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Citations de Gigi Riva (11)


Gigi Riva
Un ballon qui roule est un langage universel, un alphabet basique du monde, un antitode à Babel. C'est aussi un égalitarisme horizontal qui s'oppose à la verticalité de celui qui prétend classifier les êtres humains selon une échelle de valeurs liée à un lieu d'appartenance, à une ethnie, à une religion. La méritocratie reprend ses droits chaque fois qu'un ballon roule. Peu importe qui tu es, seule compte la façon dont tu touches la balle.

So Foot n°150 - Octobre 2017 - Pourquoi aimez-vous le foot?
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En Europe alternent les infamies et les miracles, ils sont indémêlables.
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Stojkovic et Prosinecki, qui parlent la même langue aussi avec leurs pieds, font une série de une-deux sur quarante mètres en variant les angles d'attaque et à la dernière passe le second frappe à côté, de peu.
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Michel Platini et Zico, lors d'un passionnant France-Brésil du Mondial 1986, ont manqué un pénalty. Roberto Biaggo a balancé les espoirs de l'Italie par-dessus la barre transversale dans la finale américaine de 1994. David Trezeguet, après le coup de tête de Zidane à Materazzi, a trahi la France à Berlin en 2006. Diego Armando Maradona a failli des onze mètres dans le même matche que Faruk. Leo et Messi et Cristiano Ronaldo ont provoqué, contre Chelsea et le Bayern Munich, l'élimination de la finale de la Coupe des clubs champions de Barcelone et du Real Madrid. Leurs erreurs restent confinées dans le cercle, il est vrai assez large, des supporters, elles donnent lieu à des récriminations de bar, à la rancœur d'avoir raté une fête. Celle d'Hadzibegic est devenue la malédiction des Balkans, le symbole d'une chute annoncée. Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre n'est pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d'autres moyens.
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Le dernier pénalty n'est pas encore le dernier pénalty. Il le deviendra avec le temps, comme les événements qui ne prennent leur sens qu'a posteriori. Pour l'instant, il ne s'agit que d'un pénalty important qui a été raté.
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On a souvent chanté, en littérature, la solitude du gardien de but devant le pénalty, mais n'oublions pas la solitude du buteur devant le ballon.
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Il a pris l'habitude, Faruk, "huit fois sur dix, quand je rencontre un Yougoslave, ça se passe comme ça". Le pénalty n'appartient plus au seul espace du foot, il est devenue un mythe, passage crucial, légende. Plus le temps s'écoule, plus la bienveillance prévaut sur le reproche. Le héros qui tombe reste un héros. Hector n'est pas moins valeureux qu'Achille, sa fragilité le rend même plus sympathique. Il ne pouvait en être autrement sur une terre où l'on aime à célébrer les défaites glorieuses : c'est la consolation des perdants.
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Il est resté amoureux de son sport, même si on ne peut pas dire que le foot soit un sport innocent. Il ne l'est pas dans son contexte, ni au-dessus ni en dessous, il ne l'est pas même dans sa pratique, sur le gazon des stades : le terrain est bien trop parasité. Par le business bien sûr. Par la corruption. Par la politique souvent, comme avant et après Florence. Surtout "pendant" Florence. Innocent, le football l'est quand il s'obstine à rester lui-même dans le regard d'un enfant sur le ballon qui roule, dans le plaisir profond d'une course réussie, d'un coup de tête, d'une frappe croisée, d'une parade dans la lucarne. La parade dans la lucarne... Gravée dans sa rétine, revenant dans ses cauchemars, Faruk l'a revue des milliers de fois en vingt-cinq ans. Quand il la chasse, ce sont les autres qui la lui rappellent. Comme aujourd’hui où il a pris un vol pour Belgrade et a programmé une grande tournée avant d’atterrir dansa sa ville de Sarajevo.
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Il y a toujours dans notre existence un épisode qui nous poursuit malgré nous. S'il s'agit d'une fatalité nous pouvons l'accepter avec résignation, avec cette bienveillance envers nous-mêmes qui nous exempte de toute responsabilité. Si nous l'avons provoqué, le remords est une sorte de torture qui nous ramène continuellement, par le souvenir, à l’instant précis où tout a basculé, quand il était encore possible de dévier le cours des événements. S'il fut le fruit d'une erreur involontaire de notre part, l'affaire se complique car alors nous nous retrouvons dans cet entre-deux où l'on n'a rien à expier, mais où l'on doit accepter de se confronter à ses limites.
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Il a pris l’habitude, Faruk, « huit fois sur dix, quand je rencontre un Yougoslave, ça se passe comme ça ». Le pénalty n’appartient plus au seul espace du foot, il est devenu mythe, passage crucial, légende. Plus le temps s’écoule, plus la bienveillance prévaut sur le reproche. Le héros qui tombe reste un héros. Hector n’est pas moins valeureux qu’Achille, sa fragilité le rend même plus sympathique. Il ne pouvait en être autrement sur une terre où l’on aime à célébrer les défaites glorieuses : c’est la consolation des perdants.
Michel Platini et Zico, lors d’un passionnant France-Brésil du Mondial 1986, ont manqué un pénalty. Roberto Baggio a balancé les espoirs de l’Italie par-dessus la barre transversale dans la finale américaine de 1994. David Trezeguet, après le coup de tête de Zidane à Materazzi, a trahi la France à Berlin en 2006. Diego Armando Maradona a failli des onze mètres dans le même match que Faruk. Leo Messi et Cristiano Ronaldo ont provoqué, contre Chelsea et le Bayern Munich, l’élimination de la finale de la Coupe des clubs champions de Barcelone et du Real Madrid. Leurs erreurs restent confinées dans le cercle, il est vrai assez large, des supporters, elles donnent lieu à des récriminations de bar, à la rancœur d’avoir raté une fête. Celle d’Hadzibegic est devenue la malédiction des Balkans, le symbole d’une chute annoncée. Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre n’est pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d’autres moyens.
