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Citations de Jean-Claude Berton (24)


Lorsque Melle de Chartres, "un des plus grands partis qu'il y eût en France", fait son entrée à la cour d'Henri II, le prince de Clèves tombe aussitôt passionnément amoureux d'elle et souhaite l'épouser. Le mariage a lieu. Mais "M. de Clèves ne trouva pas que Melle de Chartres eût changé de sentiment en changeant de nom. La qualité de mari lui donna de plus grands privilèges ; mais elle ne lui donna pas une autre place dans le coeur de sa femme". Cependant ce mariage médiocre semble être à l'abri des orages et la joie de M. de Clèves est plus troublée par sa passion sans écho que par une jalousie injustifiée.
Madame de Lafayette - La Princesse de Clèves, 1678
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L'art de la nouvelle : Mérimée y excelle et porte le genre à son apogée. C'est à la fois un modèle de concision et de sobriété. L'économie des moyens et la limpidité du style n'excluent pas la violence des passions, la vigueur de la couleur locale ou le trouble du surnaturel.
Nouvelles - Prosper Mérimée (1829-1869)
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Les cinq Lettres qui constituent le roman épistolaire connu sous le titre de Lettres portugaises, posent une énigme. Elles furent présentées d'abord comme la traduction en français d'une correspondance adressée par une religieuse portugaise à un gentilhomme qui servait au Portugal.
En 1810, cent quarante ans après la publication, on crut identifier l'héroïne : une religieuse franciscaine du couvent de Béja, Mariana Alcoforada, délaissée par un officier français dont elle se serait éprise.
En 1926, la découverte d'un document préservé à la Bibliothèque Nationale permit d'authentifier l'oeuvre. L'auteur semble bien être Guilleragues (1628-1685), homme à l'existence curieuse, ami de Molière et de Racine, secrétaire de Louis XIV et intime de Mme de Maintenon, ambassadeur à Constantinople. Sa seule oeuvre serait alors un chef-d'oeuvre. (Les Lettres portugaises, 1669)
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Le vocabulaire, très imagé, de Zazie fait appel à des mots ou à des inventions verbales : mots d'argot, mots d'anglais, mots phonétiques. (...)

La psychanalyse pourrait expliquer le comportement de Zazie qui a été témoin de situations sordides. Mais Queneau préfère confier l'explication à une pirouette en forme de pastiche : "Paris n'est qu'un songe, Gabriel n'est qu'un rêve (charmant), Zazie le songe d'un rêve (ou d'un cauchemar) et toute cette histoire le songe d'un songe, le rêve d'un rêve, à peine plus qu'un délire tapé à la machine par un romancier idiot (Oh ! pardon)

Zazie attaque nos quatre vérités à belles dents. Aussi railleur et aussi tendre sera le petit monde de Momo, le jeune héros de la Vie devant soi d'Emile Ajar (1975). Gavroche aura eu sa descendance.

