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Critiques de Joël Blanchard (10)
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Louis XI

Enfin, un portrait de Louis XI sans trait forcé et sans roman noir, et, du coup, sans que l'auteur ait besoin de rendre compte de cette évolution positive.



Finies les images sombres multipliées à l'envi : à la trappe les "Fillettes", ces cages plus ou moins étroites et de sinistre réputation où Louis XI aurait enfermé ceux qu'il voulait punir ; le "machiavélisme" du souverain, sans être totalement faux, n'est plus aujourd'hui au cœur des préoccupations des historiens, surtout que l'on sait depuis longtemps que cette légende a été largement fabriquée et entretenue par la littérature (voir par exemple Quentin Durward de Walter Scott ou Notre-Dame de Paris de Victor Hugo). Tout cela n'est plus de saison, et ne mérite même plus de retenir notre attention.

Et plus besoin non plus de penser à une réhabilitation : Paul Murray Kendall avait, en son temps, parfaitement réussi cette opération. Mais ce temps est révolu, et l'analyse des faits et des écrits ne peut plus être la même.



Joël Blanchard vient d'écrire le Louis XI qui nous manquait, et il nous décrit une action concrète, où l'on voit bien que les vieux clichés et étiquettes, et tous les fantasmes qui ont eu cours dans le passé - même encore chez Kendall - ne peuvent plus trouver place. L'événementiel n'a, dans ce livre, qu'une part limitée, celle qui est nécessaire au propos de l'auteur, qui est de se concentrer sur l'action politique, administrative, diplomatique, financière, judiciaire, etc. et sur la personne privée, que l'on connaît aussi pour une correspondance abondante et sans doute presque intégralement archivée. Il nous manque peut-être une analyse poussée des rapports que Louis XI entretint avec l'Église et un réexamen de la conception qu'il se fit des choses de la foi.



Mais, c'est fait : on est sur la bonne voie.



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)



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Philippe de Mézières et l'Europe

Philippe de Mézières (vers 1325- 1405) apparaît comme un véritable "citoyen" européen avant l'heure. Encore faut-il nous entendre sur ces termes et les ramener à la dimension que Mézières leur donna, intéressé qu'il était à ramener les rois et princes d'Occident sur le chemin de la Terre Sainte alors que ces derniers avaient perdu, pour beaucoup, l'habitude de s'y rendre, au moins depuis Saint Louis et Frédéric II de Hohenstaufen. Homme de culture, homme d'action, serviteur du pouvoir chypriote comme chancelier du roi Pierre 1er, il fut un infatigable militant de l'esprit de Croisade, accompagnant le souverain en Égypte dans son aventure alexandrine en 1365. L'expédition commença bien, mais les ardeurs des hommes d'armes retombèrent dès qu'ils furent chargés de butin. Revenu en Europe, Philippe de Mézières se trouvait à Venise lorsqu' il apprit la triste fin de Pierre de Lusignan, son maître, qui avait péri assassiné en 1369. Après un passage en Avignon, il gagna Paris, où l'attira le roi Charles V le Sage, qui désirait faire de lui le précepteur de son fils aîné, le futur Charles VI. Il prit résidence tout près de Charles V, entre l'hôtel Saint-Pol et le couvent des Célestins. Quand le Sage roi mourut en 1380, Philippe quitta la vie publique et se réfugia chez les Célestins pour y écrire, notamment son Songe du Vieil Pèlerin. Il mourut en 1405, laissant une œuvre écrite importante.

Pour que son idée de Croisade eût pu voir le jour, il aurait fallu que les Européens commençassent par se réconcilier durablement entre eux, notamment les Anglais et les Français entrés en conflit en 1337 et provisoirement en paix apparente en 1360 avec les traités de paix de Brétigny et de Calais, consécutifs à la défaite de Poitiers-Maupertuis en 1356 et à la capture de Jean le Bon par le Prince Noir. Mais cette dernière opportunité fut manquée et quand se ralluma la guerre en 1369, la belle chimère de la Croisade disparut comme mirage devant les yeux (il faudra attendre celle de Nicopolis pour que le rêve soit repris de façon éphémèrepar Jean Sans Peur en 1396).