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Il y a toujours dans notre existence un épisode qui nous poursuit malgré nous. S’il s’agit d’une fatalité nous pouvons l’accepter avec résignation, avec cette bienveillance envers nous-mêmes qui nous exempte de toute responsabilité. Si nous l’avons provoqué, le remords est une sorte de torture qui nous ramène continuellement, par le souvenir, à l’instant précis où tout a basculé, quand il était encore possible de dévier le cours des événements. S’il fut le fruit d’une erreur involontaire de notre part, l’affaire se complique car alors nous nous retrouvons dans cet entre-deux où l’on n’a rien à expier, mais où l’on doit accepter de se confronter à ses limites.
Vingt-cinq ans après le sien, d’épisode, Faruk est un bel homme qui va sur ses soixante ans. Il a gardé le physique acéré de l’athlète, des cheveux encore noirs, juste un peu plus clairsemés sur le front et les tempes, avec des pattes taillées ras comme dans le temps. Le nez fort, le regard curieux, pénétrant, intelligent. Et le pas rapide de qui a un avenir à assumer, dans la seconde vie qu’il a dû s’inventer à Paris après le naufrage de la première à Florence, le 30 juin 1990. S’il avait été seul en cause, d’ailleurs, la douleur aurait été moindre. Les épaules larges, forgées par les entraînements, la fatigue et les responsabilités, supporteraient leur propre poids et non celui d’une nation entière. Mais il y a des hommes dont le destin personnel croise une histoire plus vaste et c’est dans ce croisement, du fait d’un mécanisme souvent pervers, qu’on risque d’être broyé si les jambes ne sont pas fermement arrimées au sol pour garantir l’équilibre – cette même posture qui sert à arrêter l’adversaire quand, balle au pied, il cherche à passer pour tirer et marquer un but.
Faruk est père de famille, à l’aise financièrement, il habite une maison que la moitié du monde voudrait avoir, rive droite. Avec la conscience de soi caractéristique de ceux qui sortent vivants des périls qu’ils ont affrontés. En mauvais état mais vivants. Il a sa place dans la tribune du Paris-Saint-Germain, il se rend dans tous les stades d’Europe pour suivre l’évolution du jeu depuis qu’il est passé du terrain au banc de touche, du short court au costume des messieurs, depuis qu’il a été reçu par Michel Platini dans le cercle des consultants de l’UEFA l’Union européenne des associations de football. Il est resté amoureux de son sport, même si on ne peut pas dire que le foot soit un sport innocent. Il ne l’est pas dans son contexte, ni au-dessus, ni en dessous, il ne l’est pas même dans sa pratique, sur le gazon des stades : le terrain est bien trop parasité. Par le business bien sûr. Par la corruption. Par la politique souvent, comment avant et après Florence. Surtout « pendant » Florence. Innocent, le football l’est quand il s’obstine à rester lui-même dans le regard d’un enfant sur le ballon qui roule, dans le plaisir profond d’une course réussie, d’un coup de tête, d’une frappe croisée, d’une parade dans la lucarne. La parade dans la lucarne… Gravée dans sa rétine, revenant dans ses cauchemars, Faruk l’a revue des milliers de fois en vingt-cinq ans. Quand il la chasse, ce sont les autres qui la lui rappellent. Comme aujourd’hui où il a pris un vol pour Belgrade et a programmé une grande tournée avant d’atterrir dans sa ville de Sarajevo.
Ce n’était pas une star, Faruk. Mais c’était un champion. Un de ces défenseurs en qui on peut avoir confiance, que le public aime parce qu’ils « mouillent le maillot » ; que leurs camarades adorent parce que, dans cette société de secours mutuel qu’est une équipe, ils sont toujours prêts à apporter une aide, un encouragement, une parole de réconfort ; que les coaches estiment indispensable parce qu’ils sont leur projection sur le terrain. C’était aussi un leader, Faruk, forgé dans des circonstances hostiles, dans cette tempête absolue qui, à un certain moment, a fait que lui et ses vingt et un amis se sont retrouvés seuls contre la malveillance générale. Pas un Franz Beckenbauer, bien sûr, le kaiser de l’Allemagne des années 70, mais un Manfred Kaltz, pour rester dans les comparaisons germaniques. Du reste, « Kaltz » était son surnom en raison de son rôle, de sa foulée pleine d’aisance et d’une certaine ressemblance physique. Ce sont des profils comme le sien qu’on choisit pour les moments décisifs. pas question alors de reculer, d’avoir peur de tirer un pénalty : pas pour une gloire personnelle, pas tout seul, mais pour un État sur le point d’affronter bien d’autres penalties.
Voici donc Faruk en Serbie, qui descend la passerelle de l’avion. Il arrive au contrôle des passeports, dans cette capitale qui fut la sienne et qui appartient maintenant à une autre nation. Il tend ses papiers au douanier dont il connaît bien l’idiome parce qu’on peut changer les frontières, mais pas la langue. La langue est le lait maternel. Le policier lit à haute voix : « Faruk Hadzibegic. » Il lève les yeux et, d’un ton soudain familier, avec un sourire qui est aussi un soupir, il sert sa petite sentence : « Ah ! Si vous l’aviez marqué ce pénalty… Peut-être que le destin du pays aurait été différent ! » On pourrait la prendre, cette sentence, pour une hyperbole vertigineuse, mesurer la distance sidérale qui sépare un pénalty du « destin du pays ». Un sens abyssal de la poésie épique, qui magnifie le pouvoir du sport. Le football comme fonction salvatrice, antidote à la haine et à la guerre.
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