Raymond Queneau - Zazie dans le métro
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Le diable règne sur ces six nouvelles : Barbey d'Aurevilly explore six crises d'une âpreté qui fait mal, au cours desquelles il se complaît dans la description de l'épouvante et de l'horreur. ce qui transparaît sous la description érotique des passions les plus excessives, c'est la cruauté qui gouverne la plupart des entreprises humaines.
Faut-il lire "diabolique" au féminin? Les femmes sont, dans ces nouvelles, d'une beauté fascinante et inaccessible. Ce sont elles qui manipulent les hommes. Tout s'y consume en passions brèves et fulgurantes.
La mort guette à chaque page : les personnages évoluent dans un monde nocturne où les forces de l'ombre triomphent des bons sentiments et de la volonté de vie.
(Barbey d'Aurevilly - Les Diaboliques)
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S'il revient à Chrétien de Troyes d'avoir donné à notre littérature sa première oeuvre personnelle, Tristan et Iseut, l'un des plus beaux romans d'amour jamais écrits, n'a pas un seul auteur, mais plusieurs. Le texte que nous connaissons n'est qu'une mosaïque de fragments patiemment assemblés et harmonisés. Ce n'est qu'en 1900 que l'historien Joseph Bédier s'est livré sur ces vestiges mutilés par le temps à un travail d'archéologue et de restaurateur. Homogénéisant les divers fragments, restituant les parties perdues, il a fait de l'oeuvre collective un seul et merveilleux roman.
(Le Roman de Tristant et Iseut)
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Bien que dénigrées souvent pour leur sensiblerie, ces 150 pages, qui tiennent plus du conte que du roman, n'ont pas perdu leur pouvoir d'émotion. C'est l'éveil de deux coeurs qui ne se sont jamais quittés depuis qu'ils ont commencé à battre. Elevés ensemble dans l'Ile de France, Paul et Virginie ont grandi côte à côte, honnêtes et généreux, au sein d'une nature idyllique dont le spectacle quotidien avait entretenu dans l'innocence leur enfance et leur adolescence...
Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie, 1787.
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Chez André Breton (1896 - 1966), fondateur du mouvement surréaliste, le théoricien et le poète se confondent constamment. La publication de Nadja en 1928 suit de très près le premier Manifeste du surréalisme (1924) dans lequel Breton expose en particulier ses idées sur le roman avant de les mettre en pratique dans le sien. Il cherchait alors avec ses compagnons un moyen d'investigation qui leur permettrait d'explorer l'inconscient, le rêve, l'inaccessible. Aussi les formes traditionnelles sont-elles condamnées. Breton se souvient qu'affecté après la guerre dans des services neuro-psychiatriques (il avait commencé des études de médecine), il s'était initié aux travaux de Freud. Et il entreprend consciemment ce que Nerval avait accompli dans la folie : il laisse parler sa pensée.
L'expérience de Nadja sera sans lendemain. Des compagnons de Breton ou de ses disciples, Aragon, Queneau, Gracq, aucun ne persévérera dans cette voie. Mais Nadja, autant que les autres contestations du roman conventionnel, aura contribué à libérer le genre de ses tabous et à préparer d'autres mutineries.
(André Breton - Nadja, 1928)
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Le cycle des Jeunes filles rassemble quatre romans dont les titres nous invitent à l'itinéraire sentimental du héros. (...)
Pierre Costals, écrivain en renom, profite de ses romans pour séduire les jeunes filles. Deux femmes traversent cette période de sa vie. (...)
Romain Rolland a écrit de cette suite romanesque : "C'est ce qui a été dit de plus cruel et de plus vrai sur les jeunes filles", et Montherlant a riposté qu'il n'attaquait que l'idolâtrie que la femme revendique. A la glorification, mais non aveugle, des vertus masculine, il oppose l'analyse perfide de la condition féminine. Ces "jeunes filles" sont caractérisées par leur infériorité morale et psychologique, un besoin de protection qui déchaîne chez l'homme le "démon" de faire le bien, et de céder à son donjuanisme.
Les jeunes filles - Henry de Montherlant
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Parmi les "sauvages" qui peuplaient les rives du Meschacebé, vrai nom du Mississippi, vivait dans la peuplade indienne des Natchez, vers 1725, un vieillard aveugle qui s'appelait Chactas. Un jeune Français, René, "poussé par des passions et des malheurs", s'était exilé en Louisiane. Remontant le fleuve, il s'était installé chez les Natchez. Chactas l'avait adopté. Après que Chactas a raconté ses aventures - et c'est le sujet d'Atala -, René évoque à son tour son passé.
René - Chateaubriand, 1802
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Les cinq Lettres qui constituent le roman épistolaire connu sous le titre de Lettres portugaises, posent une énigme. Elles furent présentées d'abord comme la traduction en français d'une correspondance adressée par une religieuse portugaise à un gentilhomme qui servait au Portugal.
En 1810, cent quarante ans après la publication, on crut identifier l'héroïne ; une religieuse franciscaine du couvent de Béja, Mariana Alcoforada, délaissée par un officier français dont elle se serait éprise.
En 1926, la découverte d'un document préservé à la Bibliothèque Nationale permit d'authentifier l'oeuvre. L'auteur semble bien être Guilleragues (1628-1685), homme à l'existence curieuse, ami de Molière et de Racine, secrétaire de Louis XIV et intime de Mme de Maintenon, ambassadeur de Constantinople. Sa seule oeuvre serait alors un chef-d'oeuvre.

