- Quelle chaleur affreuse! Comment pourrait on tomber amoureux par un temps pareil?
C'est facile, Mère, songea Elisabeth. C'est facile et impossible à la fois.
𝑬𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒔𝒑𝒆́𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒒𝒖’𝒊𝒍𝒔 𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒔𝒔𝒆𝒛 𝒇𝒐𝒓𝒕𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒔𝒖𝒓𝒗𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒂̀ 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝒍’𝒂𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓 𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒓𝒗𝒂𝒊𝒕.
La chanson était à la fois triste et enjouée. C'était le soleil qui sortait de derrière les nuages pour vous réconforter lorsque votre mère vous disait que votre sourire n'était pas assez joli, votre tour de taille malséant. C'était une idylle et une peine de coeur dans un bosquet. C'était une fenêtre sur son âme. Elisabeth se demanda si c'était là le pouvoir d'un véritable musicien, être capable de voir complétement à l'intérieur d'une personne.
Sa mère lui avait affirmé sans ambages que l'amour au premier regard n'existait pas. Mais si c'était le cas ? Si l'amour au premier regard était un rire secret dans un jardin ? Un sourire inattendu au-dessus d'un gâteau ? Et si l'amour était chose aisée, s'il survenait sans qu'on y ait à travailler comme un forcené ?
Le dos droit, l'air rusé, sans un cheveu qui dépasse. Elle était la méchante reine des contes de fée, la sirène qui attirait joyeusement les hommes pour les noyer dans les profondeurs. Elle était le pouvoir incarné, une beauté de pierre et de glace, autant de murs que personne n'osait franchir.
Il voulait qu'elle se sente idiote, elle le savait. Au lieu de quoi elle éprouva de la peine pour lui. Dissimuler sa douleur sous une pique dirigée contre le coeur de quelqu'un n'était pas une marque de force. C'était un aveu de faiblesse. Un masque. Un mensonge.
Je n'ai pas beaucoup de certitudes. Je refuse simplement de laisser quiconque faire de moi ce que je ne suis pas. Si je ne dis pas ce que je pense, les gens me forceront à devenir ce qu'ils veulent que je sois.
Une décision si lourde, devait être abordée avec prudence. Pas d'alliance soudaine, pas d'attaque irréfléchie, pas de décision prise sur un coup de tête.
L'amour était un arbre que l'on plantait, nourrissait et soignait patiemment.