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Citations de Gwenaëlle Abolivier (62)


Mon caractère volontaire me poussait à me battre pour moi-même, pour mon pays et, plus généralement, pour la dignité humaine.
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Cet entraînement me procure un bonheur fou, même s'il arrive que dans ces longues traversées le découragement affleure : la douleur de l'effort, sa répétition, la soif, l'épuisement sont tels qu'il y a toujours un moment où je me demande pourquoi ces milliers de pas. La marche est une drogue dure que dont il est difficile de se sevrer. C'est avec cette envie intacte que je suis partie vers les Cévennes que je fantasmais depuis longtemps.
page 14
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Le GR 70, qui a été créé en 1978 par le Club Cévenol, ne respecte quasiment plus le parcours de l'Écossais, même si tout nous le fait croire... En gros, à chaque étape, le marcheur est bercé dans le culte du romancier. L'explorateur accompagné de son âne est devenu un objet de marketing, "Sur les traces de RLS", labellisé par l'Europe. Et tout est décliné à la mode Stevenson de l'autocollant à la randonnée sur mesure, de l'auberge à la buvette, du camping au menu aligoté du marcheur. L'écrivain a bon dos et rien ne lui est épargné. C'est à peine si on ne propose pas au pèlerins d'aujourd'hui de mettre leurs pieds endoloris dans les chaussons de l'aventurier et de se glisser sous sa couette, non sans une petite vaporisation contre les punaises de lit ! Bien sûr, il reste une trace ou deux, mais c'est à manier avec beaucoup de précautions et de conditionnels. Quoi qu'il en soit, je parie que ce petit commerce et se fétichisme l'auraient fait sourire. L'homme ne manquait pas d'humour et surtout ne ratait pas une occasion de rire de lui-même ! Heureusement, on peut traverser, parcourir, sillonner les Cévennes en quittant les chemins rebattus et en empruntant une multitude de sentes qui irriguent ce territoire.
page 57
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Je me sens là, sur Ouessant, à un point de contact avec un présent plus sensoriel et intuitif. C'est l'un des plus grands luxes de la vie de découvrir ces lieux idéaux pour se cacher et mieux noyer sa peine. Comprendre que se laisser mourir un peu, c'est reprendre son souffle. Ce n'est pas rien, d'être capable de s'y abandonner et d'y ressentir cette volupté à côtoyer le monde des morts, comme l'ultime ailleurs. Et déjà j'attends avec impatience le retour du soleil, mais en ce mois de novembre, ce n'est pas pour demain.

Ed Pocket p154
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J'ai surtout fini par comprendre qu'à Ouessant on vit dans l'éloge de l'ombre. On s'y complaît car cela rassure et protège.

Ed Pocket p147
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Être gardien de phare, c'est bien plus qu'un métier (...)
Ces hommes habitent un ciel poudré et dans la recherche permanente d'un idéal : défendre la lumière contre l'obscurité, ce n'est pas rien.
On en arrive à penser que la vie des autres à plus de valeur que la sienne.
(...)
Le phare en mer est l'île extrême, le refuge qui les accueille dans leur fuite. Là, dans cette immersion océane, ils sont venus se cacher et se révéler à eux-mêmes car, tous le disent, la mer au fil des relèves et des grosses tempêtes dépouille et soigne de tout, de toutes les blessures. Dans ce corps-à-corps avec les éléments une osmose finit par les imprégner et, dans ce mélange des fluides et des énergies, elle les ramène à plus de paix intérieure.
(...)
Je comprends qu'une immersion dans des lieux aussi puissants que la Jument ou Ar Men fasse advenir ce qu'il y a de plus sincère en soi.

Ed Pocket p136-7
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Va et tu verras les routes du ciel qu'empruntent les grands voyageurs venus de loin. Ils s'appellent sternes arctiques, pipit de Godlevski, pies-grièches brunes, bécasses ou pétrels fulmars. Par grappes, ils prennent les courants favorables, descendent du pôle, et s'en vont de nuit d'un battement d'ailes pour l'Afrique. Parfois leurs routes migratoires sont déviées par les vents, ce qui les oblige à faire escale sur l'île pour se reposer
Ecoute dans le soir le doux froissement de leurs plumes
Comme ces oiseaux, je pourrais habiter n'importe quel endroit du monde pourvu qu'il nourrissent mes songes

Ed Pocket p131
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À mesure que je tourne dans la lande, à rebours des faisceaux
un dialogue de silence s'engage avec le grand papillon blanc
Métronome de nos vies, il devient dans ses pleins et ses vides
la sculpture musicale de l'air
Dans l'intervalle de ses occultations, la lumière crue révèle sa densité
Là se dessinent en courbes et en déliés les lignes de nos trajectoires
Nous ne sommes plus que des hommes et des femmes en marche
Ceux imaginés si patiemment par l'immense Giacometti

Ed Pocket p129
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Je me suis dit : enfin coupé du monde ! Je suis arrivée sur cette île en naufragée volontaire avec une faim de solitude pour mieux renaître augmentée d'une nouvelle peau, celle de l'écriture. C'est cette même envie d'effacement ou d'oubli que l'on souhaite parfois en voyage, loin de sa base. Il y a, je crois, dans ce besoin de monologue intérieur, une nostalgie du secret et une recherche d'abandon.

