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Citations de Jacques Madaule (39)


Il ne suffisait donc pas à César d'avoir partout triomphé de ses ennemis sur le champ de bataille. Il les retrouvait à Rome, autour de lui, tremblants, flatteurs, serviles même, mais irréductibles.
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Souvent les bonhommes (prédicateurs cathares) exerçaient la médecine, ce qui leur permettait de se trouver naturellement après des malades. D'autres étaient colporteurs ; d'autres encore tisserands, au point que le métier tout entier devint suspecte à l'Inquisition.

2507 – [idées/Gallimard n° 300, p. 155]
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Le 20 avril 1233 Grégoire IX ordonne une Inquisition générale dans les provinces de Bordeaux, de Bourges, de Narbonne et d'Auch et la confie aux Dominicains. Deux jours après le pape chargeait le prieur dominicains de la Province (c'est ainsi qu'en langage ecclésiastique on nommait la France du Midi) de désigner lui-même les inquisiteurs qui agiraient contre l'hérésie au nom et par l'autorité du Saint-Siège, « auctoritate apostolica ». Les Franciscains ne devaient pas tarder à être associés aux Dominicains dans cette besogne.

2489 – [idées/Gallimard n° 300, p. 149]
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Les documents postérieurs de l'Inquisition nous montrent que de nombreuses cérémonies ont eu lieu un peu partout pendant cette période [Croisade de 1209 à 1229] et ce qui n'est pas le moins surprenant, c'est de voir que nombre de curés et de moines y assistent, comme s'il s'était produit alors une sorte de rapprochement entre les éléments locaux des deux Églises. Rien n'était plus dangereux pour l’Église romaine et l'on s'explique mieux l'acharnement des prélats français, placé à la tète des diocèses méridionaux, contre Raimon VII.

2471 – [idées/Gallimard n° 300, p. 147]
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Ce qui est certains, c'est qu'en dépit des gigantesques bûchers de Minerve, de Lavaur, des Cassès, de Marmande, les Cathares n'ont pas été systématiquement poursuivis pendant la durée de la guerre (Croisade de 1209 à 1229). Certes, les conciles provinciaux en cessent de réitérer contre eux sévères mesures, mais elle ne paraissent pas avoir été appliquées.

2470 – [idées/Gallimard n° 300, p. 146]
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De 1209 à 1229 une Croisade dont le but était de contraindre les autorités temporelles à seconder l'Eglise dans la répression de l'hérésie s'était peu à peu transformer en une guerre politique et presque nationale. J'ai mis fortement l'accent sur cet aspect des choses,. La lutte contre l'hérésie n'était pourtant pas un simple prétexte. S'il est impossible de trouver dans la seconde partie de la « Chanson de la Croisade » quoi que ce soit qui évoque ce but premier de l'entreprise ; si les Méridionaux y sont toujours représentés comme tout aussi orthodoxes que leurs adversaires, nous savons néanmoins par d'autres sources que les Cathares et les Vaudois n'eurent jamais plus d'influence sur les populations méridionales qu'à cette époque. Si l'on voulait préciser par les dates l'apogée du Catharisme dans le Midi de la France, il faudrait sans doute le situer entre le concile de Saint-Félix en 1167 et le traité de Meaux en 1229.

2458 – [idées/Gallimard n° 300, p. 145]
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… la Croisade des Albigeois est pleine d'enseignements. J'ai taché de montrer à quel point ce conflit, d'abord religieux, avait fini par devenir une guerre nationale. Les nations ne sont pas préformées, comme on le croit trop souvent, par la géographie. Aucun décret de la Providence n'avait disposé que le royaume de France dût s'étendre jusqu'aux Pyrénées.

