"Ecrire c'est côtoyer les étoiles" me disait ma soeur [...] Ce feuillet finira au feu, comme tant d'autres, et j'imagine déjà en voir la fumée s'élever vers toi. Que tu entendes ce que je n'ai su te dire, cette nuit-là.
Shadow se tenait debout, immobile au milieu du ring, non sans un flegme évident. Patient, mais affublé néanmoins d’une mine agacée, il attendait. Aucun son, sauf une distante soufflerie et un ronron de machinerie, ne troublait la sérénité de cet endroit. Le centre d’entraînement de Pinxit. Pourtant, Shadow se mut ; dressa sa main droite d’où fuirent des filaments de fumée noire.
— Pas assez discrète.
Il fit volte-face à Kayla. Claqua des doigts. L’âcre nimbus se volatilisa dans ses yeux et se faufila dans ses narines. Elle toussa, recula par réflexe.
— Pas assez de contrôle.
Shadow enchaîna par un crochet du droit. Son élève réagit, évita cette agression — et d’ainsi sentir ses dents voler en éclats ; tenta un direct du gauche, contre-offensive arrêtée, illico, dans son élan.
— Pas assez vive.
Elle gémit, son membre retourné. En un geste de son détestable professeur, elle se retrouva cul par terre.
— Connard, geignit-elle de colère et de douleur entremêlées.
— Pas assez créative, ironisa Shadow.
Skylar se réveilla sur le sol sale et glacé de sa cellule. Gémissant, cassé comme un jouet fragile, il s’assit en tailleur face à la porte dont le métal renvoyait vaguement son reflet. Pour la première fois en des semaines de « traitement », il revoyait son visage. Ses charmes d’antan s’étaient fanés. Pétales envolés au vent, écrasés et déchirés au gré des aléas, ses traits se réduisaient à une désolation osseuse. Sa carnation devenue blême le fit s’interroger : était-il encore en vie ? Ses yeux furent comme une confirmation. Ce regard autrefois animé par la rage de vaincre semblait éteint, mais derrière un voile de tristesse, un éclat diffus demeurait. Il voulait vivre.
Un pouvoir confié, délégué ou acheté est toujours factice. Le vrai pouvoir se dérobe et s'érige.
Une ambiance maussade régnait, tombait sur cette nourriture tel un crachin cendreux, gâtait son goût, âcre comme du charbon.
Les gratte-ciel émergeaient de cet agrégat de noirceur, entourés par un train intelligent glissant sur son magnétorail.
Quelle ironie [...] Comme la haine, l'amour finit par s'échouer au fond d'une déchetterie.
Kayla se faufila au milieu de cet amas de misère tangible.