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Critiques de J.M. DeMatteis (72)
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2010, l'année du premier contact

Une adaptation en BD du film et du roman du même nom d'Arthur C. Clarke. Je n'ai vu ni le film, ni lu le livre. Cette BD date de 1985, où nous voyons les Russes et les Américains qui sont encore ennemis en 2010. L’œuvre est surtout une guerre froide, une rivalité entre USA et URSS sur font de SF.
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Batman : Absolution

Mon meilleur Batman depuis "Dark Knight" !!! Il est vrai que je suis attiré par le thème de la rédemption et de l'absolution bien que je n'aie rien à me reprocher personnellement. ;)



Ce qui me séduit dans cette idée, c'est que l'on peut se tromper sur les gens que l'on juge. Il faut toujours faire confiance au gramme d'humanité qui reste au fond de nous. C'est porteur d'un message d'espoir pour l'humanité bien que cette idée pourrait paraître à certains égards très naïve. Je me complais à le croire encore.



Ce qui m'a également époustouflé, ce sont les pensées de Batman lorsque cette terroriste sanguinaire et fanatique repentie se livre sans concession. Il ne veut pas croire que cette Jennifer Blake soit devenue cette bonne soeur vouée au bien. Il ne veut pas croire qu'elle a pu tellement changer en 10 ans. Il croit que c'est un masque pour cacher la vérité. Or Batman n'est-il pas également caché sous un masque ? Bref, la rédemption ; ce n'est pas aussi simple qu'on ne le pense. Le traitement opéré par le scénario dans cette bd m'a énormément plu. Cela laisse à réfléchir.
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Batman : Absolution

Deux concepts subversifs : le pardon et la rédemption

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Il s'agit d'une histoire complète de Batman, en un seul tome paru à l'origine en 2002, indépendante de la continuité.



Dans une ville pauvre d'Inde, une femme blanche donne le bain à un vieillard autochtone que le lecteur devine vivant largement en dessous du seuil de pauvreté. Elle travaille pour une mission catholique. 10 ans plus tôt une bombe a explosé lors d'un gala organisé dans les locaux de l'entreprise Wayne. Jennifer Blake (la responsable de cet attentat terroriste) a réussi à s'enfuir, pendant que Batman impuissant était le témoin de la mort de plusieurs invités. De retour à l'époque actuelle, Batman a enfin retrouvé la trace de cette femme fanatique. La piste le mènera jusqu'en Inde pour une confrontation complexe. Les déplacements de Batman sous couvert de l'identité de Matches Malone sont entrecoupés par des scènes retraçant le parcours de la terroriste.



Attendez voir un peu : un comics américain qui parle de terrorisme et qui a été édité en 2002. John-Marc DeMatteis (le scénariste) souhaite se servir de cette histoire pour donner sa réaction sur les attentats du 11 septembre 2001. Mais par le biais d'une histoire de Batman ? N'est-ce pas un peu incongru ? Eh bien, DeMatteis n'est pas le premier venu. Dans les années 1980, il avait profité de la création d'Epic Comics (une branche adulte de Marvel Comics) pour réaliser 2 récits mature : Moonshadow avec Jon J. Muth et Blood : Tome 1 & 2 avec Kent Williams. En 1987, il avait écrit une histoire de Spiderman (Kraven's Last Hunt) qui traitait du suicide sur un mode adulte. En fait, en plus d'une palanquée d'histoires de superhéros traditionnelles, DeMatteis a donc réalisé des histoires illustrant ces réflexions et ses points de vue sur la spiritualité et la vie intérieure.



Finalement se servir d'un genre typiquement américain (le comics de superhéros) pour donner son point de vue n'est pas plus choquant que d'écrire des polars pour traiter de problèmes sociaux, ou de quête de sens, ou de rédemption. Le résultat sombre dans le ridicule uniquement si l'auteur n'a pas les moyens de ses ambitions.



Et des ambitions, DeMatteis, il en a : dans l'Amérique de George W. Bush, juste après les attentats terroristes sur le sol de la nation, il parle de pardon et de rédemption. Il raconte une histoire de superhéros en respectant les codes spécifiques à ce genre : bastons, action de nuit, héros mystérieux et au dessus des lois, aventure à grand spectacle. Il respecte les canons du personnage de Batman avec une évocation lourde de sens à la mort de ses parents, un objectif de vengeance, des certitudes inébranlables sur la justice, etc. Il utilise même un élément canonique du mythe de ce personnage : l'identité de Matches Malone.



Il met habilement en scène l'humanité de Batman et ses limites comme toute être humain, face à cette terroriste qui ne se limite pas à un cliché manichéen. DeMatteis se sert avec habilité et perspicacité de sa compréhension de Batman pour mettre en évidence les limites d'une justice qui ne serrait qu'un instrument de vengeance.



Pour illustrer ce récit, les responsables éditoriaux de DC Comics ont réussi à embaucher Brian Ashmore, un peintre ayant réalisé 2 ou 3 autres comics. Il illustre cette histoire en aquarelles. Dans les premières pages, il apparaît que ce peintre s'inspire du style inimitable d'Alex Ross pour le rendu des cases. Le résultat n'est pas vraiment convaincant parce qu'Ashmore souhaite également utiliser l'aquarelle pour laisser des zones que l'imagination du lecteur doit compléter. Ces 2 partis pris se neutralisent au lieu de se compléter. Au fil des pages, il devient plus à l'aise dans sa technique et il tire un meilleur parti de l'aquarelle pour avoir des illustrations plus évocatrices que précises. Malheureusement, il arrive que les besoins du scénario le contraignent à être plus précis et les peintures perdent alors de leur pouvoir suggestion pour ne plus être de simples mises en images factuelles. Globalement, les illustrations sont d'un bon niveau et agréables à regarder. Elles portent bien l'histoire, et un tiers du temps elles magnifient les ambiances et révèlent les sentiments des personnages.



Avec ce récit John-Marc DeMatteis utilise un genre de récit spécifique des États-Unis (les superhéros) pour donner son point de vue construit et intelligent sur la différence entre la justice et la vengeance, sur la possibilité de rédemption, sur le pardon des erreurs, dans un contexte où cette nation exigeait l'exécution sommaire de tout ce qui ressemblait à un terroriste. Il a utilisé à nouveau l'archétype du superhéros dans Life and Times of Savior 28 pour un questionnement existentiel plus abouti et tout aussi humaniste, en le liant à l'histoire des États-Unis au vingtième siècle.
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Ben Reilly - Spider-Man : En quête d'humanité

Si vous aviez suivi, en son temps, la longue saga du Clone, vous savez qui est Ben Reilly. Qui est-il réellement d'ailleurs ?

Le voilà de retour à New York, à nouveau sous le costume de Spider-Man.
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Blood

Ces 2 tomes regroupent les 4 épisodes de cette histoire, parus initialement en 1987. Il s'agit d'une histoire complète indépendante de toute autre.



L'histoire s'ouvre sur un dialogue de 2 pages, sous forme de texte, avec un bandeau de cases en haut de page, sa déroulant sur la double page, et un autre en bas de page. Un roi alité à l'article de la mort, mais toujours bien accroché à la vie, est visité par un esprit féminin qui lui raconte l'histoire de Blood. Son histoire commence avec la mer qui se transforme en sang, et la dérive d'un berceau sur un fleuve où il est récupéré par une femme nue qui adopte le nouveau né le ramène chez elle malgré la réprobation de sa mère. L'enfant grandit et la grand-mère indique qu'il est temps pour lui de partir. Il est confié aux bons soins d'un monastère qui veille à son éducation de manière stricte. Au bout d'un temps indéterminé, Blood quitte le monastère, ayant refusé de succéder à son responsable, s'enfuit en ballon et finit par s'écraser dans une vallée où des miséreux font la queue pour bénéficier des attentions d'un sage.



Ce résumé est factuellement exact, et complètement trompeur. La lecture de "Blood" est une expérience comparable à peu d'autres. John-Marc DeMatteis est un scénariste qui a débuté avec les superhéros Marvel (La dernière chasse de Kraven) et DC (Justice League International en anglais), avant d'écrire les siens propres (Life and Times of Savior 28 en anglais). Parallèlement à ce parcours classique dans les comics, il a eu la chance de pouvoir écrire des récits sortant du moule habituel. Grâce à la branche adulte de Marvel (Epic Comics), il a écrit le récit initiatique de Moonshadow (avec de magnifiques aquarelles de Jon J. Muth, en anglais). Pour l'une des branches adultes de DC Comics (Paradox Press), il a écrit une bande dessinée autobiographique de sa jeunesse Brooklyn Dreams (illustrations de Glenn Barr). Et il a souvent intégré à ses histoires des réflexions sur la création littéraire, mais aussi sur la spiritualité (Seekers into the Mystery, en anglais).



"Blood" est le récit indépendant qui a suivi "Moonshadow". Ce dernier prenait la forme d'un roman de science-fiction mâtiné de récit initiatique d'un adolescent, et de recherche du sens de la vie. S'il comprenait des passages plus réflexifs, le lecteur pouvait se raccrocher à la trame du récit sans se sentir perdu. Au contraire "Blood" favorise les sensations et l'expérience mystique. Le récit devient secondaire, il n'est plus que le support d'un voyage spirituel et parfois psychanalytique. C'est à dire que le lecteur suit bien les pérégrinations d'un personnage principal appelé Blood, les différentes séquences s'inscrivent dans une suite chronologique et elles sont reliées entre elles par des liens de causalité discernables. Mais dès le départ, le dispositif narratif, celui de l'histoire dans l'histoire, indique au lecteur que ces séquences sont autant de métaphores et d'allégories de la vie psychique.



