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Critiques de Irina Flige (8)
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Sandarmokh

A tout vous dire, je lis plutôt des thrillers, des polars et des romans sombres.

Passionnée par les périodes sombres de l'histoire de notre civilisation, Sandormorkh, le livre noir d'un lieu de mémoire, d'Irina Flige me semblait intéressant, bien que ce ne soit pas un roman, mais une véritable enquête sur les dérives du système stalinien et de ses successeurs.

Cette enquête est un véritable combat, et notamment contre les autorités russes qui, bien qu'elles admettent la réalité des actes, refusent de divulguer de véritables informations.

De nombreux charniers ont été mis au jour au travers de l'ex-URSS. Et pourtant, il semblerait que tous n'aient pas encore été découverts.

Ce livre met en exergue la mauvaise volonté du gouvernement russe qui empêche le devoir de mémoire de milliers de proches de disparus.

Ce livre dénonce avec force et conviction la barbarie et la mauvaise foi d'une gouvernance extrémiste et dénuée de sentiments.

Ce livre est nécessaire, ce livre est un combat, ce livre est incontestablement à lire.
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Sandarmokh

Irina Flige est une géographe russe qui a publié en 1998 un atlas géographico-historique des camps des îles Solovki. Au cours de ses recherches elle a acquis la certitude qu'un grand nombre de détenus des Solovki ont été évacués et exécutés fin 1937. Avec son compagnon Veniamine Ioffe, un des membres fondateurs de Memorial à Saint Petersbourg, elle mène l'enquête pour découvrir le lieu d'inhumation des victimes.



Les Solovki forment un archipel au Nord-ouest de la Russie, dans la mer Blanche. Après la révolution de 1917 le site devient un des premiers camps soviétiques, un laboratoire du goulag. Dans les années 1930 les prisonniers politiques incarcérés là sont majoritairement des intellectuels.

Memorial est une ONG fondée en 1989 à Moscou qui a pour objectif d'étudier les répressions politiques en URSS et dans la Russie actuelle et d'obtenir la réhabilitation des personnes victimes de ces répressions.



Les historiens estiment qu'entre août 1937 et novembre 1938 plus de 750000 personnes furent exécutées en URSS, victimes de la Grande Terreur stalinienne. Sur ce laps de temps cela correspond à 50000 exécutions par mois ou 1600 par jour. Parmi les victimes, 1818 détenus des Solovki. Irina Flige, Veniamine Ioffe et Iouri Dmitriev, historien de Petrozavodsk, capitale de la Carélie, ont cherché pendant près de dix ans où étaient passés les corps. C'est une véritable enquête policière que nous détaille dans cet ouvrage Irina Flige, à traquer les documents dans des archives qui s'ouvrent timidement dans les années 1990. Le site de Sandormokh est découvert en 1997. Il se situe dans une forêt près de Petrozavodsk. La Carélie est une région limitrophe de la Finlande, au Nord-ouest de la Russie. A Sandormokh, "lieu d'exécution habituel" de la Grande Terreur, les chercheurs ont compté 236 fosses communes d'environ 4 mètres sur 4. Les recherches se poursuivent pour donner des noms aux victimes et, en 2016, 6241 personnes exécutées là en 1937-1938 avaient été identifiées.



Sandormokh est devenu un important lieu de mémoire de la terreur stalinienne. Des monuments commémoratifs (stèles, croix...) y ont été bâtis, des familles apposent des plaques souvenirs ou des photos de leurs proches tués là -voire même ailleurs car on ignore encore beaucoup de lieux d'exécution-, des cérémonies ont lieu tous les 5 août, date de début de la Grande Terreur. C'est une journée internationale de la mémoire à laquelle participent des délégations étrangères. Mais, s'il y a bien des victimes à Sandormokh, officiellement il n'y a pas en Russie de crime ni de criminel. Le régime de Poutine s'est lancé dans une opération de réhabilitation de Staline, allant même jusqu'à réécrire l'histoire pour cela. Depuis 2016 a émergé l'hypothèse alternative que les morts de Sandormokh seraient des prisonniers de guerre soviétiques fusillés là par les Finlandais lors de l'occupation de la Carélie occidentale en 1941-1944. Sur place les fouilles archéologiques n'ont jamais permis de corroborer cette thèse. En 2016 également Iouri Dmitriev a été arrêté, accusé de pédophilie, affaire montée de toutes pièces. Depuis il a été jugé à plusieurs reprises et finalement condamné le 29 septembre 2020 à treize ans de réclusion criminelle dans une colonie pénitentiaire à régime sévère. Il est âgé de 65 ans et sa santé est dégradée.