2448 – [idées/Gallimard n° 300, p. 142]
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Nous entrons désormais dans les dernières années de cette guerre de vingt ans. Après une brève et fatale période de découragement, le Midi s'est redressé une fois de plus. Toulouse demeure imprenable, et c'est une ville si étendue que le sénéchal de Carcassonne ne tentera jamais d'en faire vraiment le siège. Mais il adopte une autre tactique, plus lente et plus sûre : les troupes royales s'installent pendant l'été 1227 dans la riche campagne toulousaine et la ravage systématiquement, sans même risquer une bataille. On brûle les moissons, on coupe les vignes, on massacre le bétail, et Guillaume de Puylaurens, confident de l’évêque Foulques, lui prête cette parole : « C'est en fuyant ainsi que nous triomphons de nos ennemis d'une merveilleuse manière. » Il parle de cette armée qui se donne pour tâche unique de ravager le pays sans merci et de ne pas accepter la bataille.

2444 – [idées/Gallimard n° 300, p. 135]
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Amaury de Montfort était absolument incapable de continuer l’œuvre de son père (Simon). Après la mort de ce dernier, il dut lever le siège de Toulouse et se réfugier dans Carcassonne, sa place la plus sûre. De là, il fait appel au roi de France, et celui-ci envoie pour la seconde fois le prince Louis avec une armée considérable. Les victoires remportées naguère sur Jean sans Terre permettent aux Français d'emprunter cette fois la route de l'Ouest. La première ville qui ose résister à l'armée française est Marmande. Elle est prise, et tous ses habitants, y compris les vieillards, les femmes et les enfants sont passées au fil de l'épée. Il y eut au moins 5.000 victimes, et ce massacre de Marmande, en 1219, fait pendant au massacre de Béziers, dix ans plu tôt.

2433 – [idées/Gallimard n° 300, p. 132]
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Il est d'ailleurs remarquable que … (l'empereur) Frédéric II, qui résista avec tant d'acharnement et parfois de bonheur aux prétentions pontificales, qui passait à juste titre pour un mécréant, qui n’ignorait rien de la lyrique d'oc, s'est toujours montré l'adversaire des Cathares et que l'une des lois les plus sévères prises contre eux l'ait été par lui. Cet épicurien sceptique avait sans doute plus horreur de leur sombre fanatisme, de leur rigoureuse douceur que du dogmatisme romain.

2432 – [idées/Gallimard n° 300, p. 126]
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… le 10 novembre 1209, Raimon-Roger mourut de dysenterie dans la tour de Carcassonne où on le gardait prisonnier. Cette mort a paru suspecte et Innocent III lui-même, plus tard, dans une lettre, a parlé d'un meurtre.

2431 – [idées/Gallimard n° 300, p. 104]
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A peine, le 22 juillet 1209, l'« armée de la foi » arrivait-elle sous les murs de Béziers, place très forte et dont les habitants, confiants dans leur position, avaient refusé de livrer les bonhommes, que la ville était prise et que les habitants en étaient massacrés jusqu'au denier. Qu'Arnaud-Amalric ait prononcé ou non le mot trop fameux qu'on lui a prêté plus tard : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » Il porte néanmoins la responsabilité de ce massacre inouï, qu'il avait certainement le pouvoir d'empêcher. Mais il a voulu, par ce terrible exemple, répandre la terreur dans le pays pour s'en emparer facilement.

2423 – [idées/Gallimard n° 300, p. 103]
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… Arnaud-Almaric, abbé général de Cîteaux, légat du pape, est libre de pêcher la croisade sur les terres du roi de France. C'est lui ,qui va être le véritable chef de la Croisade, (contre les albigeois en 1209) non seulement spirituellement, mais temporellement aussi puisque le roi ne se croise pas en personne. Arnaud-Almaric est un méridional violent et ambitieux, fanatique au surplus, qui compte bien retirer de la croisade le plus possible d'avantages personnels, tout en exterminant les hérétiques. C'est lui, il faut le dire, qui est principalement responsable de l'atroce massacre de Béziers, des bûchers de Minerve et de Lavaur. C'est lui qui a refusé d'entendre les justifications du malheureux Raimon-Roger Trencavel, première victime d'une Croisade qui n'était pas d'abord dirigée contre lui, mais contre Raimon VI de Toulouse.

