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Citations de Hans Herbert Grimm (8)


La guerre est cruelle,c'est une abjecte boucherie,et une humanite qui supporte une chose pareille ou qui en est temoin pendant des annees ne merite aucun respect.Quant a celui qui a cree les etres humains,qu'Il rampe de honte,car Son oeuvre est une infamie!
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Schlump avait des poux. Depuis longtemps. Il les avait chopés lorsqu’il creusait les tranchées et dormait avec les Polacks. Mais ce n’étaient alors que les gros poux blancs avec la croix de fer sur le dos. Voilà qu’il avait maintenant les petits rouges en plus, qui se planquaient dans les coutures des chemises. C’étaient les pires. Et lorsqu’il faisait le guet, il empoignait sa veste et s’écorchait la poitrine à force de frotter. Mais c’était surtout dans les abris, quand on voulait dormir, qu’ils étaient le plus féroces, la chaleur les déchaînait.
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Extrait de la lettre de Hans Herbert Grimm à son frère, Franck
Cher Franck, si on veut mener une vie avec grâce et sérieux – et ce doit être la forme la plus prospère de ce grand art –, il faut être généreux et laisser d'abord aux autres leur point de vue, les écouter et ne les contredire que le lendemain quand on est sûr qu'ils ne savent plus trop précisément ce qu'ils pensaient. S'ils s'en souviennent encore précisément, alors il faut s'en tenir là, mais agir exactement suivant sa conviction.
Car il n'est tout simplement pas possible que deux êtres convergent parfaitement (et fondamentalement). […] Au bout du compte, nous sommes tous solitaires, enfermés dans une coquille sans ouverture. Et chacun vit sa vie, plus ou poins abruti, plus ou moins conscient et éveillé. C'est un point de vue salutaire, qui rend la vie plus légère et épargne les échecs. C'est pourquoi elle est aussi joyeuse, aussi riche et variée, merveilleuse et émouvante. Il ne faut pas se laisser gâcher la joie qu’offrent à chaque pas sa richesse, son insaisissable beauté, mais la ressentir toujours et partout avec reconnaissance – et savoir qu'elle est le flot inépuisable d'une harmonie secrète qui traverse tout. Et il faut trouver à se relier à cette réalité secrète, à cette harmonie de l'univers que tu trouves dans le plus petit et le plus grand, alors elle s'écoulera en toi, t'emplira et te traversera, rayonnera de tout ton corps et te procurera des alliés secrets qui raffermiront ton âme de leur force et te rendront mince et flexible lorsque la vie tempêtera et qu'elle abattra les troncs massifs.
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Le rythme d'acier des roues se tut, le dernier sifflement s'effilocha derrière le château fort. Les chevaux piaffaient de leurs petits sabots contre le sol dur. Compagnie, halte ! Les chevaux s'ébrouèrent. Des soldats étaient couchés sur la route, dans les fossés, les pas résonnaient. Plus loin ! En avant ! En avant ! Le soleil brûlait de ses flèches incandescentes. Les soldats marchaient, voûtés, crispés. L'air poisseux bouillonnait et menaçait de les étouffer. Les montagnes à gauche retenaient leur souffle. Un seul nuage à l'horizon ! Obscure menace de la nature. La compagnie bivouaquait dans de misérables tentes plates sur le haut plateau. Le ciel s'obscurcit. Inquiétant silence. De secrètes braises sortaient en gros remous et encerclaient les soldats : là, les arbres se ployaient à l'horizon flamboyant, se ployaient, les cimes fouettaient le sol, pas un bruit... Soudain ça tonna et résonné, la tempête ! Les tentes s'envolèrent dans le ciel noir, les gouttes crépitèrent comme des balles, la foudre, le tonnerre, la grêle, blanc, noir, blanc, noir, les soldats furent balayés, lambeaux de feuilles dans la boue. Quel vacarme, quelle tourmente !
