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Critiques de Jean-Pierre Cannet (20)
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La foule, elle rit

Zou est clown et c'est pour ça qu'elle rit, la foule.



Mais ça c'est la fin de l'histoire. Parce qu'au début, il y a Zou, il y a sa mère, il y a Frère-Frère, il y a Frère-Frère second du nombre.

Ses frères ont été les premiers à partir : l'un s'est fait bouffer par les requins, l'autre écraser par un train dans un tunnel. Ils sont devenus des fantômes qui parlent à Zou pour lui dire que lui a toutes ses chances, qu'il faudra être ce pitre qu'il est depuis qu'il est tout petit pour passer les frontières...



Cette pièce de théâtre parle de migrants et le sujet est grave.

Mais la délicatesse des mots, la tendresse qui déborde de ces scènes rendent à la tristesse son sourire.

Entre poésie et drame d'aujourd'hui, entre réel et rêve, entre espoir et violence, cette pièce sensible porte à la scène un personnage bien touchant.
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Des noces rêvées ne meurent pas

***

Chapital erre parmi les forêts, les bois, les collines et les plaines. Quand il s'arrête dans un village de Bourgogne, c'est pour se reposer auprès d'un curé généreux et bienfaisant. Chapital aime et aide son prochain, jusqu'au jour où l'idée lui vient de chanter dans les églises, de remplacer le son des cloches. Et il embarque avec lui 3 amoureux transis... Tout ça avec le souvenir de Rosemonde qui le suit et le poursuit...

Un grand merci à Babelio et aux éditions La Renverse pour l'envoi de ce roman court et intense. Une écriture tout en poésie et en tendresse, avec des images à chaque phrase et une mélodie à chaque ligne. Un moment de lecture en suspend, comme une bulle de fraîcheur dans cette période de grosse chaleur...
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Des noces rêvées ne meurent pas

Un homme, Chapital, marche au hasard à travers les forêts, les plaines et les vignes de Bourgogne en quête de la femme qu'il a perdue : Rosemonde. Il arrive au bord de l'épuisement dans un village où un curé débonnaire lui donne l'hospitalité. Il reprend des forces, aide les habitants mais quand il adopte un jeune fauve - aux yeux verts comme ceux de Rosemonde- il doit fuir de nouveau. Nouveau refuge : l'auberge Aux Vents Coudés . Là , des rencontres incroyables : l'aubergiste Magalu et sa fille Zabelle, puis 2 jeunes gens que tout oppose sauf le désir de liberté. Ensemble ils forment un choeur et sillonnent les routes pour imiter dans les églises les cloches qui ne fonctionnent plus.

Les adultes sont généreux et loufoques, les jeunes en proie aux passions de leur âge, c'est une histoire pleine de fantaisie, de poésie et d'amour. On se laisse porter par le style éblouissant de Cannet : le rythme des phrases, les images surprenantes et justes à la fois, le choix des mots, tout concourt à faire sens pour la plus grande joie du lecteur.

Merci à Babelio et grand merci aux éditions de La Renverse pour avoir réédité ce petit bijou littéraire.
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Yvon Kader, des oreilles à la lune

« On dit de moi que j’ai une face de lune. » C’est Yvon Kader qui parle. Yvon est mongolien, et il a conscience de n’être pas normal. D’ailleurs, s’il l’oubliait, son miroir et le regard des autres le lui rappelleraient toujours. Yvon a du mal à accepter sa différence, et il espère avoir un jour un métier et fonder une famille. Comme les gens normaux...



L'avis d'Anaïs, 12 ans : Ce livre est écrit sous la forme d’une pièce de théâtre et c’est difficile de rentrer dedans. J’ai failli abandonner, car je n’y comprenais rien. C’est au cours du livre qu’on comprend qu’il s’agit d’un adolescent trisomique qui voit la vie avec sa poésie et ses interprétations à lui. Il y a des passages très émouvants. J’ai trouvé ce livre décousu, mais l’idée est très belle et originale.



