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Critiques de Ivy Pochoda (52)
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L'autre côté des docks

L’autre côté des docks fait partie de ces romans, comme Eureka street de Mac Liam Wilson ou Rue de la Sardine de John Steinbeck, qui mettent en scène de façon éblouissante un quartier et ses habitants. Il s’agit ici de Red Hook, un quartier autrefois glorieux de Brooklyn, au temps où il était un des plus grands ports des USA. La pègre y prospérait alors autant que l’activité portuaire. Puis le quartier connut un déclin marqué et la construction d’une autoroute à destination de Manhattan dans les années 1940, puis d’un tunnel dans les années 1950, coupèrent le quartier du reste de la ville. Aujourd’hui encore, nulle ligne de métro n’y mène et seule une navette maritime et une ligne de bus permettent de s’y rendre des autres quartiers de New York. À la suite de cet isolement, Red Hook devint la capitale du crack dans les années 1980, jusqu’aux années 1990, où une féroce répression et diverses initiatives municipales lui valurent une gentrification progressive.

Le roman se situe à la charnière géographique et temporelle entre les deux univers : les guerres du crack sont encore un vif souvenir, mais sont au passé. Ce passé pourtant demeure dans la genèse des personnages. Les cités, principalement peuplées de noirs, pauvres et encore mitées par le marché de la came et les petits gangs, sont séparées des quartiers blancs du front de mer par Coffey Park. Un soir, deux amies d’une quinzaine d’années, Val et June, que leur développement asynchrone est en train tout doucement de séparer, se jettent à l’eau sur un petit canot gonflable de plastique rose, par défi, par inconscience. Aspirées par les eaux froides et huileuses de la baie, elles n’atteindront jamais la petite plage qu’elles comptaient gagner en moins d’une demi-heure. L’une sera retrouvée, l’autre non.

Un jeune garçon noir, Cree, les a vues partir et a même essayé de les rejoindre avant de renoncer. Il est orphelin, son père Marcus ayant été victime collatérale d’une fusillade. Sa mère, Gloria, et sa grand-mère, Grandma Lucy, communiquent avec les morts. De Marcus, il ne lui reste qu’une épave, le bateau avec lequel ils comptaient se promener ensemble jusqu’au New Jersey, en face. Autour de Val, la gamine rescapée, et de June, celle qui a disparu, plusieurs destins s’emberlificotent en un écheveau d’abord embrouillé. Celui de Jonathan, un musicien raté devenu professeur de musique et pianiste dans une boîte gay, qui n’a fait que dégringoler de quartiers huppés en quartiers de relégation durant le long avortement de sa carrière. C’est lui qui trouvera par hasard la rescapée échouée sous une jetée. Celui d’un épicier libanais, Fadi, qui croit inlassablement à sa fortune et à l’avenir du quartier. Celui d’une adolescente, Monique, qui préférerait pour sa part ne pas entendre les morts. Celui d’un jeune graffeur au talent époustouflant, Ren, qui sait utiliser la lumière et les supports pour faire mystérieusement vivre ses fresques.

Le style est beau, sans fioritures, efficace et descriptif. Mais ce qui est le plus attachant dans le roman, c’est la tendre connivence avec les personnages adolescents, qui sont décrits dans leur vulnérabilité et leur brusquerie, leurs contradictions et leur touchant besoin d’approbation et de compréhension. La finesse psychologique avec laquelle ils sont dépeints tandis qu’ils se blessent aux arêtes d’existences malmenées, la façon dont ils désespèrent, s’égarent et avancent pourtant est profondément touchante. (...)



Lonnie pour Double Marge (Extrait)
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Route 62

« Des êtres solaires qui dérivent dans la cité des Anges »



Un roman noir écrit par une jeune femme qui a utilisé ses expériences humaines au cœur de Los Angeles et nous les a transmis d'une manière brutale et pourtant poétique. Une aventure incandescente, un « coup de poing littéraire » que je ne suis pas prête d'oublier de sitôt.



*

Los Angeles, un matin, un coureur nu traverse les embouteillages de part de part. Cet événement singulier va déclencher un électrochoc auprès de quelques habitants. Il y a là Tony, un banlieusard huppé qui suivra le coureur nu. Ren, un repris de justice, voulant sauver sa mère de la maladie.



Mais où va ce coureur ? Que fuit-il ? Son point de chute : Skid Row. Un quartier au centre de la ville, un abri pour tous ces êtres à la dérive, en marge de la société. Un endroit sale et chaotique qui abrite une véritable communauté de personnes qui ont, à un moment donné commis un faux pas et ont basculé du côté obscur.



Pour essayer de découvrir l'instant où le grain de sable a fait dérailler la machine, il faut peut-être revenir quelques années en arrière. Et nous voilà dans un paysage désertique, le Mojave, dans un ranch d'élevage de poulets, une sorte de ferme - centre d'accueil - réinsertion. Il y a là le gourou Patrick et ses deux fils Owen et James jeunes adolescents portant en eux toute la souffrance du monde. Et puis Britt, jeune fille esseulée et paumée. Un microcosme d'un semblant de famille tentant de recoller et de panser leurs morceaux d'âme. Jusqu à ce qu’un jour tout éclate et se brise.



Route 62 est un roman choral avec des personnages attachants qui s'efforcent de réprimer leurs souvenirs douloureux, essaient de chercher l'erreur initiale pour tenter de réparer les dégâts de leur vie. Y arriveront-ils sans laisser leur âme ? Peut-on échapper à la pire action de sa vie rien qu'en l'ignorant ? Le livre n’apportera pas toutes les réponses aux questions posées.



