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Citations de Guillaume Lebrun (27)


Depuis toutes petites, on nous a expliqué qu'il fallait prier, se marier, pondre nombre children, sourire à s'en sécher les dents, éventuellement crever dans d'atroces douleurs gynécobstétriques afin que notre husband puisse se remarier avec sa nièce de douze ans. De tous temps, avons dû livrer bastailles, surmonter rumeurs absurdes et grandes humiliations pour acquérir une certaine indépendance et liberté de cervelle. Mais c'étaient là combats d'alcôve, de chambre au soir, de femmes entre elles et d'hommes discrètement poussés dans l'escalier ; non point d'esgorgements en ruelles ni d'explorations de pays outremarins.
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Puis je me souviens que les hommes se trouvent dotés d'un appendice mol, qui durcit plus ou moins à la vue d'un pimpant ou d'une pimpante, et le dit appendice, devenant plus maniable par gorgement de sang, perce le dessous par toute entrée adaptée à sa contenterie. Et la règle veut que femme percée du dessous ne peut point être dépercée.
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J'étais fiérote de les voir toutes si aptes à la joliesse. Toutes sauf une : dans le fond du rang, Jehanne la douzième faisait tache huileuse et gâtait par son allure l'ambiance générale. Elle se tenait bancalisée contre un mur, plus souillée que le trône de France, le cheveu fol et l’œil louche. Elle portait les mêmes penailles qu'hier, trouées et marronnasses ; une odeur infernale, de merdre, pisse et sueur émanait de sienne peau. Et avec ça, grasse comme un capitaine de gens d'armes, les os mal faits, la teste large surmontée d'une chevelure corbeau ébouriffamment gélifiée. Je n'avais point noté la veille à quel point celle-ci dans le lot paraissait différente, mais elle se révélait au jour d'hui verrue sur peau de pêche.
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Laisse-moi me présenter comme il se doit :
my name is Yolande,
and I am front Aragon,
née sur les terres du royaume de France quatorze siècles après Jésus-en-Christ, répandue au sortir du ventre par des hurlements de joie, déjà bien esbardaillée des choses du monde, instruite en diableries, quatre fois reine, deux fois comtesse, dame de Guise, duchesse et maîtresse incontestée de mes sujets hérités de mienne épopée angevine, mariée à Louis, dit Loulou, belle-mère et liée par le sang au Grand Bastard de France, je me montre si douce avec lui qu'il me nomme tantine.
(incipit)
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Ching Shih : Piratesse issue de l'empire de Chine, Ching Shih naquit en l'année 1775 et mourut en 1844. […] A l'apogée de sienne gloire, elle dirigeait mille huit cents navires et avait sous ses ordres quatre-vingt mille marins, constituant ainsi la plus grande assemblée piratesque de tous les siècles confondus. Surnommée par clampins et nobliaux « l'assemblée au drapeau rouge », icelle n'aura de cesse de mettre en échec l'empire de la dynastie Qing, tout comme les empires portugais et britannique. Ching Shih appliquait des règles strictes à son équipage : il était interdit de piller un village déjà venu en aide aux pirates d'une quelconque manière. Tout marin qui viendrait à voler le butin pour lui seul était condamné à mort. Tout pirate qui oserait déshonorer de son appendice mol une prisonnière était décapité. (p.300)
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Il avait toutefois réussi à séduire ma Marie en lui hululant sérénades nuitée après nuitée, ayant même escrit pour icelle petit poème, gravé par ses gens sur un anneau d’or :
Icelui vient des cieux
Et tous les dieux entre eux
N’argutent que par toi
(p.15)
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Dans la mesure où je n’avais rien d’autre à faire et que je commençais à en avoir ras le heaume des enluminures du Languedocien, je me suis mise à décapiter précautionneusement les oisillons qui piaillaient en aigu, puis à remettre leurs cadavres en malplace façon puzzle. Ça m’a divertie un moment, mais lorsqu’on s’est enjoyé à changer trois fois la teste de l’un sur le corps de l’autre, on se lasse. Note que, malgré ce, rien n’était pire que d’être coincée en Cour avec l’assemblée générale des abolis du cervelet.
(p.13)
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My name is Yolande, and I am from Aragon,
ci-près Grande Prêtresse.
fuck yeah !
C'est dès potron-minet que je réveillais mes hommes. J'amenais la soldatesque mal rasée en plein champ pour tout leur expliquer. Je ne suis pas certaine qu'ils aient escapité mes balbuties, car ils appartenaient à l'inévitable trinité :
1. joli de la face ;
2. bien bâti en chair et corps ;
3. cervelé de moitié.
(p.46)
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J’exagère peut-être un peu, mais ce qu’il te faut d’ores entraver, c’est que nous autres, princesses, reines et saintes catins, le sens de l’aventure et le goût des contrées inconnues ne sont pas exactement ce qui nous définit le mieux. Tu as vu que j’étais tout de même plus avisée que la plupart. Ce n’est pas bien difficile : depuis toutes petites, on nous a expliqué qu’il fallait prier, se marier, pondre nombre children, sourire à s’en sécher les dents, éventuellement crever dans d’atroces douleurs gynécobstétriques afin que nostre husband puisse se remarier avec sa nièce de douze ans. De tous temps, avons dû livrer bastailles, surmonter rumeurs absurdes et grandes humiliations pour acquérir une certaine indépendance et liberté de cervelle. Mais c’étaient là combats d’alcôve, de chambre au soir, de femmes entre elles et d’hommes discrètement poussés dans l’escalier ; non point d’esgorgements en ruelles ni d’explorations de pays outremarins.
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Je commençais à croire que Loulou, juste avant sienne mort, m'avait tendu un piège sans le vouloir Certes, il m'avait permis d'obtenir bon budget et beaucoup d'hommes, mais c'était là forfaiterie, car j'avais choisi parmi ceux qu'il avait lui-même employés pour estre à son service: ils n'avaient donc pas moitié mais quart voire quart de quart de cervelle, et, ledit quart ne fonctionnant que par intermittence, les années à venir allaient être rudes en comprenette pour eux et en nerfs pour moi.
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ATTAQUE
Mue par cet objectif et délaissant tout négoce, je commençai à chevaucher seule. Je me mis debout sur la selle face aux mille yeux d’Orléans. Je levai une nouvelle fois mon épée, le plus haut possible. Quelque chose déchira alors le voile des Réalités. Et ce que je voyais en secret se fit voir à tous. Autour de moi, onze jeunes filles en robe blanche et au teint de fantomines se tenaient elles aussi droites sur leurs montures. A leurs côtés, des dizaines de chevaliers en armes, blessures ouvertes surgissant, prêts à charger. Pendant quelques secondes, un silence stupéfait envahit l’espace et le temps.
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J'exagère peut-être un peu, mais ce qu'il te faut d'ores entraver, c'est que nous autres, princesses, reines et saintes catins, le sens de l'aventure et le goût des contrées inconnues ne sont pas exactement ce qui nous définit le mieux. Tu as vu que j'étais tout de même plus avisée que la plupart. Ce n'est pas bien difficile : depuis toutes petites, on nous a expliqué qu'il fallait prier, se marier, pondre nombre children, sourire à s'en sécher les dents, éventuellement crever dans d'atroces douleurs gynécobstrétiques afin que nostre husband puisse se remarier avec sa nièce de douze ans. De tous temps, avons dû livrer bastailles, surmonter rumeurs absurdes et grandes humiliations pour acquérir une certaine indépendance et liberté de cervelle.
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Les gens sont ainsi. Ils veulent l'espérance, et, quand ils pensent l'avoir trouvée, ils ne la lâchent plus. Même lorsque les évènements les contredisent, ils refusent de renoncer à leurs croyances et préfèrent tordre leurs certitudes pour les faire rentrer coûte que coûte dans le moule malfaçonné de la réalité.

