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Citations de Jacques Madaule (39)


La culture méridionale est à prédominance laïque, tandis que la culture du Nord est encore presque toute cléricale. La vie urbaine, avec sa nouvelle bourgeoisie de marchands et d'artisans, est beaucoup plus développée dans le midi que dans le Nord, resté féodal et terrien. Si les clercs du Nord sont, en général, très supérieurs à ceux du Midi, en revanche les populations du Nord sont demeurées dans l'ensemble beaucoup plus proche de la barbarie. Aux yeux d'un méridional moyen la Croisade revêtit l'aspect d'une invasion barbare.

2290 - [idées/Gallimard n° 300, p. 55]
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… le Christ n'est, pour les Cathares, ni le fils de Dieu, la Seconde Personne de la Trinité, ni non plus un homme véritable. C'est un Ange, un Envoyé céleste qui est venu enseigner aux hommes les moyens de la délivrance. Sa passion n'est pas véritable, mais fictive. Elle représente, selon certains Cathares, le supplice qui est infligé, hors de ce monde, au Prévaricateur qui a créé l'Univers matériel. Aussi les Cathares condamnent-ils le culte de la Croix, instrument de supplice infâme. Quant à la Vierge Marie, elle est également pour eux un ange, mais non une femme véritable. Les Cathares nient donc radicalement l'Incarnation et la Résurrection de la chair, qui constituent l'originalité suprême du Christianisme.

2336 - [idées/Gallimard n° 300, p. 64]
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Les relations avec l'Orient sont alors extrêmement nombreuses et l'on s'explique très bien que des missionnaires bulgares, grecs ou bosniaques aient pu porter la bonne parole des bords de la Garonne aux bords du Rhin. Ce sont des hommes et des femmes voués à une vie totalement ascétique. Ils se déplacent deux par deux, à pied, en habit noir, portant sur leurs vêtements, dans un étui de cuir, l’Évangile selon saint Jean, qu'ils mettent au-dessus des trois autres. Ils vivent de la charité des fidèles et, quand ils ne sont pas en mission, ils demeurent dans des maisons d'hommes ou de femmes qui ressemblent à des couvents. Jamais ils ne mangent de viande, d'abord parce que cette nourriture risquerait d'éveiller en eux des passions charnelles et ensuite parce qu'ils croient à la métempsychose et que le meurtre, même d'un animal, leur est formellement interdit. Ils vivent dans une chasteté absolue et condamnent l’œuvre de chair en toute circonstance et spécialement dans le mariage légitime, parce qu'elle risque d'avoir pour conséquence l'emprisonnement de nouvelles âmes dans la geôle que constituent les corps humains. Ils proscrivent toute violence et interdisent le serment, qui est le fondement même de la société médiévale, parce qu'on ne doit pas invoquer le nom de dieu en vain.

2332 - [idées/Gallimard n° 300, p. 62]
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Nous entrons désormais dans les dernières années de cette guerre de vingt ans. Après une brève et fatale période de découragement, le Midi s'est redressé une fois de plus. Toulouse demeure imprenable, et c'est une ville si étendue que le sénéchal de Carcassonne ne tentera jamais d'en faire vraiment le siège. Mais il adopte une autre tactique, plus lente et plus sûre : les troupes royales s'installent pendant l'été 1227 dans la riche campagne toulousaine et la ravage systématiquement, sans même risquer une bataille. On brûle les moissons, on coupe les vignes, on massacre le bétail, et Guillaume de Puylaurens, confident de l’évêque Foulques, lui prête cette parole : « C'est en fuyant ainsi que nous triomphons de nos ennemis d'une merveilleuse manière. » Il parle de cette armée qui se donne pour tâche unique de ravager le pays sans merci et de ne pas accepter la bataille.

2444 – [idées/Gallimard n° 300, p. 135]
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Raimon V, père de Raimon VI, bon catholique, ne se sent pas assez fort pour rétablir le catholicisme dans ses états. Il fait appel au pape et au roi de France. Saint Bernard, peut-être avec quelque exagération oratoire, nous montre dès le milieu du XIIe siècle les églises presque complètement désertes et le clergé ouvertement méprisé. Les Cathares n’hésitaient pas à proclamer ouvertement leur foi, à célébrer publiquement leur culte.

2402 – [idées/Gallimard n° 300, p. 85]
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… les controverses publiques qui opposaient catholiques et Cathares n'avaient pas toujours tourné au désavantage des ces derniers comme nos sources, toutes catholiques, tendraient à nous le faire croire,. Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire, observait Simone Weill.

