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Citations de Henry Bataille (14)


       DÉJÀ


Hé quoi ?... Déjà ?... Amour léger comme tu passes !
À peine avons-nous eu le temps de les croiser
Que mutuellement nos mains se délacent.
Je songe à la bonté que n’a plus le baiser.

Un jour partira donc ta main apprivoisée !
Tes yeux ne seront plus les yeux dont on s’approche.
D’autres auront ton cœur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t’en faire un reproche.

Quoi ? sans moi, quelque part, ton front continuera !
Ton geste volera, ton rire aura sonné,
Le mal et les chagrins renaîtront sous tes pas ;
Je ne serai plus là pour te le pardonner.

Serait-il donc possible au jour qui nous éclaire,
À la nuit qui nous berce, à l’aube qui nous rit,
De me continuer l’aumône éphémère,
Sans que tu sois du jour, de l’aube et de la nuit ?

Sera-t-il donc possible, hélas, qu’on te ravisse,
Chaleur de mon repos qui ne me vient que d’elle !
Tandis que, loin de moi, son sang avec délice
Continuera son bruit à sa tempe fidèle.

La voilà donc finie alors la course folle ?
Et tu n’appuieras plus jamais, sur ma poitrine,
Ton front inconsolé à mon cœur qui console,
Rosine, ma Rosine, ah ! Rosine, Rosine !

Voici venir, rampant vers moi comme une mer,
Le silence, le grand silence sans pardon.
Il a gagné mon seuil, il va gagner ma chair.
D’un cœur inanimé, hélas, que fera-t-on ?

Et bien, respire ailleurs, visage évanoui !
J’accepte. À ce signal séparons-nous ensemble...
Me voici seul ; l’hiver là... c’est bien... Nuit.
Froid. Solitude... Amour léger comme tu trembles !

p.225-226-227
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Toutes les splendeurs stellaires de la nuit andalouse. A gauche, un château du temps des Maures, avec sa large terrasse à pic. Des bois d'orangers. De vastes jardins en fleurs sous le clair de lune, avec des jets d'eau.
Nous sommes non loin de Séville, vers l'année 1620. Nuit de bonne tradition espagnole. Lune complaisamment théâtrale.
Un homme est sous la terrasse ; comme de juste, une femme émue se penche à la terrasse.
(lever de rideau de "L'homme à la rose", pièce parue dans "La petite illustration" en janvier 1921)
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L'intérieur d'une villa à Malmaison, sur la hauteur. Une grande pièce vitrée attenant à un perron assez bas. Vue sur la vallée de la Seine. Quelques silhouettes de châtaigniers massifs au dehors. L'intérieur de la villa est élégant, sans plus. Cretonnes. Piano. La villa des environs de Paris, pleine de souvenirs d'un luxe un peu arriéré et exagérément féminin.
Au lever du rideau, autour d'une table ronde, qu'on sent devoir être à l'occasion une table de salle à manger, Mme Bianca Cordier, une ancienne jolie femme de quarante-cinq ans, cause avec son notaire.
(lever de rideau de "La possession" pièce parue dans "La petite illustration" en mars 1922)
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Henry Bataille
Les trains

Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares...
Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent...
J'aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
Ces longs convois de marchandises bruissant,
Qui pour la pluie ont mis leurs longs manteaux de bâches,
Ou qui dorment , la nuit entière, dans les garages... ( ...)

( " Le beau voyage")
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Acte premier
Le bureau de Dartès, directeur littéraire du journal "L'époque".
Acte II
A Saint-Cloud. Un ancien atelier de photographe, très simple. Quelques meubles récemment apportés. Sur une bibliothèque basse, un plâtre de laête de Hugo, au mur des tableaux d'amis. Grande verrière au fond, donnant sur une petite rue de banlieue.
Dartès mange à sa table de travail. Renée le sert.
Acte III
L'imprimerie des cahiers bleus. Le bureau de Gibert au premier étage, très vieille petite maison. Gros caissons. Au mur, les casiers avec les piles de livres rangés. Désordre. Le nouveau livre de Gibert un peu partout - en ballots. Au mur, des affiches portant le titre du livre "Lascar le juste". Le bureau donne au fond sur une petite cour ; on distingue les toits bas de l'imprimerie.
(levers de rideau des trois actes de "L'animateur", pièce parue dans "La petite illustration" en juin 1920)
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La chambre blanche
LE MOIS MOUILLÉ