L'avis de la rédaction : Il y a beaucoup de poésie dans cette courte pièce, et Yvon Kader est un personnage attachant, très touchant dans sa naïveté.
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Le grand labeur

En lisant les nouvelles du Grand labeur, le lecteur est brutalement privé de ses repères. Une écriture de la cruauté et des états limites, à travers des espaces-temps imaginaires où les pulsions humaines se réalisent dans leur brutalité, leur aveuglement, leur folie. Pourtant, on trouve une innocence absolument intacte dans le coeur de certains personnages: par exemple chez Charlie, malmené par la bande de copains fascistes de son père, ou chez les deux enfants qui se cachent de la guerre dans la carcasse d'un boeuf. Une écriture qui ne craint pas de dire l'absurdité des affaires humaines, la petitesse des hommes, mais qui s'appuie sur elles pour réaffirmer la valeur du courage, de l'effort et du dépassement de soi.
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Caddie

C'est une pièce de théatre de commande autour de l'univers du supermarché et particulièrement autour de la famille du directeur de la grande surface, sa femme "sociale", son fils Victor qui n'a pas les fréquentations attendues, entre Bazouk son copain et Madame Bakara, la petite femme noire éthiopienne, préposée au nettoyage du supermarché. Une parfaite inconnue pour ses parents.

Ont-ils tout pour être heureux ?

Je n'ai pas aimé ce texte, un peu vain à mon avis.
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Des noces rêvées ne meurent pas

Dans ma dernière chronique, je disais que « Le rôle d’un écrivain, c’est de prendre des risques, de s’appuyer sur des codes littéraires pour les enfreindre… » Je pensais pas si bien dire sans encore connaître Jean-Pierre cannet !

Lui, il réinvente l’écriture, le sens de l’image. Il entre en littérature par la porte de la poésie, du burlesque, du naïf, à la frontière du rêve, de l'enfantin… Il met en scène des personnages et des situations dont on se demande où il a bien pu aller les pêcher.

L’histoire ? Chapital, qui vient de perdre Rose-Monde, est accueilli par un curé de village qui l’héberge dans la sacristie. Homme à tout faire bien bâti, il est adopté par les habitants, surtout parce qu’il rend bien des services. Mais ce que personne ne sait, c’est qu’en secret, Chapital élève un lion. La nuit quand tout le monde dort, il le sort dans l’église et lui apprend des trucs. Au matin, il est obligé de tout aérer pour que cela ne sente pas le fauve. Puis Chapital s’en va, et l’aventure commence, faite de rencontres, de projets fous. Un jour, il n’y a plus de cloches dans les églises, Chapital va monter une chorale pour chanter les cloches lors des cérémonies religieuses, etc. La suite se déroule au gré de la fantaisie de l'auteur…





C’est autant l’histoire belle, tendre, un peu folle, douce, etc. qui m’a séduit, que les mots de Jean-Pierre Cannet, leur agencement, leur rythme et leur sonorité. L’auteur réinvente les descriptions des paysages, des personnages et des situations. Il choisit des mots d’une façon si douce et poétique, tout en nous surprenant par leur assemblage, qu’on ne peut être qu’envoûté par ce livre, court et immense à la fois.

L’ayant déjà conseillé à des lecteurs, je n’ai que de très bons retours qui me confirment, s’il le fallait, que c’est un livre excellent !

Que dire encore ce texte — ce serait superfétatoire —, si ce n’est que je vous conseille de ne pas le commencer tardivement, car il est fort possible que vous n’en décrochiez pas avant le point final !



