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Citations de Jacques Biebuyck (65)


C'est un grand pré de gazon gris
courant vers la falaise
entre Bexhill et Beachyhead.
Il y revient deux fois l'année
à la faveur d'un congé de silence.
Sur les lieux se dévêt derrière ce buisson
qui poussait dans les années quatorze.
Il a six ans et court en répétant
les fins de phrases de passants.
D'un mot d'anglais sa soeur le précède
sans remuer ses boucles noires.
Quand il entre dans la villa,
sa mère ne lève pas la tête.
De son petit marteau, très sagement,
il enfonce des clous dans les châssis de bois.
Fait sa communion à Sint -Mary.
Dans le salon glacial, une pièce montée
et son sucre filé, des lys devant sa chaise :
mortelle odeur des lys purs à pleurer.
Petit garçon plus seul qu'un arbre,
transparent à ce monde où il sinue,
décorateur absent.
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C'est un grand pré de gazon gris
courant vers la falaise
entre Bexhill et Beachyhead.
Il y revient deux fois l'année
à la faveur d'un congé de silence.
Sur les lieux se dévêt derrière ce buisson
qui glissait dans les années quatorze.
Il a six ans et court en répétant
les fins de phrases de passants.
D'un mot d'anglais sa soeur le précède
sans remuer ses boucles noires.
Quand il entre dans la villa,
sa mère ne lève pas la tête.
De son petit marteau, très sagement,
il enfonce des clous dans les châssis de bois.
Fait sa communion à Sint -Mary.
Dans le salon glacial, une pièce montée
et son sucre filé, des lys devant sa chaise :
mortelle odeur des lys purs à pleurer.
Petit garçon plus seul qu'un arbre,
transparent à ce monde où il sinue,
décorateur absent.
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Seul au fond de mon lit d'enfant,
je guettais le bruit du monde :
la nuit m'était plus profonde
que mon coeur. Seul aux aguets,
dans cette cour aux cris perçants.
Le tonnerre des galoches ;
mes mains durcies dans les poches.
Seul à la table de mon père,
quand j'éttouffais dans mes secrets.
Seul à l'hôpital militaire,
dans tous les fourrés de la guerre.
dans les salons et les congrès.
Chaque soir, seul en mon logis
bondé de sommeils et de rêves.
Toi mon Dieu n'as jamais fait trêve
et je T'ai parlé chaque nuit.
Quand le décor sera détruit
où j'ai joué mon bout de rôle,
je quitterai l'immense école,
coeur en fête, sac à l'épaule,
bien vide enfin de tout projet,
la peur enivrée du sommet
en moi seule béatitude.
Père, combien j'aspire après
les jardins de ta solitude.
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Les Colères de mon père
Enfants, les colères de mon père nous imposaient.
Sa voix prenait du volume.
Sans cesser d'être étudiée, le ton montait de plusieurs degrés.
Par une convention qui faisait voir le factice de l'affaire.On ne tuerait personne. Simplement on allait se donner une petite fête d'enthousiasme, avec entre les grondements, quelques lueurs rieuses, pas trop cependant, pour ne point gâter l'effet d'ensemble. Nous étions remplis d'admiration. Papa s'emportait ; d'assez loin, Maman lui donnait la réplique. Pas sotte : interrompre le phénomène eut compromis l'issue pacifique. Elle émettait, sans plus, la voix de la raison, une raison si raisonnable qu'elle ne tenait point à convaincre. La douceur sûre de son droit, ni tendre, ni passionné : la force de ma mère dans cette attitude, aujourd'hui passée de mode, je devinais l'antique respect de la femme pour la faiblesse spectaculaire de l'homme.
Bien entendu ma mère gouvernait cet homme trop sensible.
Heureuses colères, jamais vulgaires ni méchantes d'un méridional égaré dans ce Nord où les paroles sont pesées au poids public.
Au moins, tais-toi pour la servante, insinuait ma mère. Et ce meilleur des hommes répliquai, c'était en 1920, j'en ai honte, mais il n'en croyait rien : les esclaves n'entendent rien !
L'esclave chantait à tue tête au fond de sa cuisine.
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Les gens sérieux n'apportent à l'humanité que de nouvelles machines, des lois, des médicaments, des passions tristes. Seuls les originaux, les créateurs donnent chaleur, substance, Gaîté. L'histoire officielle oublie quantité d'individus au riche tempérament. Elle élève des monuments à ceux qui décortiquent les molécules, chipotent les gênes, permettent des horreurs comme les mères porteuses et le sperme en glaçons, tripotent des combinaisons chimiques à faire les choux plus gras et les veaux plus chers. Aucun livre d'Histoire n'évoquera jamais Albert Frank Duquesne. Membre de notre deuxième Bureau, il fut dit "l'homme du faux d'Utrecht", et bien entendu, rejeté après usage. Cet israélite, qui jeune avait dormi dans l'asile pour clochards, aménagé sous la Colonne du Congrès, se convertit ? devint prêtre orthodoxe, écrivit sept ou huit livres savants, patronné par Claudel, et peu avant de mourir, dans un article de la revue Construire ruina de fond en comble la fiction de Teihard, cette gloire retombée dans les enfers où gémissent les âmes des génies ambigus. Frank - Duquesne écrivait dans un sous sol humide des articles interminables et souvent coléreux qui indisposaient grand monde.
