Citations de Guy des Cars (763)
Elle tenait enfin sa vengeance : elle se servirait du bel officier pour la mettre à exécution.
Un tres beau livre, une histoire qui debranche de tout, tres touchant.
Pendant le repos des corps, les âmes qui les habitent revêtent une vie inconnue du corps. Elles se réunissent entre elles pour parler, pour danser et même pour s’accoupler avec les âmes des corps de femmes: c’est ce qu’on appelle « le sabbat des âmes. » Mais les mânes, âmes désincarnées, épient leurs allées et venues, cherchant à les capturer pour les emmener avec eux. Pour arriver à ce résultat, les mânes se cachent sous les formes les plus diverses: houe, sagaie, animal... Et il arrive souvent qu’une âme, ainsi poursuivie par un mâne, revienne précipitamment se réfugier dans le corps qu’elle anime et où elle est en sûreté: c’est ce qui déclenche le brusque réveil du dormeur, le front en sueur sous l’emprise d’une grande frayeur.
Le continent noir, dont le sol possède toutes les richesses, est d’une pauvreté extrême en hommes évolués qui soient capables de lui faire prendre enfin conscience de sa grandeur et de ses possibilités infinies...
N'aviez-vous pas déjà remarqué à l’époque que, sur le continent noir, un oiseau qui passe est un présage ? Que l’on peut trembler pendant une heure si l’on a frôlé une plante ? Qu’une racine arrachée peut devenir une médecine miraculeuse ? Qu’il suffit de prononcer un nom pour rejoindre, sans bouger, son ennemi à des lieues de là parce qu’on l’a touché « dans son cerveau » ?
N'aviez-vous pas déjà remarqué à l’époque que, sur le continent noir, un oiseau qui passe est un présage ? Que l’on peut trembler pendant une heure si l’on a frôlé une plante ? Qu’une racine arrachée peut devenir une médecine miraculeuse ? Qu’il suffit de prononcer un nom pour rejoindre, sans bouger, son ennemi à des lieues de là parce qu’on l’a touché « dans son cerveau » ?
Chacun de nous possède dans la brousse, son double, qu’il ne peut rencontrer sans perdre la vue ou mourir. Les maladies, les blessures, la mort frappent l’homme et son double. Ce double est un animal protecteur. Pour certains, c’est une panthère. L’un de mes amis d’enfance, qui avait une panthère pour frère, mourut le jour où le fauve fut abattu: tous les méfaits accomplis par l’homme ou par le fauve sont imputables aussi bien à l’un qu’à l’autre. Si l’homme se sent envahir par des désirs de meurtre qu’il ne peut assouvir à cause des lois, il transmet ceux-ci à la panthère qui exécute le crime à sa place: l’homme, pendant ce temps, tombe en état d’hypnose et assiste, par la pensée, à l’acte qu’il aurait voulu commettre. La vision qu’il reçoit alors est si nette, parfois si précise, que l’homme-panthère peut croire qu’il a commis ce crime lui-même, que c’est sa propre main qui a tué !
L’attrait du plaisir s’était solidement ancré en elle... Il tournait même à l’obsession. Et elle s’était offerte à d’autres hommes, rencontrés au hasard... Mais aucun ne lui avait fait revivre les sensations déjà éprouvées. Si son enthousiasme était tombé, au moment où elle commençait sa troisième année de Faculté, c’était surtout parce que son bilan de charme avait été catastrophique: deux riches héritiers qui l’avaient délaissée à la suite du refus de céder à leurs désirs, un étudiant qui s’était enfui après un avortement, un garçon en vacances qui ne l'avait considérée que comme une rencontre de plage, un homme marié qui avait dû craindre les scènes de ménage, tous les autres enfin qui s’étaient amusés à ses dépens. Il ne lui restait que le sentiment d’avoir tout gâché seins être parvenue, pour autant, à satisfaire sa sensualité grandissante.
