Jean-Marc Perret

Elle repensa à sa maison à proximité de Cancale qu'elle avait dénichée en compagnie de Dany Berger à l'époque de l'insouciance, des éclats de rire, de l'amour au jour le jour. Elle ferma les yeux, laissant défiler les images des moments passionnés. Elle devait sauver son refuge, sinon où irait-elle ? Elle n'avait pas la réponse.

Renard déclina la proposition. Il sortit du bureau et se trouva nez à nez avec Teddy Kerbraz. Il dut faire un écart pour le contourner. Se dirigeant vers sa voiture, il se demanda si le colosse avait écouté sa conversation avec Jennifer. En ouvrant la portière, il jeta un regard vers le bungalow. Kerbraz se tenait sur le seuil et le fixait.

Revenant à son hôtel, il eut la sensation désagréable qu’à distance respectable, la voiture déjà aperçue sur les lieux de l’accident le suivait.

Y avait un vent à décorner les cocus et avec ça un déluge !

Depuis six mois, elle recourait aux services de Ronnie. Son amie Annie lui avait expliqué comment contacter le jeune homme. A présent, Magda s'amusait de l'appréhension qui l'habitait lors de leur première rencontre. Jusqu'au dernier moment, alors qu'elle l'attendait dans cette même chambre, elle avait été tentée de prendre ses jambes à son cou. Que de chemin parcouru depuis ! Désormais, Magda devait admettre qu'elle aurait beaucoup de mal à se passer de la parenthèse hebdomadaire qu'elle ouvrait avec Ronnie. Il se montrait attentionné, d'une bonne humeur constante, et comme amant, même si ce terme n'était, bien sûr, pas tout à fait approprié, à même de lui apporter ce qu'elle désirait. Le seul moment déplaisant, auquel Magda ne pouvait décidément pas s'habituer, restait celui du paiement de la prestation. De plus, cet animal de Ronnie ne perdait pas le nord et augmentait régulièrement ses tarifs, sachant très bien qu'elle n'oserait pas marchander. Mais c'était le prix à payer, jamais expression été plus juste.

Patty Launay se demanda qui pouvait sonner à sa porte à une heure aussi tardive. Marc Renard se tenait sur le seuil. Il n’était pas seul. Il portait entre ses bras une jeune femme qui avait l’air très mal en point.

— Je suis détective privé. Agence Marc Renard.
— Oh ! Plutôt Nestor Burma ou Philip Marlowe ?
— Je suis un peu borderline comme le premier et bois du whisky comme le second, mais la ressemblance s’arrête là.

Deux appels pour rien. L’adjudant Louis Kerlo avait tenté sa chance auprès de deux chausseurs. Ni l’un ni l’autre ne commercialisait la marque Santoni. Il contacta une troisième enseigne. Cette fois, il connut un peu plus de réussite. Si cette marque italienne avait effectivement été distribuée, elle ne l’était plus depuis deux ans. L’adjudant remercia et raccrocha. Cela valait quand même la peine d’essayer.

De retour de congé, l’adjudant Louis Kerlo reprenait son service. Grand amateur de marches en pleine nature, pendant quatre jours, profitant de son état de célibat transitoire, il avait randonné autour de la presqu’île de Crozon, sur le GR 34, le sentier des douaniers. Un pur bonheur !

Quand je vous disais que c'est une histoire complètement dingue !