Je réussis à lui fournir un modeste emploi au Fond du Logement. Après huit jours, le directeur me fit appeler : _Votre homme veut réorganiser toute la maison... Je dois m'en séparer : il est nettement surqualifié ! Il n'est pas bon être génial et pauvre, et de plus, très averti de ses capacités sans nulle courtoisie se le faire pardonner... Où que tu sois, Frank, salut, cher grand homme !
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Un indiscret m'interroge sur le mobile qui m'a fait projeter aux quatre coin du pays un nombre d'enfants non prévu par les coutumes locales.
_ Par pur égoïsme, lui décrochai-je. Je m'aimais à ce point qu'il me fallait à tout prix multiplier cet homme là à un nombre tel que dans un siècle, ses descendants dominassent encore sur les vôtres".
Ma seconde raison a tenu à mon inépuisable goût pour les voluptés charnelles. J'entends les vraies, non pas celles auxquelles un vain couple pense. Ce n'est pas un seul fessu-dodu que je voulais me rouler dans les bras, mais quatre six et plus.
Sachez qu'il est peu de toits sous lesquels claquèrent tant de baisers que sous mon toit. Un demi siècle durant, nous nous sommes mangé les joues de baisers, écrasé les poitrines, entortillé les bras, avalé les paupières, mordillé les oreilles avec fougue. Le goût des joues rouges, des torses musculeux nous en est resté. Quoi de plus joyeux que ces jeunes corps impétueux pour lesquels j'ai vécu cinquante années ?
Quand je revois mes grandes filles et leur troupe d'enfants beaux comme une jeune forêt en marche, je me retiens à ma table, car ils se jettent tous sur moi, pour de folles embrassades.
Ces plaisirs de la chair sont excessivement bénis par le Seigneur
qui aime l'enthousiasme, spécialement celui des parents qui s'y sont adonnés avec l'appétit des grands âges enfantins de l'humanité".
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Quel homme de ce temps n'aurait honte de ses larmes ?
Une honte faussement virile.
Comme serait celle d'un notaire à qui l'on ferait avouer qu'il écrit des poèmes !
Ou celle d'un colonel qu'on trouverait occupé à jouer de la flûte traversière ...
Les héros grecs savaient pleurer de pitié.
En abdiquant, Charles- Quint fondit en larmes devant sa cour.
Saint Ignace pleurait parfois en consacrant à l'autel.
Don de Dieu, les larmes.
Non pas celles de l'enfant furieux,
Mais celle qui fendent le coeur d'un homme sachant aimer jusqu'au bout,
Et qui, par exemple, voit s'éteindre celle qui était sa vie...
Remercie tes aïeux de t'avoir doter d'un coeur qui accepte de pleurer,
Si la douleur telle une épée rouillée s'enfonce lentement dans ta chair..
En pénétrant à Vézelay, j'ai suffoqué de sanglots : les orgues jouaient sous les pierres dorées.
Pleurs de Joie ! Choc de l'âme sur le Souffle.
Et le Souffle s'élève de souvenirs millénaires.
Le premier hominien qui sut pleurer fut le premier des humains.
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La mode veut qu'on médise du travail ménager ? Faire jouer mes mains parmi brosses et chiffons : rien ne me délasse davantage. Rien ne m'échauffe mieux l'esprit qu'un travail où les doigts rêvent avec précision, s'activent comme distraits et pourtant très habiles.
Si je souhaite faire jaillir les idées, il me suffit de cirer un meuble, de ranger une armoire, de lisser un carrelage avec un peu de fureur.
Me voici en nage, le sang m'irrigue, le coeur me bat plus chaud,
des fourmis heureuses me courent dans les nerfs.
Bien entendu ! Chez vous, c'est une distraction !
cette jeune fille de vingt-quatre ans : non je ne suis pas mariée ... Que d'années perdues !
Or il vivra, lui, soixante-dix-neuf ans et jamais ne pensera à cette année qu'il va perdre, en effet. Cette jeune fille devait se marier quatre ans plus tard et élever sept enfants...
Qui jugera si le temps est perdu ? Le fut-il, celui où je musardai, jeune, parmi les peintres ?
Nul n'a gâché son temps à retrouver son âmes. Il n'y a de perdu que ce qui n'est pas aimé.

