Madame Thevenet ricana, laissant entrevoir à ses hôtes une denture digne des meilleures affiches de films d'épouvante. On se demandait comment elle parvenait à mâcher ne serait-ce qu'une frite.
Écrire, il n'avait pourtant jamais aimé que cela , il ne savait d'ailleurs faire que cela, se laisser bercer par le murmure des phrases assouplies après rumination, se prêter au jeu des limes adoucissantes sur les crêtes des mots jusqu'à parvenir à la musique de style voulue. Il aimait aussi les personnages qu'il créait, s'attachait profondément à eux. (...) Oui, l'écriture était sa vie, la vie, une béquille de vie.
Je caresse les herbes gelées de la paume de la main. Demain existe-t-il ? Accepter, franchir le mur imaginaire ?
Quand le passé devient trop lourd à porter, il faut savoir s’asseoir, seul dans le noir. Un proverbe a beau dire « Laisse aller le passé et le passé te laissera aller », ce n’était pas vrai. Surtout quand les choses oubliées venaient crevés les limbes de la mémoire.
En revanche, avant de sombrer dans le sommeil, une phrase lui vint, nette, claire, quelque chose qui ressemblait à une maxime, dont il ne savait d'où elle venait, où il l'avait lue, elle disait :
" Si l'arbre savait ce que lui réserve la hache, il ne lui fournirait pas le manche. "
La toile était restée sur le chevalet, inachevée, et je ne cessais de penser à elle tandis que, à pied, je me dirigeais d’un pas vif vers la gare en jetant de temps à autre quelques regards furtifs autour de moi comme si j’avais eu le feu aux trousses. Mais sans doute était-ce le cas.
Je pris au distributeur automatique le premier billet pour n’importe où. J’entends par là que, étant pressé, je choisis celui dont le départ était le plus imminent tout en ayant malgré tout choisi dans un éclair de lucidité de me diriger vers le sud. Tant qu’à faire.
Alors que je rumine ces souvenirs comme un vieil édenté son morceau de biscotte, dehors il s’est mis à geler autant que dans le cœur de Josef Mengele. Pourtant, à bien y regarder, le soleil rougeoyant qui est en train de sombrer à l’horizon pourrait faire croire que l’été est toujours là, mais il n’en est rien, même si cette vision me procure de subtiles et mélancoliques émotions qui me racontent une histoire de chaleur, de sable et de mer où des corps parcourus par une brise légère se frôlent sans jamais oser se toucher.
Une phrase de Paul Auster, un écrivain dont il avait lu beaucoup de livres dans son adolescence, lui revint à l'esprit:" Seule l'obscurité a le pouvoir d'ouvrir au monde le coeur d'un homme."

L'autre façon aussi de réduire et d'enfermer le peuple était d'utiliser les pandémies, de faire en sorte que les gens sortent le moins possible de chez eux, de les faire travailler dans leur propre bocal, pneumopathie atypique, peste aviaire, etc..., on peut même fabriquer de nouvelles maladies, en ajoutant même à cela quelques pincées d'insécurité et de menaces extérieures bien carabinées (ça se fabrique aussi) et du terrorisme, bien sûr, à tous les coins de rue, des types, des femmes et des voitures bourrés d'explosif, des morts innocents par centaines jusqu'à ce que personne ne veuille plus mettre un pied dehors, enfermé dans son cocon avec seulement Internet comme lien avec l'extérieur. Et alors fini les manifestations, tout le monde se couture les lèvres, baisse le caleçon et boit les nouvelles fraîches du ministère de l'Information. Ne rest plus qu'à enfermer les leaders d'opposition et les syndicalistes, sans oublier tous ceux qui ne sont pas contents, les torturer à petit feu puis les exécuter (bon débarras n'est-ce pas ?). Voilà, nous n'étions pas dans un mauvais roman et l'homme est monté sur ses ergots et a terrassé la bête (enfin ses instruments disciplinés). Car les véritables riches marionnettistes jetèrent au lynchage ces présidents de pacotille qu'ils avaient mis au pouvoir et pendant ce temps-là en profitèrent pour disparaître dans la nature.
J'ai toujours été écoeuré par la manière dont un groupe d'intérêts privés, puissant et fortuné, peut truquer le système pour le soumettre à son bon vouloir, et ce, sans opposition aucune. Et il y en eut plusieurs. Je ne les nommerai pas, il y en a eu tellement, faisant élire des dirigeants qui n'avaient en fin de compte la confiance que de moins de dix pour cent du corps électoral, mettant en place en coulisses une politique de répression policière digne des pires dictatures (à côté, l'univers de Mille neuf cent quatre-vingt-quatre et son big brother semblaient un conte de fées).