Istvan Banyai

Hongrois gu’on gomprend rien ! (1)





Chut ! Je m'apprête à raconter ce soir l’histoire « De l’autre coté », un album jaune et noir d’un auteur que je ne connais pas : Istvan Banyai. Peut-être est-il indien ou iranien ?



Ouvrons-le pour voir… Curieux cette première page. L’auteur nous apprend comment plier une feuille pour réaliser un avion en papier. Bon pourquoi pas ?



Sur le coté droit de l’album, on aperçoit de dos une jeune fille jouer de la contrebasse dans un appartement. Regardez dehors ! Un avion en papier vole justement à travers la fenêtre. Intrigant !



L’air de rien, je poursuis mon récit et tourne la page avec fébrilité. Je découvre des dizaines d’avions en papier volant devant un immeuble et un petit garçon habillé en rouge en jette un par la fenêtre. Sur la page de droite, un véritable avion traverse le ciel au dessus d’une ville en bord de mer. Hum ! Hum !



Et toujours pas de texte ! Mon dieu ! Je ne sais plus quoi dire à ma fille…

Mais qu’est ce que c’est que ce binz !



Légèrement paniqué, je feuillette rapidement les pages, la couverture, le titre : « De l’autre coté ».



Eureka ! J’ai enfin compris le mécanisme. Istvan Banyai, dessinateur américain d’origine hongroise, a imaginé un album dont les pages se répondent les unes les autres.



L’auteur utilise en effet des objets (avions, magazine, fusée, ..) comme passage de témoin entre les différentes pages du livre. Plus subtile, il va jouer avec les perspectives ou les points de vue : un enfant se cache derrière un arbre ou un clown derrière un rideau entrouvert d’une scène de théâtre. Plus fort encore, Banyai nous enchantera avec des jeux d’ombres ou des situations comiques mettant en scène des enfants ou des animaux. Jusqu’au tableau final où l’on comprend le fin mot de l’histoire !



En fin de compte, j’ai réussi à subjuguer mes enfants sans énoncer un seul texte de ce livre. Suivant l’âge de votre enfant, il faut bien sûr adapter le discours pour expliquer les dessins. Ne ratez pas le le petit poussin et son bec trouant la page qui remporte haut la main les suffrages des plus petits et des plus grands.



Une superbe réussite originale et très subtile ! Bravo Monsieur Istvan Banyai. {*_~} !





(1) Je me permets de brocarder cet auteur d’origine hongroise car j’adore la Hongrie, sa cuisine, ses « Csarda » traditionnels avec les spectacles de chevaux et la peinture de Vasarely notamment.



PS : Petit clin d'oeil à la reine des accolades qui se reconnaitra.

Un album dans lequel on prend plaisir à plonger. A chaque page que l'on tourne, on trouve une nouvelle image surprenante, qui englobe la précédente. Et si on feuillette le livre à partir de la fin jusqu'au début, on zoom petit à petit sur un des éléments de l'image.

C'est très bien fait, du plus infime détail jusqu'à l'immensité la plus totale. Les images découvertes sont étonnantes et surprennent le lecteur.

Une bien jolie réussite.

Zoom est sans texte, uniquement avec des illustrations sur la page de droite ce qui permet de fixer notre regard sur un même endroit dès qu'on change de page. Très utile puisque dès qu'on tourne une page, on "zoome" en arrière, on découvre ce qui se cache derrière la première image. Ce qui est intéressant c'est qu'on peut feuilleter le livre à l'endroit (du détail le plus infime à la réalité la plus grande) ou à l'envers (de la plus grande perspective au plus petit détail). De jolies couleurs, des dessins variés sur plusieurs thématiques (le voyage, la ville, la ferme). Intéressant et à discuter bien sûr avec les enfants !

Superbe album jeunesse.

Aucun texte et pourtant l’illustrateur nous emmène dans un voyage à travers la perception visuelle.

Chaque image n'est pas réellement ce que l'on croit et fait partie d'un plus grand ensemble que l'on ne perçoit qu'en tournant la page.

Excellente idée superbement réalisée.

