Citations de Ian Manook (1171)
La nature n’a pas d’âme et c’est tant mieux. Elle ne connaît pas la justice. Elle ne punit ni ne condamne au nom d’aucun principe. Elle « est », tout simplement. Depuis toujours et pour toujours. Et ne s’occupe ni du mal ni du bien qu’elle peut nous faire.
(page 322)
Kornelius se trouve une place à l’écart et se perd dans la contemplation du paysage. La lave sourd de la blessure en coulées lentes et épaisses. C’est une forge dantesque en plein air. Les hauts fourneaux de la nature. Le rougeoiement de ce qui explose crée le noir de ce qui se fige.
(page 321)
C’est la première fois que Kornelius survole le Groenland et ses immensités immaculées. Il s’amuse de l’ironie de l’histoire, qui a baptisé « vert pays » ce territoire de glace et de neige, et « terre de glace » son Islande verdoyante.
(page 278)
Ódáðahraun est saisissant de jour. Certains matins, il peut être d’une beauté irréelle et divine. Mais passé le crépuscule, il devient un vide lugubre et menaçant. Hostile. Fourbe. Un océan de laves sombres et figées, piégé de chausse-trappes.
(page 269)
C est ce que il découvre de l amour avec elle.,cette irrationalite des sentiments. Rien ne est explicable. Svetlana est devenue une présence habitant sa propre présence. Elle est en lui. Dans ce qu il ressent, dans ce que il pense, jusque dans les paysages qui défilent sous ses yeux, dans son reflet qui le regarde. Elle est devenue son ciel et son pays, sans rien dire, ou presque.
Le vol lent et nonchalant d’un héron cendré les retient quelques secondes dans l’eau, le nez au ciel, le temps qu’il passe et disparaisse, puis ils sortent du fjord, nus et silencieux, conscients d’une sorte de bonheur.
(page 245)
L’insignifiante agitation de quelques lumières, tout au fond de la nuit, donne l’échelle de sa sidérale immensité. Komsi s’y accroche comme un marin pêcheur en perdition trompeuses de la nuit désertique, il leur faut encore vingt bonnes minutes pour rejoindre les trois véhicules. Un van blanc équipé d’une échelle pour monter sur le toit, un véhicule sérigraphié de la police d’Akureyri et un hélicoptère de l’ICE-SAR.
Odaoahraun est saisissant de jour. Certains matins, il peut être d’une beauté irréelle et divine. Mais passé le crépuscule, il devient un vide lugubre et menaçant. Hostile. Fourbe. Un océan de laves sombres et figées, piégé de chausse-trapes.
Un vent soudain friselle le lac. Sa surface se froisse de rides argentées. Un rai de soleil surgit de nulle part et roussit la lande qui s’embrase, vite éteinte par l’ombre d’un nuage. Il doit pleuvoir quelque part. Un bout d’arc-en-ciel se suspend dans le ciel et disparaît.
(page 139)
Il n'avait pas remarqué le faucon en marbre sculpté dans une niche d'un des piliers du portail. C'est ce qu'ils sont, se dit-il, une famille de vieux faucons. Petits et cruels. Chasseurs. Carnassiers. Et enragés de ne pas être des aigles.
Prends une chambre ici ce soir s’il le faut, et ne te laisse pas embobiner par les États-Uniens s’ils débarquent.
- On ne dit pas les Américains ?
- Quoi, tu crois vraiment qu’ils méritent de représenter toutes les Amériques ?
(pages 95-96)
L’homme (Kornelius) qui ne sait pas parler à celles qu’il aime. L’homme des salles de force, qui bouscule la vie des autres comme ses maudites pierres de cent kilos. Celui qui fredonne sans cesse le Krummavísur, la lugubre complainte des corbeaux morts de faim.
(page 56)
Baldur. De Baldr, Dieu de la beauté et de la lumière. De l’amour. De la jeunesse.
(page 51)
À chaque éruption, des nuages de cendres retombent sur l’île. Quand une nouvelle neige les recouvre et se compresse en glace, le glacier en garde une strie dans sa transparence. Si on fore dans un glacier et qu’on en extrait une carotte d’échantillonnage, on peut voir la trace de chaque éruption des mille dernières années au moins.
(page 21)
L’Islande est le genre de pays où on peut profiter des quatre saisons dans la même journée.
(page 19)
Ils survolent le Vatnajökull, un mauvais géant. Le plus grand glacier d’Islande. Un dôme nacré et soyeux quand le ciel est bleu, mais un monstre sinistre hérissé d’armures de glace mortelle par temps de brouillard. Et pire encore sous la tempête.
(page 9)
Kerano est subjugué par la beauté du paysage. C'est plus grand et plus sauvage que sa Bretagne. Plus vaste.
Si démesuré que son cœur s'enfle d'une liberté inattendue, un souffle en lui, une évidence.
Il veut vivre là.
Puis une lame de vent comme un coup de serpe déchire le linceul du monde et tout est là à nouveau, la violence du vent et la furie de la mer, et ce blizzard de neige dont les cristaux acérés fendent les lèvres, transpercent les oreilles et griffent les yeux...
Les images sont magnifiques. Le drone rase l'eau immobile, dans la première lumière ambrée de l'aube, entre les blocs de glace scintillants. L'eau, le soleil et le vent les sculptent depuis des jours dans d'élégants et fragiles équilibres. Puis le drone se stabilise à deux cent mètres du front du glacier, et on voit soudain s'ourlet sous lui le remous du mascaret, poli d'or blanc et de cuivre roux par les rayons rasants du soleil, qui roule vers le glacier...
Le crime passionnel. Ça laisse supposer qu'on puisse tuer par amour. C'est un concept créé pour trouver une circonstance atténuante aux hommes qui tuent par jalousie. C'est une excuse aux féminicides.