J'ai trouvé cet ouvrage passionnant. Irina Flige présente le travail de recherche qu'elle et ses collègues ont mené et leurs découvertes mais aussi l'histoire de Sandormokh en tant que lieu de mémoire, la façon dont la Grande Terreur y est commémorée et l'évolution des prises de position des autorités locales et nationales depuis 1997.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Sandarmokh

Un épisode de la Grande terreur stalinienne des années 1937-1938.

A la recherche de plusieurs milliers de détenus des îles Solovki qui avaient disparu, les historiens locaux, l'association Memorial finissent par trouver traces de leurs exécutions par le NKVD (la police politique stalinienne) dans les archives. Ces archives les amènent ensuite à découvrir le charnier d'une partie des victimes en Carélie, au lieu dit Sandormokh, en pleine forêt.

Depuis quelques années ces chercheurs sont en butte au pouvoir poutinien, au point que l'un des historiens locaux, Youri Dimitiriev, est actuellement en prison pour des raisons totalement fallacieuses.

Un livre militant mais qui ne néglige en rien la rigueur de la méthode historique. A lire !

nb : une carte aurait été bienvenue.
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Sandarmokh

Irina Flige a consacré trente ans de sa vie à un objectif : sortir de l’oubli les victimes de la répression stalinienne. Elle est la présidente de la branche pétersbourgeoise de l’association non gouvernementale Memorial, principale organisation russe de défense des droits de l’homme, qui œuvre activement en ce sens. Lors de recherches réalisées juste après ses études de géographie sur les camps des îles Solovki, elle acquiert la certitude qu’un grand nombre de détenus évacués fin 1937 ont littéralement disparu. Elle met dix ans à retrouver leurs traces, à une centaine de kilomètres de l’archipel, dans les fosses communes d’un charnier de Carélie. "Sandormokh - Le livre noir d’un lieu de mémoire", est d’abord la relation de cette (en)quête.

Pour rappeler le contexte, en 1937 débute la Grande Terreur : des vagues massives d’arrestations ordonnées par Staline sont perpétrées par le NKVD, chargé de maintenir l’ordre en U.R.S.S., et s’accompagnent d’une opération secrète de "désengorgement des camps et des prisons de leurs éléments les plus dangereux". Sous ce prétexte, un vaste programme de répression est lancé contre les ex-koulaks, les éléments criminels et autres éléments antisoviétiques. Les camps sont vidés d’une partie de leurs détenus selon les directives de Nikolaï Iejov, qui détermine quotas et profils en ratissant large. Les accusés eux-mêmes sont laissés dans l’ignorance des accusations lancées à leur encontre, et ignorent le prétexte donnant lieu à leur condamnation jusqu’au moment où ils sont conduits sur le lieu de leur mise à mort. C’est une ère cauchemardesque de départs nocturnes de convois, de fusillades massives, de péniches bondées volontairement envoyées par le fond.



Ces exécutions sont longtemps restées taboues, occultées. Au moment de leur déroulement, les proches des détenus se voyaient refuser toute information, hormis de vagues formulations devenues tristement célèbres, macabres euphémismes qui "laiss(aient) pour un temps l’espoir, (mais) en réalité scell(ait) la disparition" : "inconnu de nos services" ou "incarcéré sans droit de correspondance". Dans les années soixante, les fusillades commencent à être reconnues, mais les informations partielles et contradictoires sur les lieux, les dates, les circonstances, ne permettent pas aux familles de faire leur deuil. S’ensuit une longue période d’inertie des autorités. Il faut le travail d’historiens et de géographes comme Irina Flige pour faire la lumière sur ces disparitions. Elles se comptent par milliers ; comme évoqué ci-dessus, l'auteure s’intéresse plus particulièrement à celles de l’archipel des Solovki, point de départ de plusieurs convois dont l’un des plus importants, comptant plus de mille détenus, ne semble avoir laissé aucune trace.