Un mot sur les éditions la Renverse. J’ai rencontré Franck Achard sur un Salon du livre et nous avons parlé de sa ligne éditoriale, tournée en premier vers la poésie. Il commence à sortir des romans, assez courts pour l’instant. Pour lui, il faut que les textes aient de la tenue, autant dans le fond, le sens et la forme. L’apparence de ses livres montre qu’il prend un très grand soin à ses parutions puisque les couvertures sont imprimées sur un papier de création brillant (papier Gmund Value 310 grammes). Comme on peut lire sur le site : « Avec leurs couvertures brillantes et leur coupe en biseau au pied, nos ouvrages se démarquent de l’édition poétique traditionnelle et viennent physiquement à la rencontre du lecteur, à la renverse. »

Pour me convaincre de m’intéresser à Des noces rêvées ne meurent pas, il lui a suffi de me lire les premiers mots que je vous livre ici :

« Une femme qui s’est perdue, vous ne l’auriez pas vue ?

Il a croisé le forestier sans l’arrêter et ils ont continué, chacun de son côté.

Quand il criait pour qu’elle revienne, c’était un peu comme si Rosemonde lui répondait avec l’écho. Il ne se sent plus la force de crier. La terre est déchirée autour des monts. E ciel échappe aux branches.

Elle ne lui apparaît plus.

La nuit creuse son trou dans la mousse, il s’y blottit. Il oublie de manger. Le professeur de Paris est devenu un homme des bois. Ça fait des jours qu’il marche au hasard. »

Et c’est parti pour une centaine de pages que vous relirez certainement très rapidement après cette première lecture.
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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La Petite Danube

Lecture jeune, n°125 - Nous sommes quelque part au pied des Carpates, le long du Danube, « dans une éternité d’enfance et de guerre ». Anna, une petite fille, s’adresse aux spectateurs et raconte son quotidien avec lucidité et distance. Du haut de ses onze ans, elle évoque ainsi les trains qui défilent sous ses yeux, transportant des hommes et des femmes, Juifs ou Tsiganes. Elle découvre une veste de pyjama à rayures, enterrée au fond de son jardin, qu’elle prénomme Arthur. La veste appartient à un déporté en fuite et recherché par les soldats… Ce court texte constitue le deuxième volet d’un triptyque, commandé par le Théâtre du Pélican, à Clermont-Ferrand, sur le thème de l’errance actuelle de la jeunesse et sa mémoire. La force de la pièce est de dénoncer, à travers le regard d’une petite fille, l’indifférence de son entourage familial tandis que des peuples sont anéantis, mais aussi de démontrer que ceux qui tentent d’oublier sont toujours rattrapés par leurs souvenirs et leur conscience. Un texte fort et poignant auquel viennent s’ajouter les illustrations d’Edmond Baudoin (en pleine ou double page), qui donnent des pistes pour la mise en scène. Une pièce difficile, au sujet sensible, à la langue poétique et engagée mais qui invite à la résistance et à la prise de conscience, des valeurs toujours actuelles. Anne Clerc
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Caddie

Comment ne pas être heureux quand on a tout? Quand on est un petit garçon entouré de parents aimants et qu'on vit dans le luxe? Quand on a plusieurs voitures et qu'une boîte de pâté ne peut être que du foie-gras?

Peut être que quand les lustres écrasent, quand son père manque d'imagination, qu'on a pas le sens du business, c'est pas très drôle.

Et peut-être qu'un jour quand la maman de Victor sert dans sa plus belle robe une boîte de pâté, de simple pâté, qu'elle a pris dans le grand magasin de son papa, ce n'est rien. Qu'une simple boite de pâté.

Ou alors c'est le début de la dégringolade.

Peut-être que l'amour se trouve là où on ne l'attend pas. Peut-être qu'une vieille femme de ménage et un copain de foot sont mieux que des parents. Mais peut-être qu'ils ne suffisent pas pour rendre tout un Victor heureux. Un Victor qui, parfois, voudrait divorcer de lui-même.

Alors il faut tenter un nouveau départ. Pour une vie forcément meilleure. Plus bas, sur la carte.