DeMatteis a donc l'ambition de mettre en bandes dessinées la soif spirituelle de l'être humain. Cette BD réussit le pari de montrer cette soif de la spiritualité, plus par les images que par le texte. DeMatteis laisse les illustrations porter les 2 tiers de la narration. Kent Williams dispose d'une grande liberté pour représenter des concepts liés à la vie de l'esprit, à sa soif de compréhension, à son besoin d'absolu. La première fois que j'ai lu cette histoire, je n'y ai rien compris, la seconde non plus. Pris littéralement ce récit est une suite de scènes disjointes défiant la logique. Une lecture premier degré ne permet pas de comprendre l'inclusion d'une vie de bureau pour Blood dans la deuxième partie. Prise à part, cette scène évoque l'aliénation de l'individu dans la vie moderne. Insérée dans la narration globale, le lecteur se demande ce qu'elle vient faire là. Remise dans son contexte, elle montre par les images que le reste du récit doit se comprendre comme la vie intérieure de Blood, par opposition à la vie quotidienne.



Il faut donc aborder cet ouvrage avec un autre point de vue, sachant que DeMatteis ne donne pas de clef d'interprétation, il livre le récit comme un bloc, charge au lecteur de déterminer ce qu'il peut en faire. Pour pouvoir en saisir la substance, il faut donc lire, regarder, observer, déchiffrer et interpréter les images. Kent Williams réalise ses illustrations principalement à l'aquarelle, avec parfois de l'encrage pour délimiter le contour des formes. Il développe à la fois des narrations séquentielles (suite de case montrant un mouvement, ou mettant en rapport 2 actions, une action et une réaction, etc.), et des images pleine page. La fonction des images est à la fois de montrer des actions, mais surtout de développer des ambiances, de faire ressentir des sensations. De temps à autre, une scène exige une représentation réaliste, ce que Williams accomplit sans difficulté. La majeure partie du temps il doit montrer les sentiments et les sensations éprouvés par les personnages. Le lecteur contemple donc des individus à la morphologie plus ou moins détaillée, évoluant souvent nus dans des camaïeux de couleurs sombres et délavées. Ce mode de rendu met en avant la représentation de l'individu et la manière dont son état émotionnel colore la réalité qui l'entoure.



Passé la double page de dialogue, le lecteur est donc confronté à 6 cases figurant le sang et sa viscosité. À l'évidence il s'agit du sang comme symbole du fluide de la vie, mais aussi comme évocation des menstruations, et Blood naît de cette mer de sang, directement dans son panier en osier porté par les flots. Cette nouvelle image renvoie aux premiers jours de Moïse. Pourtant Blood ne devient jamais une figure messianique. Le sens de cette métaphore m'a échappé. L'apprentissage de Blood au monastère s'achève sur le meurtre de son mentor et de la personne qui l'a accueilli à son arrivée. Il est facile de percevoir dans ces images le meurtre du père, une notion psychanalytique de base. Pour entrer dans l'âge adulte, Blood doit détruire l'image de toute puissance de ses parents, afin de construire sa propre vie, avec ses propres valeurs. Dans le passage suivant, Blood arrive dans une vallée peuplée de personnes souffrantes, une vallée de larmes. Il rencontre cet individu accomplissant les fonctions de gourou pour cette communauté. Cet homme porte un rond sur le front et au cours de la séquence, il se trouve une image de crâne avec un rond sur le front. Ça se complique. En fait il n'y a pas d'explication du symbole, il n'y a pas d'indication sur son sens. Il faut attendre les chapitres suivants pour voir le motif du crâne réapparaître dans d'autres circonstances, et rester attentif au déroulement du récit pour percevoir le motif de cycle, et donc de cercle. Le titre du premier chapitre apporte un indice : "Uroborous". Il s'agit d'une variante orthographique de l'Ouroboros, l'image du serpent qui se mord la queue.



John-Marc DeMatteis et Kent Williams racontent une histoire un peu hermétique qui repose sur des symboles à l'interprétation délicate. Ce n'est qu'au gré d'autres lectures que j'ai pu faire le rapprochement avec la notion de symbole développée par Carl Gustav Jung. Les symboles utilisés par les auteurs ont effectivement la fonction de matérialiser des sensations ou des concepts indicibles ; ils leur permettent d'évoquer des expériences spirituelles ineffables. L'objet de "Blood" est de parler d'expérience mystique, de faire appel à des archétypes de l'inconscient collectif. De ce point de vue, il devient évident que la pensée de DeMatteis a été façonnée par les théories de Jung. D'ailleurs, les autres ouvrages personnels de DeMatteis montrent également qu'il est fortement influencé par la pensée orientale et hindoue où il est possible également de reconnaître des archétypes psychologiques.



DeMatteis et Williams proposent au lecteur un voyage plus spirituel que mystique dans l'inconscient collectif. Il s'agit d'une expérience spirituelle honnête qui n'impose pas la vision des auteurs, mais qui la présente. À l'instar du personnage principal qui est en quête de sens dans la vie, le lecteur se met en quête de sens dans les symboles charriés par le récit. Cette bande dessinée ne présentera d'intérêt pour le lecteur qu'à la condition que ce dernier soit sensible à ces questionnements.
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Blood : Tome 1

En faisant du ménage, je suis retombé sur cette série que j'avais consciencieusement rangé, et pratiquement oublié.



L'auteur ne m'est pas inconnu, notamment pour ses travaux sur Sandman ou les illustrations qu'il a déjà réalisé, ainsi que son travail au cinéma (sur l'adaptation de The Fountain). J'avais essayé l'un de ses BD sans y parvenir, mais j'ai insisté un peu et tenté cette série.

Eh bien ... Je ne suis vraiment pas convaincu. Je n'ai pas compris grand chose à cette histoire d'amour et de vampire. Le côté métaphorique m'est passé par dessus la tête, sans que je ne comprenne réellement le propos. C'est assez flou et j'ai eu l'impression tout du long qu'une clé de compréhension me manquait, qu'elle viendrait au cours du récit. Mais non, la fin ne m'a pas plus éclairé que ça et m'a laissé sur ma faim.



Niveau dessin, c'est vraiment pas ma tasse de thé. Trop perché pour moi, entre cases qui me font hésiter sur ce que je vois et des couleurs qui rajoutent à la difficulté de lecture. J'ai eu du mal à suivre, parfois, avec une désagréable impression que l'auteur réutilise plusieurs fois le même dessin dans les planches, ce qui n'aide pas. Et surtout, je trouve l'ensemble plutôt laid ce qui n'aide franchement pas à s'immerger dans le récit.



Bref, je pense que c'est un auteur qui ne m'intéresse pas du tout. J'ai essayé, c'est un non.
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Blood : Tome 1

Il s'agit du premier tome d'une histoire en 2 tomes, parue initialement en 1987. Il s'agit d'une histoire complète indépendante de toute autre. Ce commentaire porte sur l'histoire complète.



L'histoire s'ouvre sur un dialogue de 2 pages, sous forme de texte, avec un bandeau de cases en haut de page, sa déroulant sur la double page, et un autre en bas de page. Un roi alité à l'article de la mort, mais toujours bien accroché à la vie, est visité par un esprit féminin qui lui raconte l'histoire de Blood. Son histoire commence avec la mer qui se transforme en sang, et la dérive d'un berceau sur un fleuve où il est récupéré par une femme nue qui adopte le nouveau né le ramène chez elle malgré la réprobation de sa mère. L'enfant grandit et la grand-mère indique qu'il est temps pour lui de partir. Il est confié aux bons soins d'un monastère qui veille à son éducation de manière stricte. Au bout d'un temps indéterminé, Blood quitte le monastère, ayant refusé de succéder à son responsable, s'enfuit en ballon et finit par s'écraser dans une vallée où des miséreux font la queue pour bénéficier des attentions d'un sage.



Ce résumé est factuellement exact, et complètement trompeur. La lecture de "Blood" est une expérience comparable à peu d'autres. John-Marc DeMatteis est un scénariste qui a débuté avec les superhéros Marvel (La dernière chasse de Kraven) et DC (Justice League International en anglais), avant d'écrire les siens propres (Life and Times of Savior 28 en anglais). Parallèlement à ce parcours classique dans les comics, il a eu la chance de pouvoir écrire des récits sortant du moule habituel. Grâce à la branche adulte de Marvel (Epic Comics), il a écrit le récit initiatique de Moonshadow (avec de magnifiques aquarelles de Jon J. Muth, en anglais). Pour l'une des branches adultes de DC Comics (Paradox Press), il a écrit une bande dessinée autobiographique de sa jeunesse Brooklyn Dreams (illustrations de Glenn Barr). Et il a souvent intégré à ses histoires des réflexions sur la création littéraire, mais aussi sur la spiritualité (Seekers into the Mystery, en anglais).



