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Citations de Jean-François Agostini (22)


 
 
          5.


Un monde sans buzz

On cure le lit du california           Aux pieds
des bottes trouées    On patauge deux fois  à
l’intérieur et   à l’extérieur      dans la vase et
les vers que la bèche remonte      (ce que l’on
rapporte sur du propre)



                     On pourrait en faire une
œuvre à la manière    d. hirst    une vermée
dans un aquarium       empli de formol fluo
On le pendrait à l’aulne  l’aigu des moustiques
et le grave des crapauds       en fond musical
On ouvrirait le musée        une heure par an
de préférence un jour de grêle      (les e-gens
craignent la nature)
Seul   avec les bzzz   de l’air
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          4.


On habite l’endroit que la mer clôt     On voit
midi        Dans l’échancrure éclairée du *len-
tisque (une compagnie de perdreaux se repose
à l’abri de l’entour)      rien ne remue l’instant

On ouvre le double-vitrage       pour donner
au reflet une position                 de repli
Le seuil accepte son absence      en recevant
un condensé d’haleine     Une trace dans l’air

très vite troublée par le son térébrant       et
la traînée d’un mirage    On peut ouvrir le ciel
d’un coup de langue      en lévitant en évitant
les morsures de l’encyclopédie       Ses crocs


*L'Arbre au mastic, ou Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus L.) est un arbuste poussant dans les garrigues et les maquis des climats méditerranéens.
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          1.


Gravir l’instant       Cette courte immortalité
entre les mots Ce blanc où rien ne craque ne
s’enfuit de la scansion neuronale      avant
le dépôt scripturaire      de la phase phrase
face connue du dedans      où Poésie bouge
l’air      comme une respiration d’éolienne

On donne à ce temps-mort le pouvoir d’un exil
volontaire           Ce que ressent le pèlerin
comptant ses pas près du kailash* ou du grand cirque
des solitudes       quand se consume la nuit
que le jour         n’est plus une destination

Se dire que   ne pas mourir   dure   si peu


* Le mont Kailash, également appelé en tibétain Gang Rinpoché et dans le jaïnisme, aṣṭapāda est une montagne culminant à 6 638 mètres d'altitude et faisant partie de la chaîne de Gangdise ou Transhimalaya.
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QUAND LE CIEL EST AINSI…


quand le ciel est ainsi : voir. seulement voir a des yeux de
rapace. l’immobile apaise le fragile. rien de plus étrange
qu’une légèreté d’oiseau dont on ignore le sens.

une vague entend toutes les vagues. mer et âme cherchent le
point aveugle au vertige avant que ne retombe le peu de
chaleur qu’il nous reste entre les doigts. l’air émonde les
ombres maintenant. peut-être les yeux traversent avant
qu’il ne soit trop tard une blessure une irradiance dans le
territoire du ciel. on veut croire à la simple inconnaissance
des nuages et du temps d’être.

tu le sais c’est ainsi que la clarté tourne tourne. le seul que
nous sommes recommence la faim le sel et le sel avec son
poids de mer autour de la cheville.


//Erwann Rougé (12/01/1954 - )
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          3.

19:12
La bouée d’un corps-mort allongée    sur le sol
comme un soleil en dormition      à l’heure an
niversaire      Ni tu ni je    mais peut-être île
où nous allions  – en l’humide secret des algues
de nos langues –     éclaircir la buée du monde

On s’étend près du soleil couché – dans la geôle
du corps le pas du père résonne     avec l’am
pleur d’une clarté fossile
                           On balise un non
dit au cœur des gravités sommaires Les vers
élèvent un tumulus       – monument promis
à l’esthétique du dérisoire
                                 Un poème
un soir s’est écroulé   son rayonnement  non
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Nuage obsessionnel. Qui pour me délivrer de cette addiction à l'angoissante Beauté du monde ? Même si elle aide à le supporter tel, qu'inlassablement, il redevient. (p. 33)
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          4.


