3.
19:12
La bouée d’un corps-mort allongée sur le sol
comme un soleil en dormition à l’heure an
niversaire Ni tu ni je mais peut-être île
où nous allions – en l’humide secret des algues
de nos langues – éclaircir la buée du monde
On s’étend près du soleil couché – dans la geôle
du corps le pas du père résonne avec l’am
pleur d’une clarté fossile
On balise un non
dit au cœur des gravités sommaires Les vers
élèvent un tumulus – monument promis
à l’esthétique du dérisoire
Un poème
un soir s’est écroulé son rayonnement non
2.
Vingt-deux Le vent du sud remet en plage les
parfums de la pinède alors qu’un demi globe
de lune lorgne la tour éteinte et ses pan
neaux solaires À l’orient sur la ligne de
partage le ferry de gênes illumine
un centimètre d’infini
Un groupe élec
trogène noircit le fût d’un pin parasol
desséché Des particules de gasoil dansent
avec les phalènes dans le cercle restreint
d’un projecteur halogène
Le tambour des
pistons couvre le clac des vagues On s’éloigne
de la mécanique terrestre À dos de dune
4.
Des mots en hiver
Assis La main en gerbe face au contrecœur
À peine sensible la chaleur d’hier prise
dans la fonte du paysage et les commen
taires de trois générations de veilleurs
Leurs souffles encore dans la pelle des cendres
On tisonne le presque éteint Du peu de chêne
à vif rougeoie la géométrie d’orion
On froisse le quotidien – le flux contingent
des vieilles nouvelles recommencées (l’ennui
de l’idem) – sans l’avoir lu on sait la beauté
d’un choc rétinien l’éclat indélébile
de l’arbousier tel un brasero sidéral
Trois pignottes deux brindilles sous les mots di
vers une allumette Le cycle du carbone
1.
Main tenant le corps
Le roulis de l’encre Peu de bruit sur le blanc
recyclé La main ornée d’un bouquet d’échardes
se redéploie exerce sa pluralité
La bille du pouls adoucit l’angle des nerfs
révèle un transport intermittent Les méandres
du sang irriguent les particules veillantes
Une symphonie liquide éclaire les art
ères On se laisse haler par l’appel du corps
Aucun os ne s’oppose à cette introspection
On ouvre la fenêtre Les feuilles palpitent
comme si en filigrane les branches d’un
cœur activaient la respiration du poème