Avec une plume chaleureuse, pleine d'empathie pour ses personnages, l'auteure a réussi à dépeindre le côté sombre et caché des êtres, couplé à la bienveillance et peut-être à un peu de joie. J'ai été captivée de bout en bout, je ne pouvais plus lâcher ce roman, j'ai pris mon temps aussi pour en apprécier chaque phrase. La maîtrise de l'intrigue est parfaite.



Une immersion complète malgré quelques instants violents et cruels difficiles à digérer. De la tristesse et quelques larmes également pour certains personnages. Je suis passée par des émotions diverses, j'ai vibré, j'ai haleté, j'ai espéré. Et pour cela je remercie l'auteure qui m'a apporté tout ce que je recherche dans un roman.
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Ces femmes-là

🌷Chronique🌷



🐦J’écris d’un point de vue. Un point de vue, spécial. Sur les pétales de la fleur qui pousse en mon cœur, et dont je fais la promesse solennelle à Feelia, de ne pas laisser crever. Je suis colibri, et dans le vent, j’entends les pleurs de mes sœurs qui remontent des bas-fonds de West Adams. J’utilise toute mon énergie pour faire du surplace, pour ne rater aucune information, pour saisir les drames qui se jouent dans ces ruelles sombres. Je vois le sac et la lame. Je sais le chiffre 13, je vois le sang, je sens le goudron. Je tiens bon dans ma frénésie volontaire. Je reste malgré la peur, malgré l’horreur, malgré la haine. Je résiste à toutes les intempéries, les coulées de boue, les feux intempestifs. Je multiplie les battements d’ailes, les battements de cils, les battements de cœur, pour lutter avec tout mon corps et mon esprit, contre l’indifférence générale face au dédain de ces gens-là…Je lutte, parce que ne rien faire, revient à être indifférente. Hors de question, je fais du bruit! Je ne connais pas l’épuisement dans ma détermination. Alors je suis là, aussi fragile et minuscule que peux l’être un colibri certes, mais je ne pourrai jamais me détourner du chagrin de Ces femmes-là.



👠J’écris d’un point de vue féminin. Je suis née femme, et j’en connais les bonheurs comme les risques. Les actualités nous montrent que chaque jour, aux États-Unis, la condition féminine est alarmante, mais bien plus inquiétante encore, en nette régression. Ce quartier de Los Angeles n’y coupe pas: les discriminations sexistes et racistes font rage, et c’est les femmes qui en pâtissent le plus. La rue est non seulement un territoire cruel, violent, et meurtrier, mais en plus, l’indifférence des autorités à cette violence systémique est monstrueuse. Ces six femmes ont deux points communs, leurs genres et ce tueur en série. Chaque chapitre nous raconte leurs histoires. Chacune est différente. Elles sont mères, sœurs, amies, voisines. Ces femmes-là n’ont que le dédain de la société, parce qu’elles sont nées, femmes.



🔥J’écris d’un point de vue épidermique. Je suis colère. J’ai entendu toutes ces femmes-là. Entendu et cru. Je les ai cru quand elles disaient la précarité, l’addiction, le déni des uns et la violence extrême des autres. Je les ai cru quand elles ont compris la silenciation, la résignation, l’injustice, mais n’avaient que la sororité, comme kit de survie…Comment canaliser ce sentiment de révolte quand je sais pertinemment que leurs paroles sont ignorées? J’imagine que chercher un échappatoire dans l’art, comme le font certaines, est sans doute la meilleure des solutions, pour qu’enfin, la douleur de Ces femmes-là, laissent une trace dans les esprits…

❤️Alors de mon point de vue, je pense que ce polar est un indispensable cette année. Il n’est pas seulement un thriller captivant, mais bel et bien un roman sociétal, féministe et polyphonique, d’une beauté saisissante. Je crie haut et fort, que c’est un coup de cœur, mais serai-je entendue?
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L'autre côté des docks

Éloignons-nous un peu des lumières aveuglantes de Manhattan et prenons le Verazzano Bridge via Staten Island ou, plus direct, le Manhattan Bridge pour arriver à Brooklyn. La rénovation galopante a depuis longtemps fait de ce faubourg l’extension branchouille de New-York. Mais quand on longe les docks, on finit par atteindre un quartier resté dans son jus : bienvenue à Red Hook, cité zonarde coincée entre la société de la réussite et la baie de l’Est River.



Si, paraît-il, la misère est moins pénible au soleiI, elle se vit en tout cas difficilement dans la canicule de Red Hook et pousse Val et June, inséparables adolescentes, à une expédition en canot gonflable dans la baie, le long des docks. L’une en reviendra ; l’autre pas.



L’autre côté des docks d’Ivy Pochoda – traduit par Adélaïde Pralon – fait partie de ces livres dont le décor est le héros. Certes, Ivy Pochoda y soigne ses portraits et s’attarde sur les espoirs de ses narrateurs choraux : Fadi l’épicier libanais attendant les mannes des paquebots de croisières appelés à accoster au nouveau débarcadère ; Cree qui rêve de s’en sortir et de partir en bateau sur les traces de son père défunt ; Monique la jeune chanteuse qui se la joue dure ; Ren grapheur talentueux au passé trouble ; et Lucy, Célia, Gloria ou Val dont les têtes résonnent des voix de ceux qui ne sont plus là…



Mais, à la manière d’un William Boyle dans Gravesend, c’est avant tout un cri d’amour à son quartier natal que l’auteure nous propose, un quartier en bascule comme les destins de ses habitants juste avant qu’il ne perde définitivement l’authenticité qui en faisait son charme. Comme dans Route 62 que j’avais particulièrement apprécié, Ivry Pochoda excelle ici encore dans le livre intimiste dont la trame de fond polardesque (qui prend un peu l’eau…) n’est que prétexte à vagabondage au cœur de cette petite société microcosmique.

