas déchaîner les haines. Boston, sa ville natale, se méfiait de lui et New-York, si elle lui fut un temps plus clémente avec la parution du "Corbeau", seul véritable succès rencontré par l'écrivain de son vivant, lui porta l'estocade finale. Meurtri, veuf de sa femme et cousine, Virginia, morte à 24 ans de la tuberculose, il comptait se replier sur le Sud de sa jeunesse en emmenant avec lui sa tante, Maria Clemm, lorsque la mort qu'il rencontra à Baltimore, dans des circonstances demeurées énigmatiques, vint contrarier ses projets.


De ce que fit l'écrivain pendans la semaine qui précéda sa découverte par une âme charitable dans le caniveau de Baltimore, on ignore pratiquement tout. On suppose qu'il s'adonna à son vice habituel et ceci bien que son médecin ne lui eût pas caché que le prochain excès lui serait fatal. Y a-t-il un rapport entre son retour à la boisson et ce qui l'avait poussé, quelque temps plus tôt, à absorber une dose massive de laudanum ? Là non plus, rien n'est sûr, on se contente d'hypothèses. Ce qui est sûr, c'est qu'Edgar Poe mourut épuisé et sans avoir rencontré la Fortune. Mais la Gloire, elle, lui restait. Seulement, il ne le savait pas.


Après sa mort, son exécuteur testamentaire, le révérend Rufus Griswold et quelques autres unirent leurs efforts pour salir sa mémoire et son génie. De son côté et en dépit de l'admiration qu'il lui portait, Baudelaire, reconnaissons-le, contribua beaucoup à répandre en Europe la légende du "poète maudit", prisonnier de l'alcool et d'autres drogues qui est encore trop souvent celle de Poe.


Et puis bien sûr, vint la Réhabilitation. Grandes figures du genre policier ou du genre d'épouvante n'hésitèrent pas à proclamer bien haut qu'ils devaient énormément tant au chevalier Dupin qu'à Ligeia ou Bérénice. Se joignirent à eux des poètes comme Walt Whitman, Oscar Wilde, Stéphane Mallarmé (son admirable "Tombeau d'Edgar Poe" est à lire absolument) et les Symbolistes et des romanciers comme Melville, Faulkner, Flannery O'Connor, Dostoievski (pour qui Poe était un génie), Borgès, Emile Gaboriau bien sûr et même Gaston Leroux.


Côté grand écran, le cinéma ne parlait pas encore que Lon Chaney Sr campait un extraordinaire "Masque de la Mort Rouge". Alfred Hitchcock devait confesser que, sans les histoires d'Edgar Poe, il aurait manqué quelque chose à son art. Des musiciens comme Debussy et Rachmaninov rendirent également hommage à cet extraordinaire sens du rythme qui animait les vers mais aussi la prose de Poe et que la traduction de Baudelaire nous a restituée.


En d'autres termes, Edgar Allan Poe, qui naquit et vécut la plupart de sa vie d'adulte dans la misère la plus noire et que ses pairs exploitèrent et conspuèrent avec rage a fini par exercer une influence littéraire quasi universelle. Belle revanche, non ? et qui doit certainement faire rire de bon coeur dans l'Au-delà cet homme qui a eu si peu d'occasions de sourire sur cette terre. ;o)


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Enquête sur Edgar Allan Poe : Poète américain

Très belle biographie de l'auteur de Double assassinat dans la rue Morgue.
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Le Livre interdit

Voilà une douce lecture pour une soirée d'hiver au coin du feu.

Le portrait que dresse Georges Walter de son idole et ami Joseph Kessel est extrêmement attachant. D'abord, parce qu'il jette une lumière totalement nouvelle sur l'artiste, en livrant les dernières années d'un écrivain qui ne veut plus prendre la plume pour raconter sa mère, malgré les invitations pressantes qu'il reçoit. C'est aussi l'homme qui est raconté, ses faiblesses mais surtout sa force, celle de son amour pour sa femme et la force que tente de lui transmettre Kessel alors qu'elle a sombré dans l'alcoolisme.

Mais c'est aussi la plume de Walter qui est terriblement douce, oscillant entre l'admiration, l'amitié, une certaine colère aussi, celle de l'impuissance à changer la vie de cet ami-idole avant qu'il ne soit trop tard.