2404 – [idées/Gallimard n° 300, p. 94]
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C'est une erreur, ..., de penser que le christianisme ait facilement et rapidement, triomphé des innombrables résistances qu'il rencontrait devant lui. Il en existait dans le Midi autant et plus qu'ailleurs, pour deux raisons en apparence contradictoires : parce que ce pays avait vu passer quantité d'envahisseurs, dont certains, comme les Wisigoths, étaient Ariens, tandis que les Sarrasins étaient Musulmans ; d'autre part les populations des montagnes, surtout, semble-t-il, mais pas uniquement, dans les Pyrénées ariégeoises, avaient conservé le souvenir tenace, et plus que le souvenir, de religions antérieures. Les montagnes sont traditionnellement un conservatoire du passé et il semble bien que le culte mithriaque et même le culte druidique aient conservé des fidèles plus ou moins déclarés jusqu'en plein coeur du Moyen Age. Ajoutez à cela le passage constant de marchands venus d'outre-mer ou des pays musulmans ; le grand nombre de Juifs, hautement considérés et qui avaient à Lunel une de leurs plus florissantes écoles. Il n'en faut pas plus pour expliquer les disparates religieux de ce Midi, si différent à cet égard encore, du Nord...

2253 - [idées/gallimard n° 300, p. 26]
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... les ministres cathares, les Anciens, comme ils se nomment eux-mêmes, enseignent à leurs adeptes que « nous ne sommes pas au monde », comme devait l'écrire, bien des siècles plus tard, Rimbaud. Nous sommes les prisonniers de ce monde visible, œuvre de l'Esprit mauvais. Mais, si nous ne connaissons pas la doctrine et la méthode du salut, nos âmes seront condamnées à errer après chaque mort. Pour en sortir, il nous faut recevoir le baptême de l'Esprit, qui est le « consolamentum ». Ainsi les Cathares rejettent-ils le baptême chrétien qui est un baptême d'eau, tandis que leur baptême est un baptême de lumière.

2369 – [idées/Gallimard n° 300, p. 66]
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Un rustre peut être brave. Cela n'est pas sans exemple. Mais il ne saurait être courtois. A suivre ce raisonnement, on pourrait en conclure que la société méridionale était plus strictement hiérarchisée que celle du Nord. C'est pourtant le contraire qui semble avoir été. La noblesse du Midi est plus urbanisée que celle du Nord ou, si l'on veut encore, elle est moins militaire et plus civile. Dès lors, elle s'éloigne, par la force des choses, de la stricte hiérarchie féodale. On y goûte l'esprit autant que la vaillance. L'esprit est rarement un héritage, et tel, qui est né fort bas, peut s'élever très haut pas son propre mérite. C'est le cas de quelques troubadours parmi les plus illustres. Ils furent les premiers gens de lettres, honorés par leurs protecteurs et vivant dans la familiarité des plus grands personnages.

2279 - [idées/gallimard n° 300, p. 37]
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… la possession du duché d'Aquitaine par les rois d'Angleterre, si elle constitue parfois une menace, met le fief toulousain à l'abri de l'action trop directe de la cour de Paris. C'est au point qu'en 1173, profitant de la guerre civile qui a éclaté entre Henri Plantagenêt et ses fils, Raimon V a transféré son hommage du Capétien au Plantagenêt. N'est-il pas coupé de la France du Nord, non seulement par le duché d'Aquitaine, mais aussi par les comtés de Gévaudan, du Velay et du Vivarais, lequel est, par surcroît, terre d'Empire ?

2260 - [idées/gallimard n° 300, p. 29]
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Les Bogoniles de Bulgarie et de Constantinople ne furent point les Cathares d'Occitanie, même s'il est parfaitement établi que des rapports étroits existaient entre eux. Il en va de même pour les Rose-Croix ultérieurs.

2224 - [idées/gallimard n° 300, p. 13]
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On ne peut .. aucunement confondre le Catharisme avec les autres mouvements anticléricaux qui ont secoué sporadiquement la chrétienté médiévale.
(Le Catharisme) n'est pas, à proprement parler, … un mouvement populaire et spontané. Il touche les clercs, je veux dire les gens instruits, avant même de toucher les laïcs. Je n'en veux que pour preuve que sa première apparition en Occident. C'était à Orléans, l'une des deux grandes villes du domaine capétien, sous le règne de Robert le Pieux. En 1022, le roi envoya au bûcher comme hérétique un certains nombre de chanoines de Sainte-Croix d'Orléans, parmi lesquels le propre confesseur de la reine, parce qu'ils enseignaient des doctrines hérétiques. (…) Ce ne sont pas les populations ignorantes des campagnes qui sont les plus touchées, mais plutôt le peuple des villes, plus instruit, d'esprit plus actif, qui a des relations multiples avec les hautes classes de la société. Voilà pourquoi sans doute le Midi fut, avec le Nord de l'Italie, la terre du Catharisme : parce que la civilisation urbaine y état plus avancée qu'ailleurs. En fait, c'est presque toute la Chrétienté qui fut atteinte puisque nous trouvons des Cathares aux bords du Rhin et en Champagne, à Montwiner, qui aujourd'hui Mont-Aimé, près de Vertus. On en rencontre aussi à Nevers et ailleurs ; mais enfin, ce sont des villes comme Toulouse ou Florence qui ont été les capitales du Catharisme.