Dans Caddie, Cannet nous entraîne dans le flot de sensations de Victor qui voit sa famille si parfaite tomber en morceau. Il critique avec justesse ce monde où l'image compte plus que tout, enfin tout sauf l'argent, et où parfois tout dérape. Et même dans ce monde, heureusement qu'il y a des vieilles dames africaines pour redonner le sourire après la chute.
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Des noces rêvées ne meurent pas

J'ai lu… Nos noces rêvés ne meurent pas de Jean - Pierre Cannet







Je tiens déjà à remercier Babelio pour m'avoir envoyé ce livre.







C'est l'histoire de Chapital, il vient de perdre Rosemonde et trouve refuge dans la sacristie d'une église. Chapital est désœuvré, perdu mais il va réussir à se reconstruire.







Je ne connaissais pas du tout l'auteur ni la maison d'édition qui propose ce livre.



Ce livre faisant à peine 100 pages je me suis dit "bon, en une soirée c'est bon c'est lu" Mais que nenni… dès les premiers lignes j'ai eu du mal à accrocher au style d'écriture de cet auteur. Surement trop littéraire pour moi qui est plus l'habitude du fantastique et du thriller.



Dommage, car je pense que ce livre mérite mieux que mon avis.



La maison d'édition La Renverse est vraiment renversante, puisque ces livres sont écrit de travers ! Et je trouve que c'est bien trouvé pour le clin d'œil au nom de la maison d'édition mais je trouve cela aussi pratique. En effet, quand on lit dans son lit, on bascule un peu un peu le livre et en basculant celui là les écrits sont donc droites !
Lien : http://lesenviesdemissm.over..
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Des noces rêvées ne meurent pas

Il y a dans ces pages un peu de folie (la belle), beaucoup de tendresse, de la simplicité et de la vie. Avec une écriture imagée, parlante et à l’oreille aussi douce que mélodieuse, Nos noces rêvées ne meurent jamais raconte une histoire d’amour et de rencontres. Une histoire impensable, impossible mais où l’on trouve ce petite quelque chose d’attachant chez les personnages et d’intrigant dans l’histoire pour se laisser porter sur les chemins avec Chapital et ses acolytes, comme si la logique et le bon sens n’avaient plus d’importance, mais que seule comptait la beauté des mots...................................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Little Boy : La passion

Lecture jeune, n°117 - Par quel processus absurde une nation en arrive-t-elle à aduler un meurtrier au bord de la folie ? Antihéros, le personnage de George évoque indéniablement L'Etranger d'Albert Camus. George admire d’ailleurs tant l’oeuvre du romancier qu’il en vient à se lancer à sa recherche en France. Mais, ironie du sort, Camus est aux Etats-Unis pour une série de conférences et les questions de George resteront sans réponse. L’émotion est intense : le sujet tragique est traité dans un registre poétique et permet une plongée dans l’imaginaire d’un être aliéné mais aussi passionné. Anne-Solène Lescaille
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Little Boy : La passion

Lecture jeune, n°117 - George Kane est l’aviateur qui largua sur Hiroshima cette bombe H au nom de code dérisoire : Little boy. Acclamé en héros aux Etats-Unis, George réalise qu’il n’a plus de repères, plus d’identité : il choisit alors de se faire appeler Little boy. Son univers familier est irrémédiablement détruit, au même titre que la région laissée dévastée derrière lui. En son pays, il devient L’Etranger. Hanté par son crime odieux et par le doux visage d’une japonaise qu’il a peut-être aimée là-bas, il se mure peu à peu dans la folie. Sa mémoire et son esprit sont aussi fendillés que les verres des lunettes qu’il porte. A son retour, son premier geste fut de les fouler du pied. Ainsi, il ne voit plus la réalité qu’à travers ce prisme. Quelle réalité ? Le lecteur la saisit par fragments dans les monologues de George, les récits de l’amoureuse japonaise fantasmée, les témoignages croisés de l’épouse démunie, de l’instituteur admiratif, des voisins fiers mais inquiets. Une écriture virtuose sert cette pièce magnifique à la construction kaléidoscopique. Gaëlle Glin
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De Toute lumière

Ce livre est inspiré par le vitrail d'Alfred Manessier réalisé à l'église Saint Sépulcre d'Abbeville.

