Le médecin du désert de
Heinz G. Konsalik
Celui qui connaît le désert Jordanien, ce pays écrasé par un soleil impitoyable, ses dunes de sable et ses rochers nus, d'un blanc grisâtre, ses champs de galets et de pierrailles et ses oueds isolés, les uniques pints d'eau au milieu d'une désolation immense, faite de poussière et de brasier, au pint qu'ils font l'effet parsemées de huttes faites de pierres et de pisé ; celui qui a passé des soirées en ce lieu solitaire, autour d'un feu de fiente de chameau dont la fumée âcre brûle les yeux, dans le cadre sans limites d'un univers mort, transformé lui-même en fournaise, celui-là sait que les hommes réfugiés là sont les maudits de la terre.
El Muwaqqar ne faisait pas exception à cette règle. Abritées par cette débauche de rochers bizarres qui ne donnaient de l'ombre que le soir, au soleil couchant, lorsque le paysage se colorait de rouge et de violet, d'une beauté émouvante et narquoise, les tentes d'une campement provisoire flottaient au vent du désert venu de l'infini, des tentes blanches et gris clair, fixes dans le sol rocailleux. Sur la pente d'une colline nue, embrasée de soleil, se dressait une autre tente très grande, toute en longueur, sur le toit de laquelle une immense croix rouge étincelait.
Ce fut la première chose qui frappa le docteur Vandura lorsque la Jeep qui l'avait accueilli à sa descente d'avion, sur l'aéroport de Sarqa, le débarqua à El Muwaqqar, après avoir emprunté la longue piste de sable oubliée depuis la fin de la guerre au milieu du désert. Du haut plateau qui menait à une route visible seulement aux initiés, il découvrit brusquement, dans le lointain vibrant de chaleur, semblable à un mirage, une tache blanche portant une croix rouge, s'élevant du néant, presque irréelle au milieu du vide, et pourtant bien présente.
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