François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
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La fin du Moyen Âge

Après une succession parfaite de monarques entre 987 (Hugues Capet) et 1316 (mort de Louis X le Hutin puis, quelques jours après sa naissance, de Jean Ier – souvenons-nous de l'épopée de Maurice Druon « Les Rois maudits »), le miracle capétien bute sur la légitimité de la transmission du sang royal par les femmes.

Ne pouvant exercer ni sacerdoce, ni office, comment pourraient-elle être sacrées ? On va « inventer » la loi salique, afin d'éviter que le royaume n'échoie à l'Angleterre, ce qui provoque la guerre de Cent Ans.

Le livre – parfois difficile – de Joël Blanchard nous raconte cette histoire des premiers Valois, de 1328 à 1515, à travers les mouvements de pensée, les controverses, les conflits internes entre le trône et les Princes du sang, l'apparition progressive des idées humanistes à l'aube de la Renaissance. Pour y voir plus clair, avant de commencer la lecture, je conseille vivement d'étudier la généalogie de cette famille régnante, qui se trouve en page 285. Car la période étudiée est une succession de malheurs.

« Guerres, épidémies, famines, violences s'abattent sur le royaume de France au fil d'un affrontement qui dura plus d'un siècle et demi, la guerre de Cent Ans. Après plus de trois siècles d'heureuse continuité et de glorieuse légitimité capétienne, crise de succession, révoltes populaires et princières se multiplient sous les premiers Valois, plongeant le royaume de France dans un cycles de désastres et de redressements ».

Un état de belligérance endémique aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, jalonné de cuisantes défaites (Crécy (1346), Poitiers (1356), Azincourt (1415) où périt la plus grande partie de la noblesse française, sans compter les guerres civiles (la guerre du Bien Public, la Guerre folle, le conflit entre Louis XI et le duc de Bourgogne, la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, les Cabochiens, etc ), les révoltes fiscales (déjà !), les exactions des Routiers, militaires démobilisés vivant sur le pays, puis la Peste …

L'analyse de l'auteur s'appuie sur la littérature alors en plein développement : textes de sermons (les prédicateurs sont célèbres), romans, poésies, mémoires, mais aussi textes de jugements, lettres royales, en latin ou, de plus en plus, en langue vernaculaire. Les auteurs les plus largement cités sont : Jean de Meun, Christine de Pizan, Commynes, Froissart, Jean Gerson, Philippe de Mézières.

C'est une époque de bouillonnement intellectuel. Si le moyen-âge s'inscrit dans le cadre de rites, de rythmes, de cycles, on observe à l'époque des Valois une inflexion, des déplacements, des transformations de comportements, avec progressivement – en même temps que la référence constante à un âge d'or révolu (l'époque de saint Louis) – l'émergence de l'individu, la recherche de la solitude, dans la nature … Une remise en cause du lien social, du sens des alliances, de l'union entre le seigneur et son vassal : la guerre de Cent Ans a vu proliférer les reniements, les trahisons et félonies, malgré des serments sur les reliques … On précise la signification et la codification du crime de lèse-majesté. Faux, rumeurs, montages, calomnies sont légion, la méfiance est généralisée, la propagande subversive largement répandue. Un peu comme aujourd'hui ?

Le fait marquant de la période reste l'assassinat de Louis d'Orléans et ses suites politiques. le frère de Charles VI (le roi fou) et oncle de Charles VII, influent au Conseil de Régence est occis d'un coup de hache à la tête le 23 novembre 1407, à l'instigation de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, frère de Charles V. Selon le commanditaire de l'assassinat, Louis était un tyran et voulait s'approprier le pouvoir … C'est le début de la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs. le crime sera vengé en 1419 par l'assassinat de Jean sans Peur, lors d'une entrevue avec le dauphin futur Charles VII au pont de Montereau – c'est ce qu'illustre la couverture du livre.