Ed pocket p97
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C'est ce qui me retient ici et me ferait rester toute une vie à écouter le vent sans sortir, navigant à vue et recherchant la nostalgie et la liberté sur la mer. Je sens monter la joie extrême à mesure que la lenteur s'installe. Je crois qu'il s'agit là, face à ce désert, d'un bonheur amniotique et d'un souvenir immémorial de notre vie psychique. À partir de là, tout commence à apparaître et surtout le sentiment d'éternité.

Au-delà de l'horizon
Par mer et par ciel
Je suis allée
Dans un voyage dans mes rêves et mes obsessions Ouessant offrant l'espace nécessaire à un pèlerinage intérieur
et à une méditation face au grand large.
Le sémaphore est devenu mon lieu d'exil où peut naître l'écriture.
Depuis, je suis entre ma respiration et le pouls du monde

Ed Pocket p54
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Nous étions des « internées politiques », arrêtées en tant que militantes communistes ou syndicalistes. Certaines s’étaient engagées dans la résistance. Les femmes y ont joué un rôle considérable. Pourtant à cette époque, la place que la société leur conférait était très éloignée de celle acquise aujourd’hui.
Elles n’avaient même pas encore le droit de vote ! Elles ne l’ont gagné qu’après guerre. Elles étaient peu représentées dans la plupart des métiers. Elles ne devaient pas s’opposer à l’occupant. Elles étaient jugées trop faibles et peut être, pour cette même raison dangereuses… Pendant la seconde guerre, elles ont pourtant pris des risques en transportant des tracts, de l’argent et des armes. Beaucoup ont servi d’agents de liaison. Elles étaient craintes par l’ennemi.
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Plus que jamais, lors de cette marche dans les Cévennes, je suis traversée par le flux du voyage. C'est le lent travail de la marche , grand tamis de la route. Je note les mots et les phrases qui arrivent en offrande, comme autant de bouquets coloriés. J'effeuille la réalité et découvre la libération que cela provoque. Dans ce vibrato, les mots s'entrechoquent et se déposent en pierres de rosée sur la page. Dans la fraîcheur du matin, ils sont à eux seuls la promesse d'une renaissance.
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Quand on marche, tous les matins sont les premiers
On repart, les idées et les pieds apaisés par la nuit
Et si nous n'étions que des funambules avançant sur la crête de la vie à la recherche d'un équilibre intérieur ?
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Dans les murs déchaussés poussent, en éclat de vie, des saxifrages qui indiquent qu'un jour des hommes et des femmes se sont aimés à l'abri des hauts murs. Cette plante tire les ficelles du rêve.
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Vite, il faut se dépêcher et reprendre la mer !
Car le temps, c'est de l'argent, disent les armateurs.
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Ma petite Odette

Je vais mourir avec mes 26 camarades
nous sommes courageux
Ce que je regrette, c'est de n'avoir pas eu ce que tu m'as promis
mille grosses caresses de ton camarade qui t'aime
Guy

grosses bises à Marie et à toutes.
Mon dernier salut à Roger, Rino (la famille) et Jean Mercier.
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Dès le soir, on a retrouvé des inscriptions sur les planches de bois, comme un testament. On a pu lire la déclaration des vingt-sept écrite par Guy...

VOUS QUI RESTEZ,
SOYEZ DIGNE DE NOUS
LES VINGT-SEPT QUI
ALLONS MOURIR.
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Ce 22 octobre 1941, le soir, comme le silence, est tombé sur la carrière de Châteaubriant. À quelques mètres des éxécutions, on a retrouvé, projetées, les lunettes du professeur Pierre Guéguen.
À jamais ils sont appuyés contre le ciel.
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Je pense à Stevenson et à l’appel du sauvage qu'il ressentira lui aussi en parcourant les Cévennes puis l'Amérique du Nord. À y regarder de près, il y a plusieurs points de convergence entre John Muir et Robert Louis Stevenson. Tous deux furent contemporains et originaires de la côte est de l’Écosse. Ils ont reçu la même éducation presbytérienne: rigide, brutale, où l’instruction et la religion étaient centrales. L'apprentissage de John Muir fut encore plus strict. Il a grandi dans une famille nombreuse avec un père vraiment dur qui menait son petit monde d’une main de fer. John raconte comment enfant son père lui faisait apprendre un si grand nombre de versets de la Bible qu’à l’âge de onze ans il connaissait par cœur quasiment l’Ancien Testament et la totalité du Nouveau. Au moindre faux pas, il recevait de sévères raclées. Robert Louis, quant à lui, était un enfant unique, à la santé très fragile, élevé dans une famille aisée d’Édimbourg. Il fut choyé entre autres par Cummy, sa nurse qu’il adorait et qu’il considérait comme sa deuxième mère. C’est elle qui lui apprit des cantiques et certains versets de la bible. John Muir et Robert Louis Stevenson auront, tous deux, la chance de découvrir des forêts et des grands espaces naturels non encore défoliés. p. 70-71
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La marche nous augmente intérieurement d’un espace qui fait que nous devenons plus grands que nous-mêmes. Quelque chose en nous s’ouvre et s’étire, en même temps que notre conscience se déploie. On s’enrichit d’une présence au monde, d’un regard plus large et plus précis, d’une empathie envers les autres. Tout autour de nous se met à exister. C’est cette même émotion que j’ai recherchée et prolongée en traversant les Pyrénées, de l’Atlantique à la Méditerranée, dans la solitude des sommets et la joie d’un amour naissant, ou encore en faisant le tour du massif du Queyras dans les Alpes. p. 13
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