Jean-Luc Roquet

S'il pense d'une façon générale, que ce qui l'empêche d'apprendre, c'est l'idée qu'il manque d'intelligence pour cela, il se place alors au niveau de la croyance.

L'état d'hypnose permet de faire faire des hallucinations à une personne en transe. Le praticien (et c'est encore plus vrai en hypnose de spectacle) suggère que le sujet voit ou ne voit pas quelque chose, la personne l'imagine et cela devient vrai pour elle. […] Cette technique d'hypnose peut servir de test au praticien pour s'assurer de la transe de son patient.

Futurisation (ou pont vers le futur) : il s'agit d'une visualisation que le praticien fait faire au patient à la fin de toute technique thérapeutique. Il est demandé à la personne de s'imaginer avec le problème résolu, l'objectif atteint.

[Le] facteur critique a pour rôle de vérifier que les informations nouvelles sont utiles. Une fois l'utilité éprouvée, connue, elle n'es plus un danger. Le principe de l'hypnose est de contourner le facteur critique, dit aussi « conscience critique » afin de faire passer des suggestions, qui, sans cela, seraient analysées et rejetées par l'intellect.

Être absorbé à l'intérieur de soi, (plutôt qu'à l'extérieur, est sans doute la meilleure façon de faire comprendre à quelqu'un qui n'en a jamais fait l'expérience, ce qu'est un état d'hypnose.

Etat modifié de conscience : […] Pour ma part, et cela n'engage que moi, je considère que cela ne signifie pas grand-chose, en tout cas, que ça ne reflète pas la réalité de l'expérience. Tout simplement parc qu'un être humain passe par différents états de conscience tout au long d'une journée. […] Il n'y a pas selon moi un état modifié de conscience, mais des états hypnotiques...

Droite : Le symbolisme de l'écriture cursive occidentale nous fait placer le futur vers notre droite. D'ailleurs, spontanément, lorsque nous appuyons notre propos verbal par des gestes, et que nous évoquons l'avenir, nos bras, nos mains, notre corps s'orientent naturellement vers la droite. C'est la raison pour laquelle, lorsqu'un praticien suggère une visualisation comme le choix d'une route à une intersection, par exemple, il va évoquer le futur à droite.

Double lien : […] la personne se place elle-même dans une situation inextricable, ce qui provoque une effraction dans la pensée rationnelle et induit une transe hypnotique.

Ce que l'hypnose et la PNL professent depuis plus de trente ans est aujourd'hui confirmé par la recherche scientifique. Une étude récente effectuée sur des souris de laboratoire a montré que l'on pouvait induire une modification mémorielle ; Afin que le patient en soit pas confronté directement au souvenir de la situation problème, ce qui pourrait être émotionnellement douloureux, le praticien va alors favoriser une dissociation en suggérant par exemple que la personne mandate un sosie, un avatar d'elle-même, qui va accomplir le travail thérapeutique à sa place.

Dissociation (technique hypnotique) : simple ou multiple, elle permet de revisiter un souvenir traumatique de façon détournée. L'objectif de ces techniques est de reconsidérer un évènement pour reprendre de l'information sur l'expérience.

La dissociation désigne spécifiquement le caractère étrange des malades pour ceux qui les rencontrent, et se retrouve dans la sphère intellectuelle, affective et corporelle. […] Les malades ont par exemple une grande difficulté à comprendre le second degré, ont des difficultés à anticiper leurs actions, expriment une pensée illogique ou contradictoire (ambivalence), voire centrent leurs raisonnements autour de pensées magiques, et les expliquent avec nu aplomb pou une froideur parfois déconcertante.

Le praticien éricksonien placera aussi dans son discours conversationnel des éléments favorisant [la] dissociation. Par exemple, il utilisera un mode volontairement flou et impersonnel (« le » corps plutôt que « votre » corps ou bien « cette » sensation inconfortable, plutôt que « votre » douleur). Il veillera par ailleurs à réassocier son discours dans l'autre sens, à la fin de la séance.

Commande imbriquée : Cette expression recouvre l'existence d'ordres ou de conseils dissimulés à l'intérieur de la phrase et qui n'apparaissent dans la conversation que parce qu'ils sont prononcés légèrement différemment de leur contexte. Il s'agit en fait d'ancrages discrets établis sur un mode auditif.

Des thérapeutes modernes remettent en cause cette idée de profondeur de la transe. Térésa Roblès, par exemple, dit que la transe moderne peut s'affranchir de ce concept de profondeur.

En hypnothérapie et en PNL , un ancrage est un stimulus qui déclenche une réponse. Les ancres peuvent être visuelles, auditives ou kinesthésiques, gustatives ou olfactives. […] Richard Bandler s'est rendu compte qu'il avait à la fin d'une séance avec un patient, redéclenché l'état interne dépressif que ce dernier présentait en arrivant. Il s'est souvenu qu'au début, comme à la fin de la séance, il avait serré la main et touché l'épaule du patient. Ces stimuli ont servi d'ancre, c'est-à-dire qu'ils ont fixé l'état interne dans un premier temps, pour le réactiver dans un deuxième temps.

On trouve ici une autre suggestion post-hypnotique directe, postulant que la prochaine nuit sera forcément meilleure : « il se pourrait bien que d'ici peu, au cours d'une meilleure prochaine nuit ». L'idée que la personne saura le faire sans savoir comment « et que vous ne sachiez pas comme cela a été possible » valide la quatrième étape du processus d'apprentissage, selon laquelle elle devient inconsciemment compétente pour savoir comment bien dormir.

La suggestion post-hypnotique « cette partie […] automatique va continuer à travailler pour vous bien au-delà de cette séance » permet au patient de renforcer la confiance en sa capacité à poursuivre le travail thérapeutique, sans rien faire de volontaire.

La permissivité de « peut-être pourriez-vous » autorise le patient à prendre ou non la proposition suivante. On renforce la compétence du patient, en suggérant que « vous le savez déjà ». Dans l'inconscient collectif, la marmotte est le symbole du bon dormeur. On est donc là dans la partie de la séance qui décrit une nuit parfaite. C'est le leading : on a accepté le patient avec son univers problématique, on le conduit maintenant dans celui de sa résolution.

Et c'est seulement parce que l'hiver a eu lieu que le printemps est possible, n'est-ce pas ? » On fait appel discrètement à l'esprit d'analyse du patient en attirant son attention par le « n''est-ce pas ? » sur le fait que pour pouvoir vivre harmonieusement le jour, l'être humain a besoin de se reposer confortablement la nuit. Cela peut suggérer également que c'est parce que le patient a connu des difficultés de sommeil qu'il appréciera d'autant mieux leur résolution. On peut d'ailleurs appliquer ce concept à beaucoup de domaines de la vie : maladie/guérison ; douleur/apaisement ; tristesse/joie ; yin/yang… appétence/dégoût ; attirance/rejet…

Je ne sais pas si dans cette grotte vous y verrez un ours, mais si vous ne le voyez pas, ça ne fait rien, parce que vous n'avez pas besoin de ne pas l'imaginer pour le voir…
La position basse de l'hypnothérapeute, chère à Milton Erickson est employée ici ; « Je ne sais pas ». Cela sous-entend que si le praticien ne sait pas, c'est le patient qui sait… En même temps, on le rassure à nouveau sur le fait qu'il n'a pas besoin d'imaginer. La confusion vient ré-induire la transe si c'est utile.