En un temps de politique exaspérée, c'est une agréable diversion de s'occuper de Stendhal : « Lorsque la politique, disait Stendhal, intervient dans une conversation agréable, elle fait l'effet d'un coup de pistolet dans un concert. » — Il professait l'aversion de la flagornerie électorale : « Je ne veux faire la cour à personne, moins encore au peuple qu'au ministre, moins encore au bottier de M. Guizot qu'à M.Guizot. » En pleine lune de miel de la Révolution de Juillet, il écrivait : « Je pense que la Chambre actuelle nous conduit à cet état lamentable de République, horrible partout ailleurs qu'en Amérique. Voilà le véritable choiera morbus. Notre société tend à anéantir tout ce qui s'élève au-dessus du médiocre. »
Le seul bénéfice de la guerre civile, trop chèrement acheté, fut l'essor qu'elle donna aux lettres et aux arts. De la fin de ces temps orageux et cruels date le commencement de la grande époque littéraire. Dégrossi par la Ligue, le génie français a été poli par la Fronde. Le style s'affine et s'aiguise : parmi les hommes qui vont manier la plume, plusieurs ont brandi l'épée; tous ont le sentiment de la réalité, ils ont vu tomber les masques, ils ont pu contempler à nu le visage humain.
Le chevalier Lang est un personnage agile et remuant, rompu au monde, souple et railleur, un cousin éloigné de Gil Blas. De la part d'un Allemand, cela pourrait étonner. Mais il v a Allemand et Allemand. Ceux du Sud ne ressemblent pas à ceux du Nord. Un Souabe aimable est l'antithèse d'un Prussien roide, hautain, querelleur. La poétique Souabe fui le berceau de Lang, mais il a du sang Français dans les veines. Son grand-père maternel vivait à Mumpelgardt, autrement dit Montbéliard, possession du Wurtemberg, qui échut en 1792 à la France.
On ne donne rien si libéralement que ses conseils.
Rien n'empêche tant d'être naturel que l'envie de le paraître.
La fortune et l'humeur gouvernent le monde.
La plupart des amis dégoûtent de l'amitié, et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion.
Ce qui se trouve le moins dans la galanterie, c'est l'amour.
On pardonne tant que l'on aime.
L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le coeur, comme dans le langage.
Les occasions nous font connaître aux autres et encore plus à nous-mêmes.
On ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner.
On donne des conseils mais on n'inspire point de conduite.
La confiance fournit plus à la conversation que l'esprit.
De toutes les passions violentes, celle qui sied le moins mal aux femmes, c'est l'amour.
Les vieux sont plus fous que les jeunes.
La vieillesse est un tyran qui défend sur peine de la vie tous les plaisirs de la jeunesse.
J'ai quelque chose de chagrin et de fier dans la mine, cela fait croire à la plupart des gens que je suis méprisant, quoique je ne le sois pas du tout.
Ceux qui ont eu de grandes passions se trouvent toute leur vie heureux, et malheureux, d'en être guéris.