2416 – [idées/Gallimard n° 300, p. 101]
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Seuls les Juifs avaient le droit de pratiquer une autre foi, mais à la condition de rester, au sein de la chrétienté, un corps étranger. Ils étaient séparés du reste comme l'huile l'est de l'eau. S'ils sortaient de leurs réserves pour se mêler activement aux Chrétiens, les autorités religieuses ne tardaient pas à intervenir. Nous voyons, par exemple, que, parmi les exigences que l’Église présente au comte de Toulouse, à côté de celle de chasser les hérétiques, il y en a une autre : priver les Juifs de leurs emplois publics.

2409 – [idées/Gallimard n° 300, p. 96]
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… les controverses publiques qui opposaient catholiques et Cathares n'avaient pas toujours tourné au désavantage des ces derniers comme nos sources, toutes catholiques, tendraient à nous le faire croire,. Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire, observait Simone Weill.

2404 – [idées/Gallimard n° 300, p. 94]
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Raimon V, père de Raimon VI, bon catholique, ne se sent pas assez fort pour rétablir le catholicisme dans ses états. Il fait appel au pape et au roi de France. Saint Bernard, peut-être avec quelque exagération oratoire, nous montre dès le milieu du XIIe siècle les églises presque complètement désertes et le clergé ouvertement méprisé. Les Cathares n’hésitaient pas à proclamer ouvertement leur foi, à célébrer publiquement leur culte.

2402 – [idées/Gallimard n° 300, p. 85]
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… ce qui apparaît surtout, c'est que les cathares formaient une autre Église, ennemie et rivale de l'Eglise de Rome et que le clergé cathare, par la rigueur même des obligations qui lui étaient imposées, constituait pour le clergé catholique un concurrent redoutable, qu'il importait à tout prix de supprimer si l'on ne voulait pas que la Chrétienté en fut brisée, et peut-être détruite. La Croisade est sortie de ce conflit mortel, qui paraissait ne pouvoir s’achever que par la défaite totale d'un des deux adversaires.

2394 - [idées/Gallimard n° 300, p. 83]
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Nous savons que beaucoup de ministres cathares étaient en même temps médecins. C'est là, on le reconnaîtra, un bien étrange métier pour des hommes qui professent le mépris des corps. Certes, c'était un fort bon moyen de propagande. On soignait avec dévouement et avec désintéressement les malades et, lorsqu'on ne parvenait pas à les sauver, on pouvait du moins leur administrer le « consulamentum » et délivrer ainsi leurs âmes, à défaut de leur corps.

2391 - [idées/Gallimard n° 300, p. 72]
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L’Église cathare a aussi une hiérarchie. On a pu établir la carte des diocèses cathares. Leur nombre et leur étendue ont varié quelque peu au cours du temps. Mais, par exemple, dans notre Midi, il y eut toujours au moins trois diocèses, celui de Toulouse, celui de Carcassonne et celui d'Albi ; d'autres, comme le Razès et Agen, sont apparus plus tard et ont disparu plus tôt. Un des objets du concile cathare, qui se tint à Saint-Félix-de-Caraman en 1167, fut précisément de délimiter les diocèses. A la tête de chacun d'entre eux se trouve un évêque qui gouverne souverainement … assisté par eux autres ministres qui portent les titres de Fils aîné et de Fils cadet. Lorsque l’évêque vient à mourir, le Fils aîné lui succède automatiquement et il est assisté de Fils cadet, qui devient à son trou Fils aîné avec future succession. L'assemblée des Anciens cathares choisit alors un nouveau Fils cadet.

2385 - [idées/Gallimard n° 300, p. 69]
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Si nous savions ce que l'on enseignait aux futurs « bons hommes » et aux futures « bonnes femmes », nous serions probablement mieux fixés sur l'étroitesse et la réalité des liens qui unissaient le Catharisme (au) Manichéisme. Nous connaissons à présent assez bien ce dernier, mais nous ignorons si les hymnes manichéens étaient aussi en usage chez les Cathares. Ce qui est certain, dans tous les cas, c'est qu'à l'exemple de Manès, les Cathares se sont préoccupés d'avoir une organisation ecclésiastique très forte. Ils sont d'autant plus dangereux pour l'église qu'ils constituent une véritable Contre-Eglise.

2377 – [idées/Gallimard n° 300, p. 68]
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