Une période particulièrement complexe, à la veille de l'accession au trône de François 1er et l'avènement de la Renaissance.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Philippe de Commynes

Joël Blanchard est aussi le traducteur des Mémoires de Philippe de Commynes. C'est donc quelqu'un qui connaît son sujet. Le risque avec ce personnage, nous met-il en garde d'emblée, est de "remodeler la réalité" (p.10). Il ne faut pas réduire Commynes au conflit entre Louis XI et Le Téméraire. Il est même rare de voir souligné qu'il n'a jamais abandonné sa terre d'origine, la Flandre. Il a gardé de sa jeunesse une culture de la négociation. C'est quelqu'un de très pragmatique et de mobile, mais qui peut se montrer âpre et procédurier. Pour Blanchard, trois mots le caractérisent : diplomatie, argent et procès. Très moderne, au moins pour les deux derniers. L'homme correspond avec les capitalistes du temps, dont la famille Médicis ou le marchand Francesco Gaddi. Pour avoir une idée objective, regarder Commynes du point de vue de ses contemporains, en particulier ses adversaires, est une démarche intéressante. En un mot, cette biographie apporte un éclairage sur la jeunesse et l'éducation de Commynes, tout en abordant le reste, mais c'est cet apport qui me paraît le plus intéressant.



En 2015, Blanchard a signé chez Perrin une biographie de Louis XI. Elle permet de compléter habilement, et de manière très intéressante, celle de Philippe de Commynes. Bref, lisez les Mémoires, puis complétez cette lecture par les deux biographies de Blanchard sur Commynes et sur Louis XI, et vous aurez déjà une bonne base pour comprendre cette période et ce règne.
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La fin du Moyen Âge

Deux ans, il m'a fallu deux ans pour lire ce livre (que j'ai abandonné, même si il me restait une vingtaine de pages) il faut avoir fait math sup pour comprendre ce livre, je suis désolé mais j'ai tout oublié, c'est extrêmement rare que j'oublie un livre mais là. Ce livre fut une torture pour moi, un vrai supplice. Trop compliqué à lire, on revient en arrière, ça n'en finit pas, c'est pas du tout fait pour moi.
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La fin du Moyen Âge

FRANCK ABED BARBE



Nous avons lu, il y a déjà plusieurs années, la biographie de Joël Blanchard consacrée à Louis XI dit le Prudent, roi méconnu et souvent injustement décrié. Cet ouvrage a retenu notre attention car il permet de bien comprendre l’homme, le roi et surtout son règne qui fut bénéfique pour la France. Les images d’Epinal saccagent l’Histoire…







L’auteur, professeur émérite à l’Université du Mans, est un spécialiste reconnu des XIVe et XVe siècles. Avec cette nouvelle étude intitulée La fin du Moyen Age, il revient sur cette période souvent assimilée à tort « au déclin et au désenchantement ». L’image suivante est souvent retenue pour représenter ces deux siècles : « Guerres, épidémies, famines, violences s’abattent sur le royaume de France au fil d’un affrontement qui dura plus d’un siècle et demi, la guerre de Cent Ans. Après plus de trois siècles d’heureuse continuité et de glorieuse légitimité capétienne, crise de succession, révoltes populaires et princières se multiplient sous les premiers Valois, plongeant le royaume de France dans un cycles de désastres et de redressements ».







Ce tableau se montre quelque peu effrayant, mais l’intention de l’auteur n’est pas de « céder à cette image crépusculaire obligée ». De même, il n’adhère nullement à l’idée de Michelet qui évoquait en son temps « l’agonie du Moyen Âge afin d’illustrer ce passage chaotique vers une renaissance flamboyante ». Le but avoué de Blanchard ne se situe pas dans le fait d’accorder des bons ou des mauvais points sur ce temps historique, mais de dire tout simplement ce qu’il fut et ce qu’il ne fut pas. Il écrit à juste titre le propos suivant : « Sans vouloir minorer les tourments et les aspirations d’une société politique ébranlée dans ses croyances et ses pratiques, le présent livre se propose de revenir sur ce Moyen Âge tardif si singulier ».