Je recommande cette lecture qui m'a enchanté quelques heures.
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Le Livre interdit

Trois critiques de ce livre à ce jour et trois avis bien contrastés. Oui, il y a de la distance par rapport au lecteur, une distance à laquelle nous sommes peu habitués, mais Georges Walter arrache ce récit aux derniers instants de sa vie puisque sa relation d'amitié avec le grand Jef semble avoir tout arrêté autour de lui. Ce sont des jours et parfois des semaines de repli sur l'écriture et en alerte de la présence et des réactions de Kessel qui sont notés ici. Même décrit au plus près de sa souffrance et de ses manques, le grand reporter apparaît souvent transfiguré avec sa crinière léonine ou dans son peignoir à la lumière d'une lampe dans la bibliothèque. Cette distance semble dire l'insaisissable du personnage qui ne peut plus agir, guerroyer, voler, ni même écrire.

Cependant, l'attirance pour ce livre, difficile à qualifier, même si le terme de biographie autobiographique semble assez juste, est sans doute motivée par la difficulté de l'entreprise : faire écrire un écrivain qui ne veut plus écrire.

"- Ma main ne veut pas écrire. C'est le signe fatal.

- Mais Jef... il vous suffirait de dicter!

Jef eut le sourire indulgent qu'on a pour un petit enfant :

-Je n'ai jamais dicté que mon courrier administratif. C'est la main, la main seule qui peut écrire." P108

Ce livre est avant tout un hommage excessivement respectueux pour un incroyable écrivain qui n’a vécu vraiment que par et avec l’excès comme nous le montre la citation de Mauriac à l’entête du dernier chapitre. Sans cette énergie, l’écriture s’interrompt et rompt le flux de vie qui tenait l’écrivain, Joseph Kessel, et dans le même temps, son ami Georges Walter. Mais comment ne pas apprécier cette notation du dernier instant : « - Regarde ça, Georges. Le monde est merveilleux… »P193

Une amitié flamboyante et un constat en forme d’espoir, que l’actualité contredit malheureusement, mais qui demeure comme une ligne d’horizon pour les futurs voyageurs, les futurs écrivains, les lecteurs.

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Le Livre interdit

Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique. Le résumé proposé avait attisé ma curiosité notamment la question de cette impossibilité pour J.Kessel d'écrire sur sa mère.

Malheureusement, j'y ai trouvé toute autre chose : G.Walter aime à se raconter dans la belle amitié qui l'a uni jusqu'à la fin à celui qu'on surnomme le Lion. Ainsi, plus qu"une véritable analyse sur la personnalité de Kessel, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait davantage d'une mise en avant de l'auteur sur un mode presque égocentré et prétentieux.

Nous entrons certes dans la vie privée du héros, par une petite porte interdite qui m'a mise presque mal à l'aise car il s'agit de détails de vie très personnels sans intérêt n'apportant aucune épaisseur au thème initial du livre.

Certains passages sont longs et ennuyeux, notamment des descriptions à n'en plus finir où l'auteur ne parvient à nous faire partager son engouement, son entreprise étant avant tout personnelle. La notion de partage auteur/lecteur n'opère pas.

"Le livre interdit" n'est selon moi pas le fil rouge de cet ouvrage, s'il s'était appelé "histoire d'une amitié" ou quelquechose dans le genre, peut-être l'aurais-je abordé autrement et donc mieux apprécié...
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Le Livre interdit

Le Livre interdit de G.WALTER m'a fait passer un moment de lecture très agréable ! Je ne connaissais que peu Joseph Kessel... L'auteur du très beau roman Le Lion que j'aime beaucoup. Mais maintenant, après ce texte, il m'est presque familier. Ce livre se dévore et j'ai apprécié tous les thèmes qui y sont subtilement abordés : les relations dans le couple après tant d'années partagées, l'alcoolisme, l'amitié à toutes épreuves et bien sûr l'écriture, la création littéraire. On y fréquente des personnes superbes de force, de modestie et du pudeur. Cela m'a donné envie de lire du Kessel !

Sans la masse critique, je n'aurais pas découvert ce texte alors merci !
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Le Livre interdit

Biographie autobiographique puisqu’en fin de compte l’auteur parle un peu de lui dans cet ouvrage même si tout est tourné vers Joseph Kessel.

Pas convaincu ? Bon OK…

Je ne connaissais pas Georges Walter, je connaissais Joseph Kessel de nom et avais déjà eu l’occasion de l’étudier (pas lui, mais ses écrits) lors de ma scolarité.

J’ai eu très peur quand j’ai commencé. Peur d’un manque de fluidité, peur d’être bassiné par mille et une périphrases et un style désuet. Peur de manquer d’intérêt du fait de mon ignorance.

Heureusement, cette appréhension s’est vite dissipée et même si je n’ai pas été transcendé par la plume, celle-ci m’a profondément touché.

Sans tomber dans le sentimentalisme, cette biographie est en effet émouvante. Pleine de sobriété, mais touchante tout de même.