[p30]
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Ah oui, précision importante : afin de dissimuler mes activités herbageuses et d’éviter ainsi que les gens d’armes et autres prêtres dépressifs ne viennent vermiller dans mes malles, j’avais fait croire à tout le monde que j’étais devineresse. Mais attention, pas comme ces sorcières qui se mettent nues dans la forêt pour dallasser autour d’un feu de bois les soirs de solstice, non, une bonnaventureuse bien chrétienne qui, de temps à autre, a une révélation importante issue de Jésus-en-Christ ou de sa Mère ou de son Père ou des saints : y a trois mille saints, c’est simple, il suffit de donner un prénom au hasard pour décrocher la queue du miqué au tourniquet de la nutjoberie.
Bon c’était bullshiterie, mais dans la mesure où tout était misère et nulle splendeur, je m’étais dit que je pouvais peut-être gagner quelques deniers en conseillant les cocues et, par ricochet, acquérir un statut spécial au sein de la basse-cour, encore un peu plus au-dessus du lot des simplets.
Il arrivait donc qu’on vienne me voir certains soirs avec troubles incertitudes sur son devenir, ou sur la fidélité de son husband, ou sur la cuisson de la dinde de Noël, et je répondais toujours par des phrases vagues et adaptables à n’importe quelle situation. Les ménagères étaient ravies et je gagnais de quoi me payer des robes sans avoir à ouvrir une ligne de crédit auprès de Loulou. Mais depuis que nous étions devenus pré-beaux-parents du Dauphin, tout en continuant bien entendu de nous faire laminer par les Englishes et évincer par les Bourguignons, çuici avait décidé de me mettre au service du royaume et considérait que tous mes supposés talents divinatoires permettraient d’en savoir plus sur le couronnement du prince.
Je gérais tant bien que mal cette pournillade qu’il s’était ardemment implantée en cervelle, mais le harcèlement devenait chaque fois plus précis et j’allais bientôt me retrouver à court de phrases toutes faites. Et mon Loulou, il est crétinant mais pas à ce point-là : si je continuais comme ça et que rien n’arrivait, il me conduirait au bûcher sans ciller. Il est comme ça, mon husband, il aime brûler les gens. Et les sorcières en particulier. Comme il a une certaine autorité sur les égrotants de l’axone, il suffirait qu’il jure m’avoir vu me diaboliser pour que la Cour tout entière parte couper de la boisellerie et ravive les braises sans poser plus de questions.
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j'entrai dans la montagne-cathédrale en me disant
what the fucking hell, Yolande : que ce que tu vois
soit la réalité ou pas, t'es foutue de toute façon, alors autant aller jusqu'au bout de ton delirium tremens.
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Je fantasme sa belle face, tourderôle sien corps
Puis je le croquine vivant en mienne chaume d'or
Je pourrais tant arder
Si je savais tout dire
Mais comment peut-il lire
Tréfonds de mienne pensée