En définitive, tout au long de ces trois cents pages riches et réellement intéressantes, Blanchard répond à cette question fondamentale : « Le bilan ne serait-il pas moins négatif, moins marqué par un déclin qui semblait inéluctable aux yeux des historiens des deux derniers siècles ? » Il développe dès le départ une analyse essentielle au sujet de l’Histoire : « On sait la difficulté que présente la périodisation de l’histoire, les débats qu’elle suscite chez les historiens et, surtout pour le Moyen Age, la tendance actuelle à envisager l’existence d’un Moyen Âge long du XIIIe au XIVe siècles, qui correspond à la genèse et au développement de l’Etat moderne. Il commence au XIIIe siècle, peut-être même avant, quand la réforme grégorienne, ce que l’on a coutume d’appeler le second christianisme, refonde l’Occident ».







Ce n’est donc pas un hasard si l’auteur encadre son étude par la grande guerre d’alors. Il précise : « Le choix du cadre plus traditionnel de la guerre de Cent Ans et de la disparition des principautés territoriales a le mérite d’aller à l’essentiel. Il correspond à un moment décisif de l’histoire intellectuelle, celui marqué par le développement des nouvelles formes de production écrite, dans les Cours et dans les chancelleries ». De fait, en étudiant cette période, l’erreur serait de ne se consacrer qu’à un seul phénomène. Cette posture intellectuelle aurait pour conséquence d’amener les analyses produites à des fourvoiements majeurs : « S’en tenir à une seule explication empêche de circonscrire exactement le problème que pose le règne des premiers Valois. Car les temps, nous l’avons dit, sont à la crise : crise économique avec ses cycles de pénurie monétaire, de thésaurisation pour les uns, d’endettement massif pour les autres ; crise politique et diplomatique avec son cortège de guerres endémiques ; déflation démographique liée aux épidémies ». Ainsi, l’auteur énonce que « l’image des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse (guerre, famines, peste, bêtes fauves) fréquente dans les récits des chroniques médiévaux, constitue l’arrière-plan, la trame transparente de nos analyses ».







Cependant, il convient de ne pas avoir en tête que ces seuls aspects, car la Fin du Moyen Âge s’avère être une époque « inspirée, savante, bouillonnante d’idées neuves et traversée d’une rare vitalité créative ». Les idées circulent, certains réfléchissent à l’organisation d’une nouvelle société - sans pour autant remettre en cause la notion de royauté comme en 1789 - pendant que la grande noblesse réclame déjà plus de pouvoir. La bourgeoise grimpe tout doucement l’échelle sociale et aspire à contrôler la monarchie, à l’image d’Etienne Marcel prévôt des marchands de Paris, qui entend faire plier l’autorité royale. La question de la tyrannie semble occuper nombre d’esprits, d’où les envies de limiter les pouvoirs royaux. Il existe également de grandes controverses théologiques, philosophiques et intellectuelles qui animent cette époque. Blanchard les présente, les restitue dans leur contexte et nous comprenons à travers ces différentes joutes que ce furent deux siècles très riches.







Blanchard écrit que « ce livre se présente moins comme une histoire des théories et des idées politiques que comme la tentative de saisir l’heure du danger, l’espace entre le dedans et le dehors. La liberté, la force d’anticipation de la fiction, est capable de restituer ces moments rares où alternent espoir et crainte, à l’heure où tout menace de s’effondrer. Il s’agit moins de définir la dimension dogmatique de l’Etat que de lui restituer sa contingence ». Nous considérons cette étude comme la réhabilitation de deux siècles méconnus et surtout vilipendés pour de mauvaises raisons : « La critique est aisée, mais l'art est difficile… »















Franck ABED
Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
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Bréviaire à l'usage des princes et des pauvres ..

Joel Blanchard, l'auteur de ce bréviaire est un grand spécialiste de la littérature de la fin du Moyen Age.

Il a réunit dans cet ouvrage de nombreuses sentences destinées paraît-il à parfaire l'éducation des honestes gens....

