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Critiques de Juan Milhau-Blay (12)
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En marge

En marge, ces quatorze nouvelles le sont indéniablement.



Elles racontent en partie des personnages marginaux qui vivotent, ou plus encore qui sont, pour beaucoup, à un instant clé de leur existence. Personnages marginaux à la croisée des chemins donc, qui se racontent, ou sont racontés, avec beaucoup de sincérité et de justesse.



Elles sont de plus écrites dans un style extrêmement riche et polymorphe : parfois c’est un phrasé argotique, percutant, qui vient ponctuer les aventures ou mésaventures d’un personnage ; parfois c’est plus académique, mais non moins alerte et enlevé ; le tout étant souvent accompagné de références culturelles distillées çà et là, tantôt telles quelles, tantôt modifiées dans un but parodique.



Le ton, quant à lui, est tout aussi polymorphe, d’une nouvelle à l’autre, mais aussi dans une seule et même nouvelle : de la gravité pour parler des conditions de vie ou de traversée des réfugiés, ou au contraire beaucoup de légèreté et de truculence pour raconter la rencontre improbable du narrateur d’une des nouvelles avec les dieux de l’Olympe – pour ne citer que quelques exemples.



Ce mélange de styles, de tons, de genres permet finalement, avec beaucoup de réussite, de raconter la marge, qu’elle soit sociale, géographique, littéraire, musicale, ou plus généralement culturelle, dans toute sa diversité et sa vivacité, dans tous ses bons comme ses mauvais côtés, dans tous les cas par l’intermédiaire d’un regard atypique qui lui rend un bel hommage.



Une belle découverte en somme que ce recueil de nouvelles : je remercie les éditions Antidata et Babelio de me l’avoir permise via la Masse Critique.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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En marge

« En marge » herbes fauchées, abandonnées, broussailles, sécheresse hostile. Puissantes, douloureuses, contemporaines ces quatorze nouvelles bleu-océan acclament les résistances, les efforts « Rocher de Sisyphe ». Atteindre coûte que coûte la marée basse avant la nuit. L’exil, la perte d’estime, missive d’espérance gorgée de pluie. L’exclusion, le pain perdu, les manques, boue séchée sous les chaussures trouées.

« Défi cyan ». « Quarte augmentée. Une note couleur de spleen. Une ecchymose sur la gamme. Je tourne patiemment autour, quand j’improvise… Jusqu’à ne plus avoir d’autre choix. Alors ma guitare pleure. »

La trame ressac et splendeur dévore immanquablement les tristesses infinies. Le chant d’un langage beau à couper le souffle. Juan Milhau-Blay est doué, très. Il arrime les fragments au port des exutoires.

« La Roca ». « (deux et deux font trois). Tu es un homme maintenant. C’est à toi que je veux dire mes malheurs. »

Errances repliées dans une caravane parabolique. L’arche des douleurs insurmontables. La vie vacille, écrin de lassitude. Mélancolie à fleur de ciel, les souffrances sont plus vives que la mort elle-même. Les textes s’entrecroisent. L’hymne élève ce que Juan Milhau-Blay rassemble à corps et à cris. Au rythme de la musique, des habitus d’une terre que l’on pressent pourtant ensoleillée et partisane.

« Après Guet Ndar » est à l’instar de l’orage au cœur du monde. On serre ce texte tout contre nous. On voudrait changer le mot de passe.

« Saï-saï, tu finiras seul. »

« En marge » est l’épars étranglé par nos indifférences. Un recueil lumineux, grave.

« Gachòla » « Non, je suis ici pour te raconter le pays perché entre mer et montagne… te dire l’odeur du raisin, du thym et de la châtaigne. »

Ces croisements de vie sont la majuscule de nos arrogances. « En marge » est un électrochoc. L’amplitude souveraine d’un auteur qui sait jouer à la marelle entre ciel et terre et qui connaît sur le bout des doigts le charme méditerranéen. Ce kaléidoscope flamenco est une chanson triste, magistrale. En lice pour le prix Hors Concours 2021. Publié par les majeures Éditions Antidata.



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En marge

En marge est un recueil de nouvelles. Une fois qu'on a dit cela, on n'a pas dit grand chose.

Sauf que la nouvelle est un genre bien trop snobé en France, quelque chose qui serait un art mineur par rapport à l'art majeur du roman.

Grave erreur ! Il est probablement bien plus difficile de produire de la littérature dans le cadre de la nouvelle que dans le confort du roman.

Il n'y a dans la nouvelle pas de place pour ce qui n'est pas essentiel et tout, dans En marge, est essentiel, tout fait sens, tout fait truculence, rondeur, acidité, noirceur, humour.

Ici, tout n'est que désordre et donc beauté dans chacune de ces fenêtres ouvertes sur des destins tragiques et foutraques.

