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Critiques de Henri Atlan (28)
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Les Etincelles de hasard, tome 2 : Athéisme d..

Dans le tome 2 « Athéisme de l’Ecriture », Henri Atlan essaye de découvrir les structures de la nature des choses, via la science, mais aussi d’en définir une éthique, définie comme étant « l’articulation du normatif et du descriptif ». Dit en d’autres termes c’est l’articulation entre « tu dois » et « voici ce qui est », entre « le qui » et « le quoi ». Naturellement, si l’application de cette éthique est relativement aisée dans les sciences dites dures, telles que la physique ou les mathématiques, il n’en est pas de même dans les sciences du vivant. « C’est à partir d’une certaine idée de l’homme qu’on peut utiliser la biologie au service de celui-ci ». D’où la nécessité de définir la formation « d’une certaine idée de l’homme » au préalable. Cela se complique encore avec « les interprétations anthropomorphiques des activités d’animaux, de plantes ou de structures géologiques [qui] sont de moins en moins justifiées quand elles sont attribuées à des corps de plus en plus différenciés des corps humains. ». En effet, la différenciation entre le vivant et le non-vivant s’effectue sur une base quasi antagoniste. Chimie du carbone dans le second cas, et métabolisme de la cellule dans premier. Or ces deux ensembles n’ont pas le même niveau d’organisation, la principale différence provenant des rétroactions qui peuvent impliquer de l’auto-organisation et de l’émergence. Ces derniers effets sont essentiellement mécaniques et ne nécessitent aucunement « de faire appel à des propriétés mystérieuses de la Vie ou de l’Esprit pour expliquer causalement leur survenue ». C’est selon Henri Atlan, après ses études de la Kabbale, du Talmud et de Spinoza, la grande conclusion de ses réflexions. Il en arrive donc nécessairement à une compréhension des sciences et de la nature qui doit forcément être athée. Exit « le Grand Architecte planifiant la construction de l’Univers » Tout aussi intéressant de constater que cette notion de Grand Architecte est combattue par quelqu’un qui vient de passer son temps à étudier les textes sacrés.

Pour arriver à ces idées, il convient de séparer « le hasard physique, dans la nature » différent du « hasard formel des mathématiques » en ce que le premier serait « créateur ». C’est le grand thème de Henri Atlan, avec les trois différents niveaux de l’éthique. Chose qu’il reprendra plus tard dans « Croyances », avec les niveaux de croyance. Il insiste alors sur la non intervention du libre arbitre. Il faudrait pour cela distinguer trois étapes. i) un niveau fondamental où le bien et le mal se confondent avec le plaisir et la douleur. ii) un niveau avec des stratégies « où la recherche du bien et l’évitement du mal sont différées ». iii) un niveau où l’on porte des jugements sur le jugement moral, posant ainsi la question du relativisme. Pour ce qui est de l’humain, cellule ou groupe de cellules, « se pose la question fondamentale […] Qui ou Quoi ? » A la question « Qui ? » il n’y a pas de réponse vraiment possible, car il y a impossibilité de définir qui est vraiment quelqu’un. Pour le « Quoi ? », il s’agit de le mettre en relation avec d’autres évènements. C’est de la science que cela résulte. En d’autres termes, « Quand le "Je" est pour lui-même, fermé dans l'expérience de la présence à soi, il est un "Quoi?"; et quand il s'ouvre sur l'autre, alors il est un "Qui?" ». Le problème alors devient entier entre l’embryon et la personne. « Quand un embryon devient-il une personne? Et quand sa forme (corps et visage) est-elle reconnue comme humaine ? ». Sauf que « La personne humaine, en tant que telle possède des droits et une dignité, c’est une réalité juridique, et non pas biologique ».

