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EAN : 978B0018J1M6I
Fasquelle (30/11/-1)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares...
Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent...
J'aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
Ces longs convois de marchandises bruissant,
Qui pour la pluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches,
Ou qui forment la nuit entière dans les garages...
Et les trains de bestiaux où beuglent mornement
Des bêtes qui se plaignent au village natal...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
       DÉJÀ


Hé quoi ?... Déjà ?... Amour léger comme tu passes !
À peine avons-nous eu le temps de les croiser
Que mutuellement nos mains se délacent.
Je songe à la bonté que n’a plus le baiser.

Un jour partira donc ta main apprivoisée !
Tes yeux ne seront plus les yeux dont on s’approche.
D’autres auront ton cœur et ta tête posée.
Je ne serai plus là pour t’en faire un reproche.

Quoi ? sans moi, quelque part, ton front continuera !
Ton geste volera, ton rire aura sonné,
Le mal et les chagrins renaîtront sous tes pas ;
Je ne serai plus là pour te le pardonner.

Serait-il donc possible au jour qui nous éclaire,
À la nuit qui nous berce, à l’aube qui nous rit,
De me continuer l’aumône éphémère,
Sans que tu sois du jour, de l’aube et de la nuit ?

Sera-t-il donc possible, hélas, qu’on te ravisse,
Chaleur de mon repos qui ne me vient que d’elle !
Tandis que, loin de moi, son sang avec délice
Continuera son bruit à sa tempe fidèle.

La voilà donc finie alors la course folle ?
Et tu n’appuieras plus jamais, sur ma poitrine,
Ton front inconsolé à mon cœur qui console,
Rosine, ma Rosine, ah ! Rosine, Rosine !

Voici venir, rampant vers moi comme une mer,
Le silence, le grand silence sans pardon.
Il a gagné mon seuil, il va gagner ma chair.
D’un cœur inanimé, hélas, que fera-t-on ?

Et bien, respire ailleurs, visage évanoui !
J’accepte. À ce signal séparons-nous ensemble...
Me voici seul ; l’hiver là... c’est bien... Nuit.
Froid. Solitude... Amour léger comme tu trembles !

p.225-226-227
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Et voici le Jardin

LE POÈME


Un vers c'est un lointain rideau de peupliers.

Ou bien l'ombreuse allée et la voiture au pas.
Les miens sentent parfois la bonne humidité,
Les uns à la campagne et d'autres dans un parc,
(Ceux qui sont à la ville ont envié ceux-là !)
Mais, tous languidement portant le même été,
Qu'est-ce qui les fait donc frissonner dans les cimes,
Que ce soit celui-là, maigre et bleu par les champs,
Ou les plus forestiers ou les plus maritimes ?
Qu'est-ce qui les fait donc trembler pareillement
De bas en haut jusqu'à la cime balancée ?...
Ah! quel même chagrin habite au cœur des branches !
Les lie d'une douleur amère et très foncée...
Quelle invisible peine est là qui les dérange,
Et, quand l'air tiède et doux ne contient pas un souffle
À quel vent inconnu ont-ils donc répondu ?
Ils sont extrêmement sensibles : un rien les trouble...
Peuplier, à l'orée des bois, que penses-tu ?
Pâle, de la pâleur des longs pressentiments,
Tu gardes la forêt, et ton souci s'exhale
D'un geste féminin tout ensemble et charmant,
Et, plein d'un vieux restant de soleil, tu murmures
Là-haut, tout seul, ami, ton murmure natal !
Eux, à l'intérieur, les grands arbres s'éprennent.
Ils forment tout un peuple enchevêtré d'allées,
Où tremble au bout le rideau léger de la plaine.
Ah! comme ils sont pareils vraiment à la forêt,
Ces vers si fortement serrés qu'on s'y perdrait !...
Poème, bien aimée aux mouvements de palmes,
J'ai traversé ton cœur comme un petit bois calme.
Les ramiers par moment ont remué les voûtes.
Et tu fleurais la feuille chaude et le duvet.
J'avais peur de ne plus m'y retrouver jamais
Tant les branches s'entrebrouillaient, et tant la route
Est longue ! Pas de ciel autour des mares ; seule
La lumière de l'eau emplit toutes les feuilles.
Mais voici que les arbres claircissent. La lisière
Est proche, et vient l'odeur des menthes que l'on cueille
En plaine. C'est la fin. La plainte est plus légère
Et plus domestiquée, l'on dirait, dans les branches.
Brusquement on débouche. Tout ciel. L'air est immense.
Le vide solennel et muet de la plaine.
Et, seul, pour terminer l'horizon du poème,