2314 - [idées /Gallimard n° 300, p. 59]
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Toulouse est naturellement un des « ports » où affluent (des) produits exotiques, les idées qui les accompagnent et les hommes qui les convoient. Les lances de Tolède, les cuirs de Cordoue, les soies de Mossoul sont apportés ici par les commerçants levantins ou juifs. Ces derniers sont particulièrement honorés et se trouvent, dans notre Midi, presque autant chez eux que dans l’Espagne musulmane. Ils apportent à Toulouse, à Narbonne, à Montpellier, et ailleurs des idées qui fermentent dans le monde arabe, et notamment, sans doute, la philosophie d'Avicenne, si différente de celle d'Avérroès ; celle-ci aristotélicienne, tandis que l'autre est platonicienne. Voilà qui prépare certainement le chemin à la brusque invasion des doctrines cathares.

2268 - [idées/gallimard n° 300, p. 34]
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Seuls les Juifs avaient le droit de pratiquer une autre foi, mais à la condition de rester, au sein de la chrétienté, un corps étranger. Ils étaient séparés du reste comme l'huile l'est de l'eau. S'ils sortaient de leurs réserves pour se mêler activement aux Chrétiens, les autorités religieuses ne tardaient pas à intervenir. Nous voyons, par exemple, que, parmi les exigences que l’Église présente au comte de Toulouse, à côté de celle de chasser les hérétiques, il y en a une autre : priver les Juifs de leurs emplois publics.

2409 – [idées/Gallimard n° 300, p. 96]
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Un autre nom (de la Narbonnaise) fut Septimanie, parce que les vétérans de la septième légion étaient établis à Béziers.

2252 - [idées/gallimard n° 300, p. 21]
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(L'église) ne tolérera pas, à la fin du XIIe siècle, que les Pauvres de Lyon, qui deviendront les Vaudois, du nom de leur fondateur, Pierre Valdo, (…) traduisent les Écritures en langue vulgaire, ce qui les rendrait accessibles à tous ; ni que les laïcs se permettent de prêcher, car ils n'en ont pas reçu mandant de la hiérarchie. La première vertu que l’Église exige de ses fidèles est l'obéissance. Elle use et abuse du fameux passage de la première épître de saint Pierre, qui recommande d'obéir aux maîtres, même mauvais.

2303 - [idées/Gallimard n° 300, p. 58]
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Il est vrai que les soulèvements populaires contre l'église ne se sont pas produits seulement dans les Midi. C'est même dans le Nord que, dès le Xie siècle, on voit se lever des paysans qui mettent en cause l'ordre ecclésiastique, qui soutiennent que l'on peut se sauver sans sacrements, que l'homme n'a besoin de nul intermédiaire pour communiquer directement avec dieu, qui dénoncent l'imposture intéressée des prêtres, qui opposent la richesse des prélats à la pauvreté évangélique.

2281 - [idées /Gallimard n° 300, p. 49-50]
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Quelles que soient les fluctuations de leur conduite privée, les Capétiens sont d’Église, et c'est le sacre de Reims qui leur confère un caractère sacré, et presque ecclésiastique.

2280 - [idées/Gallimard n° 300, p. 47]
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Il ne suffisait donc pas à César d'avoir partout triomphé de ses ennemis sur le champ de bataille. Il les retrouvait à Rome, autour de lui, tremblants, flatteurs, serviles même, mais irréductibles.
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Les documents postérieurs de l'Inquisition nous montrent que de nombreuses cérémonies ont eu lieu un peu partout pendant cette période [Croisade de 1209 à 1229] et ce qui n'est pas le moins surprenant, c'est de voir que nombre de curés et de moines y assistent, comme s'il s'était produit alors une sorte de rapprochement entre les éléments locaux des deux Églises. Rien n'était plus dangereux pour l’Église romaine et l'on s'explique mieux l'acharnement des prélats français, placé à la tète des diocèses méridionaux, contre Raimon VII.

2471 – [idées/Gallimard n° 300, p. 147]
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