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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le Christ dans la pensée d'Augustin le catéchumène, p. 194.
La déférence d'Augustin au Christ révèle moins un choix individuel radical que le triomphe de la culture chrétienne à la fin du IV°s ... Le "nom salvifique du Christ" apparaît si peu dans les discussions d'Augustin avec ses amis, à cette époque, que son ami proche Alypius put lui proposer de l'effacer entièrement de la version corrigée de ses écrits (Confessions 9.4.7) ... Pourtant Augustin daigna y faire quelques références en passant dans ses travaux, identifiant ses enseignements à ceux de Pythagore ... et le considérant comme "un homme d'une sagesse supérieure" capable de percevoir directement la vérité (Conf. 7.19.25) Si c'était là le Christ dont Augustin entendait parler dans les sermons d'Ambroise, il ne le percevait qu'à travers une épaisse couche de préjugés, issus du discours philosophique traditionnel. Donc le conseil d'Alypius reflète les priorités réelles du groupe d'Augustin, pour lequel toute référence religieuse n'était qu'une concession aux discours populaires. Mais soit les exigences d'une culture plus vaste, ou le conditionnement d'une décade parmi les manichéens, les motivaient à adopter une nouvelle pratique cultuelle à la place de celle qu'ils avaient abandonnée.
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La rencontre manquée de Faustus et d'Augustin, ou l'intellectuel face au pasteur (traduit de la p. 127, tome I).

... Faustus ne se souciait pas de vérifier chaque enseignement de Mani ou d'Adimantus sur l'authenticité de tel verset de l'écriture, sur la nature exacte de l'incarnation du Christ, ou sur les causes du mouvement des astres. Ce qui comptait pour lui était l'ethos global de la religion, son caractère prescriptif comme système de valeurs, et sa validité comme moyen de salut. Au lieu d'offrir la raison avant la foi, il proposait plutôt la pratique avant la croyance, pour construire progressivement la certitude et la compréhension à mesure que la pratique s'améliorait. De cette rencontre, Augustin finirait pas formuler ce problème : comment peut-on s'investir et progresser dans une pratique sans y croire d'abord de quelque façon ?
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Apostasie à Milan, traduit de la p. 170.
Bien que certains de ses amis africains l'aient rejoint à Milan, le Manichéisme ambivalent qu'ils partageaient avec Augustin fournissait peu de motivation à sa foi en l'absence d'une communauté centrale plus fervente. Finalement, la situation politique évolua rapidement et aggrava les conséquences, en termes de récompense et de punition, de ses choix religieux et de ses affiliations. Vers 386, le risque couru par les manichéens dans l'empire romain était devenu effrayant pour un groupe d'amis qui, selon les mots si justes de Peter Brown, n'étaient tout au plus que des "compagnons de route", non des membres encartés de la mission manichéenne.
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Tome I p. 35 : difficulté de connaître le manichéisme africain à travers les écrits d'Augustin.
La système manichéen devient, sous la plume de l'Augustin de la maturité, un corps desséché et disséqué sur lequel il pratique une autopsie. Toute sa vitalité de système vivant s'est enfuie. Augustin n'est pas venu au Manichéisme par une lecture soigneuse de ses textes, ni même par une étude précise de tout l'ensemble de ses enseignements. Il a rencontré une communauté de gens qui menaient leur vie d'une manière qui l'attirait.
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Persécution et fuite, 383, traduit du tome I p. 143.

Parce qu'Augustin quitta l'Afrique bien avant que les persécutions n'y commencent, il put ensuite nier toute relation entre son départ et le programme anti-manichéen de Messianus (le nouveau préfet de Carthage) deux ans et demi après. Mais la coïncidence ne peut être ignorée par l'historien. Augustin alla directement de la communauté manichéenne de Carthage à celle de Rome, voyageant avec un ou plusieurs compagnons manichéens. Une fois accueilli dans une maison manichéenne, ses patrons manichéens lui trouvèrent du travail. Bien plus, en allant à Rome il abandonnait tout : sa compagne, son fils, le fils de son patron dont il avait la charge, et sa propre mère dont il était responsable, et qu'il abandonna, littéralement, sur le quai... Tout ceci suggère la fuite.
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(Extrait traduit du tome I, p. 29)
Augustin dit qu'il fut impressionné par le recours des Manichéens à la raison plutôt qu'à la foi aveugle. Une telle attitude l'attirait fortement au lendemain de sa lecture de l'Hortensius de Cicéron, avec son appel impérieux à la vie philosophique, et ses avertissements contre l'acceptation de ce qui n'était pas prouvé.