Aujourd'hui le lecteur découvre sous une forme très différente de celle de l'aphorisme, du dicton ou du proverbe, des petites recommandations assez moralistes, déclinées en vieux français, adapté par l'auteur en un français compréhensible aujourd'hui.

La lecture est très plaisante et la tonalité souvent proche de la grivoiserie de Rabelais, ou du pragmatisme désenchanté de Villon par exemple.

Quelques morceaux de bravoure et de telles belles trouvailles, qui rendent la lecture de ce bréviaire très plaisante, même s'il sera difficile d'en extraire des passages pour en faire des citations. Cependant une captivante découverte d'auteurs passionants : Christine de Pizan, Guillaume de Tignonville,Jean de Bueil, Philippe de Commynes ou Philippe de Mézières..... Et puis des sources quasi rabelaisiennes comme le "voyage de Sainte caquette" ou les "quinze joies de mariage".

On l'a compris au final, une plongée savoureuse dans le réel de la fin du Moyen Age, avec des conseils de haute portée politique, jouxtant ceux de nature bien plus crue relatifs à notre corps et à l'usage qu'il convient d'en faire.
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La fin du Moyen Âge

Dans La Fin du Moyen Age, l’historien s’attache à exhumer les « forces intellectuelles et spirituelles » qui, tout en dénonçant les faiblesses des pouvoirs, ont porté les aspirations d’une société éprouvée par le malheur.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Louis XI

C'est un livre peu intéressant malheureusement , c'est la maladie des " historiens " de nos jours qui essayent d'écrire des livres sur des personnages historiques ou tout à déja été dis et pourtant j'en attendais beaucoup .....

Si vous n'avez jamais rien lu sur Louis XI fuyez ! car vous n'apprendrais rien d'autre que des microscopique détails que vous oublierez la page suivante ...
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Bréviaire à l'usage des princes et des pauvres ..

Critique de Joël Chandelier pour le Magazine Littéraire



«La sottise d’un petit homme ne nuit guère qu’à lui seul, et peu d’autres s’ingénient à le tromper. Mais prince ignorant trouble l’état d’un chacun et est le bouclier des mauvais et la couverture des crimes. Donc doit avoir science de tout connaître celui qui tout a en garde » (Alain Chartier, XVe siècle). La sagesse antique a eu ses adages, l’honnête homme du grand siècle les maximes de La Rochefoucauld, mais la prudence médiévale reste encore méconnue. Les sentences tirées d’auteurs français de la fin du Moyen Âge réunies par Joël Blanchard viennent combler ce manque. Classées par thèmes, les citations se prêtent à une multitude d’usages : lecture distraite à temps perdu, recherche précise sur un domaine, ou encore source d’inspiration littéraire. Le mieux est peut-être d’opter pour la manière médiévale: rumination et lecture répétée. Les auteurs retenus figurent parmi les plus importants de la période: Charles d’Orléans, Philippe de Commynes, Christine de Pizan ou François Villon. Mais certains, moins célèbres, ne sont pas moins réjouissants. On apprécie le solide bon sens du religieux de Saint-Denis, l’expérience militaire de Jean de Bueil, ou les remarques moqueuses tirées de farces ou de poèmes satyriques anonymes. De nombreux éléments tirés de la sagesse antique, notamment de Sénèque, s’y retrouvent, souvent sous forme de citations réagencées ; mais cela n’empêche pas l’émergence d’une vision proprement médiévale de la vie, portant sur la fortune, les rois et, bien sûr, l’Église. On y lit l’influence des malheurs des temps, à une époque où la guerre de Cent Ans fait rage, où la peste est omniprésente et où dans les ruines d’un monde ancien en naît un nouveau. Face à ces bouleversements, les auteurs ici rassemblés oscillent entre critiques, peur et espérance, mais sans jamais perdre de vue la Providence ; car, comme le dit admirablement Philippe de Commynes, « Dieu veut toujours que l’on sache que le jugement ni la sagesse des hommes ne servent à rien là où il lui plaît de mettre la main ».

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