"Blood" est le récit indépendant qui a suivi "Moonshadow". Ce dernier prenait la forme d'un roman de science-fiction mâtiné de récit initiatique d'un adolescent, et de recherche du sens de la vie. S'il comprenait des passages plus réflexifs, le lecteur pouvait se raccrocher à la trame du récit sans se sentir perdu. Au contraire "Blood" favorise les sensations et l'expérience mystique. Le récit devient secondaire, il n'est plus que le support d'un voyage spirituel et parfois psychanalytique. C'est à dire que le lecteur suit bien les pérégrinations d'un personnage principal appelé Blood, les différentes séquences s'inscrivent dans une suite chronologique et elles sont reliées entre elles par des liens de causalité discernables. Mais dès le départ, le dispositif narratif, celui de l'histoire dans l'histoire, indique au lecteur que ces séquences sont autant de métaphores et d'allégories de la vie psychique.



DeMatteis a donc l'ambition de mettre en bandes dessinées la soif spirituelle de l'être humain. Cette BD réussit le pari de montrer cette soif de la spiritualité, plus par les images que par le texte. DeMatteis laisse les illustrations porter les 2 tiers de la narration. Kent Williams dispose d'une grande liberté pour représenter des concepts liés à la vie de l'esprit, à sa soif de compréhension, à son besoin d'absolu. La première fois que j'ai lu cette histoire, je n'y ai rien compris, la seconde non plus. Pris littéralement ce récit est une suite de scènes disjointes défiant la logique. Une lecture premier degré ne permet pas de comprendre l'inclusion d'une vie de bureau pour Blood dans la deuxième partie. Prise à part, cette scène évoque l'aliénation de l'individu dans la vie moderne. Insérée dans la narration globale, le lecteur se demande ce qu'elle vient faire là. Remise dans son contexte, elle montre par les images que le reste du récit doit se comprendre comme la vie intérieure de Blood, par opposition à la vie quotidienne.



Il faut donc aborder cet ouvrage avec un autre point de vue, sachant que DeMatteis ne donne pas de clef d'interprétation, il livre le récit comme un bloc, charge au lecteur de déterminer ce qu'il peut en faire. Pour pouvoir en saisir la substance, il faut donc lire, regarder, observer, déchiffrer et interpréter les images. Kent Williams réalise ses illustrations principalement à l'aquarelle, avec parfois de l'encrage pour délimiter le contour des formes. Il développe à la fois des narrations séquentielles (suite de case montrant un mouvement, ou mettant en rapport 2 actions, une action et une réaction, etc.), et des images pleine page. La fonction des images est à la fois de montrer des actions, mais surtout de développer des ambiances, de faire ressentir des sensations. De temps à autre, une scène exige une représentation réaliste, ce que Williams accomplit sans difficulté. La majeure partie du temps il doit montrer les sentiments et les sensations éprouvés par les personnages. Le lecteur contemple donc des individus à la morphologie plus ou moins détaillée, évoluant souvent nus dans des camaïeux de couleurs sombres et délavées. Ce mode de rendu met en avant la représentation de l'individu et la manière dont son état émotionnel colore la réalité qui l'entoure.



Passé la double page de dialogue, le lecteur est donc confronté à 6 cases figurant le sang et sa viscosité. À l'évidence il s'agit du sang comme symbole du fluide de la vie, mais aussi comme évocation des menstruations, et Blood naît de cette mer de sang, directement dans son panier en osier porté par les flots. Cette nouvelle image renvoie aux premiers jours de Moïse. Pourtant Blood ne devient jamais une figure messianique. Le sens de cette métaphore m'a échappé. L'apprentissage de Blood au monastère s'achève sur le meurtre de son mentor et de la personne qui l'a accueilli à son arrivée. Il est facile de percevoir dans ces images le meurtre du père, une notion psychanalytique de base. Pour entrer dans l'âge adulte, Blood doit détruire l'image de toute puissance de ses parents, afin de construire sa propre vie, avec ses propres valeurs. Dans le passage suivant, Blood arrive dans une vallée peuplée de personnes souffrantes, une vallée de larmes. Il rencontre cet individu accomplissant les fonctions de gourou pour cette communauté. Cet homme porte un rond sur le front et au cours de la séquence, il se trouve une image de crâne avec un rond sur le front. Ça se complique. En fait il n'y a pas d'explication du symbole, il n'y a pas d'indication sur son sens. Il faut attendre les chapitres suivants pour voir le motif du crâne réapparaître dans d'autres circonstances, et rester attentif au déroulement du récit pour percevoir le motif de cycle, et donc de cercle. Le titre du premier chapitre apporte un indice : "Uroborous". Il s'agit d'une variante orthographique de l'Ouroboros, l'image du serpent qui se mord la queue.



John-Marc DeMatteis et Kent Williams racontent une histoire un peu hermétique qui repose sur des symboles à l'interprétation délicate. Ce n'est qu'au gré d'autres lectures que j'ai pu faire le rapprochement avec la notion de symbole développée par Carl Gustav Jung. Les symboles utilisés par les auteurs ont effectivement la fonction de matérialiser des sensations ou des concepts indicibles ; ils leur permettent d'évoquer des expériences spirituelles ineffables. L'objet de "Blood" est de parler d'expérience mystique, de faire appel à des archétypes de l'inconscient collectif. De ce point de vue, il devient évident que la pensée de DeMatteis a été façonnée par les théories de Jung. D'ailleurs, les autres ouvrages personnels de DeMatteis montrent également qu'il est fortement influencé par la pensée orientale et hindoue où il est possible également de reconnaître des archétypes psychologiques.



DeMatteis et Williams proposent au lecteur un voyage plus spirituel que mystique dans l'inconscient collectif. Il s'agit d'une expérience spirituelle honnête qui n'impose pas la vision des auteurs, mais qui la présente. À l'instar du personnage principal qui est en quête de sens dans la vie, le lecteur se met en quête de sens dans les symboles charriés par le récit. Cette bande dessinée ne présentera d'intérêt pour le lecteur qu'à la condition que ce dernier soit sensible à ces questionnements.
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Blood : Tome 2

En faisant du ménage, je suis retombé sur cette série que j'avais consciencieusement rangé, et pratiquement oublié.



L'auteur ne m'est pas inconnu, notamment pour ses travaux sur Sandman ou les illustrations qu'il a déjà réalisé, ainsi que son travail au cinéma (sur l'adaptation de The Fountain). J'avais essayé l'un de ses BD sans y parvenir, mais j'ai insisté un peu et tenté cette série.

Eh bien ... Je ne suis vraiment pas convaincu. Je n'ai pas compris grand chose à cette histoire d'amour et de vampire. Le côté métaphorique m'est passé par dessus la tête, sans que je ne comprenne réellement le propos. C'est assez flou et j'ai eu l'impression tout du long qu'une clé de compréhension me manquait, qu'elle viendrait au cours du récit. Mais non, la fin ne m'a pas plus éclairé que ça et m'a laissé sur ma faim.



Niveau dessin, c'est vraiment pas ma tasse de thé. Trop perché pour moi, entre cases qui me font hésiter sur ce que je vois et des couleurs qui rajoutent à la difficulté de lecture. J'ai eu du mal à suivre, parfois, avec une désagréable impression que l'auteur réutilise plusieurs fois le même dessin dans les planches, ce qui n'aide pas. Et surtout, je trouve l'ensemble plutôt laid ce qui n'aide franchement pas à s'immerger dans le récit.



Bref, je pense que c'est un auteur qui ne m'intéresse pas du tout. J'ai essayé, c'est un non.
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Brooklyn Dreams



un gros livre qui semble passer inaperçu. Et pourtant, il ne manque pas de qualité.

JM DeMatteis y tente une étrange expérience d'autobiographie romancée. il nous raconte son adolescence, mais en mettant en scène un alter-égo: Vincent carl Santini. Un peu à la manière de Jodorowski, il semble vouloir se détacher d'une trop grande orthodoxie dans la relation des faits pour privilégier une part de folie et d'excès qui permet à l'auteur de s'affranchir de le réalité quand elle devient trop peu intéressante. L'idée est intéressante.

Son association avec Glenn Barr au dessin fonctionne au delà de toutes espérences. Ce dernier n'hésite pas à mofdifie son style de manière radicale selon la tonalité du récit. il passe du réalisme à la caricature, en passant par des planches plus psychédélique avec une aisance incroyable, ce qui permet de traduire à merveille le foisonnement du récit de DeMatteis.

Le récit, parlons-en. il s'intéresse à cette année ou tout va basculer pour lui. Récit initiatique doublé d'introspection et révélations, multipliant les digressions drôles ou émouvantes. Mais c'est là la principale faiblesse de ce récit. A force de digresser et de le narrateur en devient envahissant et agaçant. Le livre en devient aussi inutilement long et le dernier chapitre flirte régulièrement avec l'ennui. Reste malgré tout un objet original et intéressant qui mérite qu'on s'y arrête
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Brooklyn Dreams

Publié aux Etats-Unis en 1994, cet ouvrage de J.M DeMatteis et Glen Barr aura tardé à franchir l’Atlantique. Grâce aux éditions Futuropolis c’est maintenant chose faite et cela fait toujours plaisir de découvrir des récits américains de grande qualité et dénués de super-héros.