Par les vitres grises de la lavanderie
J’ai vu tomber la nuit d’automne que voilà…
Quelqu’un marche le long des fossés pleins de pluie…
Voyageur, voyageur de jadis qui t’en vas,
A l’heure où les bergers descendent des montagnes,
Hâte-toi ! Les foyers sont éteints où tu vas,
Closes les portes aux pays que tu regagnes.
La grande route est vide et le bruit des luzernes
Vient de si loin qu’il ferait peur… Dépêche-toi :
Les vieilles carrioles ont soufflé leurs lanternes…
C’est l’automne : elle s’est assise et dort de froid
Sur la chaise de paille au fond de la cuisine…
L’automne chante dans les sarments morts des vignes…
C’est le moment où les cadavres introuvés,
Les blancs noyés, flottant, songeurs, entre deux ondes,
Saisis eux-mêmes aux premiers froids soulevés,
Descendent s’abriter dans les vases profondes.
                                          1890.

p.37-38
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L'intérieur d'une chambre pauvre. A droite, dans une alcôve, un lit. Près du lit un berceau ; au milieu de la scène une table sur laquelle sont posés un petit baquet, une pile de linge, des fers à repasser, un savon, etc. Au fond, une fenêtre mansardée par laquelle on aperçoit des toits et, plus loin, une partie du panorama de Paris.
(lever de rideau de "La chair humaine", pièce parue dans "La petite illustration" en août 1922)
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C'est toujours par ce qu'elle contient de vérité qu'une oeuvre nouvelle choque ses contemporains.
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Henry Bataille
Les souvenirs

Les souvenirs, ces sont des chambres sans serrures,
Des chambres vides où l'on n'ose plus entrer,
Parce que de vieux parents jadis y moururent.
On vit dans la maison où ces chambres sont closes.
On sait qu'elles sont là comme à leur habitude,
Et c'est la chambre bleue, et c'est la chambre rose...
La maison se remplit ainsi de solitude,
Et l'on y continue à vivre en souriant...
J'accueille quand il veut le souvenir qui passe,
Je lui dis : "Mets-toi là... Je reviendrai te voir..."
Je sais toute ma vie qu'il est bien à sa place,
Mais j'oublie quelquefois de revenir le voir,
Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.
Ils se sont résignés à ce qu'on les oublie,
Et si je ne viens pas ce soir ni tout-à-l'heure,
Ne demandez pas à mon coeur plus qu'à la vie...
Je sais qu'ils dorment là, derrière les cloisons,
Je n'ai plus le besoin d'aller les reconnaître ;
De la route je vois leurs petites fenêtres,
Et ce sera jusqu'à ce que nous en mourions.
Pourtant je sens parfois, aux ombres quotidiennes,
Je ne sais quelle angoisse froide, quel frisson,
Et ne comprenant pas d'où ces douleurs proviennent,
Je passe...
Or, Chaque fois, c'est un deuil qui se fait
Un trouble est en secret venu vous avertir
Qu'un souvenir est mort ou qu'il s'en est allé...
On ne distingue pas très bien quel souvenir,
Parce qu'on est si vieux, on ne se souvient guère...
Pourtant je sens en moi se fermer des paupières.



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BERCEUSE


Oiseau bleu, couleur du temps
Me reconnais-tu ? fais-moi signe.
La nuit nous donne des airs sanglotants,
Et la lune te fait blanc comme les cygnes...

Oiseau bleu, couleur du temps,
Dis, reconnais-tu la servante
Qui tous les matins ouvrait
La fenêtre et le volet
De la vieille tour branlante ?
Où donc est le saule où tu nichais tous les ans,
Oiseau bleu, couleur du temps ?

Dis un adieu pour la servante
Qui n’ouvrira plus désarmais
La fenêtre ni le volet
De la vieille tour où tu chantes...
Ah reviendras-tu tous les ans !
Oiseau bleu, couleur du temps.

p.9-10
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PHRASE DE VALSE

Tu m’as dit qu’elle te chantait
souvent une valse allemande,
toujours la même, quelle était-elle ?..
Fragment de lettre.



Mon pauvre cœur en vieille valse,
On dirait qu’il s’en est venu,
Sur le chemin des archets calmes,
Du beau Danube...
Tu verras, c’est un pauvre cœur.
Une seule valse y est enclose
Comme l’eau dans le fond des fleurs...
Danube bleu... Valse des roses...
Elle s’est introduite une vieille fois
D’automne :
Depuis lors je la porte en moi,
Et je l’affectionne.
Elle est de ces choses de foire
Où l’on a mis deux ou trois airs,
Tout au plus deux ou trois airs,
Pour ne pas fatiguer la mémoire...
Ne la chasse pas encore, ne la chasse pas encore !
Ne sois pas jalouse de la vieille valse
Qui pleure encore.
Lorsque la nuit est pleine je l’y sens éparse.
Elle a de tels accents que tu voudrais mourir.
Quand elle sors des bois et de mon souvenir !
Ne chasse pas la valse voyageuse
Qui fait son nid...
Toute lassée des jours jaunis.
Un matin quelconque,
Peut-être elle voudra me quitter d'elle-même.
Ne la chasse pas si tu m'aimes...
Elle partira bien, toute seule, à la longue.

p.165-166
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Et voici le Jardin

LE POÈME


Un vers c'est un lointain rideau de peupliers.

