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3.27/5 (sur 11 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : New York
Biographie :

Jonathan Rosen est journaliste, essayiste, romancier.

Ses essais ont été publiés dans le New York Times et The New Yorker.

Jonathan Rosen est directeur éditorial du site juif Nextbook. Il a publié The Talmud and the Internet (Farrar Straus & Giroux, 2000).

La Pomme d'Eve (Eve's Apple, 1997) est son premier roman.



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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Cher monde,
Comment vas-tu ? Je m'en moque, ça ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est comment je vais. Et je vais mal. Ce n'est pas une phase que je traverse, c'est pour de bon. Je ne vois pas comment je pourrais changer avant très longtemps. Laisse-moi te dire une chose, je suis très malheureuse en ce moment. Oui, je sais, vieille rengaine. Mais voilà, tu ne me comprends plus. Ce n'est pas comme d'habitude, je ne sais pas comment dire, c'est différent cette foi-ci. Je me sens au bout du rouleau, genre : il faut qu'il se passe quelque chose maintenant, sauf qu'il ne se passe rien. Je suis toujours la même, et les autres aussi. Pourquoi est-ce que je ne change pas – pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me comprendre moi-même ? Je suis pleine de vide à l'intérieur. Je me sens très seule. Je crois que je ne m'aime pas beaucoup en ce moment, même si en théorie je m'aime bien. Je n'ai plus d'espoir. Aide-moi ! Signée Evie"
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On n'obtient jamais de bons résultats lorsqu'on se sert du corps pour se révolter contre les conditions physiques de l'existence. Les filles riches n'ont pas d'enfants, elles ont des troubles des conduites alimentaires, mais elles sont guidées par les mêmes principes. Elles se servent de leur corps pour essayer de nier le corps, d'exercer un pouvoir sur lui. Elles pensent qu'elles vont se libérer et accéder à un contrôle, et se découvrent en fait prisonnières. Le corps dans cette culture est à la fois l'arme ET la blessure.
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— J'ai lu que la maladie concerne les femmes qui ont fait des études plus que des femmes sans instruction, et les filles riches plus que les filles pauvres. [...] Pourquoi ?
— C'est une bonne question. [...] Il se pourrait que les filles pauvres aient une vie affective plus saine, mais j'en doute fortement. Je pense qu'elles paient un prix différent. Personne n'étudie leur relation à la nourriture dans la mesure où elles ne cherchent pas d'aide. Mais on voit dans la rue des femmes énormes, à peine sorties de l'adolescence, qui font taire leurs bébés en les bourrant de sirop, et on comprend que les troubles de conduites alimentaires affectent autant les pauvres que les riches. La pauvreté déforme la perception qu'on a de son corps autant que la richesse.
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Avais-je jamais vu un gros Jésus, comme on voit de gros Bouddhas ? Et que faisait un Jésus sur la croix, sinon satisfaire un désir occidental de détruire le corps une fois pour toutes ? Était-ce là ce qui rendait encore cette image si irrésistible après deux mille ans ? Et le Dieu juif, quant à lui, n'avait pas de corps du tout. Et pourtant, nous étions censés être créés à l'image de Dieu.
Notre conception de Dieu faisait-elle partie du problème – une représentation de la désincarnation que nous désirions tous ? L'idée que Dieu fût extérieur à la nature, séparé de notre corps et du monde vivant, était-elle destructrice ? Ruth, après tout, avait une profonde inclination spirituelle, et celle-ci paraissait inséparable de sa maladie.
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Ce qui nous rend humains nous rend aussi souvent malades. Appelez ça une contradiction darwinienne si vous voulez. Nous descendons des arbres, nous nous redressons sur deux jambes, et qu'est-ce que nous gagnons ? Mal aux pieds ! Mal au dos ! Nous cessons de mener notre vie sexuelle en fonction des saisons du rut, des flux hormonaux, de la rotation de la Terre, et que nous arrive-t-il ? Misère conjugale. Divorce. Viol. En tant qu'espèce, nous ne sommes pas bien adaptés. Notre cerveau, le joyau de la couronne, est peut-être ce que nous avons de plus défectueux.
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"Anorexie" était un terme d'une laideur desséchante. Il signifiait "absence d'appétit" – une erreur, puisque les personnes qui en souffraient avaient toujours faim. Dans une étude, je trouvai le terme allemand : die Magersucht. Je l'adoptai, et il devint mon terme privé pour désigner ce dérèglement. Je le préférai à l'autre, non seulement parce qu'il était plus précis – il signifiait "désir d'être maigre" – mais aussi parce qu'il était teinté de poésie et proposait une fusion sonore entre la beauté et la mort. Il donnait aussi à la maladie une intonation vaguement nazie, sinistre. Il me semblait que Ruth, qui tenait un journal à l'image d'Anne Franck, l'héroïne de son enfance, aurait préféré être persécutée par l'ombre de die Magersucht plutôt que par les empiètements laids du banal appétit.
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La maladie de Ruth lui offre peut-être au moins l'illusion de contrôler un monde chaotique, même si, en bout de course, elle rend chaotique la vie de Ruth. Nous ne sommes pas des créatures rationnelles.
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Il est arrivé malheur à ma pomme de terre. Soit je ne l'avais pas suffisamment percée, soit je n'aurais pas dû la laisser dix minutes [dans le micro-ondes], car elle s'est réorganisée sous une forme qui évoquait plutôt un œuf de dinosaure. Je l'ouvris en me servant d'un couteau à pain comme d'une scie, mais impossible de la réduire en purée avec une fourchette ; je dus me résoudre à traiter les deux moitiés toutes ridées comme des tranches de pain [...]
Quand je redescendis quarante minutes plus tard pour faire sécher le linge, [...] j'étais si impatient de remonter que je sortis trop tôt nos vêtements du séchoir. De retour à l'appartement, je constatai qu'ils étaient chauds, mais pas secs.
Pomme de terre brûlée, lessive crue.
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— Les sauvages les plus primitifs vivants dans les tribus les plus reculées, coupés de la société et de la technologie occidentale, isolés depuis des milliers d'années, sont à peu près aussi naturels qu'un gobelet en polystyrène. Les hommes ont beau être nus, ils attachent un pompon à leur pénis ou une ficelle à leur bras. Ils impriment la trace de leurs mains et de leur esprit sur leur peau, gravent une nouvelle réalité, purement humaine, sur leur visage, sur leur bras, sur leur dos. Le cerveau qui nous donne la ruse suffisante pour survivre dans la nature nous a séparé depuis longtemps du "naturel".
— Et où en sommes-nous maintenant ?
— Dans la confusion, dit Flek avec un sourire triste.
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Nous sommes tous cachés, après tout, comme des nouvelles lunes. Ce mince croissant, c'est tout ce qu'on verra jamais de quelqu'un. Le reste est là, mais dans l'ombre. Si vous faites un effort, vous pouvez en distinguer les contours dans le noir. Mais ce n'est qu'une indication de ce que nous ne saurez jamais. Vous cherchez les contours du reste de Ruth. Mais elle ne veut pas être découverte. Et elle ne peut pas l'être, pleinement. Vous ne devez pas vous attendre à trouver des réponses. Nous sommes tous mystérieux – pour nous-mêmes comme pour les autres – et plus nous nous approchons de quelqu'un, plus le mystère s'approfondit. Ne cherchez pas ce qui n'est pas là.
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