Je ne doute pas qu'il faille alterner. Comme ces moines qui vont de l'écritoire au fournil, de la cuisine au lutrin, du fumier à la méditation.
Vous savez, je mets les bouchées doubles, me jette ce garçon, les yeux hors de la tête ; il ne s'agit pas de perdre une année !
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On avait honte d'user du Monseigneur, de l'Eminence.
Ne parlons plus de Votre Grandeur ou de la Douairière.

L'emphase s'est déplacée. Le plombier est passé ingénieur sanitaire, La coiffeuse est appelée visagiste. Une foire ? Dites mieux : un Salon. Vendeuse ? Non, conseillère d'achats. Le garde champêtre est devenu officier de justice rural; huissière se prononce hôtesse d'accueil ; qui sait si je ne pratique pas les sciences communicationnelles?
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(...)

Comme chaque année, Saint Eloi avait ferré l'âne, astiqué son harnais, ses clochettes. Mais Saint Nicolas s'était levé avant l'aube, s'était rasé la barbe. En tapinois, il avait couru au vestiaire du ciel, laissé là mitre, chasuble et crosse, pour se glisser dehors, vêtu d'un modeste complet.
Au bon larron qui lui ouvrait la porte dérobée :
_ Cette année, confia-il, je ne veux pas qu'on me remarque. Je désire voir les enfants comme ils sont au naturel. Pour les jouets, je me suis arrangé avec les chérubins, rassurez-vous ...
Une fois sur terre, il s'en fut inspecter les jouets.
_ Très bien, dit-il à la vendeuse du grand magasin ; je vois qu'on a suivi mes instructions. Ah ! j'oubliais de vous prévenir... Entre nous : je suis Saint Nicolas.
La vendeuse haussa les épaules.
Déjà, le bon vieux ouvrait son sac et avançait la main vers une jolie poupée. "Maman ! cria-telle, un vieux monsieur qui veut m'enlever " Indignées les poupées protestèrent en choeur, mais leur ramage fut étouffé par le bruit.
Voyons, mes jolies ; laissez-vous faire, disait le brave saint. Je suis Saint Nicolas...
Là dessus, elles éclatèrent de rire. L'une en perdit sa perruque, l'autre son oeil de verre.