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Route 62

Los Angeles, son soleil, ses plages, ses étoiles... Si cela vous tente, passez votre chemin !



Car ici dans Route 62, c'est une plongée dans le Downtown glauque de L.A. qu'Ivy Pochoda – traduite par Adelaïde Pralon – nous propose et plus précisément, une immersion dans le quartier de Skid Row, là où les anges ont pris le large depuis longtemps. Qu'est-ce qui a amené Laïla, Blake, Ren, Britt, James, Tony et quelques autres à s'y retrouver ? À s'y croiser ?



Il faut pour cela remonter quelques années en arrière, dans un autre lieu, Twentynine Palms, à l'ouest de L.A. en prenant la Route 62. Là, dans la chaleur du désert Mojave, un drame s'est noué avec certains protagonistes au coeur d'une communauté sectario-hippie déjantée et à la dérive, où chacun va vite apprendre que tout se paye un jour.



Route 62 est un profond roman noir sur ces moments où la vie bascule et sur notre capacité à y faire face et à tenter de rebondir, quand le retour en arrière est devenu impossible et quand le remord et le repentir sont devenus trop forts. On peut alors partir, ou se venger, ou se racheter, ou se lâcher… ou mourir. Ou aller voir la mer…



Ivy Pochoda est une remarquable portraitiste, creusant ses personnages torturés mais touchants, attachants... humains quoi. Et quel sens de l'entame avec cette scène d'anthologie du début du livre, graphique et cinématographique, qui vous attrape dès les premières lignes pour ne vous relâcher que 350 pages plus loin. Bravo !

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Route 62





Los Angeles 2010 sept heures du matin le trafic est déjà au point mort, un homme nu court à contre sens au milieu des voitures. Un homme nu qui court, dans la ville des autoroutes tentaculaires, comme un symbole de liberté.



En tout cas pour Tony, parfait père de famille américain au bord du burn-out, cet homme nu a compris quelque chose. Sacré prologue pour un roman choral.



Dans le centre de la ville monstre, où toutes les communautés existent mais où personne ne se mélange, il y a Skid Row un quartier qui contient l’une des plus grandes populations de sans-abri aux Etats-Unis.



Dans ce chaos organisé, Ren un jeune graffeur qui sort de prison recherche sa mère, Blake un repris de justice, lui, est venu venger la mort de son pote et Leila, mater dolorosa en fin de vie crache du sang.



Mais comment le destin a pu tisser ses liens entre l’homme nu, Tony, Brit, Blake et Leila dans ce no man’s land ? Il faut savoir que les histoires ne commencent jamais à Skid Row. Twentynine Palms, désert Mojave, Californie 2006…



Grand et beau roman sur la Californie de ce début de siècle.



Récit naturaliste et empathique sur les laissés-pour-compte, les rejetés de la mégalopole. Ivy Pochoda, qui a vécu tout près de Skid Row, a animé un atelier d’écriture avec les habitants du quartier et c’est leurs histoires qui a inspiré Route 62.



Non la misère n’est pas moins pénible au soleil, un roman humain qui raconte l’autre Californie.
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Ces femmes-là

Après plusieurs années d'interruption, des meurtres de prostituées reprennent dans West-Adams, un quartier délabré de Los Angeles.



Déambulation sur les pas de Dorian, Feelia, Julianna, Marella et Anneke, femmes fortes au destin brisé et dans les roues de Essie la seule flic de L.A qui circule à bicyclette,



Essie Perry, lieutenant de Police au lourd passé n'en démord pas, il y a un lien évident entres les meurtres passés et présents



Un polar à la trame classique et toujours efficace, un tueur en série, une flic en disgrâce de sa hiérarchie et la description méticuleuse d'une ville et d'un quartier.



Mais alors me direz-vous, pourquoi se jeter et dévorer « Ces femmes-là » d'Ivy Pochoda ?



Tout simplement parce que « Route 62 », son précédent roman, nous avez laissé un très bon souvenir et qu'un polar qui progresse dans son intrigue avec le point de vue des victimes ou futures victimes et des dommages collatéraux sur leurs familles est, avouons-le, assez original.« Ces femmes-là » nous entraîne dans un récit de sororité empathique devant la tristesse des oubliées de l'American Way of Life.



Des femmes laissées pour compte qui ne comptent vraiment pour personnes, qui restent à jamais des proies pour hommes violents et frustrés.



On pense à « In the cut » de Jane Campion et on imagine sans peine quel beau film il ferait, réalisé par Kelly Reichardt, une de nos réalisatrice américaines préférées.



Son dernier roman réussit à être féministe, humaniste et qui tient son lecteur en haleine dans le déroulé de l'enquête...



Ivy Pochoda possède un vrai univers et a une véritable empathie pour ses héroïnes miséreuses....



De beaux portraits de femmes, de putes, de mères, Ivy Pochoda coche toutes les cases de l'excellente romancière...
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L'autre côté des docks

Brooklyn ,ses docks, un ancien port, l'atmosphère glauque qui promettait le frisson !



Mais, dès le début, le style m'a rebutée. Un fouillis d'infos, un bric-à-brac de détails insipides, des personnages pour lesquels je n'avais aucune empathie.