Pendant près de 400 pages l’auteur nous conte l’année de terminale de Vincent Carl Santini. Le lecteur se retrouve donc à Brooklyn, dans les années 70, en compagnie d’un adolescent qui n’a finalement rien de vraiment spécial, excepté une ascendance particulièrement hétéroclite. Ce jeune homme épris de littérature qui est à la recherche de soi-même se découvre des sentiments amoureux et n’hésite pas à avoir recours à des substances illicites qui prolifèrent dans le quartier où il vit. Le cadre familial du jeune homme est pour le moins original, probablement à l’origine de son adolescence mouvementée et la principale source d’humour de cet album. Il faut dire que les scènes décrivant sa situation au milieu d’une mère juive hypocondriaque, un père italien colérique, un oncle mafieux et une tante tyrannique sont assez jubilatoires et la caricature de cette famille plutôt réussie.



Servi sous forme de longue psychanalyse d’un adolescent recherchant la clef de son existence et le but d’une vie d’adulte qu’il s’apprête à entamer, le récit combine une force narrative impressionnante à une étonnante fluidité malgré les nombreuses digressions. L’auteur a en effet tendance à passer d’un sujet à l’autre, mais sans perdre de vue le fil rouge de son histoire. Ballotté d’une anecdote à l’autre, le lecteur explore les méandres de la mémoire de ce narrateur d’une quarantaine d’années qui se remémore son année de terminale sous forme d’auto-psychanalyse. De l’adoption d’un chien à l’enterrement de son oncle, en passant ses démêlés avec la justice, ces petits bouts de vie sont admirablement liés par un narrateur qui, tout en faisant mine de se perdre au fil des histoires, raconte comment l’adolescent qu’il était a fini par se trouver.



Le graphisme noir et blanc de Glenn Barr sert admirablement le récit. Passant d’un style réaliste à un style proche du « super déformé » utilisé dans les manga afin d’accentuer à outrance les sentiments des protagonistes, le dessinateur procure beaucoup d’humour et de légèreté à ce one-shot.



Excellent !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Brooklyn Dreams

Pas de super héros ici, pas non plus de fantastique ou de pouvoir magique et un graphisme qui part dans tous les sens. Brooklyn Dreams est une sorte de récit semi-autobiographique qui raconte la jeunesse de Vincent Carl Santini, au début des années 70. Il s’agit d’un personnage fictif mais pour qui l’auteur s’est inspiré de sa propre vie. On est dans le quartier de Brooklyn et ce personnage va être le narrateur de sa vie, il va nous montrer sa famille : une mère juive hypocondriaque qui se gratte au sang dès qu’elle est contrariée et un père italien et macho...
Lien : http://pugoscope.fr/791-broo..
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DC saga présente : 03 Forever Evil Blight 3/3

Une conclusion de bonne facture, même si parfois un peu brouillonne, à lire pour les amateurs du genre !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Defenders Epic Collection: The Six-Fingered..

Ce tome est le sixième dans la réédition intégrale de la série Defenders, sans que tous les précédents ne soient parus. Il comprend les épisodes 92 à 109, initialement parus en 1981/1982, écrits par John-Marc DeMatteis, dessinés par Don Perlin, avec un encrage majoritairement réalisé par Joe Sinnott, aidé par Al Milgrom, Frank Giacoia, Sal Trapani, Jack Abel, Chick Stone et quelques autres. Il comprend également le numéro 101 de la série Marvel Team-Up (écrit par JM DeMatteis, dessiné par Jerry Bingham et encré par Mike Esposito) et le numéro 268 de la série Captain America (écrit par JM DeMatteis, dessiné par Mike Zeck, encré par John Beatty).



Kyle Richmond est en train de donner une conférence de presse au sujet de l'enquête gouvernementale sur ses entreprises quand il est attaqué à la gorge par Mindy Williams, ou du moins un robot à son effigie. Peter Parker (journaliste dans la salle) revêt son costume de Spider-Man et intervient. Par la suite, l'équipe des Defenders doit aller récupérer des fragments de l'entité Eternity disséminés et incarnés en humains sur Terre, puis se battre à nouveau contre Nebulon (un de leur ennemi récurrent). Mais c'est en enquêtant sur la destruction de la maison de Dolly Donahue (l'aide de maison de Patsy Walker) que les Defenders se rendent à Christiansboro en Virginie. Sur pace ils se heurtent à la Gargouille (Isaac Christians), ils affrontent le démon Avarish et ils entendent pour la première fois parler de l'entité appelé Six-fingered-hand. L'équipe se compose alors de Doctor Strange, Hellcat (Patsy Walker), Hellstorm (Daimon Hellsrom) et Valkyrie (Brunnhilde). En cours de route, ils seront rejoints par Hulk (Bruce Banner), Nighthawk (Kyle Richmond), Clea, Devilslayer (Eric Simon Payne), Namor et Silver Surfer (Norrin Radd), et feront même alliance avec Dracula le temps d'un épisode.



Après avoir affronté Six-fingered-hand, Daimon Hellstrom se retrouve prisonnier de son père en Enfer. Eric Simon Payne construit une étrange relation avec Ira Gross, un drogué. Patsy Walker s'interroge sur son véritable père et fait la connaissance de Serina, une jeune enfant cancéreuse. Kyle Richmond se confie aux bons soins de sa garde-malade Luann Bloom car il est paralysé des jambes le jour. Mais les Défenseurs vont encore devoir affronter une organisation gouvernementale officieuse (représentée par Augustus Masters) effectuant des expériences sur Mindy Williams, combattre le démon Null, sauver la femme de Devilslayer d'un sorcier, neutraliser ce qu'il reste de la Couronne du Serpent et défendre l'âme de Valkyrie. Ils bénéficieront de l'aide ponctuelle de Daredevil, puis de Spider-Man.



En plongeant dans ces récits du tout début des années 1980, le lecteur sait qu'il doit s'attendre à une forme narrative encore vieillotte, à destination de jeunes lecteurs. Les couleurs sont vives et à base d'aplats sans variation de nuances. Les bulles de pensée pullulent, les personnages expliquant et commentant ce qu'ils font parfois même à haute voix. Les personnages sont kitchs à souhait, de la tenue moulante jaune vif d'Hellcat, à l'apparence littérale de gargouille d'Isaac Christians, en passant par un personnage qui porte le titre de Fils de Satan (voir Son of Satan Classic). Les différents démons qui viennent tourmenter les Défenseurs, semblent sortir tout droit d'un film de série Z avec des monstres en caoutchouc dont l'apparence évoque une imagerie naïve et désuète interprétant au pied de la lettre des descriptions infantiles. L'apparence de Valkyrie défie toutes les règles du bon goût : des couettes de petite fille avec des cheveux bien blonds, les jambes nues ce qui est étrange pour une guerrière, des sandales à lacet montant de ballerine en lieu et place de bottes de combat, et des bonnets métalliques pour protéger sa poitrine (on ne voit qu'eux puisqu'ils sont argentés sur fond noir).



Ainsi prévenu de la forme naïve du récit, les seuls lecteurs qui restent sont ceux qui ont déjà une affection nostalgique pour les personnages, ou une curiosité sans borne pour les tréfonds historique de l'univers partagé Marvel, ou encore une admiration pour le talent d'écriture de John-Marc DeMatteis. Il leur faut encore s'accommoder des dessins de Don Perlin (né en 1929). Il s'agit d'un artiste confirmé avec déjà 30 ans de carrière quand il prend en charge les dessins de la série de 1980 à 1986. Il est évidemment tributaire des scénarios quant à ce qu'il représente, et il s'agit d'épisodes datant de 1981/1982, une époque où les comics sont encore majoritairement pour un lectorat d'enfants, ou à la rigueur de jeunes adolescents. Toutes les créatures démoniaques ont une apparence ridicule, à base de morphologie humanoïde avec des appendices improbables. Ils ont bien des grandes dents acérées pour prouver qu'ils sont méchants. Les dessins restent donc un registre descriptif et un peu simplifié. Les monstres ne sont pas beaux et sont souvent agressifs, mais leur qualité graphique est comparable à celle des monstres du cinéma japonais quand les acteurs revêtaient des costumes en caoutchouc. Un lecteur adulte ne peut pas les prendre au sérieux ou au premier degré ; par contre il peut tomber sous le charme de leur poésie naïve.



En termes d'impression visuelle, les dessins de Don Perlin font souvent penser à un film au budget limité. Les décors sont à l'économie, souvent masqués par les mouvements des personnages, ou des explosions diverses et variées, ou encore des effets de lumière. La forme des buildings est générique, sans style architecturale marqué, encore moins reconnaissable. Les aménagements intérieurs ne sont pas folichons, juste fonctionnels et dépouillés la plupart du temps. Les tenues vestimentaires civiles ne présentent pas beaucoup de particularités ou de détails. Les acteurs ont l'air un peu empruntés dans leur rôle, un peu figé dans leurs mouvements. Les expressions des visages prêtent souvent à sourire, avec des sourcils un peu arqués et des personnages qui ont souvent la bouche ouverte.



