Nous savons tous que les juifs doivent porter l'étoile jaune cousue sur la poitrine, que Hitler fait brûler les synagogues, qu'interdicion a été faite aux juifs de se laisser pousser la barbe.Tout le monde sait sans exception, que la Gestapo traque partout les juifs pour les arrêter et les déporter dans des camps de concentration.Tout le monde est amplement prévenu : qui cache des juifs est passible du peloton d'exécution, tandis que les dénoncer procure certains avantages.
Puis je haussai les épaules et regardai le ciel . Je me demandais si Dieu existait, si à cet instant il me voyait et éprouvait un peu de pitié. Pitié d'une gamine en guenilles, de ses souliers usés jusqu'à la corde, de sa peau noire de crasse. Mon Dieu, on était vraiment aussi sales? !
En bas à la cave, ça ne se voyait pas, parce que même la bougie jetait un voile pieux sur l'horreur.Je regardai encore les ruines et songeai que le soleil était la seule chose la plus neutre qu'il existât. Le soleil était impartial, il éclairait le laid et le beau, le pathétique et le solennel, l'infamie et la vertu.Le soleil était incorruptible. Les hommes pouvaient bien détruire Berlin, voire le monde entier, le soleil éclairerait toutes ces horreurs et, finalement, réchaufferai de nouveau la vie!
Je crie, indignée par son arrogance.
" Non, j'y vais pas, parce que le Führer il est méchant ! Je veux pas le voir, le Führer, parce qu'il envoie les enfants dans les camps de concentration et qu'il fait brûler les livres des écrivains !"
Peter me lance un regard ahuri comme si j'avais brisé une idole et proteste furieux :
" Dans les camps de concentration, il y a que les enfants juifs qui y vont, et nous on n'est pas des enfants juifs!"
« Je veux pas y aller, dans le bunker du Führer!– Idiote! braille Peter.– « Idiot toi-même !
Mon frère me regarde incrédule, d'un air de plus en plus sombre. Il n'arrive pas à comprendre qu'on puisse ne pas partager sa passion du Führer. Et, sur un ton de dépit hargneux, il me dit : «Tu seras bien obligée de venir, maman t'y obligera, tu verras !