Saviez-vous que l’Ombre signifie en ancien français le reflet ? Ce n’est donc pas un hasard si, en contemplant le miroir, vous vous apprêtez à retirer le voile de l’existence pour découvrir son reflet ténébreux, celui qui se loge derrière la vie de nos protagonistes. Il suffit parfois d’un rien pour que la situation dégénère : un achat de cigarettes qui tourne mal par manque de monnaie, le temps qui semble s’écouler trop vite, revenir sur les lieux de son enfance et se souvenir du passé, ou dévorer des yeux une délicieuse créature qui s’exhibe innocemment.
Derrière leurs yeux clos, elles distinguaient des flots de sang qui les emportaient. Des rivières rouges traversant la nuit des temps, issues d’une source inconnue, qui s’incarnaient dans des existences individuelles, puis revenaient à l’indifférencié et s’incarnaient à nouveau, et le sang était La Vie.
Comme tous les soirs, je traverse le parc. Je ne suis accompagnée que du vent qui joue avec les feuilles abandonnées là depuis plusieurs automnes. Je passe entre le regard des statues, renfermées sur leurs rêves de pierre, indifférentes aux fientes d’oiseaux et aux mousses qui les recouvrent.