06.10.17 Buongiorno Regione: Helene Stapinski presenta Murder
« Une nuit, je me suis regardée dans le miroir de la salle de bains. (…) À cet instant, j’aurais voulu pouvoir éplucher les différentes couches de mon visage, retirer les différentes strates de peau et d’os jusqu’à atteindre les secrets qui se cachaient sous mon code génétique, et qui m’observaient derrière ma faccia di Gallitelli. (…) Devant la glace, j’ai songé au fait que nous étions tous le résultat de ce que l’on savait, mais aussi de ce que l’on ignorait. Des générations d’ignorance. Des siècles et des siècles de secrets dissimulés. »
« Depuis les remparts de la ville, on apercevait en contrebas des oliviers aux reflets argentés, des vignes desséchées et des figuiers aux feuilles énormes – celles-là même qu’avaient utilisées Adam et Ève pour cacher leur nudité. Des collines d’un vert pâle tirant sur le jaune se dessinaient au loin, laissant place après une dizaine de kilomètres à la plaine métapontine et à la mer Ionienne. Autour de la ville, on pouvait encore deviner les mulattiere, les sentiers étroits que les paysans empruntaient jadis à dos d’âne pour se rendre au travail avant le lever du soleil, puis pour rentrer chez eux à la nuit tombée. Buia a buia, disait l’expression – de l’obscurité à l’obscurité. »
« Les mères, les grands-mères, les arrières-grands-mères étaient les héroïnes nationales dont on ne parlait jamais, celles qui avaient cuisiné, balayé, lavé des montagnes de linge, celles qui, de génération en génération, avaient œuvré dans l’ombre pour que ce pays devienne ce qu’il était aujourd’hui, et elles n’avaient agi ni par calcul ni par ambition. Simplement par amour. Ce n’étaient pas des victimes, mais des héroïnes. À la trappe, Ulysse, Hercule et les autres! Au diable, Zeus, Héra et le reste du panthéon! Vita avait changé son destin et le nôtre (…). Car, par sa propre volonté, Vita nous avait donné l’opportunité de vivre notre vie. »