Un texte scénarisé qui a le don de m'ennuyer et que mon attention déserte sans arrêt!



Petit coup de gueule au passage: encore une quatrième de couverture qui ne lésine pas sur le qualificatif vendeur sans état d'âme :

" L'autre côté des docks " est un grandiose opéra urbain ..."

Grandiose !!!



Bon,pour ne pas être désagréable, je terminerai en précisant si besoin était, que ce livre n'était simplement pas à mon goût et j'en ai abandonné la lecture au quatrième chapitre.
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Ces femmes-là

J’ai découvert ce titre grâce à la merveilleuse chronique qu’en avait fait ma Fée Stelphique de *****Mon féerique blog littéraire!!!!!*****

En plus je me suis aperçue que Marianne, ma complice, me l’avait proposé à l’achat pour notre bibliothèque. Alors je n’avais aucune de raison de ne pas l’acheter et aussi de le lire. Et j’ai donc attendu qu’il arrive pour l’équiper, l’exemplariser et l’emprunter et enfin le lire.

Mais alors que nous raconte Ces femmes-là :

A West Adams, quartier délabré de Los Angeles, Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, hantées par le souvenir d’un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées noires dans l’indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent.

Durant tout le roman nous allons passer d’une époque à l’autre.

Nous serons en 1999 avec Feelia qui est une victime du tueur mais elle s’en est mystérieusement tirée. Cependant elle garde d’énormes cicatrices de ce drame et pas seulement celle qui lui barre le cou.

Puis en 2014 avec d’autres protagonistes, Dorian par exemple, la mère d’une des victimes du tueurs de prostituées noires. Pourtant Lecia n’était pas une prostituée.

Il y a aussi Essie. Essie qui fait ce qu’elle peut pour aider ses femmes que tous méprisent, surtout ses collègues policiers. D’ailleurs notre petite policière par sa taille s’avère être une véritable femme forte et déterminée.

Mais il y a aussi d’autre filles comme Julianna. Elle, elle est jeune, souvent insouciante, même si la reprise d’activité du tueur aux prostituées la met mal à l’aise surtout depuis qu’il s’en est pris à l’une de ses copines.

Et puis on rencontre aussi Marella, Marella elle est artiste, elle aime saisir la marge, elle fait dans le subversif, ici la peur qui s’est installé dans le quartier est son sujet d’étude.

A travers toute cette série de personnages appartenant à diverses communautés, mais surtout à la communauté noire, Yvy Pochoda évoque le quartier de West Adams, un endroit délaissé et enclavé, au passé lourd de violence et d’où l’on rêve parfois de s’évader.

Elle nous propose ici une peinture réaliste qui interroge sur la possibilité d’une rédemption. Mais est-il possible de sortir de sa conditions quand on est une femme pauvre, noire et exploitable ?

C’est un roman chorale qui s’attache surtout aux victimes, notre auteur dresse le portrait de celles-ci. C’est édifiant de vérité et de sincérité.

C’est, surtout, un putain de roman noir que nous offre là notre auteure engagée, c’est sûr !

J’ai adoré !!! 🖤
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Ces femmes-là

Il faut le savoir, de plus en plus de maisons d'éditions publient des polars, des romans noirs et même des thrillers sans pour autant en faire mention dans une collection particulière. Dans ces cas particuliers, on observe qu'il s'agit pour la plupart du temps de récits qui s'inscrivent à la lisière des genres avec une connotations fortement marquée sur les dérives sociales que leurs auteurs s'emploient à dénoncer. En partant de ce constat, on s'intéressera donc plus particulièrement aux ouvrages de la maison d'éditions Globe qui avait déjà défrayé la chronique avec La Note Américaine (Globe 2018) de David Grann, un récit portant sur la série de meurtres frappant la population autochtone des Osages dans les années 20 et qui a récemment fait l'objet d'une adaptation pour le cinéma réalisé par Martin Scorcese. Dans un registre similaire, il faut impérativement découvrir Ces Femmes-Là, dernier roman d'Ivy Pochada qui figure sans nul doute parmi les meilleurs romans de l'année 2023 avec un thriller solide et pertinent aux connotations féministes pleinement assumées tout en s'articulant autour des méfaits d'un tueur en série. Il faudra faire fi des a priori concernant ce fameux personnage de serial-killer, qui a fait l'objet d'un foisonnement de récits ineptes suscitant une certaine lassitude pour bon nombre de lecteurs, car en bousculant tous les codes propres au genre, Ivy Pochada met en exergue le parcours des victimes et de leur entourage pour souligner l'absence d'écoute dont ces femmes font l'objet, ceci sans pour autant négliger l'aspect palpitant d'une intrigue policière d'une rare intensité.



En 1999, du coté de West Adams, un quartier miteux de la partie sud de la ville de Los Angeles, Feelia tente de faire entendre sa voix de survivante parmi les treize prostituées qu'un individu a sauvagement assassiné sans que cela ne suscite aucun écho auprès des services d'une police semblant peu encline à écouter le témoignage d'une victime ne suscitant que mépris et indifférence. Mais après une interruption de quinze ans, les crimes recommencent avec la découverte, en l'espace de dix-huit mois, des corps de quatre femmes dont la gorge a été tranchée et la tête recouverte d'un sac en plastique. En adoptant le point de vue de Dorian, mère d'une des victimes, de Julianna, travaillant comme danseuse dans un bar sordide du quartier, d'Essie, une policière des moeurs qui semble être la seule à se pencher sur cette série de meurtres, de Marella, une artiste s'intéressant également au sort des victimes pour adopter une démarche artistique et d'Anneke, une mère au foyer aux idées bien arrêtées, on découvre la voix de celles que personne n'écoute mais qui semblent posséder, pour chacune d'entre elles, une partie des éléments qui permettront de faire la lumière sur ce meurtrier qui continue d'agir dans l'indifférence générale.