Jean-Pierre Cannet laisse libre cours à son inspiration devant le vitrail et cela donne de très courts textes, une seule phrase parfois, très variés, où je me suis un peu perdue.

Je pense qu'il me manque le vitrail et les émotions qu'il peut susciter.

Les peintures de Tony Soulié sont aussi déconcertantes car elles ne contiennent pas de "Bleu" alors qu'il semble être la couleur dominante du vitrail.

Clairement, je passe à côté.
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La Petite Danube

Pièce de théâtre très courte montrant la lâcheté des parents et le courage inconscient de leur gamine à travers un habit rayé trouvé au fond du jardin. Ce court récit met en lumière les convois de la mort et la déportation, au bord du Danube, endroit bien isolé pour être à l'abri des regards. La fin m'a laissée un peu perplexe...
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La foule, elle rit

La scène se passe dans un pays où, pour trouver du travail, il faut s’exiler et traverser la mer au péril de sa vie. La vieille mère aimante, usée par la vie, a trois fils, Frère-Frère, Frère-Frère Second Du Nombre et Zou le plus jeune qui a un vrai talent de clown, pour la plus grande joie de son entourage. Les deux aînés sont déjà partis et Zou s’apprête à faire la même chose. Dans cette famille, il n’y a pas vraiment de frontière entre le monde des morts et celui des vivants. C’est ainsi que Zou apprend de la voix même de ses frères les circonstances terribles de leur mort et reçoit leurs conseils. Clandestin, il passe la frontière en faisant rire la police au lieu de se cacher. Mais trouver un emploi dans un cirque minable n’est pas faire fortune et la mère de Zou meurt avant qu’il puisse la rassurer et l’aider. Cette histoire pourrait être désespérante. Ce n’est pas le cas : aucun des personnages ne se lamente devant la dureté de son destin. Leur échec malgré leur courage et l’amour indéfectible qui les lie font de leur histoire une tragédie. Mais la mort n’est pas une séparation définitive ; le dialogue, la tendresse continuent à tisser des liens entre eux. Le lecteur se surprend à sourire et à espérer.
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Des noces rêvées ne meurent pas

Un récit renversant et brillamment maîtrisé, à l’image de la maison qui l’accueille.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Little Boy : La passion

George Kane est aviateur. Le 6 août 1945, il survolait Hiroshima, lorsqu’il aperçut Ginko, une jeune femme japonaise. Le coup de foudre, au propre comme au figuré fut immédiat.



Son retour aux USA, dans son foyer n’est pas simple. Il refuse son nom et se fait appeler Little Boy, du nom de la bombe atomique. Sa femme et ses deux enfants ne le reconnaissent plus. Accueilli en héros, statut qu’il refuse, son attitude est étrange et ambivalente. Jusqu’au jour où il entend Albert Camus, seul intellectuel occidental à prendre position contre la bombe et à dénoncer ce qui a été fait à Hiroshima et Nagazaki. Il décide alors de se rendre à Paris.



Quelques années plus tard, une jeune femme eurasienne, Hibakusha, enquête sur ses origines. Elle apprend qu’elle est fille d’un officier américain, un certain George Kane. Elle tente de le retrouver, à Paris dans une chambre d’hôtel.



Ce texte est fort. Admirablement découpé en scènes courtes, faisant appel à des personnages témoins qui racontent la vie de George Kane alternant avec les récits des protagonistes : Little Boy et Hibakusha.