_Saint Nicolas sans barbe ... Saint Nicolas pour rire ... au fou, au voleur ...
Et voici les ours de peluche glissant des étagères, les locomotives poussant pour mieux voir. Dans leurs boîtes, les soldats s'agitent. Des balles curieuses roulent de leurs casiers. Les blocs se forment en pyramides. Tous les jouets prennent le parti des poupées, et refusent d'entrer dans le sac du saint. Soudain, un polichinelle s'élancent fait rouler sur le sol le chapeau melon de Nicolas. De plaisir un cheval à bascule va s'écraser le nez sur un tiroir caisse...
Hola ... le chef de rayon arrive, conduit par les vendeuses affolées. Il veut empoigner le vieux par les épaules ... Quand le Saint fronce le sourcil, le bord de son chapeau brille comme une auréole, et toc, les lampes s'éteignent. On crie, on appelle, c'est la panique...Quand la lumière réapparut, le chef de rayon était accroché au plafond du grand magasin, et tous les caramels, comme un essaim d'abeilles s'envolaient par les fenêtres...
Le lendemain, assis sur un banc du parc, le Saint regardait jouer des enfants.
Trois petits pauvres, émerveillés, suivaient les évolutions de Guy, le fils du banquier, dans sa jeep à pédales.
_Laissez-moi faire un petit tour, suppliaient-ils.
Allez-vous en crait Guy; vous allez l'abîmer. Et de gifler le plus proche.
Très en courroux,le Saint se leva et brandissant son parapluie: "Montez tous" ordonna-il. D'une ruade, la jeep envoya Guy par terre, puis démarra toute allure vers la forêt, emportant les trois petits pauvres.
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"Jamais de querelle à propos d'argent" Ils se l'étaient juré au cours des longues promenades de leurs fillançailles. L'argent défigure l'idéal, ratatine les coeurs, empoisonne les familles. Même dans le besoin, on saura bien en rire ! On s'aimera si fort, tu verras, qu'on aura chaud, tous poëles éteints; On se sentira l'âme légère sous une pluie de factures ! On ne va tout de même pas finir comme tous ces gens, qui, bouche pincée, ne pensent plus que galette et confort, standing, gadget et mixer ! L'argent devrait être le plus fidèle compagnon. A remettre à sa place d'accord ; mais toujours à refouler. S'ils n'avaient pas eu tant d'enfants ? Leur style l'exigeait ; sincèrement, ils n'avaient jamais pu regretter le couple cossu et stérile qu'ils auraient pu devenir sans peine. "S'il faut avoir du souci, disait Colette, bon Dieu ! J'aime autant que ce soit pour des enfants que pour des tapis !"
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Fermant les yeux, tassant son loqueteux mépris,
Elle écoute la pluie et le silence énorme
Dans la nuit dont la mort écrase et rend difformes
Les tours, corps de géants dans la brume surpris.
Accroupie, elle dort contre la cathédrale,
Lasse de mendier, oubliant qu'elle a faim;
Son dos brisé se courbe et sa tête rejoint
Presque ses durs genoux au rythme de ses râles.
Pauvresse dont les yeux ne sont plus pour la joie
Ni pour le monde, où vont tes regards clignotants
S'ils ne sont pas veilleuse auprès d'un dieu latent ?
On croirait que ton coeur est mort depuis longtemps,
Que ton corps est resté souffrir et qu'il attend
Pour s'évader enfin que l'orage le noie,
Avec les vieux péchés collant à sa hideur...
Revenue en parlant de voyages meilleurs,
Peu à peu, pour finir, tu t'es trouvée assise
Avec cet horizon de pierre et de malheur
Devant tes yeux de chose éteinte qui s'enlise...
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Seul au fond de mon lit d'enfant,
je guettais le bruit du monde :
la nuit m'étais plus profonde
que mon coeur. seul aux aguets,
dans cette cour aux cris perçants.
Le tonnerre des galoches ;
mes mains durcies dans les poches.
Seul à la table de mon père,
quand j'étouffais dans mes secrets.
Seul à l'hôpital militaire,
dans tous les fourrés de la guerre,
dans les salons et les congrès.
Chaque soir, seul en mon logis
bondé de sommeils et de rêves.
Toi, mon Dieu, n'as jamais fait trêve
et je T'ai parlé chaque nuit.
Quand le décor sera détruit
où j'ai joué mon bout de rôle,
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Quand mon père est parti, mystérieux, intact,
Je l'aimais comme un fils : il était devenu
Mon enfant, dès là que je fus homme.

Ceux de son temps ne s'ouvraient point le coeur,

Sinon, quand il fallait dans l'ombre, au confesseur.

quels gens secrets, bon Dieu ! Quelle époque mondaine !
On y taisait le mal, on y pleurait tout seul,
Et le Seigneur était de bonne compagnie.
L'orsqu'un drame éclatait dans nos vieilles familles,
Et la vie reprenait, digne, légère, aimable.
Les jeunes gens souffraient de fièvres bien cachées.
On vivait très unis, sans rien connaître , en somme,
De son mari; on devinait, laissant le reste
A la discrétion des puissances célestes.
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Seigneur, je suis parti vers Toi
Et plus rien ne m'arrête...
Béni sois-Tu d'être mon Roi
Et mon Poète !