On parle tout d'abord de personnages hors du commun qu'Ivy Pochada décline autour de la magnifique personnalité de ces six femmes composant ce roman chorale doté d'une trame narrative absolument bluffante s'articulant autour des actes de ce tueur qui n'aura d'ailleurs jamais la parole. C'est le parti pris d'Ivy Pochada que de laisser s'exprimer celles que l'on entend jamais. Et quelles personnalités extraordinaires on découvre notamment autour du parcours détonnant de la lieutenante Essie Perry de la brigade des Moeurs circulant désormais à vélo dans la ville de Los Angeles, suite au traumatisme d'un accident de voiture dont elle a été victime. Une enquêtrice mise de côté au sein de son unité qui prend tout de même le temps de recueillir le témoignage de Feelia, une personnalité haute en couleur, qui va devenir le fil conducteur de cette intrigue oscillant entre les événements de 1999 et de 2014. Il faut également mettre en exergue les rapports entre Dorian Williams qui ne s'est jamais remise de la perte de sa fille et Julianna, cette strip-teaseuse aspirant à une autre vie en prenant des photos de l'environnement dans lequel elle évolue. Tout aussi nuancé, on prendra la mesure des rapports complexes qu'entretient Marella, jeune plasticienne ambitieuse, avec sa mère Anneke incarnant la rigueur d'une mère au foyer devant protéger à tout prix les membres de sa famille exposée aux turpitudes d'un monde qu'elle rejette alors que sa fille choisit de le mettre en scène dans un happening violent prenant pour cadre la série de meurtres qui frappe le quartier. Il faut également évoquer l'intrigue policière de haute volée s'inscrivant dans un registre social qu'Ivy Pochada met en place avec une rare intelligence et une sensibilité exceptionnelle en nous permettant d'arpenter ce quartier atypique de Los Angeles dont il faut souligner l'atmosphère tout en tension se dégageant d'un environnement urbain en plein déclin. En ajoutant que le récit se révèle bien plus surprenant qu'il n'y paraît, Ces Femmes-Là peut être considéré, sans l’ombre d’un doute, comme l'une des plus belles découvertes de l'année 2023 avec un roman noir passionnant et d'une force peu commune que l'on n'oubliera pas de sitôt.



Ivy Pochada : Ces Femmes-Là (These Women). Editions Globe 2023. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Adélaïde Prodon.



A lire en écoutant : 6 Underground de Reverie. Album : Quicksand (Remastered 2023). 2023 Satori Mob Record.
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L'autre côté des docks

Red Hook a une particularité : C'est le seul quartier de New York, Brooklyn, à être regardé de face par la statue de la Liberté. C'est aussi un quartier où Coffey park sépare les cités et les quartiers plus tranquilles, les blancs des noirs.

Dans ce quartier , vivent deux jeunes, Val et June qui décident un soir de faire du canot dans la baie New York. Sans le savoir, elles sont espionnées par Cree, black des cités , lui même suivi par Ren, vagabond sorti de nulle part...Tous viennent de sceller leur destin.

Magnifique roman.

Tout d'abord Red Hook, on a tous l'impression d'y être allé après la lecture de ce livre. En quête d'identité, ce quartier veut laver son passé de zone d'impunité où les coups de feu étaient aussi nombreux que les taxis.

Comme dans d'autres zones de Brooklyn, les abords maritimes se sont gentrifiés, un Ikea a même poussé, les paquebots de croisière s'y arrêtent , juste devant un énorme supermarché trendy...

Cette mutation, les interrogations des habitants, les rapports raciaux, la jeunesse, la désillusion des cités...tout est extrêmement bien décrit.

De plus, les personnages sont très bien plantés, les barrières tombent et finalement un suspense s'installe. Il y a beaucoup de remords, d'amour, de haine, de désillusion dans ce Red hook. Il y a aussi l'impression parfois d'être dans un village paumé où tout le monde se connait.

Magnifique livre , très bien écrit. Belle découverte.
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L'autre côté des docks

L'autre côté des docks donne vie à un quartier de Brooklyn, celui de Red Hook, au bord de l'East River, où la vue embrasse le sud de Manhattan, Ellis Island, le pont de Verazzano. Quartier en voie d'embourgeoisement où restent encore des traces de guerres des gangs, il hésite à présenter une identité claire entre les cités, les usines désaffectées, les petits commerces, les rangées de maisons...

Un soir d'été, deux jeunes filles d'une quinzaine d'années cherchent à faire quelque chose qui les sortent des soirées ordinaires, alcool, flirt au pied des immeubles et ennui. Elles se lancent, de nuit, sur un canot gonflable sur les eaux du fleuve, pour voir autrement leur quartier. L'une des deux est retrouvée inconsciente le lendemain matin, l'autre portée disparue. Au travers d'une galerie de portraits, l'auteur dépeint les conséquences de cet événement sur chacun, du jeune homme qui a été le dernier à les voir au professeur de musique du collège, du tagueur au lourd passé, au propriétaire d'une petite épicerie.

