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Citations de Isabelle de Charrière (30)


SIR WALTER FINCH ET SON FILS WILLIAM.
Vous êtes né à Ivy Hall, Westmoreland, le premier Juin de l’année mille sept cent quatre-vingt. Il y a quatre jours que vous vîntes au monde.
Votre mère était si bien résolue à vous nourrir elle-même qu’elle n’a pas voulu se pourvoir d’une nourrice. Je l’en avais pourtant bien instamment priée, et même un jour je lui amenai une pauvre femme avec l’enfant qu’elle avait au sein. La femme était belle quoique fort maigre, l’enfant était gras, vif et très bien portant. C’était une quinzaine de jours avant celui où votre mère devait être à son terme. Au nom du ciel, lui dis-je, laissez cette femme demeurer dans un coin du château, ou, si vous le voulez, dans l’étable, auprès des vaches. En même temps que nous ferons un acte de charité, nous nous mettrons l’esprit en repos sur le compte de l’enfant à naître. Si vous n’aviez pas tout de suite une abondance de lait, l’enfant trouverait en attendant de quoi se nourrir. – Votre mère ne le voulut pas. – Elle a une fièvre qui pourrait bien devenir miliaire ou putride, et point de lait du tout. Mon pauvre enfant ! on vous nourrit comme on peut. Hé-las ! je tremble pour vous. Que n’ai-je fait cacher la pauvre femme dans quelque chaumière du voisinage ! Il est bien sûr que si votre mère était venue à le savoir elle ne me l’aurait jamais pardonné, mais j’aurais pu faire en sorte qu’elle ne le sût
de sa vie. Au pis aller, j’aimerais mieux avoir à supporter sa colère que votre mort. Mon fils ! serez-vous un composé de l’entêtement un peu vindicatif de votre mère et de la loyauté timide et souvent mal raisonnée de votre père ? J’espère mieux de vous. Vous êtes si joli ! Ô vivez, mon fils ! ô Dieu, conservez mon fils ! – J’écris ceci pour que mon fils, s’il peut vivre, sache un jour dans quelle anxiété je suis aujourd’hui pour lui. C’est le quatrième de sa naissance. Supposé qu’il lui reste un peu de faiblesse de tempérament de ce manque d’une bonne nourriture pendant quatre jours, il n’en voudra pas, je pense, à son père. En tout cas, il saura sur quoi doit porter son chagrin. Trop de condescendance pour une femme. – Elle était grosse, presque à son terme, assez incommodée. Mariée fort jeune, elle m’a apporté, avec un bien assez considérable, de la chasteté, de la décence, de l’ordre, de l’économie. – La pauvre femme ! elle a soupçonné la mendiante d’être ma maîtresse, et son enfant d’être mon fils ! – Je vais auprès d’elle et la veillerai cette nuit avec une garde. Sa tante, lady C., l’a veillée la nuit dernière. Lady C. est venue assister à ses couches. – Si tu perds ta mère, mon cher fils, sois persuadé que ce n’est pas manque de soins. Elle a eu le meilleur accoucheur de la Comté. Actuellement un médecin qui est en possession de toute sa confiance et de celle de sa famille, demeure ici et ne la quitte presque pas. Elle n’a pas voulu faire ses couches à Londres.
Ce 11 Juin.
Ta mère est plus mal. Sa tante ne cesse encore de vanter son excellent tempérament, et prétend qu’il doit nous ôter toute crainte ; mais le médecin est alarmé. On ne te néglige pas, et tu te portes assez bien. J’ai parlé de te donner une chèvre pour nourrice, et, malgré les clameurs des femmes qui prennent soin de toi, je le ferai très assurément. – On l’a fait ailleurs avec succès d’après les conseils de Cagliostro. – Mais je n’y pourrais avoir l’œil. Je suis trop agité, trop occupé de ta mère.
Ce 13 Juin.
William, vous n’avez plus de mère. Je reste chargé seul de la tâche de veiller sur vous.
Ce 18 Juin.
Il se présente assez de nourrices, mais pas une n’annonce à la fois de la santé, de la douceur et des mœurs honnêtes.
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Voilà comme, avec des mots qui se laissent mettre à côté les uns des autres, on fabrique des caractères, des législations, des éducations et des bonheurs domestiques impossibles. Avec cela on tourmente les femmes, les mères, les jeunes filles, tous les imbéciles qui se laissent moraliser.
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De moi, de ma santé, de mon plaisir, pas un mot : il n'était question que de cet enfant qui n'existait pas encore.
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Lettre 21:
« Être très pauvre et très jolie, pour une fille, mène à une perte presque sûre et entière. »
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Lettre 21:
« Quoiqu’il n’y paraisse pas toujours, les femmes ont une grande confiance au jugement et au goût les unes des autres. Un homme est une parfaite marchandise qui, en circulant entre leurs mains, hausse quelque temps le prix, jusqu’à ce qu’elle tombe tout-à-coup dans un décri total, qui n’est d’ordinaire que trop juste. »
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Lettre 21 :
« Je ne sentais pas encore que le projet du bien public n’est qu’une noble chimère ; que la fortune, les circonstances, des événements que personne ne prévoit et n’amène, changent les nations sans les améliorer ni les empirer, et que les intentions du citoyen le plus vertueux n’ont presque jamais influencé sur le bien-être de sa patrie ; je ne voyais pas que l’esclave de l’ambition est encore plus puéril et plus malheureux que l’esclave d’une femme. »
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Lettre 18, pour consoler d’un chagrin d’amour :
« Au lieu de raisonner, au lieu de moraliser, donnez à aimer à quelqu’un qui aime. Si aimer fait son danger, aimer sera sa sauvegarde. Si aimer fait son malheur, aimer sera sa consolation. Pour qui sait aimer, c’est la seule occupation, la seule distraction, le seul plaisir de la vie. »
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Lettre 15, parlant des frères jumeaux :
« … en admirant la vivacité d’esprit et la gentillesse du cadet, on aurait voulu qu’il parlât moins, qu’il fût circonspect et modeste, sans penser alors qu’il n’y aurait plus rien à admirer non plus qu’à critiquer chez aucun des deux. On ne voit point assez que, chez nous autres humains, le revers de la médaille est de son essence aussi bien que le beau côté. Changez quelque chose, vous changez tout. Dans l’équilibre des facultés, vous trouverez la médiocrité comme la sagesse. »
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Lettre 12 :
« Il ne faut pas vous faire illusion : un homme cherche à inspirer, pour lui seul, à chaque femme un sentiment qu’il n’a le plus souvent que pour l’espèce. »
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Lettre 7 :
« On parle tant des illusions de l’amour-propre. Cependant, il est bien rare, quand on est véritablement aimé, qu’on croie l’être autant qu’on l’est. Un enfant ne voit pas combien il occupe continuellement sa mère. Un amant ne voit pas que sa maîtresse ne voit et n’entend partout que lui. Une maîtresse ne voit pas qu’elle ne dit pas un mot, qu’elle ne fait pas un geste qui ne fasse plaisir ou peine à son amant. Si on le savait, combien on s’observerait, par pitié, par générosité, par intérêt, pour ne pas perdre le bien inestimable et incompensable d’être tendrement aimé. »
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