Sensualité qu’elle devait assouvir à tout prix...
Elle l’avait retrouvé les jours suivants, prenant au plaisir de la chair un goût de plus en plus grand. Avec ce quadragénaire, elle découvrait les sensations que les deux prédécesseurs, trop jeunes et trop pressés, n’avaient même pas cherché à lui faire connaître.
Dès la première étreinte, l’acte d’amour — qui aurait dû être divin — n’avait été pour elle qu’une blessure, suivie d’une désillusion qui n’avait fait que s’accentuer jusqu’au dégoût final après la rupture. Si c’était cela, l’homme, mieux valait, avait-elle pensé à ce moment douloureux, ne plus jamais le rencontrer !
Il ne fallait pas tenter le diable ! Certes, cette belle fille était charmante, mais infiniment moins désirable depuis qu’elle avait été enceinte. Après tout elle n’était qu’une fille de bourgeois, ignorante des pratiques élémentaires et capable d’apporter les pires ennuis ! Enfin, elle n’était pas majeure: ce qui compliquait les choses...
Elle se fiait entièrement à son instinct de femme pour leur tenir, à tour de rôle, la dragée haute quand elle estimait qu’ils allaient trop loin. Jouant les coquettes averties avec ses soupirants d’occasion, elle était certaine de pouvoir toujours se faire respecter...
La grande fraternité des peuples, dont on nous rebat les oreilles aujourd’hui, est peut-être vraie mais à condition que ce soient des peuples de même race. Laisse les Noirs avec les Noirs: ils sont bien assez nombreux pour se suffire à eux-mêmes...
Pour ta mère et moi, les Noirs n’appartiennent qu’à la faune d’un continent que nous avons connu, mais ils n’offrent pas plus d’intérêt que les grands fauves: ce sont de ces curiosités que l’on oublie vite et dont on se passe aisément dès que l’on a retrouvé la vieille Europe !
Les Noirs ne respectent que ceux qu’ils craignent et à partir du moment où ils te considèrent comme leur égal, ils te méprisent
La seule attitude à prendre avec ces gens-là est de maintenir ses distances. Si tu leur fais grâce de la moindre amabilité, ils s’imaginent qu’elle leur est due ! Ils deviennent très rapidement arrogants et se croient tout permis: c’est l’invasion !
Si Paris n’est pas le plus grand musée d’art négro-africain, nulle part au monde l’art nègre, dans ce qu’il a de plus pur, n’a été à ce point compris, commenté, exalté, assimilé. Véritablement, en me révélant peu à peu les valeurs de ma civilisation ancestrale, Paris m’a obligé à les assumer et à les faire fructifier en moi. Et cela s’est produit pour toute la nouvelle génération d’étudiants noirs: qu’ils soient antillais ou africains. Tous, nous devons tout à Paris.
Nous autres Noirs n’aimons pas tellement la nuit: que ce soit celle de notre brousse ou celle de vos grandes villes ! Elle nous inquiète... Nous avons l’impression que, pendant la nuit, tout — les hommes, la nature et les choses — cherche à se rapprocher de notre couleur pour nous encercler plus facilement et nous nuire... Le jour, c’est différent !
Mon garçon, je connais trop votre continent pour ne pas vous affirmer qu’il faudra attendre des siècles de vraie civilisation avant qu’un habitant du Cameroun ne s’entende avec un homme du Gabon ou un Sénégalais avec un Mauritanien !
Je suis mieux placée que personne pour savoir ce que représente, dans la vie d’une danseuse, la visite d’un personnage officiel à son domicile… Croyez-m’en : ce n’est pas gai! Quant aux journalistes, je les ai toujours eus en horreur… Ils sont nécessaires, dit-on, mais je n’ai jamais été bien friande de publicité tapageuse, ayant acquis à la longue la conviction que la seule vraie réclame pour une artiste est la faveur du public, à condition qu’elle dure!