Un oiseau       joue avec le fil tombant du seul
nuage d’avril         jusqu’à sa dernière maille
– s’en fait (qui sait) un nid – et rend au ciel de l’est
sa nudité diurne
                            Un avion écharpe
l’ouest     Dans la blessure   un vol irrégulier de
migrateurs s’inscrit         – cela ressemble à la
partition              d’une passacaille de bach
avant de se diluer en un bref nocturne

Voyage qui passe dans le haut      et ne donne
à l’errant qu’un instant   de son carnet de notes

      On ne sait pas où nous emmène le poème
On sait qu’il nous aide      à traverser l’incertain
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          3.


Un canadair défait le calme du poème
et du dix Son jaune éclaircit l’œuf solaire en
fumé        Des bras tendus numérisent le por
teur d’eau comme d’autres croquaient des vieilles
                                     [femmes
fagots en têtes        et pieds dans une misère
encore supportable


Un dernier largage pulvérise les flammes
Le bruit prend de l’altitude      bat de l’aile et
se tait        Se métamorphose en pixel luisant

                          En cliquant cet hiver
on verra déferler           les clichés de l’été
dans les yeux de vieilles filles    à écrans plats
et pieds dans le vide    de leur vie sans vertige
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          2.


Trois     L’en allée de l’air glisse le paysage
vers d’autres lumières Le sombre vert de l’île
s’atténue
            La tour tache  le fond cérulé
de rouge
     Les traits du soleil tranchent l’espace
en parts inégales     Un vol de migrateurs
les traverse
       On saisit vent (là   et là   dans le
lent mouvement du regard) On voudrait que sa
transparence réactive les tisons      tende
le cerf-volant visionnaire      abatte la rhé
torique des clôtures      et donne du large
à ce poème cadastré
                       On voudrait qu’il
rehausse nos mains   des brûlures de l’inouï
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          1.

Mois neuf    On regarde passer le ciel  Les mots
s’accumulent dans l’air – où bougent quelques vi
sages – en attente d’ordonnancement      On
prend bleu sans vraiment savoir s’il s’accordera
– dans cette prose     rejetée    (pour figurer
léger poème) –          avec l’émotion du mo
ment
    On prend bleu (ce qu’il reste d’une blessure
afin de l’effacer en l’écrivant ?)         On l’ôte
du lexique aérien     On le dilue      Noir sur
blanc    devient tâche sonore   à moduler en
lignes     par douze   syllabisées
On libère
bleu     On le regarde teinter là-haut
                                   Tout bat
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          4.


Des mots en hiver

Assis     La main en gerbe face au contrecœur
À peine sensible      la chaleur d’hier   prise
dans la fonte du paysage       et les commen
taires         de trois générations de veilleurs
Leurs souffles encore dans la pelle des cendres

On tisonne le presque éteint Du peu de chêne
à vif            rougeoie la géométrie d’orion


On froisse le quotidien    – le flux contingent
des vieilles nouvelles recommencées  (l’ennui
de l’idem) – sans l’avoir lu   on sait la beauté
d’un choc rétinien           l’éclat indélébile
de l’arbousier          tel un brasero sidéral


Trois pignottes deux brindilles sous les mots di
vers    une allumette     Le cycle du carbone
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          2.


Vingt-deux     Le vent du sud remet en plage les
parfums de la pinède     alors qu’un demi globe
de lune lorgne la tour éteinte         et ses pan
neaux solaires     À l’orient      sur la ligne de
partage              le ferry de gênes illumine
un centimètre d’infini
                            Un groupe élec
trogène noircit le fût           d’un pin parasol
desséché       Des particules de gasoil dansent
avec les phalènes        dans le cercle restreint
d’un projecteur halogène
                              Le tambour des
pistons couvre le clac des vagues    On s’éloigne
de la mécanique terrestre        À dos de dune
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          1.