C'est l'année même de l'échec de Britannicus, un an avant Bérénice de Racine, qu'éclate ce cri du coeur. En ce siècle où le théâtre est roi, la passion la plus brûlante fait son entrée dans le domaine romanesque sous forme d'un long monologue dicté par le désespoir, puis par la colère, et enfin par la résignation.
La Religieuse écrit à son amant, qui est reparti pour la France, cinq longues lettres que lui porte un officier...
Guilleragues - Les Lettres portugaises, 1669
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Le Rouge et le Noir raconte l'histoire d'un jeune ambitieux, Julien Sorel, qui, nourri des rêves napoléoniens, essaie de s'élever au-dessus de sa condition sociale. Deux femmes servent son projet : Mme de Rénal et Mathilde de la Mole. Les deux séjours que Julien effectue, d'abord chez le maire de Verrières, M. de Rénal, où l'éducation des enfants lui est confiée, puis chez un grand seigneur franc-comtois, le marquis de la Mole, sont séparés par un passage au grand séminaire de Besançon.
Le Rouge et le Noir - Stendhal, 1830
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On suit au cours de ces 175 lettres le cours de trois histoires étroitement imbriquées l'une dans l'autre : la vengeance de Mme de Merteuil sur Gercourt, son ancien amant qui l'a abandonnée dans l'intention d'épouser Cécile Volanges, innocente victime de la machination ; les manoeuvres du vicomte de Valmont pour séduire l'austère et prude présidente de Tourvel ; l'amour qui naît entre Cécile Volanges et le chevalier Danceny. Deux âmes damnées, Mme de Merteuil et le vicomte de Valmont, qui alimentent leur complicité des reliefs d'une liaison ancienne, règnent sur un réseau d'intrigues que les lettres propagent, et d'équivoques que créé ce moyen de communication entre les personnages.
Les Liaisons dangereuses - Choderlos de Laclos - 1782
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Le mot "roman" apparaît aux environs de 1172 pour la première fois dans le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes. Il désigne une oeuvre qui n'est plus écrite en latin, langue savante, mais en roman, langue populaire. A l'époque où les moines rédigeaient encore la vie des saints en latin, le roman, langue parlée, n'avait d'emploi littéraire que dans les "chansons de geste" (la Chanson de Roland, par exemple), épopées de tradition orale récitées ou chantées par les trouvères et les troubadours. Le roman devient un moyen d'expression d'oeuvres écrites au moment précis où naît un genre qui va précisément concurrencer, puis supplanter la chanson de geste : on l'appellera le roman. (...)

Les Romans de la Table Ronde (1162/1182).
Bien que ces romans se présentent comme des récits séparés, ils forment un cycle : tous concernent le roi Arthur, roi de "Grande Bretagne", qui s'était illustré comme défenseur des Bretons contre les envahisseurs saxons au Ve siècle. Ses chevaliers, parmi lesquels Erec, Lancelot, Yvain, Gauvain, se réunissaient autour d'une table ronde pour éviter les préséances. Chacun de ces chevaliers devient, à tour de rôle, le héros d'un roman différent. (...)