Néanmoins dans ces épisodes, les dessins sont encrés par Joe Sinnott pour la majeure partie, ce qui adoucit les contours et rend les dessins plus agréables à la lecture. En arrivant page 360 à l'épisode de Captain America, le lecteur apprécie les dessins plus vivants, et les angles de vue plus dynamiques de Mike Zeck. Malgré tout, les dessins de Don Perlin accomplissent leur fonction qui est de raconter une histoire. Au bout de quelques épisodes, le lecteur s'est accoutumé à leurs particularités et n'y prête plus trop attention, noyé comme il l'est sous des phylactères conséquents, pouvant aussi bien détailler l'état d'esprit d'un personnage, que redire les informations déjà contenues dans la case afférente. Il prend donc conscience que sous des dehors communs, la suite de cases apporte bon nombre d'informations que le scénariste n'a pas besoin de reprendre dans les cartouches de texte. Tous les personnages sont immédiatement reconnaissables, toutes les actions sont lisibles et s'enchaînent dans un ordre logique. Tous les personnages tiennent dans les cases, ce qui n'est pas toujours facile au vu de leur nombre. Même si les dessins de Don Perlin manquent de panache, ils assurent une narration visuelle facile à lire pour les lecteurs de tout âge. Le lecteur peut regretter que les épisodes n'aient pas été dessinés par Marshal Rogers qui réalise une partie des couvertures, mais il découvre aussi qu'ils présentent une autre qualité inattendue dans leur banalité, en étant en phase avec la sensibilité du scénariste.



En 18 épisodes, JM DeMatteis raconte plusieurs histoires dont celle qui donne son titre au présent volume. Les Défenseurs se battent contre des démons de pacotille, y compris le Satan de l'univers Marvel, ainsi que contre une organisation gouvernementale hors de contrôle, un faux prophète, des atlantes, etc. Il n'y a pas vraiment de supercriminel de petite ou de grande envergure, ce qui dénote déjà par rapport à l'ordinaire des comics de superhéros de l'époque. Il n'y a pas d'attaque de banque ou de fourgon blindé, ou de vol d'objet précieux. Vraisemblablement conscient de cette particularité qui rend la série moins attractive aux lecteurs de série de superhéros, le scénariste intègre des participations d'autres personnages comme Man-Thing ou Ghost Rider, ce qui n'attire pas forcément beaucoup plus de lecteurs. Il y a la présence des Avengers le temps de quelques pages, mais ils ne prennent pas part à l'aventure. La présence de Spider-Man ressort comme un dispositif artificiel pour attirer l'attention d'autres lecteurs, car il n'apporte rien à l'intrigue.



Pourtant le lecteur n'a pas l'impression de souffrir d'ennui pendant ces 470 pages. C'est parfois un peu pesant et un peu lent, mais pas rebutant. C'est que les histoires ne se limitent pas à vaincre le méchant du mois au cours d'un affrontement physique allant crescendo. DeMatteis met en scène des personnages singulièrement décalés. Ils ne brillent pas tous avec le même éclat dans ce tome, mais il y a quand même le fils du diable, une femme qui découvre qu'elle a un côté démoniaque, un homme de 70 ans prisonnier d'un corps monstrueux, un superhéros en chaise roulante, un homme divorcé, une valkyrie dont l'esprit a été séparé de son corps. Alors que le scénariste ne sait pas trop quoi faire de Hulk ou de Namor, il est visible que sa sensibilité s'accorde mieux des personnages secondaires et des simples humains. C'est l'une des particularités, aujourd'hui presqu'inimaginable, ces superhéros interagissent avec le commun des mortels, non pas en se plaçant sur un niveau supérieur, mais en étant sur un pied d'égalité. Parfois même ils prennent des leçons des simples mortels, comme Eric Simon Payne face au drogué Ira Gross, ou Patsy Walker prenant sur ses genoux Serina, la petite fille cancéreuse.



Au fil des épisodes, plusieurs Défenseurs se heurtent à leur sentiment de culpabilité, à leur faillibilité d'être humain, à la déprime face à une succession d'événements malheureux, à la responsabilité de leurs actes, à l'absence d'assouvissement suite à l'aboutissement d'une vengeance, au méfait de l'auto-apitoiement. Le sentiment de culpabilité pousse même l'un d'entre eux à se suicider en se pendant. Il passe à l'acte mais échoue. Lors de ces passages, la tonalité narrative oscille entre dramatisation excessive (non pas du fait de gesticulation ou d'une prose exagérément lacrymale, mais du fait de dessins manquant de nuances) et sensibilité d'une justesse touchante. C'est tout à l'honneur de John-Marc DeMatteis de réussir à traiter de sujets aussi humains, avec des personnages aussi chamarrés. À plusieurs reprises, des personnages au bord du gouffre se tirent d'affaire grâce au soutien de leurs camarades, à leur sollicitude, à leur empathie. Le scénariste n'hésite pas à mettre en scène les bienfaits de l'amitié. D'une certaine manière, ce thème est au centre de la série et de l'équipe. En effet, les Défenseurs se sont rapidement qualifiés de non-équipe, du fait qu'ils n'ont pas de charte comme les Avengers, ou d'école comme les X-Men. Ce sont des individus réunis par les circonstances, certains demeurent, d'autres s'en vont, puis reviennent à l'occasion d'un épisode. Au final ce qui en fait une équipe réside bien dans leur capacité à se préoccuper des autres.



A priori, seuls des lecteurs très curieux peuvent s'aventurer à plonger dans ce recueil. L'esthétique des dessins présente un décalage important avec celle des comics d'aujourd'hui au point de pouvoir en paraitre rebutante. La narration est alourdie par des textes envahissant et des bulles de pensée explicatives. Les ennemis sont tous plus kitchs les uns que les autres. Pourtant, le charme désuet des dessins finit par opérer et les relations entre les personnages s'aventurent, avec intelligence et sensibilité, sur des terrains délaissés depuis longtemps par les comics de superhéros.
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Defenders: Indefensible

Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie parue en 2005. L'équipe des Defenders se compose des membres originaux : Hulk, Namor et Doctor Strange tels que rassemblés pour la première fois en 1971 (réédités dans Essential Defenders 1). La présence du Silver Surfer sur la couverture est justifiée, mais d'une façon assez particulière.



Une nuit dans le sanctuaire du Doctor Strange à New York, Wong (son serviteur) tente de l'étouffer avec un oreiller. Strange constate rapidement qu'il est en fait possédé par Nightmare (un demi-dieu se repaissant des cauchemars des êtres vivants). Ce dernier est venu l'avertir que Dormammu a forgé une alliance avec Umar (sa soeur) pour refaire le monde à son image à commencer par la Terre. Ayant consulté un artefact magique, Stephen Strange apprend qu'il ne viendra à bout du plan du frère et de la soeur qu'avec l'aide de Hulk, Namor et Silver Surfer. Le recrutement des 2 premiers s'avère un peu difficile et celui de Norrin Radd est un échec. À peine mis côte à côte, Bruce Banner et Namor entament une prise de bec mémorable qui augure mal de leur éventuelle collaboration. Strange ne perd pas de temps et téléporte le trio dans la dimension de Dormammu pour s'attaquer au problème. Sauf que son sort est légèrement décalé, que Strange et Namor sont séparés de Hulk, et que Dormammu et Umar ne les ont pas attendus pour se préparer à l'affrontement.



Le trio de créateurs John-Marc DeMatteis, Keith Giffen et Kevin Maguire s'est rendu célèbre pour sa relance la Justice League en 1987 (à commencer par JLI 1). Ils devaient relancer ce groupe de superhéros, sans pouvoir disposer de Batman (si ce n'est pas intermittence), Superman ou Wonder Woman. Afin de pallier ces absences, ils avaient choisi d'inclure une dose d'humour sous la forme de chicaneries et de railleries entre les membres du groupe. Cette forme de narration inhabituelle a conquis les lecteurs et après les épisodes initiaux, ils sont revenus pour deux histoires supplémentaires : Formerly Known As the Justice League (2003), puis I Can't Believe It's Not the Justice League.



C'est sûr qu'en voyant leurs noms sur la couverture de ce tome, le lecteur sait déjà que la dérision sera le maître mot du récit. Pour commencer, Nightmare se découvre un sens de l'humour et il raille Stephen Strange pour son parler un peu ampoulé. Ensuite il fait observer la condition d'exploitation économique dans laquelle se trouve Wong, justifiée par le prétexte fallacieux des consignes du Grand Ancien (le mentor décédé de Strange). Ensuite de DeMatteis et Giffen s'amusent beaucoup avec une franche inimitié teintée de mépris entre Hulk et Namor. Malheureusement ce gag est décliné à toutes les sauces tout au long des 5 épisodes, alors qu'il y avait à peine de quoi tenir 1 épisode. Il en va de même pour les raisons qui font que Norrin Radd ne répond pas à l'appel de Strange : au bout du premier épisode, le ressort comique de ce motif a déjà été épuisé. En outre, les auteurs ont surtout recours au comique de caractère, et très peu à des comiques d'un autre registre. Cela se traduit par des dialogues envahissants et interminables, et une absence de variété dans les effets comiques. Il faut attendre plusieurs pages avant d'avoir droit à une autre scène avec Wong en train de laver une paire de collants noirs de Strange pour que DeMatteis joue sur le registre du contentement apporté par l'accomplissement des tâches ménagères. Et pourtant, le lecteur constate à 2 ou 3 reprises que les scénaristes étaient près à se lâcher plus. Par exemple, Umar voit en Hulk un esclave dédié à son plaisir physique, et cette idée donne lieu à des gags réjouissants, malheureusement trop peu nombreux



Quant à l'histoire, Keith Giffen utilise une trame usée jusqu'à la corde de conquête de la réalité au cours de laquelle Dormammu devient le nouveau Dieu de notre réalité (mais sans Gant de l'Infini, contrairement à Thanos dans The Infinity Gauntlet). Le lecteur a donc le droit à une apparition d'Eternity, et à un dénouement qui frise l'idiotie. Le deus ex machina utilisé laisse pantois par sa bêtise (la personne impliquée savait dès le début qu'elle devrait intervenir) et son manque de cohérence avec le reste de l'univers partagé Marvel (ce nouveau Dieu n'est pas plus satisfaisant que Dormammu).