A force de recherches dans les archives et les correspondances, de lectures de rapports parfois très difficiles à obtenir, grâce aussi aux témoignages des habitants des lieux, elle finit par trouver ce qu’elle cherche en Carélie, plus précisément à Sandormokh, où eut lieu un grand nombre d’exécutions, ce qui s’explique par la présence dans la région d’un grand ensemble concentrationnaire, le Belbaltlag. Mais la mission d’Irina Flige et de ses collaborateurs ne s’arrête pas là. Contre le régime stalinien qui voulait rendre ses citoyens incolores, sans opinion ni singularité, ils veulent reconnaître, renommer, et entament pour cela un nouveau travail de recherche, une fois le charnier trouvé, pour identifier les victimes.



Le complexe mémoriel de Sandormokh est inauguré en 1997.



Le récit d’Irina Flige est aussi et surtout celui de ce lieu de mémoire, de sa genèse et de son développement, de la manière dont il est poreux au présent, son usage et sa symbolique fluctuant selon l'actualité politique.



Elle montre comment les individus, au travers des lieux de commémoration et de souvenir, s’approprient l’Histoire en la reliant au réseau complexe d’expériences personnelles et de contexte local. Au départ privé d’une mémoire plus globale et plus structurée de la Terreur dans son ensemble, Sandormokh est surtout le dépositaire d’une mémoire régionale. Le défi est alors de favoriser l’éclosion d’une mémoire de la répression stalinienne indépendante de telle ou telle victime, de dépasser la sphère familiale et régionale pour s’intégrer dans une Histoire plus vaste, celle du goulag, et même au-delà, celle des systèmes concentrationnaires et des régimes totalitaires du XXème siècle.

L’objectif est, pour un temps, partiellement atteint : la cérémonie qui se déroule chaque 5 août à Sandormokh est la seule et unique journée internationale de la mémoire célébrée en Russie auxquelles participent des délégations étrangères (essentiellement celles des états de l’ex-URSS) et des représentants des missions diplomatiques de plusieurs pays. Mais il manque encore une étape pour finaliser l’instauration de cette mémoire, celle de l’acceptation de la part de responsabilités de chacun. Seules les victimes sont évoquées à Sandormokh, où l’absence de toute notion de bourreau est criante. Une étape qui se révèle très difficile à franchir. La Terreur est aujourd’hui une question brulante : les événements du Donbass ou de la Crimée ont réveillé les sentiments nationalistes et les crispations des russes, qui se revendiquent eux aussi comme des victimes. L’Histoire, aux mains d’un gouvernement qui la révise avec l’aide des médias, est à nouveau muselée par de fausses révélations. La délégation ukrainienne est interdite d’assister aux commémorations du 5 août -qui sont par ailleurs de plus en plus réduites- depuis 2014.



Sandormokh en a acquis une actualité nouvelle, en passe de devenir un lieu de résistance civile, de solidarité proclamée avec les détenus politiques de tous temps et de tous pays. Une résistance que certains paient au prix fort : en 2016, l’historien Iouri Dmitriev, qui dirigeait l’antenne régionale de l’association Memorial en Carélie et a beaucoup œuvré à l’édification du mémoriel de Sandormokh aux côtés d’Irina Flige, a été arrêté sous un prétexte fallacieux. Ce spécialiste reconnu de la Terreur a pendant trente ans de travaux répertorié les noms de 40 000 personnes disparues en Carélie durant cette période… Acquitté en 2018, il a été condamné en décembre 2021 à quinze ans de prison après de nouveaux rendez-vous en justice. Accusé de pédopornographie, il paie en réalité, selon de nombreuses ONG, ses recherches sur l’ampleur de la répression stalinienne. Sous Vladimir Poutine, -pour rappel ancien officier du KGB-, l'accès aux archives d'Etat sur ce sujet a été considérablement réduit et les identités des exécutants des purges classées secrètes.