"Si, comme le pensèrent les anciens philosophes, et parmi eux les plus grands et les plus célèbres, nos âmes sont éternelles et parentes du divin, nous devons supposer que plus elles se consacrent à leur propre destin, à savoir la culture de la raison et le désir de savoir, et moins elles se mêlent des erreurs et des vices de l'humanité, plus facilement elles trouveront l'ascension et le retour au ciel." (Fragment 97)

L'entrée d'Augustin dans la communauté manichéenne survint très peu de temps après la lecture de ce passage et d'autres de ce genre dans Cicéron, et peut être considérée comme la conséquence directe de la manière dont ils l'inspirèrent (Confessions 3.7.12) "Tous mes rêves creux perdirent soudain leur charme et mon coeur commença à battre avec une passion dévorante pour la recherche de la vérité éternelle."
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On entend souvent par conversion une transformation soudaine, dramatique et totale de la personne, qui donne naissance à une autre totalement métamorphosée. Ce paradigme doit beaucoup au récit d'Augustin lui-même, de sa soudaine décision de changer de vie un soir d'été de 386 dans le jardin d'un ami à Milan (Confessions, 8-6-13-12.30). Mais si quelque chose de cette scène célèbre se produisit, ce ne fut qu'une étape dans le cours d'un processus de conversion. A l'époque où il écrit ses Confessions, Augustin voit sa vie entière - non sans de bonnes raisons - comme un processus de conversion, un refaçonnage continu de soi. Son talent littéraire dans la reconstruction de la scène du jardin, cependant, empêche le lecteur d'envisager le thème plus largement... L'historien doit être un peu moins finaliste qu'Augustin dans son récit.

p. 193.
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Le rejet de la chair chez les païens et les chrétiens, traduit du tome I, p. 201.
La vie du philosophe, telle qu'Augustin la comprenait dans sa culture, impliquait certainement un retrait ascétique des stimulations de la vie de famille et de la politique, et c'est bien ce qui semble être la décision qu'il a prise dans le jardin (i.e. le jardin de révélation, à Milan). Robert O'Connell restitue la tonalité de ce trope culturel tel qu'Augustin a pu le rencontrer : "en exhortant ses lecteurs à la philosophia, Cicéron ne leur recommandait pas de prendre des cours supplémentaires ... mais d'abandonner entièrement leur vie dans le monde... Il attendait d'eux qu'ils adoptent un style de vie contemplatif d'étude et de méditation : en un mot, de devenir en quelque sorte des moines séculiers."
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(Extrait traduit du tome I, p. 39, sur la nature du mal, et sur le fameux vol des poires).
(La philosophie enseigne que les mauvaises actions) "sont motivées par ce que leur auteur perçoit comme un bien (l'acquisition d'un objet nécessaire ou désirable, la gratification des sens, l'expression d'une forte émotion, etc)... Mais Augustin affirme ... que ce vol fut totalement dépourvu du moindre motif, et révélait de la sorte une mystérieuse perversité logée à l'intérieur de lui. "J'étais gratuitement mauvais, et ma malice n'avait pas d'autre cause que la malice elle-même" (essem gratis malus et malitiae meae causa nulla esset nisi malitia, Conf. 2.4.9). Cette affirmation est la parfaite formulation de la conception manichéenne du mal.
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Doctrine manichéenne ? (Traduit du tome I p. 117).
L'insistance de Faustus sur la pratique religieuse relève en partie d'une tendance que l'on retrouve dans toute la secte manichéenne, qui maintint et conserva son système rituel de base tout en adaptant sa doctrine aux conditions locales. Il répugnait à pratiquer des exégèses non littérales soit des Ecritures chrétiennes, soit des enseignements de Mani, en les traitant comme un "mandatum", une série d'instructions de conduite plutôt que de thèmes de spéculation. Les Manichéens d'Afrique du nord voyaient en Mani d'abord un précepteur religieux qui les guidait en tant que communauté de pratiquants.
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