J'ai déchiré l'orgueil qui pesait sur mon corps,
Arraché les derniers lambeaux de ma luxure ;
Je suis allé vers tes blessures
Pour n'être plus un mort.
Car j'ai fui, bousculant la haine et les mensonges
Qui s'accrochaient à moi, furieux de n'avoir pu
Vaincre en moi ton appel en me chantant leurs songes ;
Je suis parti le pied sur des cadavres nus.
Et sur le seuil encore, pour me barrer la route,
Mes péchés sont venus...
Il y avait mes doutes,
Me fixant de leurs yeux de singes ricaneurs ;
Il y avait les chiens somnolents et fétides,
Hurlant sinistrement le nonchaloir des pleurs;
Les bêtes innommables et torpides,
Grappes de ventres lourds et gémissants; les loups
Qui réveillés, sautaient comme des démons fous...
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Comme une bouche presse une bouche,
si je pouvais fixer mon regard
sur tes yeux d'enfant
et me remplir de ta clarté comme l'on boit,
ne rajeunirais-je pas mon âme
jusqu'à la faire assez pure
pour oser regarder Dieu ?

Si mon corps répondait à toute heure
à l'image la plus haute
que puisse imaginer l'esprit,
saisirais-je la main
qui pourrait me hisser
aux portes de la Gloire ?
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Jeunesse finie, le besoin de jouer est réprimé par l'usage. Sans mourir en l'homme, ce besoin se mue en petites passions, en sports sans péril. On ne se sert plus de son corps à quarante ans comme à vingt. La société attend de vous certaines attitudes, pas d'autres. Pour refaire tels gestes, il vous faut une ordonnance médicale ! Encore ne s'y risque t'on qu'en tel lieu prévu pour ce genre d'exercices, sous la férule d'un diplômé. Seul au living hier soir, au son d'une musique rythmée, je me suis surpris à recréer mon corps, à réinventer des gestes oubliés. Après trente minutes de huis clos, j'ai bondi sur mes pieds, libéré.
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Un moineau se penche sur le châssis de la fenêtre. Dans un coin de la chambre, un berceau tressaille. L'oiseau hésite, tourne la tête à gauche, à droite. La chambre est déserte ? Le moineau volète et atterrit sur l'édredon rose.
Bébé va-t-il s'agiter ? Non il ne remue pas le bout du petit doigt. Simplement, ses yeux s'élargissent,s'arrondissent, puis tout doucement se plissent : Bébé sourit au moineau. _Qui es-tu ? fait Bébé.
_ Un moineau. Pierrot.... Pierrot du-pylône. sais-tu parler ?
_ Non. Et toi ?
_Moi non plus, dit l'oiseau.
_Alors, comment pouvons-nous nous comprendre ?
_ C'est que nous pensons les mêmes choses, affirme Pierrot du Pylône . Les amis se comprennent, puisqu'ils sont d'accord. Dis-moi, tu es content ici ?
_ ici ? où ?
_ Bah dans cette maison ....
_ Ah, je suis dans une maison ? Et il y a beaucoup de maisons ? demande Bébé.
_ 210 dans ta seule avenue (Depuis le temps que je les compte, du haut de mon pylône!)
Dis Bébé, tu en as de la chance d'être tombé chez cette maman ! Je la connais bien ; elle donne du pain.
_Tu veux dire du lait ? (...)
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La fable nous l'a dit : des époux qui s'aimaient furent changés en arbres. C'est si vrai !
Noués par la racine et se serrant l'épaule,
quels amoureux n'ont pas rêvé
d'être pareils aux hêtres enlacés ?
L'amour et la forêt sont un pareil symbole :
La feuille change, le reflet sur l'étang bouge et rien ne dure ;
Mais de l'éternité ces bois sont la figure.
L'amour est ma forêt : identique toujours,
Et jamais immobile et semblable au passé.
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Au premier coup d'oeil, maisons, chemins, églises vous ont l'air posés là depuis toujours. La réalité, quoi ! Surtout si l'on passe vite. En auto.
Rallentissez. Descendez de voiture, marchez, apprenez ce paysage par les pieds. Tout change. Rien n'est plus aussi naturel ; des groupes, des ensembles se mettent à prendre un sens second. Lentement, le décor se dévêt, s'entrouvre, se met à vous parler. Alors, parfois, on peut aller jusqu'au hommes ...
Aimer un pays, c'est cela.
Le Brabant ne se donne jamais à qui passe vite. C'est un pays qu'il faut connaître en marchant. La route ne vous révèlera rien, ou si peu. Ici, la beauté se cache. Le charme, la surprise, l'odeur singulière, le creux intime, l'horizon saisissant, autant de trésors à débusquer dans des sentiers mineurs, le long de pistes plongeant sous les feuilles de voies apparemment sans issue. (...)
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