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Les frontières de l'humain

un bon petit livre sur la pensée humaine !!
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Lettres à Alan Turing

Ce livre regroupe vingt-trois lettres écrites par des professeurs, ingénieurs, philosophes (...) qui ont été amenés à travailler de près ou de loin sur les travaux d'Alan Turing. Pour ouvrir et clôturer cette ouvrage, on retrouve également un prologue, une petite chronobiographie de la vie d'Alan Turing, les résonances qu'ont eu ses travaux (biographies, films, essais etc...) mais aussi une petite présentation de chacun des auteurs réunis dans le livre. 



Les lettres sont toutes assez originales et sont toutes construites de façons très différentes. Certaines vont s'adresser à Alan Turing en utilisant le vouvoiement tandis que d'autres vont utiliser le tutoiement, dans certaines, l'auteur va discuter directement de ses travaux en comparant les résultats de Turing à la réalité 50 ans plus tard, dans d'autres les auteurs vont écrire une lettre fictive (par exemple, la lettre "Theoreo ! Je vois !" de Nazim Fatès m'a bien plu car très originale). Les lettres de Sylvie Lainé "Ne croquez pas cette pomme, Alan !" et de Gérard Berry "Un géant de création et de simplicité" sont également très intéressantes et plaisantes, ce sont celles qui ont le plus retenu mon attention dans ce livre.

N'étant pas spécialiste du sujet, j'ai appris à travers ces textes, de nouvelles choses concernant les travaux d'Alan Turing, notamment au niveau de la biologie et des mathématiques (je ne savais pas qu'il avait travaillé sur autant de sujets!).

Je m'attendais à plus d'humour ou à la découvertes de petits secrets concernant Alan Turing, mais ces lettres restent tout de même très focalisés sur ses travaux plus que sur le personnage. Cependant, cet ouvrage reste accessible au grand public et donc pas besoin d'avoir un doctorat en mathématique pour prendre du plaisir à le lire. Il y en a pour tous les goûts et, si vous connaissez un peu Alan Turing et appréciez ses travaux, ce livre est intéressant sans être trop lourd.



Je remercie Babelio et les éditions Thierry Marchaisse pour cet envoi dans le cadre de la Masse Critique de septembre.
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Lettres à Alan Turing

Des célébrités relatives (en sciences, ou des philosophes ou auteurs qui ont abordé des sujets en rapport avec l'oeuvre de Turing) lui envoient une lettre.



J'ai commencé le livre avec enthousiasme, mais j'ai été assez vité déçue. Je m'attendais à quelque chose de vibrant d'émotion, devant des gens exprimant leur admiration, leur empathie, peut-être leur déception sur certains points, devant l'homme célèbre. Je m'attendais à un peu d'humour aussi. Je n'ai eu ni l'un ni l'autre. Est-ce un choix éditorial, ou un choix des auteurs ? J'ai trouvé presque toutes les marques d'admiration convenues et froides.



Heureusement, plus tard, quelques lettres sont venues modifier cette mauvaise idée que je m'étais fait, en particulier celle de Sylvie Lainé. J'ai aussi beaucoup apprécié les trois "lettres" qui sont en fait des oeuvres de fiction épistolaire. Mais globalement, la plupart des lettre sont assez égocentriques, avec les gens qui expliquent comment Turing a influencé leur oeuvre, et ce qu'ils en ont tiré, ce qu'ils ont fait avec. Certains de ses articles sont intéressants scientifiquement (de façon étonnante, c'est le cas de celle du directeur scientifique de L'Oréal, j'avais un mauvais a priori contre), ou philosophiquement. Mais la plupart consistent à expliquer leur vision de l'oeuvre de Turing (certains lui font la leçon et expliquent qu'il n'est pas allé assez loin ou qu'il a eu tort), leurs opinions en général (avec parfois des "je suis sûr que tu serais d'accord avec moi", explicites ou implicites, que j'ai trouvé de mauvais goût), et globalement... je ne sais pas ce que je voulais. Bien sûr, dans une lettre, on parle de soi. Bien sûr, on ne peut pas essayer de nouer une vraie connexion avec quelqu'un qui est mort, et on s'adresse effectivement au public. Mais j'ai l'impression que dans de trop nombreux cas, ce message adressé au public était surtout "regardez comme je suis brillant".