***********



Bien qu’importante pour poser le contexte historique, je dois avouer que la première partie, dédiée aux recherches, m’a paru un peu fastidieuse, car comportant pléthore de chiffres, de dates, de numéros de directives ou de protocoles. A l’inverse, la réflexion qu’initie l’auteure sur la "vie" du mémoriel m’a passionnée.



Mais c'est à lire, bien sûr !
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Sandarmokh

En Août 1937 et jusque Novembre 1938, Staline lance la Grande Terreur, il s'agît d'une purge dans la population de l'URSS. Il choisit, avec l'appui du NKVD et des instances pénales, de faire juger et tuer les ennemis du peuple et du nouvel ordre socialiste.

Les victimes sont réparties en deux catégories: les Koulaks (propriétaires terriens) et les ennemis du régimes (étrangers assimilés comme espions, cadres et/ou élite intelectuelle etc...).

En l'espace de 16 mois, ce sont 750 000 à 800 000 personnes qui seront executées en URSS. 1600 victimes par jour (soit plus d'une execution par minute).



À la suite de ce massacre, la population, affaiblie, et ayant en prime une peur incommensurable du goulag, deviendra parfaitement docile et ne cherchera plus à exprimer la moindre opinion.



Avec la chute de l'URSS, les familles des victimes ont réclamé des explications sur leurs proches disparus.

Que sont ils devenus, et, si ils sont morts, où reposent ils?



Beaucoup de charniers ont été découverts, bien qu'ils ne représentent qu'une partie infime de ce qui a pu exister.

C'est dans ce contexte qu'a été découvert celui de Sandormokh, petite localité de Carélie.

Dans cette forêt, 236 fosses ont été retrouvées, dans lesquelles ont été executés au moins 6241 hommes et femmes identifiés.



À travers ce livre, à la croisée du cours d'histoire, de l'enquête à travers l'imbroglio administratif, et du témoignage, nous aurons le déroulé des évènements, et le détail du travail dantesque de l'association Memorial, ayant permis la découverte de ce lieu.

Nous verrons aussi le combat de l'association pour que ce lieu de mémoire reste reconnu et ne tombe pas dans l'oubli.



Car en effet, l'état Russe, composé en grande partie d'anciens du régime, peine à reconnaître sa responsabilité dans ces executions.

Le memorial, ainsi que les membres de l'association, sont donc fortement soumis à pression. Un des fondateurs a par ailleurs été arrêté et placé en détention sous de faux motifs.



Un livre à lire, d'autant plus qu'il est, au vu des tensions entre l'Europe et la Russie, très d'actualité.
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Sandarmokh

Coup de coeur



Je suis habitué à lire de tout et je n'avais tenter de lire un roman documentaire. Étant passionné par les guerre et la grande terreur j'ai tenté cette lecture



Et je vous avouerai que je suis bouleversée je me suis rendu compte de la cruauté de nos semblables et ça m'a vraiment attristé

La tristesse de voir c'est famille détruite et aujourd'hui encore sans réponse



Le roman nous donne énormément d'information intéressant et la rédaction nous donne envie de toujours savoir plus

Les informations sont souvent expliquer et on nous donne les références



Le travail de recherche a du être très long et dur et juste pour cela déjà un grand bravo à l'autrice



Je remercie les belles lettres et Babelio pour l'envoie
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Sandarmokh

La géographe engagée Irina Flige livre un ouvrage remarquable sur la terreur stalinienne et la mémoire de ses crimes. Cette mémoire que le nouveau pouvoir russe tente de refouler dans l'oubli.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Sandarmokh

L’autrice, membre de l’ONG Memorial, signe l’histoire de la découverte d’un charnier stalinien. Une entreprise de lucidité historique menacée par l’actuel pouvoir russe.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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