J'ai beaucoup aimé le style, direct sans être trop rêche, rendant bien les atmosphères, les bruits, les odeurs et les couleurs. A peine quelques comparaisons un peu faciles ou redondantes m'ont-elles titillées, à peine quelques longueurs aux trois-quarts du roman, et déjà, je devais quitter avec regret ce quartier que j'ai grande envie de parcourir lors d'un futur voyage à New York. C'est une toute autre face de Brooklyn, après Paul Auster, et sans doute, encore, une auteure à suivre.
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L'autre côté des docks

Un soir d’été suffocant, Val et June, deux adolescentes du quartier de Red Hook, à Brooklyn, décident de se lancer dans une expédition nocturne le long de la baie à bord d’un canot pneumatique. Une escapade qui s’achève de manière dramatique et qui, si elle n’est qu’un microévénement à l’échelle de la mégapole new-yorkaise, touche de plein fouet la petite communauté de Red Hook, révélant au passage tous les motifs de désunion de ce quartier a priori uni, la persistance des barrières sociales et raciales et les petites ou grosses haines recuites.



Chronique noire d’un quartier pas encore trop touché par la gentrification mais partagé entre son désir de s’intégrer au grand New York (l’attente lancinante de l’arrivée du Queen Mary 2 qui marque le début et la fin du roman) et celui de conserver son identité, de cultiver sa différence malgré les antagonismes locaux, L’autre côté des docks joue à la fois la corde de la chronique de quartier et celle du roman noir social teinté de fantastique.

Ainsi voit-on évoluer dans ce quartier de cols bleus tout un petit microcosme : le père de Val, pompier peu amène et raciste, Fadi l’épicier libanais qui voudrait faire de sa boutique un lieu de rencontres et d’échanges entre les habitants du quartier, Jonathan le fils de bonne famille en rupture devenu prof de musique dans le lycée privé du coin et qui flirte avec l’alcoolisme, Cree le gamin des cités attiré par un ailleurs qu’il voit chaque jour, le New Jersey, dont il n’est séparé que par la baie au milieu de laquelle trône la statue de la Liberté… Eux et d’autres encore, touchés à des niveaux différents par le drame qui s’est joué offrent leurs voix au chœur que compose Ivy Pochoda, dessinant une petite société où la solidarité le dispute aux préjugés et aux rancœurs que vient exprimer le courrier des lecteurs du petit journal de Fadi et qu’a cristallisé la mésaventure des deux adolescentes.

Et, à côté de tout cela, par le biais des personnages de Ren, de Monique et de la mère de Cree, apparaît un autre monde, se fondant dans le précédent et baigné de fantastique. Lieux abandonnés mystérieux et voix des morts remontant à la surface pour, là aussi, faire apparaître les lignes de fractures du quartier, viennent faire écho aux destins qui se jouent dans le monde réel.



Tout cela fait de L’autre côté des docks un roman séduisant et original à l’atmosphère bien particulière où la mer, omniprésente dans ce décor urbain, représente autant espoirs de fuites, que dangers invisibles ou promesses d’un avenir meilleur. Ayant grandi dans le quartier qu’elle met en scène, Ivy Pochoda sait en saisir l’âme pour en faire une belle œuvre romanesque qui, si elle n’est pas dénuée de défauts, en particulier une naïveté parfois pesante dans les scènes fantastiques où les monologues intérieurs de Val notamment, n’en est pas moins touchante.


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Route 62

Un roman qui commence sur les chapeaux de roues avec un homme qui court nu sur l'autoroute de Los Angeles. Tony, avocat, quitte sa voiture et se met à le suivre.

Pour comprendre cette course, l'auteure alterne son récit entre 2006 et 2010. Nous faisons connaissance avec plusieurs personnages que rien ne semble unir mais, petit à petit, nous entrevoyons les liens.

Les personnages sont tous écorchés, en rupture et avec des destins qui les ont rendus marginaux. Le style est agréable et rend parfaitement compte des choix, souvent mauvais, de chacun qui les entraînent sur la mauvaise route.

Il y a beaucoup de justesse dans ce roman mais aussi beaucoup de longueurs sur la fin.

Une lecture mitigée pour moi.



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L'autre côté des docks

Une histoire de fugues de deux adolescentes à Brooklyn ....roman d’apprentissage plutot bien foutu mais hélas pas assez original dans le ton et dans l'intrigue.
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Ces femmes-là



Je pourrais vous dire que ce polar très noir nous raconte l'enquête qui va permettre de trouver l'assassin de treize femmes travailleuses du sexe. Des meurtres sanglants au protocole immuable: gorge tranchée, tête enfermée dans un sac plastique, corps abandonnés dans un lieu isolé.



Mais, même si cette intrique est captivante et bien menée ce roman est beaucoup plus que cela. Ivy Pochoda ne s'interesse que très peu au serial killer. Son attention va aux victimes et aux femmes de leur entourage. Elle décrit à merveille les répercussions de ces meurtres sur six femmes très différentes vivant dans le quartier délabré de West Adams à L.A. Comment ces femmes noires, blanches, latinos sont impactées par ces meurtres violents. Comment toutes subissent la violence physique ou psychologique des hommes qui les entourent.



Nous les écoutons tour à tour. Nous découvrons leur vérité, la réalité de leur vie. Il y a:



Feelia survivante, marquée à jamais d'une cicatrice indélébile. Elle sait des choses sur le tueur, elle s'inquiète encore et toujours mais que personne n'écoute;



Dorian, mère d'une des victimes. elle tente, comme elle le peut d'aider, d'accompagner ces femmes en danger en leur offrant le réconfort de son petit restaurant;



Julianna travailleuse du sexe. Elle se veut optimist mais elle est prisonnière du quartier et d'une vie qu'elle n'a pas choisie;



Marella artiste. Elle réalise des installations à partir de photos récupérées. Des photos qui "portent en elles la violence du quotidien – la violence des rues qui se glisse sous nos fenêtres. L'angoisse permanente. La colère. Et la force qu'il faut pour maîtriser les dangers rien qu'un instant."