Un des autres attraits de la série JLI résidait dans la capacité de Kevin Maguire à croquer des moues expressives et irrésistibles pour les visages. Il est visible que Maguire a disposé du temps nécessaire pour bien finir ses illustrations. Il est également visible que Giffen et DeMatteis se sont arrangés pour qu'il n'ait pas à dessiner des décors à toutes les pages. Bizarrement, Maguire n'est pas très convaincant avec les expressions faciales auxquelles il manque l'impact de celles de la JLI. Par contre, il a réussi plusieurs autres aspects. Le premier est l'allure sensuelle d'Umar. Cette entité extra-dimensionnelle habite un corps d'humaine impressionnant et elle a donc un appétit difficile à satisfaire, au point que Hulk n'est pas de taille. Maguire s'applique à lui donner une plastique magnifique, y compris lors des scènes de bain (mais un éditeur trop frileux a demandé à un tâcheron d'augmenter la surface de son maillot, ce qu'il a fait à grands traits de marqueur de manière immonde et non professionnelle). Il élabore des visuels inventifs pour les scènes de boudoir qui évitent le voyeurisme, tout en augmentant l'effet comique. Il élabore également une interprétation graphique du Silver Surfer irrésistible et mémorable. La façon dont Hulk éteint la tête enflammée de Dormammu vaut également son pesant de cacahuètes. Enfin les illustrations sont rehaussées par la riche mise en couleurs de Chris Sotomayor.



Finalement cette histoire du trio irrévérencieux Giffen DeMatteis et Maguire n'arrive pas à décoller du fait de gags répétitifs, et d'une histoire peu engageante. C'est dommage parce que Maguire s'est appliqué et propose des visuels intéressants.
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Doctor Strange : Into Shamballa

En 1982, Marvel décide de publier des histoires sous la forme qualifiée de "Graphic novel" (en abrégé MGN, pour Marvel Graphic Novel), c'est-à-dire des histoires complètes dans un format européen avec une couverture souple. La première de la série est The Death of Captain Marvel. Le présent récit est la graphic novel numéro 23, publiée en 1986. Le scénario est de JM DeMatteis, et les illustrations peintes de Dan Green. Ce tome comporte 62 pages de bandes dessinées.



Dans le sanctuaire désaffecté du Grand Ancien (Ancient, One, le défunt tuteur de Stephen Strange), une silhouette médite dans la position du lotus. Stephen Strange a entrepris un pèlerinage vers ce sanctuaire. Il avance dans les neiges de l'Himalaya protégé par sa magie, tout en se souvenant de la première fois où il a parcouru ce chemin en quête d'une dernière chance. Arrivé sur place il se recueille et repousse l'attaque mystique de trois malandrins venus là en quête de résidus de pouvoir magique. Non loin du sanctuaire, il retrouve Hamir (l'ancien serviteur du Grand Ancien) qui lui remet une boîte de la part de son ancien mentor. De retour à New York, Stephen Strange procède à l'examen de ladite boîte avec tous les sorts à sa disposition sans réussir à percer son secret. Un geste d'énervement déclenche un sort latent et projette Strange à Shamballa. Les consciences composant Shamballa lui demandent d'activer trois sorts dissémines sur la Terre au croisement de lignes Ley (concept aussi connu sous le nom d'alignement de sites). Une fois activés, les 3 sorts déclencheront une véritable apocalypse sur terre dont un quart de l'humanité ressortira vivant pour évoluer vers un état de conscience supérieur. La conscience du Grand Ancien incite Strange à activer les 3 sorts.



À l'ouverture d'une graphic novel, le lecteur pouvait découvrir des choses de nature très différentes : le lancement d'une nouvelle série Marvel (les New Mutants, MGN 4), une histoire de science-fiction sans lendemain (Super Boxers, MGN 8), ou le début d'une série indépendante (telle que les adaptations d'Elric, Dreadstar de Jim Starlin, Starstruck d'Elaine Lee et Michael Kaluta, etc.), et puis des histoires de superhéros classiques bénéficiant de ce format exceptionnel pour des raisons mystérieuses. Parfois, le lecteur découvrait une histoire complète sans superhéros ébouriffante (Greenberg the Vampire, également de JM DeMatteis), ou une histoire de superhéros ambitieuse comme c'est le cas avec "Into Shamballa".



JM DeMatteis (le scénariste) commençait à l'époque à insuffler dans ses histoires ses propres questionnements d'être humain. À travers les tribulations de Doctor Strange, il aborde l'apport de la spiritualité chinoise dans sa propre vie, et sa quête du sens de la vie. Dit comme ça, ce sont des thèmes qui peuvent paraître complètement inadaptés à l'histoire d'un ex-chirurgien devenu adepte de la magie, lançant des sorts, combattant des démons et portant un ridicule costume bleu avec une cape de lévitation rouge. Or DeMatteis et Dan Green mettent à profit ces éléments dans une aventure qui sort de l'ordinaire. Pour commencer, il n'y a aucun phylactère, tout est raconté dans des inserts de texte par un narrateur extérieur. En fait, ces pages s'apparentent plus à des illustrations commentées, qu'à une véritable bande dessinée, même s'il y a quelques passages qui reposent sur une narration graphique séquentielle.



DeMatteis revient habilement au postulat de départ défini par Steve Ditko et Stan Lee : Stephen Strange est un individu matérialiste arrogant et sûr de lui. Son accident et les enseignements du Grand Ancien l'ont ouvert à une autre façon de penser, de concevoir la vie, mais sa confiance en lui regagne du terrain car il s'en nourrit pour affermir sa conviction en son bon droit, pour justifier sa suprématie dans les combats, jusqu'à ressembler dangereusement à de la vanité. Le temps est venu pour lui de confronter à nouveau sa façon de penser occidentale et matérialiste à une autre philosophie; C'est bien le parcours spirituel de DeMatteis qui évite une suite de poncifs approximatifs pour une remise en question signifiante. Stephen Strange doit s'interroger sur le sens de l'Histoire (l'Humanité est-elle destinée à progresser dans le bon sens au fil des siècles ?), sur les formes que peut prendre la vanité, sur la peur du changement, sur la faiblesse de la chair, sur la possibilité de l'existence d'un grand tout bienveillant.



Dan Green se révèle tout aussi surprenant et à l'aise dans cet exercice graphique qui sort de l'ordinaire. Il réalise la majeure partie des illustrations à l'aquarelle, avec un vrai savoir faire. Le choix de l'aquarelle s'avère pertinent car il permet de conférer une qualité onirique au récit. Plutôt que de mettre en images une profusion de sorts et de décharges d'énergies mystiques de toutes les couleurs, Doctor Strange évolue dans un monde dont les contours sont malléables, changeants et fonction de l'état d'esprit. L'aquarelle permet de mettre en avant le voyage intérieur de Strange, l'évolution de sa perception de la réalité. Dan Green privilégie les couleurs pales, presque transparentes qui transcrivent le manque de consistance de la réalité qui se transforme au gré de l'interprétation de celui qui la contemple. Il n'hésite pas le temps d'une case ou deux, à basculer dans l'abstraction pour rendre compte de cette mouvance déstabilisante. Il permet au lecteur de deviner les forces et les êtres qui évoluent aux limites de la perception humaine.



JM DeMatteis et Dan Green profitent du format inhabituel pour transformer les combats à grand renfort de décharges d'énergie crépitante du Doctor Strange, en une confrontation de perception de la réalité qui la transforme sous les yeux du lecteur. Si ce récit ne permet pas d'atteindre Shamballa (ou Shambhala dans une orthographe plus récente), le royaume parfait dissimulé dans l'Himalaya selon la mythologie bouddhique, il permet de faire quelques pas dans sa direction.
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Forever evil : L'ombre du mal (1/3)

Les intrigues de ces récits sont assez prenants malgré quelques longueurs par moment.

Mais bon, cela reste du bon divertissement toutefois.
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Journey into Mystery: The Manchester Gods

Ce tome contient les épisodes 639 à 641 (parus en 2012) de la série "Journey into Mystery", ainsi que le numéro annuel 1 de la série "The mighty Thor" (également paru en 2012). Il fait suite à The Terrorism myth (épisodes 632 à 636).



