Je m’appelle Philippe Le Gwen et ceci est mon testament. Je suis un stringer. Chaque soir vous voyez mes images sur vos écrans de télévisons. Chaque soir je risque ma vie pour que vous sachiez ce qu’il se passe sous vos fenêtres, à quelques blocs de chez vous. Nous sommes le vendredi 12 janvier 1999, depuis le début de cette semaine j’ai filmé la mort de vingt-deux personnes. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, qui ne demandaient qu’à vivre en paix. Chaque soir, dans cette ville, des personnes comme vous meurent par dizaines, oubliés ou assassinées. Vous les regarder mourir dans votre télé. Vous êtes blasés. Autour de vous, le monde se casse la gueule et vous le regarder s’effondrer, comme si vous étiez au cinéma. Vous attendez la publicité pour aller pisser, vous ne vous sentez pas concernés… Mais ce monde est le nôtre. Il appartient à chacun d’entre nous. C’est notre responsabilité. J’ai filmé plus de deux cents cassettes, elles témoignent des crimes que vous laissez commettre. Vous vous cachez et vous croyez être en sécurité. Vous ne l’êtes pas. Personne ne l’est. Demain, c’est vous qui mourrez.
C’est difficile d’ouvrir une porte quand on ignore ce que l’on va trouver derrière, mais c’est encore plus difficile de passer sa vie devant la porte sans l’ouvrir. Et le pire, tu sais quoi ? C’est de mourir sans savoir ce qu’il y avait derrière la porte.
La réponse à la délinquance c’est de faire toujours plus de la même chose. On construit de nouvelles prisons, on rajoute des matelas dans des cellules déjà pleines. C’est prendre le problème à l’envers, ça ne marche pas. La construction de prisons nouvelles débouche toujours sur plus de prisonniers. En fait, c’est la “solution” qui aggrave le problème. Quand les États-Unis ont voulu régler le problème de l’alcoolisme, ils ont fait plus de la même chose, à savoir plus de répression : la prohibition. Le remède a été pire que le mal.
Par principe, un médicament agissait sur l'organisme et présentait pour le patient un bénéfice, mais aussi un risque d'effets néfastes. On appelait ce ratio le bénéfice/risque.
(P122)
Pour échapper à l’ennui de l’internat et à la rigueur de la discipline, il se plonge dans les mathématiques…
Les êtres humains ont cette faculté de croire aux histoires qu’ils se racontent.
Il s’engouffre dans la douche pour éteindre les robinets. Mariette dissimule sa nudité comme elle peut. Le poète attentionné des lettres se mue en forcené.
C’est terrible d’être séparé de ses parents à douze ans.
Les gens comprennent mal qu’on puisse aller en prison. Et ça leur flanque encore plus la trouille qu’on en sorte.
Quand on croit à quelque chose aussi fort et pendant aussi longtemps ça devient forcément un peu vrai.