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Le ciel cependant avait gardé toutes les couleurs automnales, un air doux et frais les caressait, Schlump arrêta de chanter et se mit à rêver. Il pensa à la façon dont la guerre avait éclaté, à cette douce nuit d'été où il avait pu embrasser Johanna. Il pensa à cet affreux hiver dans les tranchées, au pauvre Michel, au rossignol qui l'avait envoûté, à son long rêve étrange. Il avait le sentiment d'être à présent autorisé à poursuivre ce rêve, comme si Michel marchait à ses côtés, invisible avec sa femme, comme s'il désignait les collines bleues que Schlump avait vues en rêve et vers lesquelles ils allaient à présent. Une merveilleuse félicité le parcourut. Il croyait avec une superbe certitude que tout se terminerait, il pensait à sainte Jeanne dans l'église de Bohain, c'était bien la même que sa Johanna au pays, qu'il pourrait peut-être prendre bientôt dans ses bras. Il voyait le monde et l'avenir rayonner de mille couleurs merveilleuses. Il travaillerait comme Michel le bienheureux, il voulait arriver à quelque chose, il fallait bien que la paix revienne, maintenant, bientôt, la paix ! La paix et la respectabilité, comme la vie devait être belle ! Quel âge d'or cela avait dû être!Et il se mit soudain à rire de joie, ce qui intrigua le cocher, qui se retourna. Schlump retrouva toute sa gaieté et reprit son chant haut et clair.
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Vois-tu, disait-il à Schlump, il faut faire la différence entre le grand point de vue et le petit point de vue. Du petit point de vue, la guerre n'apporte rien d'autre que le chagrin, le deuil, et d'indicibles souffrances, et aussi la ruine, l'infamie et la pourriture. Du grand point de vue, en revanche, tu arrives à un autre résultat. Pense à la quantité de gens qui sont déjà morts au cours des millénaires. Que sont ces quelques millions ? Même pas une poignée dans la mer infinie de l'éternité. Crois-tu qu'un être humain compte ? L'homme seul n'est rien, il n'a en soi aucune valeur, il est une partie d'un tout immense, un peuple. L'homme pris isolément n'a pas d'âme, le peuple a une âme. Et chacun n'a de valeur que tant qu'il sert son peuple. Crois-tu que les Grecs, que nous admirons, auraient réalisé de tels chefs-d’œuvre et auraient eu de si puissantes pensées si le peuple avait été bon à rien, s'il ne s'était trouvé que deux ou trois êtres doués dans une masse de médiocrité ? Non, le peuple entier a travaillé, de génération en génération pour finalement accumuler sur eux tous les talents, comme Platon, Phidias ou Homère. C'est pourquoi il n'est pas juste de louer ces hommes de nous avoir légué tant d’œuvres, il faut plutôt louer le peuple qui a engendré de tels hommes. Oui, il vaudrait mieux oublier complètement leurs noms. Voilà pourquoi il n'est pas absurde qu’une telle guerre éclate. Il faut qu’il y ait beaucoup de morts, il faut que le peuple souffre affreusement. Mais sache que la grandeur ne naît que de la souffrance ! Est-ce que les Grecs n'ont pas souffert par exemple ? Et y a-t-il plus grande souffrance que la guerre ? Nous devons tous souffrir à présent, et notre peuple est heureux de pouvoir être celui qui souffre le plus parmi tous les peuples impliqués dans la guerre. Cette souffrance est le prix que nous devons payer pour que des êtres humains sortent de nos rangs et nous dépassent tous, ils seront l’honneur et la renommé de notre peuple pour les temps à venir. C'est pour cela qu'une seule chose compte, mon ami, songe que tu n'es rien, mais que l’honneur de ton peuple et sa grandeurs sont tout.
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Schlump revoyait bien tous ces événements, mais comme s'ils remontaient déjà à des siècles. Il se sentait très bizarre, ne sachant plus vraiment si ce qu'il venait de vivre avait bel et bien existé. Il n'était ni triste ni gai. Juste étonné et légèrement perplexe. Il avait endossé son havresac, bouclé son ceinturon avec la cartouche et mis son casque. Estelle avait reculé de quelques pas en lui lançant un regard surpris qu'il ne lui connaissait pas. Puis il était allé de l'autre côté. La petite Hélène jouait avec son illustré. Il avait tendu la main à tous, Mme Doby pleurait, M. Doby, l'air grave, avait retiré sa pipe d'entre les dents et d'un geste lourd de sens, lui avait serré la main en disant : « Courage ! »
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Ainsi, tout était réglé pour le mieux, et la guerre pouvait durer encore longtemps.
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