Épisodes 639 à 641 "The Manchester gods" (scénario de Kieron Gillen, illustrations de Richard Elson) - Quelque part dans Otherworld (la dimension des mythes et légendes de la Grande Bretagne, sous la responsabilité de l'escadron des Captian Britain) est apparu un nouveau groupe de dieux : les Manchester Gods. La cohabitation avec Merlin, Arthur et les autres est placée sous le signe de la guerre et de l'extermination des anciens par les nouveaux. Un émissaire d'Otherworld vient demander l'aide du panthéon nordique, mais la Mère toute puissante d'Asgard refuse d'intervenir dans une guerre interne à un panthéon, conformément aux traités en vigueur. Par contre, elle accepte de fermer l'oeil sur une opération clandestine réalisée par Loki et Leah. En route pour Otherworld.



Parfait ! En 3 épisodes, Kieron Gillen raconte une aventure de Loki, avec un coup tordu en bonne et due forme, un conte avec de la magie et des légendes, une histoire d'amitié, une fable sur l'évolution de la nature des légendes, un humour élaboré et pertinent (avec un clin d'oeil au collectif Anonymous), une petite virée touristique en Grande Bretagne. Du début jusqu'à la fin, le lecteur se laisse emmener dans une guerre mythologique, facile à comprendre, facile à suivre, avec plusieurs surprises. Loki combine ses 2 aspects : le jeune adolescent plein de vie et d'optimisme dépassé par l'ampleur du conflit des adultes, et le dieu de la malice, espiègle sans être méchant. Il n'y a aucun temps mort et le récit est accessible à tous les lecteurs, avec plusieurs moments gratifiants pour les lecteurs fins connaisseurs de l'univers partagé Marvel.



Les 3 épisodes sont illustrés par Richard Elson qui avait déjà illustré des épisodes des 2 tomes précédents. Son style s'accorde parfaitement avec le ton donné au récit par Gillen. Il retient quelques apparences enfantines, tel le représentant des dieux de Manchester qui fait penser à un conte pour enfant. Il y a donc dans les visuels le rappel du coté encore enfantin de cette incarnation de Loki, ainsi qu'à un autre niveau le principe qu'il s'agit d'une histoire pour lecteurs de tout âge (ça rend quand même l'apparence de Daimon Hellstrom peu crédible). Elson sait rendre le visage de Loki entre l'enfance et l'adolescence. Il transcrit avec nuance les émotions sur les visages à commencer par ceux de Loki et Leah. Il est aussi à l'aise pour les décors dans le monde magique que pour ceux dans le monde normal. Il représente les arrière-plans dans la majeure partie des cases. Les illustrations d'Elson sont à la hauteur et à l'unisson du scénario. La mise en couleurs d'Ifansyah Noor rehausse les visuels, sans les écraser. À nouveau les couvertures de Stéphanie Hans combinent la majesté mythologique du récit, avec le caractère espiègle de Loki.



Avec cette histoire, Kieron Gillen et Richard Elson réalisent une histoire parfaite de cette incarnation de Loki originale, très attachante, sans trahir le personnage, avec plusieurs niveaux de lecture. 5 étoiles. La suite des aventures de Loki par Gillen se poursuit et s'achève dans Everything burns (épisodes 18 à 22 de "Mighty Thor", et 642 à 645 de "Journey into Mystery").



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Annual 1 "Scrier's game" (scénario de JM DeMatteis, illustrations de Richard Ellson) - Quelque part au fond de l'espace, une entité cosmique connue sous le nom de Scrier confronte Galactus pour lui demander de lui prêter le Silver Surfer, le temps d'une mission. Et il obtient gain de cause. Sur Terre, à Broxton dans l'Oklahoma, Donald Blake voit Rachel (la vétérinaire de la ville) se transformer en silhouette d'énergie et s'envoler vers les cieux. Après s'être transformé en Thor, il la suit pour découvrir qu'avec d'autres individus transformés de la même manière, elle s'en prend à lui. Peu de temps après, Scrier explique à Thor et au Silver Surfer que la relocalisation d'Asgard à Broxton a fragilisé les barrières entre les dimensions et qu'une entité appelée Other s'apprête à s'introduire dans notre dimension.



Cette histoire n'a donc pas de rapport avec les tribulations de Loki (si ce n'est qu'elle est également dessinée par Richard Elson). Elle a été incluse dans ce tome pour augmenter la pagination. Néanmoins en découvrant l'identité du scénariste (JM DeMatteis, auteur de Kraven's Last Hunt et Moonshadow, parmi tant d'autres), le lecteur peut se dire qu'il ne s'agit pas d'un simple bouche-trou. Le début montre que DeMatteis a opté pour un récit métaphysique mettant en scène l'entité Oblivion évoquant la fin de toutes choses (apparue pour la première fois dans la minisérie Iceman du même DeMatteis). Le début est très prometteur avec un premier niveau de lecture de type aventure où Thor et Silver Surfer se battent contre Other aux cotés de Scrier à qui ils ne peuvent pas faire confiance, et un deuxième niveau de lecture où Scrier, Other et Oblivion sont des concepts métaphysiques s'opposant. Les illustrations de Richard Elson sont là aussi très efficaces et évocatrices de l'espace intersidéral, avec de belles décharges d'énergie cosmique, et des affrontements bien chorégraphiés. Et puis en cours de route, DeMatteis semble oublier ses différents niveaux de signification pour effectuer un mélange indigeste dans lequel les fils métaphysiques semblent se perdre avant d'aboutir à une forme de conclusion.



DeMatteis et Elson proposent un récit ambitieux sur la vanité des efforts face à l'assurance du néant final, et l'importance de l'action pour exister, sans réussir à achever leur propos. 3 étoiles.
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Justice League 3000, tome 1 : Yesterday Lives

Ce premier tome de Justice League 3000 comprend les épisodes 1 à 7 de la série mensuel de l'équipe de scénaristes Keith Giffen et J.M. DeMatteis auteurs de la mythique Justice League International parue récemment (c'est-à-dire ces dernières années) en TPB aux USA mais toujours, à ma connaissance, inédite en France ! Dans Justice League 3000, Batman, Superman, Wonder Woman, Flash et Green Lantern sont ressuscités au 31e siècle par des jumeaux nommés Terry et Terri. Mais voilà, la résurrection a des effets secondaires…. indésirables : la Justice League a ses pouvoirs diminués, ses souvenirs incomplets et surtout la personnalité de ses membres a considérablement changé. Superman est mégalomane et parle de lui à la troisième personne, Wonder Woman est assoiffée de sang, Batman fait des blagues (!!!). Les disputes entre Superman et Batman sont à mourir de rire et les méchants sont également particulièrement drôle. On pensera à Locus, femme bleu et surpuissante super-vilaine pouvant manipuler la réalité, follement amoureuse de Green Lantern dès qu'elle le voit, sorte d'Harley Quinn du futur dans sa personnalité.

Comme j'évite toujours les spoilers dans mes critiques, je n'irai pas davantage dans les détails. Tout ce que je peux vous dire c'est que c'est un tome riche en rebondissements, drôle, bien dessiné par un Howard Porter en forme. Giffen et DeMatteis s'en donnent à cœur-joie et si nous ne retrouvons pas encore la folie de JLI, ou du moins sommes-nous moins surpris qu'avec JLI, on passe un excellent moment en lisant ces folles aventures de Justice League 3000. Le deuxième TPB vient de sortir. Il me semble que la série s'arrête au numéro 15 pour laisser place à Justice League 3001 par les mêmes scénaristes. Le deuxième TPB de la série 3000 est sorti en avril et je l'ai commandé, une critique devrait arriver dès que je l'aurai lu. Cependant, on notera que le second TPB comprend les épisodes jusqu'au 13. Les épisodes 14 et 15 seront-ils édités en TPB ? Peut-être dans le premier TPB de Justice League 3001 ? On verra bien, mais j'aimerais autant que ce soit le cas, ce serait râlant de rater les derniers épisodes de cette série qui vaut vraiment le détour.



Alors, Urban, quand allez-vous publier cette série ? Ce serait bien pour le public francophone, surtout que si ça marche, Justice League International pourrait être (enfin) publié.
Lien : http://le-salon-de-thomas.bl..
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Justice League 3000, tome 1 : Yesterday Lives

Ce tome regroupe les épisodes 1 à 7 d'une nouvelle série débutée en 2014. Elle écrite par Keith Giffen (scénario) et John-Marc DeMatteis (dialogues), avec des dessins et un encrage d'Howard Porter, et une mise en couleurs du studio Hi-Fi. Seul l'épisode 5 a été dessiné par une autre équipe : Raymond Bermudez et Wayne Faucher. Une connaissance très superficielle des principaux personnages DC suffit pour pouvoir apprécier ce récit.



À l'aube du trente-et-unième siècle, sur la planète Bradbury Seven, Ariel Masters essaye de conserver son avance sur ses poursuivants. Ils agissent pour le compte des 5 et essayent de la capturer pour qu'elle mette son savoir scientifique à leur service (elle a été à la tête du projet Cadmus). Sur Cadmusworld, les jumeaux Terry et Teri ont pris sa suite à la tête du projet Cadmus.



Sur une autre planète, 5 superhéros sont en train de se battre contre une entité collective "The convert" qui prend possession des habitants. Ces superhéros ressemblent très fortement à Superman, Batman, Green Lantern, Wonder Woman et Flash. Après avoir plus ou moins réglé ce problème, ils sont envoyés par Terry et Teri, sur une autre planète pour neutraliser une garnison des 5.