Aussi, la vision de l'homophobie qui se dégage de ce livre, comme quelque chose qui est dans le passé, ou quelque chose qui est exclusivement anglais, me fait me demander dans quel monde vivent ces gens, ou s'ils sont tous hétérosexuels. Dans ce cas, autant ne rien mentionner sur l'homosexualité de Turing, s'ils ne font pas l'effort de comprendre.



Peut-être ce livre n'est-il pas destiné aux fans de Turing comme moi, mais aux gens qui le connaissent peu. Peut-être le sujet du livre n'est-il pas Turing lui-même, mais son influence sur la pensée moderne. Dans ce cas, ces lettres seraient presque plus des documents qu'une oeuvre. Peut-être, si j'avais pris l'ouvrage avec cette distance, l'aurais-je plus apprécié.



Enfin voilà. Une déception globale, même si vu l'hétérogénéité des textes et le grand intérêt de certains, je ne peux pas dire que je regrette d'avoir lu.



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Lettres à Alan Turing

Un superbe ouvrage avec un concept original qui est l'envoi de lettres par des spécialistes en informatique à Alan Turing, le père de l'informatique ! Tous les sujets de la société et de la science moderne ont été évoqué. Un excellent livre que je recommande à toutes et à tous.
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Lettres à Alan Turing

Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération masse critique. Dans cet ouvrage des scientifiques, des écrivains et des philosophes se sont prêtés à l'exercice d'écrire une lettre à Alan Turing, connu comme l'un des précurseurs de l'informatique moderne et casseur du code de la machine allemande Enigma. L'idée est originale et plusieurs lettres m'ont appris des choses intéressantes et pas uniquement sur la vie d'Alan Turing. Malheureusement, et c'est inhérent à ce genre d'exercice, l'ensemble reste assez répétitif, malgré les efforts certains que chaque auteur a entrepris pour différencier sa prose de celle de ses collègues. Pour conclure, je dirais que les aspects positifs l'emportent tout de même sur les négatifs.
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Qu'est-ce qu'un modèle ?

« Qu’est ce qu’un modèle ? » donc. La réponse d’Atlan tient en environ 25 pages de petit format (10*14.5 cm) et quelques 100 000 signes.



un (petit) livre que toute personne modélisant ou utilisant des modèles DEVRAIT lire.



Il est assez amusant que ce texte ait donné lieu à des discussions presque plus longues, certaines ayant un fond de vérité, d’autres étant plutôt des justifications de modélisateurs qui défendaient leur supposée bonne foi (et leurs travaux). Ayant moi-même modélisé et pratiqué cette discipline, de plus dans une science dite naturelle ou semi-dure, à un époque ou un chiffrage des données était quasi gage de vérité (chez les aveugles, le borgne est roi), et en en ayant très vite perçu les limites, il m’a été relativement aisé de trier les arguments (et d’une certaine manière abonder dans le sens de Henri Atlan).

L’auteur commence par expliquer ce que peut être un modèle, en complément d’une expérimentation (par exemple sur des animaux, pris comme modèles pour des maux humains). Après l’avènement de la biologie moléculaire et découverte de l’ADN et de la synthèse des protéines, on a pu coder l’information portée par les quatre bases, et donc calculer la quantité d’information portée par une molécule d’ADN (information selon Shannon). Ce codage en quatre bases ou vingt deux acides aminés a permis le changement de paradigme, passant du code à la programmation génétique. Tout allait donc très bien, sauf que… Et c’est là que la modélisation devient extrêmement complexe, et que la génomique laisse place à la protéonomique, c'est-à-dire passe des gènes aux protéines. Ceci d’autant plus que les réactions ne sont pas linéaires et qu’il existe de nombreux effets rétroactifs (feedback loops). De ce fait le modèle devient quasi imprédictible, et surtout il est impossible de connaître l’effet de chacune des interactions. De plus les transmissions du signal ne se font pas de façon linéaire et uni-directionnelle, mais selon un schéma en parallèle, dans lequel les trajets peuvent être multiples d’un émetteur à un récepteur.