Là-bas le bleu lointain rideau des peupliers.

p.210-211
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La chambre blanche
LE MOIS MOUILLÉ


Par les vitres grises de la lavanderie
J’ai vu tomber la nuit d’automne que voilà…
Quelqu’un marche le long des fossés pleins de pluie…
Voyageur, voyageur de jadis qui t’en vas,
A l’heure où les bergers descendent des montagnes,
Hâte-toi ! Les foyers sont éteints où tu vas,
Closes les portes aux pays que tu regagnes.
La grande route est vide et le bruit des luzernes
Vient de si loin qu’il ferait peur… Dépêche-toi :
Les vieilles carrioles ont soufflé leurs lanternes…
C’est l’automne : elle s’est assise et dort de froid
Sur la chaise de paille au fond de la cuisine…
L’automne chante dans les sarments morts des vignes…
C’est le moment où les cadavres introuvés,
Les blancs noyés, flottant, songeurs, entre deux ondes,
Saisis eux-mêmes aux premiers froids soulevés,
Descendent s’abriter dans les vases profondes.
                                          1890.

p.37-38
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PHRASE DE VALSE

Tu m’as dit qu’elle te chantait
souvent une valse allemande,
toujours la même, quelle était-elle ?..
Fragment de lettre.



Mon pauvre cœur en vieille valse,
On dirait qu’il s’en est venu,
Sur le chemin des archets calmes,
Du beau Danube...
Tu verras, c’est un pauvre cœur.
Une seule valse y est enclose
Comme l’eau dans le fond des fleurs...
Danube bleu... Valse des roses...
Elle s’est introduite une vieille fois
D’automne :
Depuis lors je la porte en moi,
Et je l’affectionne.
Elle est de ces choses de foire
Où l’on a mis deux ou trois airs,
Tout au plus deux ou trois airs,
Pour ne pas fatiguer la mémoire...
Ne la chasse pas encore, ne la chasse pas encore !
Ne sois pas jalouse de la vieille valse
Qui pleure encore.
Lorsque la nuit est pleine je l’y sens éparse.
Elle a de tels accents que tu voudrais mourir.
Quand elle sors des bois et de mon souvenir !
Ne chasse pas la valse voyageuse
Qui fait son nid...
Toute lassée des jours jaunis.
Un matin quelconque,
Peut-être elle voudra me quitter d'elle-même.
Ne la chasse pas si tu m'aimes...
Elle partira bien, toute seule, à la longue.

p.165-166
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La Chambre blanche

Confidence


Je t’ai rêvée en la naïveté des choses,
Et j’ai parlé de toi aux plus vieilles d’entre elles,
À des champs, à des blés, aux arbres, à des roses.
Elles n’en seront pas pourtant plus éternelles,
Mais d’elles ou de moi celui qui doit survivre
En gardera quelque douceur pour ses vieux jours...
Je m’en vais les quitter, puisque voici les givres.
Tu ne les connaîtras jamais... les temps sont courts...
Mais vous ne pouvez pas vous être indifférentes,
Simplement parce que je vous ai très aimées...
Ô les toutes petites et si vieilles plantes !
Moi qui ne me les suis jamais imaginées
Hors de leur sol natal, ce m’est un grand chagrin
De savoir qu’elles mourront sans t’avoir connue.
Elles ont des airs si résignés, si sereins
Et si tristes de ce que tu n’es pas venue !...
Que mon cœur soit pour toi le grand champ paternel,
Où si tu n’es pas née au moins tu dois mourir.
Que je te plante en moi, germe de toute rose,
Pour oublier que tu vécus ailleurs qu’en moi !
Et tu passeras moins qu’ont passé bien des choses.

1893

p.67
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