Yvain : accompagné d'un lion auquel il a sauvé la vie, il cherche, d'exploit en exploit, à obtenir le pardon de sa dame qu'il a trop longtemps délaissée.
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"Ceux qui mettent le roman historique dans une catégorie à part oublient que le romancier ne fait jamais qu'interpréter, à l'aide des procédés de son temps, un certain nombre de faits passés, de souvenirs conscients ou non, tissus de la même matière que l'Histoire" (p.330). Ces Mémoires qu'aurait pu écrire Hadrien, c'est une jeune femme de vingt ans qui les invente : l'intuition sonde des faits établis par l'érudition. Son livre n'est pas seulement le monologue intérieur d'un homme à la recherche de lui-même, remontant le cours du temps passé ou du temps perdu, c'est Marguerite Yourcenar qui s'efforce de franchir ce grand laps de temps mort pour établir le contact.
Il fallait un point où Marguerite Yourcenar allait s'effacer et Hadrien apparaître. Ce moment privilégié, c'est quand il commence à apercevoir le profil de sa mort : Hadrien est pareil à un peintre installé à son chevalet qui serait dans le tableau que peint Marguerite Yourcenar.
Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien
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Ce roman d'amour passe de l'attente au bonheur parfait, et du désarroi devant le mal à l'épilogue d'un enterrement dérisoire.
L'usine dans laquelle travaille Chick, le job que se procure Colin, montrent un univers où le travail est l'auxiliaire d'exploitation et de destruction de l'homme.

Mais c'est surtout la langue qui donne à cet univers sa profonde originalité, une langue où l'imagination est servie par l'humour.

L'humour lui-même subit des variations. Tantôt noir, tantôt burlesque, il ne recule pas devant le canular et la contrepètrie.
Boris Vian - L'écume des jours
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Dans le dépouillement de sa forme et la rigueur de sa structure, ce roman est habité d'une grande passion. L'absurde n'y est qu'une hypothèse de départ. Ce sont les autres qui vont révéler à Meursault qu'il ne leur ressemble pas. On pourrait accuser ce héros suicidaire de lâcheté quand il s'abandonne à ses bourreaux. Privé de sentiment, de vie intérieure, de libre arbitre, il bouleverse les valeurs traditionnelles. Mais sa révolte le réhabilite, avec l'irruption de la tendresse et de la foi, non plus apprises, mais naturelles comme l'espoir. La mort dénoue les relations qu'il entretenait avec son propre destin : c'est dans la sérénité de cette acceptation que Meursault devient un homme.
Albert Camus - L'Etranger
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Ferdinand Bardamu raconte sa vie qui ressemble à celle de Céline. Engagé dans la cavalerie en 1914, projeté dans un conflit auquel il se sent étranger (...), il est entraîné dans les horreurs de la guerre. De peur (...), sa raison s'ébranle, mais l'instinct de survie le sauve.
(...)
Lorsqu'il parut, le roman fit scandale, à la fois par la verdeur du langage et la violence de la révolte. C'est un catalogue des maux qu'à traversés une génération qui avait vingt ans en Quatorze. Le style parlé convient admirablement, jusque dans ses barbarismes et ses impropriétés, à l'époque de Bardamu : l'absurdité de la guerre, la cruauté des hôpitaux, les crimes du colonialisme, le servage industrialisé, ne rencontrent qu'une seule fois l'espoir d'une rédemption : Molly...
Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit
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Maupassant s'était fait de la sobriété une loi. Ces quarante-huit pages en valent deux cents, et en disent davantage.
La prostituée au grand coeur, le commerçant avachi, le bourgeois suffisant, le noble décadent, le démocrate cocardier, les bigotes prudemment perdues dans leurs prières, sont pris ensemble dans une situation telle que les uns provoquent notre sympathie, les autres notre écoeurement, sans réticences et sans équivoques. Quelle amertume dans la vérité!
(Guy de Maupassant - Boule de Suif)
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L'histoire apparente d'Emma Bovary ressemble à celle de tant de jeunes femmes qui cherchent à échapper à la vie rustique de province et s'imaginent que le meilleur moyen en est le mariage. Cette fille de paysan normand s'est laissé griser par la littérature et la musique romantiques. Elle a lu Paul et Virginie, les romans de Walter Scott ; elle attend de la vie qu'elle réalise ses rêves.
Madame Bovary - Flaubert, 1857
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