Ou bien l'ombreuse allée et la voiture au pas.
Les miens sentent parfois la bonne humidité,
Les uns à la campagne et d'autres dans un parc,
(Ceux qui sont à la ville ont envié ceux-là !)
Mais, tous languidement portant le même été,
Qu'est-ce qui les fait donc frissonner dans les cimes,
Que ce soit celui-là, maigre et bleu par les champs,
Ou les plus forestiers ou les plus maritimes ?
Qu'est-ce qui les fait donc trembler pareillement
De bas en haut jusqu'à la cime balancée ?...
Ah! quel même chagrin habite au cœur des branches !
Les lie d'une douleur amère et très foncée...
Quelle invisible peine est là qui les dérange,
Et, quand l'air tiède et doux ne contient pas un souffle
À quel vent inconnu ont-ils donc répondu ?
Ils sont extrêmement sensibles : un rien les trouble...
Peuplier, à l'orée des bois, que penses-tu ?
Pâle, de la pâleur des longs pressentiments,
Tu gardes la forêt, et ton souci s'exhale
D'un geste féminin tout ensemble et charmant,
Et, plein d'un vieux restant de soleil, tu murmures
Là-haut, tout seul, ami, ton murmure natal !
Eux, à l'intérieur, les grands arbres s'éprennent.
Ils forment tout un peuple enchevêtré d'allées,
Où tremble au bout le rideau léger de la plaine.
Ah! comme ils sont pareils vraiment à la forêt,
Ces vers si fortement serrés qu'on s'y perdrait !...
Poème, bien aimée aux mouvements de palmes,
J'ai traversé ton cœur comme un petit bois calme.
Les ramiers par moment ont remué les voûtes.
Et tu fleurais la feuille chaude et le duvet.
J'avais peur de ne plus m'y retrouver jamais
Tant les branches s'entrebrouillaient, et tant la route
Est longue ! Pas de ciel autour des mares ; seule
La lumière de l'eau emplit toutes les feuilles.
Mais voici que les arbres claircissent. La lisière
Est proche, et vient l'odeur des menthes que l'on cueille
En plaine. C'est la fin. La plainte est plus légère
Et plus domestiquée, l'on dirait, dans les branches.
Brusquement on débouche. Tout ciel. L'air est immense.
Le vide solennel et muet de la plaine.
Et, seul, pour terminer l'horizon du poème,

Là-bas le bleu lointain rideau des peupliers.

p.210-211
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La Chambre blanche

Confidence


Je t’ai rêvée en la naïveté des choses,
Et j’ai parlé de toi aux plus vieilles d’entre elles,
À des champs, à des blés, aux arbres, à des roses.
Elles n’en seront pas pourtant plus éternelles,
Mais d’elles ou de moi celui qui doit survivre
En gardera quelque douceur pour ses vieux jours...
Je m’en vais les quitter, puisque voici les givres.
Tu ne les connaîtras jamais... les temps sont courts...
Mais vous ne pouvez pas vous être indifférentes,
Simplement parce que je vous ai très aimées...
Ô les toutes petites et si vieilles plantes !
Moi qui ne me les suis jamais imaginées
Hors de leur sol natal, ce m’est un grand chagrin
De savoir qu’elles mourront sans t’avoir connue.
Elles ont des airs si résignés, si sereins
Et si tristes de ce que tu n’es pas venue !...
Que mon cœur soit pour toi le grand champ paternel,
Où si tu n’es pas née au moins tu dois mourir.
Que je te plante en moi, germe de toute rose,
Pour oublier que tu vécus ailleurs qu’en moi !
Et tu passeras moins qu’ont passé bien des choses.

1893

p.67
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Le cabinet de Laurant Bouguet à l'institut Claude Bernard. Vaste verrière donnant sur les jardins de l'institut. Devant, table de travail. A droite, la table avec les tubes, les instruments de biologie, le microscope, etc. Vitrine. Simples chaises de paille. Au fond, à droite, porte aux verres dépolis, accédant à une petite antichambre, qui sépare le cabinet de Bouguet des couloirs de l'institut.
Au lever du rideau, on entre de gauche, c'est à dire de l'appartement de Bouguet. Le déjeuner vient de prendre fin....
(lever de rideau de "les flambeaux" pièce parue dans "la petite illustration" en avril 1913)
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