À l'annonce de cette nouvelle série, l'attention du lecteur est titillée par la nature de la série, et par l'identité des auteurs. D'un côté, il s'agit d'une nouvelle série consacrée à la Justice League, mais elle se déroule dans le futur, donc potentiellement avec une Légion des SuperHéros pas très loin. De l'autre côté, le tandem Giffen & DeMatteis a laissé sa marque dans l'univers partagé DC, avec une version originale de la Justice League mêlant humour et personnages de second plan, dans Justice League International Vol. 1. Howard Porter a lui aussi imprimé sa marque sur la Justice League quand il dessinait les histoires créées par Grant Morrison : JLA Vol. 1 et suivants.



Giffen construit la dynamique de son récit sur 2 axes. Le premier est de savoir qui sont réellement ces 5 superhéros. Ce ne sont pas des clones développés dans le futur, ni des robots. De séquence en séquence, le lecteur s'amuse à jouer au jeu des comparaisons : les points communs et les différences, à commencer par le caractère des uns et des autres. Sur ce dernier point, le lecteur s'apprête à savourer des dialogues ciselés et pétris d'humour. Il commence par s'amuser de l'ego surdimensionné de Superman, du caractère suffisant de Batman, de l'agressivité de Wonder Woman. Mais ces caractéristiques deviennent répétitives dès le deuxième épisode, sans progression, un humour de répétition trop mécanique. Le lecteur patiente donc gentiment pour accumuler les indices sur la nature réelle de ces personnages (elle est révélée dans ce tome).



La deuxième dynamique du récit réside dans l'intrigue elle-même, c'est-à-dire la nature réelle du projet Cadmus, et cette guérilla contre les 5. Le lecteur reconnaît le savoir-faire de Giffen qui amalgame de manière naturelle ces 2 composantes, et le développement des personnages. Par contre il ne retrouve pas la démesure de ce scénariste (présente par exemple dans Lobo: portrait of a bastich). Il introduit bien un personnage ayant la possibilité de remodeler la réalité à sa guise (Locust), mais l'utilisation de son superpouvoir reste assez mesurée et plate.



De son côté, JM DeMatteis s'acquitte de sa tâche en rédigeant des dialogues mesurés. Mais rapidement le lecteur s'aperçoit que le scénario de Giffen exige de longs dialogues pour pouvoir exposer tous les éléments de l'intrigue, et que DeMatteis a du mal à faire mieux que de l'utilitaire. La finesse incisive des dialogues de la Justice League International n'est pas présente ici, à cause du volume d'informations à transmettre.



Howard Porter crée un univers visuel plutôt dense, avec une composante futuriste convaincante. En particulier, il dessine des vues d'ensemble sur 2 ou 3 doubles pages qui dépassent le simple décor en carton-pâte. Il a su conserver l'incroyable énergie de l'époque JLA, en affinant ses dessins pour un encrage plus fin, et des expressions plus nuancées.



Il suffit de comparer les épisodes dessinés par Porter à celui dessiné par Bermudez et Faucher pour se rendre compte de la différence. Sans être mauvais, ces derniers ne prêtent pas la même attention aux décors, au langage corporel, aux tenues des superhéros. Du coup leurs dessins sont plus fades. Par contraste, Porter est plus minutieux, plus constant dans le degré de détail, ce qui donne une narration visuelle plus intense.



Au final, ce tome propose une équipe de superhéros qui ressemble à la Justice League, mais avec assez de variations pour ne pas être une pâle copie et posséder une identité propre. L'histoire ne se focalise pas uniquement sur ces incarnations de Batman et consorts, et s'ouvre sur une lutte contre une dictature inique dont le lecteur découvre petit à petit le visage, en intégrant des références discrètes à l'univers partagé DC (le projet Cadmus apparaissant pour la première fois dans les séries "Fourth World" de Jack Kirby). Howard Porter apporte une grande énergie aux dessins, et une consistance qui dépasse les décors de série Z.



Néanmoins, Howard Porter doit également dessiner beaucoup de dialogues, c'est-à-dire des têtes en train de parler. JM DeMatteis a déjà été beaucoup plus inspiré pour écrire des dialogues aux petits oignons et Giffen doit installer tellement d'informations qu'il n'a pas l'opportunité de se lâcher vraiment. Un peu comme dans Larfleeze - Revolt of the Orange Lanterns (également de Giffen et DeMatteis), le lecteur sent qu'il y a du potentiel dans le récit, mais que les auteurs n'arrivent pas en tirer tout le parti attendu.
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Justice League 3000, tome 2 : The Camelot War

Ce tome fait suite à Yesterday lives (épisodes 1 à 7) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 8 à 13, initialement parus en 2014/2015, avec une intrigue de Keith Giffen, des dialogues de John-Marc DeMatteis des dessins et un encrage d'Howard Porter. Seule exception, Chris Batista a dessiné 10 pages de l'épisode 9, encrées par LeBeau Underwood.



L'action se déroule toujours en l'an 3000. Ariel Masters et les versions de l'an 3000 de Superman, Wonder Woman, Batman, Green Lantern et Firestorm ont été faits prisonniers et viennent d'arriver sur Cadmus World. Ils sont reçus par Terry, le responsable du projet Cadmus, qui vient d'assassiner sa sœur.



L'objectif de la Justice League est de trouver un moyen de s'échapper, puis un vaisseau spatial pour se rendre sur une autre planète. L'un des leurs va les trahir. En cours d'aventure, ils seront rejoints par Flash, version 3000. La lutte contre Terry et ses sbires (Coveal, Convert, Khali et Locus) pourra alors commencer à s'organiser.



Dans le premier tome, le lecteur avait pu faire 2 constats. Premièrement, Keith Giffen et John-Marc DeMatteis n'avaient aucune intention d'écrire cette version 3000 de la League comme une suite de la Justice League International de 1987, qui les avaient rendus célèbres, en particulier pour l'humour très particulier. Deuxième constat, il leur aura fallu quelques épisodes de rodage avant que leur série ne surmonte l'inertie propre à une histoire dans laquelle il faut présenter de nombreux nouveaux personnages.



Ici, dès le début, tout est en place et les auteurs poursuivent leur intrigue, en profitant de l'élan acquis dans le premier tome. Dans les 4 premiers épisodes, le lecteur peut apprécier la synergie existante entre les 2 auteurs. Keith Giffen n'a rien perdu de sa capacité à concevoir un récit qui manie superhéros et environnement de science-fiction, avec une intrigue de grande ampleur. Comme à son habitude, il sait piocher des éléments disparates dans l'univers partagé DC pour nourrir sa narration, sans qu'ils n'en deviennent de simples leurres pour masquer sa vacuité.



Le lecteur suit donc ces superhéros qui ne sont pas tout à fait ce qu'ils paraissent être (voir le premier tome pour leur véritable nature), essayer de trouver leur place et de déterminer leur marge de manœuvre dans la situation qui est la leur. Giffen n'oublie pas d'intégrer des séquences dédiées à l'action pour remplir le quota propre à un comics de superhéros. De son coté, DeMatteis complète le scénario avec les dialogues. Il ne réussit pas à retrouver la qualité de ceux qu'il écrivait pour la Justice League International. Les personnalités des uns et des autres ressortent moins nuancées, avec des réactions parfois un répétitives.



DeMatteis écrit des dialogues portant l'arrogance de ce Superman, la fougue guerrière de cette Wonder Woman, le mépris de ce Batman. Il réussit à inclure la masse d'informations nécessaires à l'avancée de l'intrigue. Les réparties restent encore un peu répétitives, mais il réussit à tout caser, sans que les phylactères ne phagocytent les images.



Comme dans le premier tome, Howard Porter marie lui aussi la composante superhéros à la composante science-fiction. Le fait qu'il ne s'agisse pas des superhéros de la continuité en cours de DC lui permet d'introduire des variations, sans crainte de subir les foudres d'un responsable éditorial. Ainsi il a la possibilité de doter Wonder Woman d'un pantalon, sans que cela ne déclenche une polémique inane. Si le visage de ses personnages n'est pas toujours très joli, Wonder Woman en impose par sa carrure et son langage corporel agressif.



Porter s'en donne également à cœur joie avec Superman, n'hésitant pas à lui faire adopter une posture arrogante, indicatrice de son sentiment de supériorité. Il sait même donner une représentation de la vitesse de Flash qui est à la fois débordante d'énergie, et assez personnelle.



Du point de vue de l'environnement de science-fiction, Porter se contente de représenter une technologie futuriste assez générique, mais cohérente d'une séquence à l'autre. Les arrière-plans sont représentés avec une fréquence supérieure à la moyenne de celle des comics, ce qui permet au lecteur de conserver la sensation de l'endroit où se déroule chaque action. Quand le scénario place les personnages dans un château fort de type moyenâgeux, le dessinateur en réalise une description édulcorée (pas trop disneyenne quand même); mais massive à souhait.



Cette première partie du récit contient son lot d'action, de superhéros, de rebondissement, et de caractères. Sans être inoubliable, elle retient l'attention du lecteur, contient un bon niveau de divertissement et donne envie d'en savoir plus sur le devenir de cette Ligue pas ordinaire. 4 étoiles.



- ATTENTION – Cette partie du commentaire révèle des surprises de l'intrigue. -

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