Anneke sa mère. Elle travaille dans une maison de retraite et tente avec obsession de tout maîtriser à coup de prières:

"Préserve ta maison.

Préserve ta famille.

Protège tes frontières.

Maintiens l'ordre et l'ordre se reflètera sur toi.

Sauve les apparences et tu seras sauvée".



Et puis Essie flic intuitive, intelligente, organisée mais que l'on ne croit pas, que ses collègues et ses supérieurs rabaissent à longueur de temps.



Une intrigue bien ficelée. Un récit qui désespère et révolte. De beaux personnages féminins, vrais, intenses et profonds qui nous marquent.

Un grand roman féministe noir et intelligent écrit d'une plume énergique, intime et infiniment respectueuse. Un roman qui vous percute et vous habite longtemps après avoir refermé le livre.
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Ces femmes-là

Ivy Pochoda donne la parole à ceux qu’on oublie, dont on ne veut pas parler parce qu’ils ne sont pas dans la norme. Dans son dernier roman, il s’agit de prostituées que l’on retrouve la gorge tranchée. Plutôt que de nous faire suivre une enquête, elle nous entraîne dans le quotidien de ces femmes. Chaque partie sera le portrait de l’une d’elles. Le lecteur ira à sa rencontre, apprendra à la connaître et pourra comprendre ce qui l’a porté vers les choix qu’elle a fait. Ici, on ne s’intéresse pas au tueur mais aux victimes. Pourquoi et comment en sont-elles arrivées là ? Est-ce qu’elles sont rejetées, bafouées, ou considérées ? Sont-elles quantité négligeable ou existent-elles aux yeux de quelques-uns ?

Le passé c’est 1999 avec une voix qui s’élève. Le présent c’est 2014 à Los Angeles dans un quartier pas très attirant. Pourquoi l’assassin reprend-il du service ? Est-ce le même ? Probablement que oui car le modus operandi est identique. Pourquoi ces femmes sont-elles visées ?

Parmi les protagonistes, il y a Dorian, une femme qui cuisine le poisson dans une gargote. Elle nourrit « les filles » de temps à autre. Elle est parfois un peu perdue croyant voir sa fille, Lecia, assassinée dans des silhouettes qui lui ressemblent, elle se bat pour sauver celles qui restent et répète à qui veut l’entendre que Lecia n’était pas comme les autres et que sa mort n’a rien à voir. Bien sûr, personne ne l’écoute vraiment. De toute façon, vu la vie que menaient ces femmes, certains pensent qu’il n’y a pas lieu d’enquêter plus loin. Elles n’en valent pas la peine.

Chacune de celles qu’on va découvrir se bat pour faire sa place, que ce soit dans un métier, dans sa vie, dans l’art. Elles se sentent surveillées, en danger. C’est leur combat, leur insertion dans cette contrée, dans ce coin où rien n’est aisé que l’auteur nous présente. C’est encore plus compliqué quand on est de sexe féminin, c’est bien connu…

Et puis arrive Essie, une policière pas très grande, elle ne fait pas grosse impression quand on la voit mais elle ne raisonne pas comme ses collègues. Elle détricote ce qu’elle observe, elle écoute les plaintes des visiteurs au bureau, elle relit les documents, elle analyse, elle interroge. Elle repense aux événements de 1999, secoue ceux qui n’avaient pas assez cherché. Avec elle, un vent d’espoir arrive et le lecteur compte ses déductions, souhaitant qu’elle solutionne tout ça et que le calme revienne.

L’écriture de l’auteur est profonde, elle fait une fine analyse psychologique des individus mais également des situations. Sa façon d’aborder le sujet remue forcément le lecteur qu’elle pousse à la réflexion et c’est très bien.

J’ai beaucoup apprécié ce livre. J’ai trouvé intéressant la façon dont sont reliées les femmes qui sont évoquées. Elles ont chacune une approche différente face aux difficultés d’être femme, face à l’environnement qui peut être dangereux. Ivy Pochoda leur rend un peu d’humanité en leur donnant de la place, elles ne sont plus seulement une femme qui monnaie son corps et qui a été tuée, elles ont une histoire personnelle.

J’aime les lectures qui me bousculent, me surprennent et c’est le cas !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Ces femmes-là

Engagé, d'une sonorité virtuose de sincérité. Un coup de tonnerre implacable et nécessaire. Ce roman noir serré comme un café fort est une urgence de lecture. La définition même d'une littérature essentielle et vibrante.

Ces femmes-là d'Ivy Pochoda, et Los Angeles lève son voile dans une orée de haute contemporanéité.

Sociétal, sombre, West Adams et l'idiosyncrasie dévorante de ce quartier pauvre, risqué, où le clivage entre les classes sociales est prégnant. le racisme tragique et mimétique, sa capacité de destruction, les femmes noires, vulnérables, prises en tenaille entre la lucidité des résistances et l'inéluctable sauvagerie de leur monde.

Ce pourrait être un thriller, lire ainsi ce livre entre feu dans la cheminée, sable sous les pieds, il n'en sera rien. Ivy Pochoda écrit avec cette fulgurance de remettre d'équerre la vérité. Ces femmes-là, assassinées, toutes avec le même rituel d'un psychopathe glaçant, un assassin qui tue pour anéantir celles qui sont prostituées, droguées, simplement pauvres. Ici, c'est l'effet dominos. Ces meurtres en cascade, treize jeunes femmes dévorées par la haine, le rejet, l'insoutenable assassinat mutique. La police en déni d'une justice. Elles ne sont qu'ignorance, corps sacrifié, murmure à peine audible à la face du monde.