De quoi usent les grouillotes qui obtiennent grand succès ?
Dites-moi mien péchés et mien rêves en excès
Moi j'offre un pur esprit, mien coeur et tous cadrans
Mais faisant quincanelle, on m'en demande autant

Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, en belle joie d'octroyer
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Morphée en maître ici régnerait, pour l'esternité

Mais sanglante en tous songes et pétale à l'herbier
Ci-quand le mal des tiers revient me dévorer
Telle vie n'est point estanche, mienne île est en plein vent
Du portillon fermé entends moults hurlements

Les children en domaine et les fleurs à la ronde
Mienne douce existence où bat le coeur du monde
Quand tepeste s'annonce, promesse de douleurs
Quelle espée prévaut au duché de nos peurs ?

Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, en belle joie d'octroyer
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Morphée en maître ici régnerait, pour l'esternité


Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, et si tout renaissait
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Serions nous-mêmes Morphée

Si fol amour comptait

(NB : poème intitulé "Si fol amour comptait", offert par Jehanne à Yolande, extrait de l'oeuvre de la grande troubarde Marie-Claudette de Charlemagne, écrit en collaboration avec Monsieur Jacques-Jean d'Haurtplain)
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Puis je me souviens que les hommes se trouvent dotés d'un appendice mol, qui durcit plus ou moins à la vue d'un pimpant ou d'une pimpante, et le dit appendice, devenant plus maniable par gorgement de sang, perce le dessous par toute entrée adaptée à sa contenterie. Et la règle veut que femme percée du dessous ne peut point être dépercée.
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Les hommes ne savaient plus que faire pour s’occuper, brossant les chevaux tout le jour et buvant et ripaillant comme six chacun. Bien sûr, ils tourderôlaient dans mon lit : ça nous faisait passer le temps. Mais, comme tous les chevaliers de cet ordre, ils préféraient néanmoins s’embraser les uns les autres ce qui m’aurait causé guère de tracas si ça n’avait été aussi bruyant. Car, par suite de grande satisfaction et dès après avoir offert mon surplus, j’aime à estre tranquille et silencieuse.
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110. Tu sais bien que Haine et Amour ne sont point contraires : l'amour n'a pour antagone que l'indifférence, et rien d'autre.
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C'est le Seigneur Lui-Même qui vous a murmuré les mots que vous deviez balbouiner. Vous avez la comprenette étroite et Il use de vous comme parchemin pour que je puisse agir. C'est un honneur et j'en reste coi. Sachez qu'Il a raison. Nous devons trouver une prophétesse pour la France.
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