Main tenant le corps

Le roulis de l’encre    Peu de bruit sur le blanc
recyclé La main ornée d’un bouquet d’échardes
se redéploie              exerce sa pluralité

La bille du pouls adoucit      l’angle des nerfs
révèle un transport intermittent Les méandres
du sang irriguent      les particules veillantes

Une symphonie liquide         éclaire les art
ères    On se laisse haler par l’appel du corps

Aucun os    ne s’oppose à cette introspection

On ouvre la fenêtre        Les feuilles palpitent
comme si      en filigrane    les branches d’un
cœur activaient        la respiration du poème
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          2.


L’entrebail iridien des branches       hivernales
comme un suspens de brume sur la neige brute
L’annonciation        de l’aphasie des feuilles

En ces contrées aucun mot ne tranche la main
On chemine sans laisser d’encoches aux troncs
Un lapsus ne nie pas       la ronce du sentier

On écarte les flocons de suie       la tremblée
des vocables consent      à l’harmonie du vent
Un nouvel alphabet      s’articule à l’approche
des flaques d’ellébores   On sait qu’un phalène
peut inverser l’ordre du pacifique     On ouvre
la bouche entre deux battements de langue  Coi
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          6.


Cela va sans lire, la Poé-
sie n’est pas en organdi de soie
de soirée, non, elle squatte le
cœur de ceux qui déambulent loin
des bulles de moi ou de Mémoire ;
elle s’ente sur le lent sourire
des patients ; elle offre ses cendres à
la terre, aux souches pour qu’en novembre
tranche      la splendeur de l’arbousier.
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          1.


On voudrait que ce qui en nous crie
n’entende plus que le jeu des vagues,
le sifflement du temps et le souffle
le souffle… que s’éteignent les mots
comme un feu d’artifice incolore,
que les langues s’effondrent. On voudrait
vivre au rythme de ce qui bat juste,
quelque part entre l’arbre et l’étoile,
entre la sève et le sang des feuilles.
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Ce matin, la bruyère saupoudrée de rosée ; ses fleurs, discrètement blanches, scintillent, champ stellaire d’un été lointain, juvénile. (p. 32)
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          3.


Taraxacum*

Les yeux encore dans le blanc des fleurs      d’o
liviers         Minuit tourne la page du neuf mai
dont seul    le bras  signé par un fouet de **sal
separeille  se souviendra      La main trébuche
sur les souches du clavier   Un buisson de signes
adoucit sa chute           Dans un crépitement
de bruyère et d’asparagus en feu    vingt lettres
soulignées d’un trait rouge assemblent un mot de
quatre sons     On travaille l’inconnu du lexique
en l’amputant de ses consonnes    redondantes

et l’on voit des graines de soleil     que soulève
au souffle lent de l’île      une nuée d’aigrettes


*Taraxacum est un genre de plantes dicotylédones anémochores appartenant à la vaste famille des Asteraceae (Composées). C'est le genre des « pissenlits » véritables.

**La Salsepareille ou Salsepareille d'Europe (Smilax aspera L.) est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Smilacacées. Elle est parfois appelée liseron épineux.
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          5.


seul. passe le désordre du fleuve.
je guette un sursaut de sable  un gué.
sur l’aulne un peuple d’ailes m’observe.
si la nuit s’attarde en d’autres lieux
faut-il espérer la rive adverse
et l’effort de mon corps au courant
sous la tyrannie du soleil nu ?
traverser. joindre au tronc cyclopien
mes visions sauvages    deltaïques.
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          4.


On s’éveille. Hôte d’une parole,
refuge de l’éclair. (Les sons chutent.
L’herbe, linceul gorgé de silence,
attend l’offrande du liseron
qu’Abeille et Brise distribueront
en d’équitables fragments de liesse
au chant de l’univers accordé.
(Croît la fleur crucifère en son clos
– la faux n’épargne pas les crédules.))
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