Plusieurs solutions existent alors qui permettent une approche de modélisation, toujours dans le domaine de la biochimie. L’une est la cinétique de réaction, ou vitesse de déroulement des différentes réactions chimiques. A supposer que chacune des réactions puisse être suivie dans le temps, on peut modéliser l’effet global de chacune et donc appréhender l’effet total. Tout se passe bien sur le papier, mais la confrontation aux données expérimentales montre vite les limites de la méthode. On peut (presque facilement) mesurer les différents paramètres en jeu lors d’une réaction. Sauf que le modèle que l’on construit alors est fortement sous-déterminé. C'est-à-dire que l’on a plus d’inconnues que de mesures. Augmenter les mesures donc, oui, mais celles-ci peuvent être redondantes, donc n’ajouter aucune information, et c’est bien là le problème. Il en résulte que plusieurs modèles, tous aussi rigoureux, peuvent expliquer le phénomène, ou du moins lui donner une signification approximative, pas tout à fait juste, ni tout à fait fausse. On se retrouve donc avec un trop plein de modèles dont chacun pourrait être une explication différente du même phénomène. Ce type de modélisation, partant d’un grand nombre d’observations et essayant de déterminer quelles en sont les causes est souvent décrite comme de bas vers le haut (bottom-up).



Par opposition une autre catégorie de modèles procède de manière inverse. Il s’agit de déterminer l’influence de tel paramètre, avec production de telle cause. On procède alors de haut vers le bas (top-down). Souvent le problème est plus complexe et la simulation sert alors à hiérarchiser les effets provoqués par les différentes causes. Enfin une dernière catégorie de modèles est récemment apparue qui aboutit à une auto-organisation des phénomènes, sans que l’on sache exactement pour l’instant ce qui la provoque (si ce n’est une complexité des rétroactions). Cela aboutit à ce que l’on nomme les réseaux neuronaux, avec de multiples développements dans la recherche de l’auto apprentissage ou de l’intelligence artificielle. Mais l’un n’explique pas l’autre. Le retour à l’expérimentation et surtout la démonstration de la reproductibilité des résultats limite sérieusement la modélisation.

Petit livre, donc, pas facile à résumer en 5000 signes (et à coder sur 30 caractères). En fait cette classification en top-down et bottom-up peut aussi se résumer en modélisations directe et inverse, le sens (la direction) étant des données aux causes. Le problème de la sous détermination, c'est-à-dire du nombre des observations (des équations) par rapport aux inconnues, reste identique. Tout comme la linéarité (ou non) des relations. Certes, la solution à la non-linéarité se traduit souvent par une pseudo-linéarisation. C’est le cas le plus fréquent lors de la méthode la plus utilisée, celle de l’approximation des moindres carrés. (C’est ce qui est utilisé le plus souvent lors des approximations de droite dans un nuage de points dans des tableurs communs). Mais on constate que cela reste une approximation. Deux grands facteurs d’incertitude sont inhérents à ces systèmes d’équations. Ils sont liés aux valeurs et vecteurs propres (les « solutions » principales). D’une part, la différence de grandeurs entre les valeurs propres (leur poids respectif) influe grandement sur les solutions. De l’autre, le poids relatif des faibles valeurs propres reflète le plus souvent la redondance, c'est-à-dire une sorte de valeur ajoutée quasi nulle. Il est notable qu’augmenter le nombre de mesures (ou d’équations) conduit souvent à accroître le nombre de ces valeurs propres à faible valeur ajoutée, donc cela est inutile.

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Sommes-nous libres ?

La confrontation entre Atlan et Vergely ne permet pas de sortir de querelles d’écoles anciennes pour mieux repenser cette fameuse question de la liberté humaine.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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