« Ces femmes-là » d'une lucidité radicale, d'une générosité sans faillite. L'écriture capable et loyale, qui défie les diktats et n'aura de cesse l'obsession de l'évidence.

Dorian mère de Lecia, la première d'une série de folie et d'injustice. Le crime dont elle refuse le rituel. Sa fille était entre l'éclosion d'une jeunesse, rebelle et innocente. La pauvreté, écailles sur sa peau. Comment lui donner un dernier adieu dans la négation de l'impartialité ?

Dévorée de révolte, il n'y a pas d'antidote contre le chagrin. Pas de résilience pour une mère qui fait le serment de désolidariser sa fille de tous les mobiles d'un tueur (euse) qui fracasse sous ses pieds l'humanité féminine, ressac de survivance, l'écho des englouties et des oubliées du beau monde.

Ce livre finement politique est le porte-voix de ces femmes-là, aquarelles gorgées de pluie et de sang. Elles revivent ici, en polyphonique mission.

Ce livre est fascinant, dans son pouvoir de réhabilitation. L'halo sur les survies battues en plein vent d'un West Adams, où les femmes noires sont fauchées en pleine jeunesse.

Un tueur (euse) emblématique, le point d'appui d'une fiction au réalisme avéré. Ce livre est un combat, une mise en lumière des résistantes, de celles qui n'ont de cesse que la soif de la justice. Il aura fallu que les meurtres recommencent la course folle pour qu'enfin la ténacité d'une policière aux mille et une meurtrissures coopère à l'enquête dans ce versant alloué aux femmes victimes. Un kaléidoscope dont l'aura : la voix de ces femmes plongées dans les misères où « persistent les traces des émeutes raciales de 1992 ».

Un thriller sociologique, fondamental, percutant et frénétique. « Classé parmi les meilleurs thrillers de 2020 par le New York Times ». Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon. Publié par les majeures Éditions Globe.
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L'autre côté des docks

Red Hook est un quartier populaire de Brooklyn au bord de la baie. La nuit les habitants peuvent admirer les lumières de Manhattan et projeter sur ce quartier « de l’autre côté » leur rêve d’avenir.



Red Hook est un quartier où les barrières raciales et sociales sont encore très présentes.



Val et June sont deux adolescentes blanches issues de la partie résidentielle du quartier. Par un soir de très forte chaleur elle décide de traverser la cité et la zone portuaire à l’abandon pour « naviguer » sur la bais avec leur bateau gonflable. L’escapade de jeunesse va tourner au drame et avoir un impact fort sur le quartier. Suspicion, racisme, incompréhension vont se révéler au grand jour.



L’auteur nous livre à la fois une chronique de quartier, un roman noir sur un drame et un roman intimiste sur la douleur de l’absence.



Le quartier est en mutation, le projet de faire accoster des paquebots de croisière dans la baie est à la fois une chance pour l’emploi dans le quartier et une crainte de se voir « envahi » de bobo et hipster. Ce projet est traité en toile de fond durant tout le roman. Le roman s’organise autour de personnages plus ou moins attachant. Fadi, l’épicier libanais, qui tient un journal de quartier où il publie le courrier des lecteurs entre délation, billet d’humeur et paranoïa ambiante, il rêve que son échoppe devienne un lieu convivial ainsi que le point névralgique du quartier. Le père de Val, raciste et abrupt. Jonathan, fils d’une star déchue de Broadway, devenu professeur de musique dans le quartier souvent entre deux vapeurs d’alcool. Crew, jeune noir qui rêve d’un avenir meilleur. Ren un tagueur mystérieux se prenant pour un ange gardien. Monique la mère de Crew qui communique avec les morts et passe la matinée sur un banc à discuter avec son défunt mari…



Val est touchante, même si ces monologues intérieurs sont parfois enfantins, elle espère de tout son cœur le retour de June. Elle s’impose des mantras, essaie de voir un signe en chaque petit évènement du quotidien. Elle souffre de ne plus être vue comme une personne à part entière mais comme la fille dont l’amie à disparue.



J’ai beaucoup apprécié ce roman. L’auteur décrit de manière intense les ambiances et les lieux. Le fait que l’auteur soit née à Brooklyn est surement pour beaucoup dans la précision des descriptions et la réelle impression d’y être.
Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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Ces femmes-là

Six femmes très différentes mais dont l’histoire est liée par un tueur en série. Un tueur en série qui s’attaque aux prostituées depuis plus de 15 ans. Il y a la mère d’une victime qui n’était pas une prostituée, la survivante, les voisines, l’inspectrice qui est la seule à faire le lien entre les victimes et qui tente de mener l’enquête malgré les moqueries de ses collègues. Mais elles ont autre chose en commun ces femmes c’est qu'elles ne sont pas entendues. Que ce soit les victimes, la rescapée ou la mère qui veut comprendre mais aussi l’inspectrice dont les collègues n’ accordent pas la confiance qu’il faut.

C’est une histoire vibrante de femmes dépourvues mais combatives.

Un style d’une force incroyable qui nous immerge dans les rues de Los Angeles, on s'imprègne des pensées et sentiments des personnages et on se fond dans les décors.

C’est captivant et révoltant. Je ne fais que découvrir le style d’Ivy Pochoda qui est d’une efficacité surprenante.

Un coup de cœur.

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