Dans cet album sans texte, le lecteur est invité à observer diverses illustrations. Un jeu de zoom remet en question la réalité perçue. Cet album peut se lire dans les deux sens, avec un zoom arrière si on le commence du début et un zoom avant si on le commence de la fin. J'aime bien le style graphique des illustrations qui sont aussi très détaillées. Le concept est très intéressant. D'ailleurs, j'ai apprécié la notion de mouvement introduite vers la fin car avant les images étaient fixes et gardaient donc le même focus. Une très jolie découverte !

Zoom arrière de page en page, c'est très intéressant visuellement. L'album sans texte permet de se concentrer sur les images. Un vrai décryptage.

J'ai trouvé ce livre par hasard dans une bibliothèque. J'avais beaucoup aimé le premier opus et cet album est tout aussi bien construit. L'auteur reprend le même concept du zoom en jouant avec les détails. Cette fois-ci, il ajoute en plus de la notion d'espace celle du temps. En effet, plusieurs périodes historiques sont abordées à travers les différents points de vue des illustrations. Une belle réussite une nouvelle fois !

C’est le deuxième livre de la trilogie, celui dont la couverture est bleue. D’où partirons-nous cette fois-ci ? Du début du livre ? Alors, c’est le détail d’un archer probablement tracé, jadis, sur la paroi d’une grotte qui vous ouvrira les portes de ce titre. De la fin, deux points rouges sur fond noir interrogent celui qui ouvre le livre par la dernière page ; que sont ces points, des yeux, des phares ou juste des points ? Que l’on dé zoome ou que l’on zoome, l’effet est toujours aussi déconcertant. Que l’on s’accroche à un détail dont on cherche la permanence et la localisation dans l’image suivante ou que l’on se demande de quel détail il s’agissait dans l’image précédente, c’est à un aller-retour constant, entre deux pages et deux dimensions contraires que l’enfant, amateur de détails, est convié. Plonger dans l’image, c’est se situer en permanence dans l’espace étroit qui s’étire entre les deux termes de couples antagonistes : avant-après, dedans-dehors, large ou rétréci. A ce jeu de poupées russes visuel et virtuel s’ajoute cette fois nombre de références, tous genres confondus et entremêlés : filmiques, historiques, culturels, picturaux. A quel lancement assistent ces gens, à Cap Canaveral ? Qui peint le tableau ? Qui est assis aux côtés du maharadjah ? Visite de Paris, les monuments s'enchaînent : obélisque de la Concorde, colonne Moris, Tour Eiffel. Multiples sont les sources documentaires, géographiques ou artistiques, comment les identifier toutes, comment les retouver toutes ? Ce n’est pas un livre, c’est un concept. Il n’y a rien à dire et tout à dire, c’est à l’enfant de chercher, trouver, penser, imaginer, se questionner, demander, regarder, observer en un mot, grandir !

Ils sont trois livres, celui-ci a la couverture rouge, l’autre l’a bleu et le troisième jaune. C’est un livre sans mots mais pas sans histoire. Au fil des pages, les dessins s’enchaînent en un graphisme, sobre et coloré, simple mais jamais simpliste. La particularité de ce titre est de se « lire » quel que soit le sens dans lequel on le feuillette. C’est d’ailleurs une enrichissante expérience que de passer d’un sens à l’autre, dans un aller-retour saisissant tout autant que déboussolant. Qu’on le lise du début à la fin, le motif de départ interroge, puis se découvre détail significatif, se révèle une partie d’un tout plus grand, et ainsi de suite, page après page, comme reculant pour prendre une distance de plus en plus grande sans jamais quitter des yeux, ce point infime, ce fragment minimaliste et étrange qui nous a fait entrer dans le livre. Qu’on le lise dans l’autre sens, de la fin au début, et l’on a le sentiment d’être une moderne « Alice au pays des merveilles » plongeant dans la page et le monde de ce livre, passant progressivement du plus large plan au détail choisi. A chaque étape de ce zoom lent, se découvre un univers onirique qui désarçonne. Un timbre-poste, une affiche sur un autobus, un catalogue de jouets, autant d’éléments qui font rester le lecteur dans le monde du graphisme. Istvan Banyai offre ici un de ses livres différents, étonnants, devenu un grand classique. Il aura marqué, n’en doutons pas, le monde de l’édition jeunesse. Pour tout amateur de ce genre multiforme et d’une richesse inégalée.