Ce tome fait suite à Yesterday lives (épisodes 1 à 7) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 8 à 13, initialement parus en 2014/2015, avec une intrigue de
Keith Giffen, des dialogues de
John-Marc DeMatteis des dessins et un encrage d'Howard Porter. Seule exception,
Chris Batista a dessiné 10 pages de l'épisode 9, encrées par LeBeau Underwood.
L'action se déroule toujours en l'an 3000. Ariel Masters et les versions de l'an 3000 de Superman, Wonder Woman, Batman, Green Lantern et Firestorm ont été faits prisonniers et viennent d'arriver sur Cadmus World. Ils sont reçus par Terry, le responsable du projet Cadmus, qui vient d'assassiner sa soeur.
L'objectif de la Justice League est de trouver un moyen de s'échapper, puis un vaisseau spatial pour se rendre sur une autre planète. L'un des leurs va les trahir. En cours d'aventure, ils seront rejoints par Flash, version 3000. La lutte contre Terry et ses sbires (Coveal, Convert, Khali et Locus) pourra alors commencer à s'organiser.
Dans le premier tome, le lecteur avait pu faire 2 constats. Premièrement,
Keith Giffen et
John-Marc DeMatteis n'avaient aucune intention d'écrire cette version 3000 de la League comme une suite de la Justice League International de 1987, qui les avaient rendus célèbres, en particulier pour l'humour très particulier. Deuxième constat, il leur aura fallu quelques épisodes de rodage avant que leur série ne surmonte l'inertie propre à une histoire dans laquelle il faut présenter de nombreux nouveaux personnages.
Ici, dès le début, tout est en place et les auteurs poursuivent leur intrigue, en profitant de l'élan acquis dans le premier tome. Dans les 4 premiers épisodes, le lecteur peut apprécier la synergie existante entre les 2 auteurs.
Keith Giffen n'a rien perdu de sa capacité à concevoir un récit qui manie superhéros et environnement de science-fiction, avec une intrigue de grande ampleur. Comme à son habitude, il sait piocher des éléments disparates dans l'univers partagé DC pour nourrir sa narration, sans qu'ils n'en deviennent de simples leurres pour masquer sa vacuité.
Le lecteur suit donc ces superhéros qui ne sont pas tout à fait ce qu'ils paraissent être (voir le premier tome pour leur véritable nature), essayer de trouver leur place et de déterminer leur marge de manoeuvre dans la situation qui est la leur. Giffen n'oublie pas d'intégrer des séquences dédiées à l'action pour remplir le quota propre à un comics de superhéros. de son coté, DeMatteis complète le scénario avec les dialogues. Il ne réussit pas à retrouver la qualité de ceux qu'il écrivait pour la Justice League International. Les personnalités des uns et des autres ressortent moins nuancées, avec des réactions parfois un répétitives.
DeMatteis écrit des dialogues portant l'arrogance de ce Superman, la fougue guerrière de cette Wonder Woman, le mépris de ce Batman. Il réussit à inclure la masse d'informations nécessaires à l'avancée de l'intrigue. Les réparties restent encore un peu répétitives, mais il réussit à tout caser, sans que les phylactères ne phagocytent les images.
Comme dans le premier tome, Howard Porter marie lui aussi la composante superhéros à la composante science-fiction. le fait qu'il ne s'agisse pas des superhéros de la continuité en cours de DC lui permet d'introduire des variations, sans crainte de subir les foudres d'un responsable éditorial. Ainsi il a la possibilité de doter Wonder Woman d'un pantalon, sans que cela ne déclenche une polémique inane. Si le visage de ses personnages n'est pas toujours très joli, Wonder Woman en impose par sa carrure et son langage corporel agressif.
Porter s'en donne également à coeur joie avec Superman, n'hésitant pas à lui faire adopter une posture arrogante, indicatrice de son sentiment de supériorité. Il sait même donner une représentation de la vitesse de Flash qui est à la fois débordante d'énergie, et assez personnelle.
Du point de vue de l'environnement de science-fiction, Porter se contente de représenter une technologie futuriste assez générique, mais cohérente d'une séquence à l'autre. Les arrière-plans sont représentés avec une fréquence supérieure à la moyenne de celle des comics, ce qui permet au lecteur de conserver la sensation de l'endroit où se déroule chaque action. Quand le scénario place les personnages dans un château fort de type moyenâgeux, le dessinateur en réalise une description édulcorée (pas trop disneyenne quand même); mais massive à souhait.
Cette première partie du récit contient son lot d'action, de superhéros, de rebondissement, et de caractères. Sans être inoubliable, elle retient l'attention du lecteur, contient un bon niveau de divertissement et donne envie d'en savoir plus sur le devenir de cette Ligue pas ordinaire. 4 étoiles.
- ATTENTION – Cette partie du commentaire révèle des surprises de l'intrigue. -
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Dans cette première partie, Giffen pioche donc dans l'univers partagé DC pour faire des clins d'oeil à certains ennemis récurrents de la Ligue et pour introduire Etrigan (normal vu que ce personnage est immortel en sa qualité de démon). Pour des habitués de DC, ce choix rappelle un peu celui de Paul Levitz pour The Great Darkness saga, une aventure de la Légion des Super-Héros (co-réalisé avec un certain Keith Giffen).
Quand le lecteur voit apparaître Ted Kord et Michael Jon Carter, il se dit que c'est reparti comme au bon vieux temps de la Justice League International, avec une bonne dose de cabotinage, et un soupçon de dérision. Effectivement, DeMatteis retrouve sa capacité à ciseler des dialogues plus goûtus, et la connivence entre ces 2 personnages s'élève des pages, jusqu'à en devenir palpable.
Pour les accros de la continuité, il s'agit de la version de ces personnages de la continuité DC, datant d'avant New 52 (les vrais de vrai). En prime, Giffen & DeMatteis ne misent pas tout sur la nostalgie. Ils mettent en scène l'amitié de Kord et Carter, saupoudrent d'une couche de dérision vache bien sentie, et poursuivent leur intrigue vers de nouveaux horizons. En prime, le lecteur n'est pas au bout de sa surprise.
Le rapatriement de 2 personnages emblématiques de la JLI des années 1980 ne constitue pas non plus un dispositif pour masquer la vacuité du récit, ou une opération nostalgie au rabais. le lecteur se demande si la connivence entre Kord et Carter n'est pas le reflet de celle existant entre Giffen et DeMatteis.