Ainsi se succèdent : un officier de l’Enola Gay, Fanny la femme de George, une voisine, le médecin de George, une femme de ménage, le directeur d’école de sa fille, son beau-frère, une hôtesse de l’air et un gardien du musée du Louvre… autant de personnages qui par leur voix donne une vision du drame, une parcelle de la vie de George Kane post-bombe.



L’écriture de Jean-Pierre Cannet est simple, sans artifice, presque poétique, cette histoire est exceptionnelle. C’est un véritable pari que de raconter Hiroshima en mêlant le destin d’un aviateur américain et d’une rescapée de la bombe et surtout en y instillant l’amour. Comme si dans ce lieu, où la haine a tout brûlé, l’incandescence de l’amour produisait à la fois une renaissance et un effacement de la haine. La naissance d’un enfant, symbole du métissage et une ouverture sur un travail de mémoire en permettant aux belligérants et aux amoureux de se rencontrer. Un étrange aller-retour entre Japon et Amérique, qui montre aussi combien cette bombe a pu atomiser une famille américaine, après avoir irradiés de nombreuses familles japonaises ; et dénonce le paradoxe de la cécité des sociétés occidentales face à l’horreur atomique (plus terrible encore que n'importe quel génocide, puisqu’elle touche sans distinction toute une population, et surtout parce qu’aucun État ne s’est élevé contre la production de bombes atomiques par la suite, et qu’encore aujourd’hui nous vivons sous la menace nucléaire).



Une pièce de théâtre qui finalement se prête très bien à la lecture à voix haute d'après le metteur en scène Christophe Rouxel :

"... Pendant ces lectures, on peut caresser le texte, laisser entendre ses sonorités, sa poésie, ses accents graves et aigus. Et si l’enjeu de ce texte c’était cela, la restitution de cela ? Si son âme était là, tapie, secrète ? Nous aurions tort alors de ne pas le nommer, le poème d’amour de l’humanité, sans artifices inconsidérés, sans éclats de voix. Les voyages dans des espaces neutres et dans les temps donneront corps à cette histoire."
Lien : http://legenepietlargousier...
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Simploque le gitan

Une écriture très imagée et toujours surprenante, des personnages râpeux, boîteux, terribles, beaux à force d'être laids. Le mal scintille chez Tio le gitan à la tête molle, la bonté niche sous les grands pans du manteau de Légitimus, à l'intérieur duquel se cachent les orphelins. Dans un décor de décharge, éclaboussé de nuit, grandit Simploque, fils d'une prostituée gitane. Simploque découvre l'amour dans un contexte où les corps de femmes sont à vendre, où la violence et la mort mènent la danse. Amoureux de Gina, Simploque vivra pourtant sa première expérience dans les bras d'une autre femme. La fraîcheur qui est la sienne lui permet de trouver des trésors au milieu du sordide. La dignité des hommes et des femmes est mise à mal, et pourtant l'humanité demeure en chacun d'entre eux, ineffaçable, inviolable. La magie gitane, rebelle, circule d'un personnage à l'autre, prenant, au delà des destins individuels, un caractère d'éternité.
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Mordre la falaise

Les poèmes de ce recueil révèlent une écriture acérée, intérieure, en flambloiements, un univers étrange et obsédant dans lequel l'homme et ses rêves se heurtent à la dureté et à la froideur du monde. L'initiation est souvent déroutante, paradoxale. L'écriture dit la séparation entre le ''regardeur'' et la réalité des hommes, malgré un sentiment profond d'appartenance au cosmos. Les mots s'entrechoquent comme la mer et les rochers. Le sentiment d'être en vie coïncide avec la mise à nu d'un être défiant la mort. Comme un fil rouge, l'amour est quête rituelle, recherche de l'unité accidentelle. Comme un pied de nez sacré à la vie, un retour à la chaleur qui permet que coule à nouveau la source originelle que ni la bêtise, ni la médiocrité, ni la laideur croisées sur le chemin ne parviennent durablement à assécher.
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