D'après Karine, tout ce que produisaient les Italiens était aphrodisiaque. A commencer par leur sourire.
Je ne suis pas critique littéraire professionnelle, mais je ne compte pas garder mes réflexions pertinentes pour moi, bien au contraire. On m’a d’ailleurs confié cette rubrique pour y insuffler un vent de fraîcheur, voire un souffle de naïveté. Pour les critiques éclairées, les plus exigeants devront se rabattre sur les revues littéraires, même si je m’estime nettement plus érudite que ce jeune crétin issu d’un programme de téléréalité qui sévit quotidiennement sur une émission de divertissement du service public et qui critique des bouquins dont il comprend à peine le titre.
Je réalise avec horreur que ce n’est pas la première qu’il me viole, et que c’est à cause de lui que j’ai si mal à la poitrine et au fond du ventre ; il devait être en train de me prendre quand j’ai fait ce délicieux rêve aphrodisiaque, dans lequel Stéphane investissait mon esprit, et uniquement mon esprit. Sans doute une défense naturelle de mon psychisme, pour m’éviter de perdre définitivement la raison.
Je flaire la grosse tempête, même si je ne suis guère plus qualifiée pour prévoir un ouragan que pour juger les qualités intrinsèques d’un bouquin.
Je ne me prends pas pour une grande cérébrale, mais ma récente ascension à une rubrique littéraire dans une émission ludique a suffi à me hisser au rang des blondes à cervelle. Un sponsor en verres Varilux m’a même proposé une petite fortune pour porter prochainement à l’antenne sa dernière création en matière de lunettes de vue – même si j’ai dix sur dix aux deux yeux.
"Elle m'adresse un sourire complice dans le miroir contre lequel elle s'appuie et quelque chose éclate dans mon coeur."
Ce qui me chagrine davantage, c’est le sentiment d’agacement que je perçois sur son visage. Comme s’il m’en voulait d’avoir fait passer au second plan l’affliction légitime de son grand pote. Comme s’il regrettait brusquement notre merveilleux après-midi.
Parano, culpabilité.
"Mes deux voisins onanistes ont l'écume aux lèvres. L'un veut toucher ma douce mais le métis le repousse. L'autre tente sa chance à son tour mais le métis le refoule. Imperturbable, Alice continue d'aspirer son gland d'ébène. Les deux mateurs finissent par déguerpir."
"Mon pouls a chuté comme par enchantement lorsque j’ai consulté les photos de l’endroit : dépaysement garanti. J’ai eu du mal à croire que de tels panoramas sauvages existaient dans mon propre pays, à seulement quelques centaines de kilomètres de mon lieu de vie. Une destination au Mexique ne m’aurait pas semblé plus exotique. J’ai même eu le réflexe de vérifier la date de validité de mon passeport. Légitime : des mois que je ne m’étais pas aventurée au-delà de la région Ile-de-France."
"Je l'enlace tendrement malgré le trac légitime qui me prend par les couilles. Elle se frotte contre mon bas-ventre oscillant entre bandaison et débandade. Le tube new-wave de l'ambigu Bowie nous ramène trois ans en arrière, quand nous avons échangé nos premiers baisers passionnés, quelques instants avant de faire l'amour. Aucune cartomancienne n'aurait pu prédire un tel bis dans notre histoire."