De quoi parle-t-elle ?

Elle retrace les dernières années de Kessel et son impossibilité à rédiger son dernier livre : la biographie de sa mère. Celui qui aurait pu être considéré être son Grand Livre.

Ce qui est assez troublant, c’est que Georges Walter décédera à peine avoir couché la dernière phrase de ce livre.

Comme si ce livre interdit avait été son propre livre interdit.

Vous suivez ?

Georges Walter fut un compagnon des derniers moments du grand Joseph Kessel. Plus qu’un ami, il fut un pilier pour ce dernier. Sa mission fut aussi de l’encourager à écrire ce fameux livre sachant que Kessel était condamné par son aorte et que le temps lui manquait.

Ce livre n’est pas profondément intimiste, il reste du point de vue de Walter qui à sa manière dresse un portrait singulier. Ce n’est pas une mise à nue. Encore une fois, c’est très modéré.

Il est aussi question d’amour puisqu’il revient sur l’amour entre le vieux lion et Michèle O’Brien.

J’ai aussi appris certaines choses grâce à ce bouquin, notamment sur l’origine des Alcooliques Anonymes en France.

C’est donc un récit incontournable pour les personnes qui ont aimé Joseph Kessel et Georges Walter.

Un témoignage unique, touchant et sincère.




Lien : http://jldragon.over-blog.co..
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La Ballade de Sacramento Slim

Un petit livre original qui ne vous laissera pas de marbre j'en suis sur tant la creativite et l'imagination de l'auteur font merveille.On passe de page en page tel un agreable voyage que l'auteur nous fait faire en premiere classe.Un ouvrage et un auteur a decouvrir !
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Le Livre interdit

Georges Walter raconte avec talent , les dernières années de son ami Joseph Kessel.



Beaucoup d'amitié , de sourires et d'émotion .



Un vrai plaisir de lecture.
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Le Livre interdit

Livre hommage d'un auteur de talent sur l'un des plus grand auteurs français du XX ième siècle. Ce sont les dernières années du vieux lion Joseph Kessel raconté par son dernier disciple Georges Walter qui essayera jusqu'au bout de lui faire écrire le livre sur sa mère. On rentre dans l'intimité de l'auteur, on découvre ses difficultés a écrire lui qui était si prolifique. On découvre aussi son intimité et son histoire d'amour compliquée avec sa femme Michèle O'Brien, personne brillante mais dont l'alcoolisme atavique rendait la gestion en public difficile. Un livre qui permet de connaitre un peu plus l'homme qui se cachait derrière l'auteur et qui a travers les anecdotes racontées nous le rend plus humain et attachant. Une fois la lecture du livre achevée, on a plus qu'une envie : se replonger dans les livres de Kessel que ce soit "Le lion", "La passante du sans-souci", "L'armée des ombres", "Les cavaliers", "Les mains du miracle" et j'en passe tellement il a écrit d'excellents romans mais aussi des reportages passionnants.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Le Livre interdit

Bien que je connaisse peu l'oeuvre de Joseph Kessel ce fut un véritable coup de foudre pour ce témoignage subtil, reflet d'une amitié puissante entre deux écrivains. Georges Walter témoin des dernières années de la vie du géant Kessel, reste dans l'ombre et nous éclaire sur la personnalité de l'écrivain. Ce n'est ni une biographie ni une "enquête" sur Kessel... Je n'aurais probablement pas autant apprécié si cela avait été le cas.

Voici ce que l'auteur livrait à Jérôme Garcin qui lui a consacré une magnifique double-page : "Ma grande chance est de l'avoir connu à la fin de sa vie et non pas à l'époque de ses frasques où, du reste, je n'aurais pas été en mesure de le suivre. Car c'est au déclin de son existence que la lumière de cet homme est la plus belle - peut-être la lumière de la vérité."

Il y a aussi l'histoire de ce "livre interdit", livre que Kessel se refuse à écrire sur sa propre mère.

Un ouvrage inspiré, drôle, porté de bout en bout par une écriture talentueuse.



Cela m'a donné envie de lire Kessel et Georges Water, prix Interallié pour Des vols de Vanessa et connu pour être l'auteur du Palanquin des Larmes (en collaboration avec Chow Ching Lie).









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Ils étaient cent mille

Récit historique passionnant, bien que le début soit un peu rebutant pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire chinoise. Ce qui est mon cas. Mais une fois que l'on s'est bien situé dans l'histoire, ce long périple vous prend aux trippes.

Comment des êtres humains ont-ils pu endurer de telles souffrances, et au nom d'une idéologie.

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