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4.42/5 (sur 12 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) : 1900
Mort(e) : 1942
Biographie :

Ecrivain de langue yiddish, Isroël Rabon, né Rubin au début du XXème siècle en Pologne, orphelin, vagabond, a vécu à Balut, faubourg, aux environs de Łódź, parmi la crasse et les bruits du métier à tisser. Peintre, poète, polémiste, vagabond, soldat de l'armée polonaise ayant combattu les bolcheviks, essayiste et marginal, directeur de la revue moderniste Lettre, traducteur (Rilke, Baudelaire, Cocteau, Villon, Zweig) il a été assassiné dans un camp d'extermination de Ponary après s'être réfugié à Vilno occupée par l'Armée rouge.
Il reste un écrivain majeur de l'entre deux-guerres.

Source : Le Matricule des anges
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Isroel Rabon : Balut
A la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT reçoit Rachel ERTEL, spécialiste de la langue yiddish et traductricedu roman "Balut" d'Isroel RABON. Elle parle de l'auteur, I. RABON, et du contexte de son livre. "Balut" relate la survie de deux orphelins à Balut, un quartier dans lequel règne la misère.
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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Isroël Rabon
C’était la première fois de ma vie que j’allais dans une grande ville.
Quand le train s’en approcha et que les milliers de réverbères électriques et de becs de gaz vinrent à notre rencontre, comme des flammes veille éternelle, je dus fermer les yeux. En sortant la tête par la fenêtre je sentis leurs rayons sur mon visage et mon cou.
La locomotive lança son sifflement rauque et étouffé.
Au village, il y avait un vieux chien asthmatique qui errait toujours au marché. Quand il était pris d’une quinte de toux, il émettait le même sifflement rauque et étouffé.
Si je gardais les yeux fermés, j’avais l’impression que tous les wagons étaient traînés par un grand chien asthmatique qui soufflait et ahanait. Les chauffeurs le frappaient à grands coups de fouet et lui tirait le gigantesque attelage…
[…]
J’avais oublié que je me rendais en ville pour voir le médecin et que je risquais de perdre un bras.
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Dans une rue animée elle s’arrêta. Elle contempla le flot des passants, hésita un instant, puis tendit, dans l’air froid sa main blanche. […]
La ville me parut terriblement lointaine et hostile. Les milliers de lumières, les points incandescents des becs de gaz et des réverbères électriques, les lampes allumées aux fenêtres, les phares et les lanternes des voitures et des calèches étaient devenus maintenant les yeux de créatures démoniaques qui me menaçaient et m’emplissaient de terreur.
Quelques pièces tombèrent dans sa main et chacune figea une larme dans ses yeux agrandis et fixes. Je me blottis tout entier dans les plis chauds de sa robe, me serrant contre elle et, le visage ainsi enfoui, sans un bruit, sans un mot, je pleurai.
Je me sentais seul et abandonné dans la rue glaciale.
J’avais l’impression que chaque pièce frappait sa main pétrifiée par le gel avec un tintement métallique donc l’écho se répercutait dans ma tête avec un bruit mat et creux.
— Maman, maman, tu as froid ?
Je lui posai la question à plusieurs reprises.
Elle ne répondit pas, ne me regarda pas. Impassible, rigide, elle tendait la main dans la nuit et mendiait…
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De nouveau je n’avais plus un sou en poche […] Dans le parc des hommes se prélassaient sur les bancs […] En face de moi, une jeune fille était plongée dans un livre. De son visage incliné on ne voyait de profil que les lèvres serrées, l’arête fine du nez à la narine palpitante et une joue pâle. Elle semblait totalement absorbée par sa lecture. Je constatais une fois de plus que le vrai lecteur ne lit pas seulement des yeux. Chaque trait, chaque muscle, chaque nerf de sa figure lisait. Les fines veinules bleues sur ses belles mains diaphanes vibraient et se contractaient. On pouvait imaginer que les mots qu’elle saisissait du regard coulaient dans son sang et dansaient dans ses veines.
A tâtons, elle tira un mouchoir de son sac et le porta à ses yeux. Elle pleurait… Soudain, elle leva la tête. Deux grands yeux noirs, noyés de larmes, me fixèrent et se troublèrent. Elle se redressa en hâte et partit. Elle avait honte de ses larmes.
Depuis combien de temps n’avais-je pas tenu de livre entre les mains ? Je n’aurais pu le dire. J’ai éprouvé brusquement une fringale de livres comme on peut éprouver une fringale de pain. Je les aurais dévorés, sans égards pour leur contenu, j’aurais avalé les lettres de tout papier imprimé.
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Des semaines à traîner dans la grande ville. Je n’avais que trop visité et fréquenté tous les lieux où on peut se mettre à l’abri de la pluie et où je guettais vainement des visages familiers. Dans les deux gares et les salles d’attente des tramways on me connaissait déjà comme le loup blanc.
[…] J’avais fini par aimer cette solitude, noire et amère, par aimer même ma faim de pain et d’une chemise propre.
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Isroël Rabon
J’avais le don de me faire la conversation des heures durant, prenant prétexte de la moindre vétille, de la moindre bêtise qui s’offrait. J’en arrivais à oublier que l’hiver était déjà là et que je grelottais. […]
J’ai marché le long des rues pendant des heures sans fin. Les portes cochères ont commencé à se fermer. On entendait de toutes parts des craquements, des grincements de clefs rouillées, de gonds mal huilés.
J’avais le sentiment bizarre que c’était moi qu’on enfermait quelque part, dans une rue solitaire, inconnue où j’étais condamné à errer sans jamais trouver de gîte où reposer ma tête lasse.
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L’homme est ainsi fait qu’il est capable de se considérer comme un moins que rien, de s’insulter, de se traîner dans la boue et d’éprouver un immense amour pour cette loque.
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L’étrangeté de lointaines villes inconnues se collait aux vitres de la gare et des voitures. Ternes et embuées elles disaient que leur âme – la foule des passagers – venait de leur être ôtée. Une locomotive traînant quelques wagons de marchandises glissa en silence sur les rails, poussive et soucieuse, s'enfonçant dans les ténèbres, se perdant au loin, avalée par la nuit. Elle ne lança pas son sifflement, comme si elle avait honte de troubler le vide et la tristesse qui se déposaient sur la terre en nappes de brouillard.

J'accompagnai du regard le train de fret et mes yeux restaient rivés sur ses lanternes qui brillaient dans l'obscurité.

En moi s'éveilla la nostalgie des départs – partir, partir n'importe où.

Mon regard se perdait au loin, là où le train s'enfonçait dans la nuit et où la lueur des phares s'estompait peu à peu, peu à peu, jusqu'à s'éteindre totalement.
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Soudain, surgissant comme de nulle part, des milliers de papillons de papier blancs emplirent l'air. Des mains avides se tendaient et saisissaient les tracts au vol. Je jetai un coup d'œil sur celui de mon voisin. L'en-tête portait en lettres noires soulignées « Parti communiste polonais ». Quand il ne resta plus une vitre au second étage, la foule se calma. Quelqu'un entonna un chant. Plus de vingt mille gorges, enrouées à force de crier et de conspuer, le reprirent en chœur. Comme si elle avait attendu ce signal, la masse s'ébranla, traînant, dans sa marche à travers les rues de la ville, son chant éraillé comme autant de chaînes dont elle aurait été chargée.
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