Mention spéciale pour la nouvelle « Après Guet Ndar », un petit bijou qui mériterait, sur le sujet des migrants, d'être étudié dans les écoles
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En marge

Quatorze nuances de rugueux, de noir, de tendresse et d’ironie du sort. Une belle réussite.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/04/11/note-de-lecture-en-marge-juan-milhau-blay/



Souvent entre Montpellier et Barcelone (dont le centre de gravité aurait ici été localisé à Sète – comme chez Olivier Martinelli), avec de notables échappées du côté de Saint-Louis-du-Sénégal (« Après Guet Ndar ») ou des Saintes-Maries-de-la-Mer (« La Roca (deux et deux font trois »), avec une prédilection pour certains trains et certaines gares, tout à coup divinisées avec ruse, que ne renierait sans doute pas le Éric Bohème du « Monico » ni le Neil Gaiman de « American Gods » (« L’Odyssée de Momo »), il se construit sous nos yeux une étonnante traversée de sons (rock ou flamenco, gitans ou bluesy), d’ambiances (de galères dans la téci, de passages délicats de frontières ou d’échappées espérées belles) et de sentiments (l’amour, l’espoir et la résignation légèrement fataliste se taillant la part du lion). Avec un sens rare de la mise en scène des quiproquos et des atermoiements intérieurs, Juan Milhau-Blay nous offre une gaillarde saga en épisodes pas aussi disjoints qu’il le semble d’abord, placée avant tout, me semble-t-il, sous le signe terrible et malicieux de l’ironie du sort : à elle seules, des nouvelles aussi acérées et néanmoins joueuses que « Maximilien est un gros con », « L’Abus de modération nuit gravement », « À la lie », ou encore « Guet Ndar » et « Échevelé » justifieraient pleinement l’acquisition de ce recueil insidieux, tandis que les beautés à la fois solaires et doucement mélancoliques de « Défi cyan », « Memento Taur » ou « Gachòla » viendraient nous rappeler qu’il ne s’agit pas ici que de noirceur et d’ironie, loin s’en faut.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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En marge

Tout d’abord, je remercie les Masse Critique et les éditions Antidata (maison spécialisée dans les textes courts) de m’avoir permis de découvrir ce recueil de nouvelles de Juan Milhau-Blay, auteur méditerranéen installé aujourd’hui en Catalogne. Cette affiliation au sud de notre pays, l’auteur la transpire à travers chacun de ses récits même si les thèmes en sont universels : trahison, jeu du destin, séduction…

Ce qui m’a embarqué tout de suite chez cet auteur, c’est la langue utilisée qui est un mélange d’argot, d’expressions actuelles mais aussi de références parfois classiques. Acérée, elle parait parfois comme écrite dans l’urgence : elle parait immédiatement fluide, presque facile mais se révèle, au final, extrêmement travaillée.

Du coup, nous côtoyons au fil des pages des personnages le plus souvent à la marge, des losers sympathiques qui se heurtent aux maux, aux murs de notre société : le jeune Maghrébin non reconnu par ses pairs en matière d’œnologie, le musicien en panne, la victime de racisme… Le point commun à toutes ces nouvelles reste l’humour, la dérision et l’auto-dérision, toujours sous-jacents derrière la gravité. Certaines nouvelles possèdent un potentiel cinématographique certain, on est parfois tout près du film noir.

Ce recueil permet en conséquence de connaître un peu mieux Juan Milhau-Blay, de saisir les valeurs qu’il porte et d’avoir envie de le suivre dans ses prochaines publications. Une belle découverte !

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En marge

Un recueil de nouvelles au style atypique, vif, parfois cru, riche en humour noir, en jeux de mots, en jeux de style entre argot, verlan, figures de styles et parodies. Je me suis plu entre ces pages, aux côtés de personnages en marge, à la vie parfois cabossée mais sympathique et pleine d'autodérision voire d'émotions. On évolue en Occitanie, entre Montpellier, la Catalogne et parfois l'Espagne et c'est agréable en cette période hivernale.

Une belle découverte !

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En marge

J'ai pris un réel plaisir à lire ces nouvelles. Variées et sortant de l'ordinaire, elles bousculent les émotions, dérangent, émeuvent, amusent ...

Elles bousculent ma réflexion, m'interrogent, puis me libèrent avec humour. Je recommande vivement ce recueil de nouvelles: En Marge de Juan Milhau Blay edition Antidata 10€
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En marge

Si vous n'êtes pas un fan des recueils de nouvelles, ce livre peut vous réconcilier avec le genre. Les histoires sont brèves, les genres variés (on navigue aisément du tragique au comique), les personnages justes et pour certains attachants, le style souvent drôle, parfois fleuri, mais sans excès. On apprécie également de croiser un écrivain qui a du vocabulaire, généralement placé à propos et sans vantardise. Une fine* couche récurrente de chauvinisme occitano-catalan de la part de l'auteur vient compléter le tableau.

On vous le recommande.



(*Bon, parfois la couche est un peu plus épaisse, c'est vrai, mais toujours savoureuse : mettons cela sur le dos de l'auto-dérision.)
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Je suis catalan mais je me soigne

Quel bonheur que ce nouvel écrit de Juan Milhau-Blay !

Ce livre, certes à forte teneur historique, m’a d’abord boulversé parce que l’auteur y met tout son coeur et toutes ses tripes.

N’étant moi-même pas Catalan, j’abordais en effet cette lecture avec la distance qui sied à un sujet perçu comme un peu lointain, presque folklorique.

Mais le choc n’en a été que plus grand.

Porté par un amour intime du verbe, ce livre nous fait ressentir la relation intime de l’auteur avec sa culture, Catalane, en l’occurence, mais qui aurait pu être toute autre, et le besoin que nous avons tous d’être reconnus dans ce que nous sommes, au plus profond de notre singularité culturelle, quelle qu’elle soit: juste reconnus, acceptés comme tels, et pas simplement niés au titre d’un universel jacobin souvent suspect.

Alors, maintenant, j’en suis sûr :

« Nous sommes tous des Catalans ! »

Merci encore à toi, Juan Milau-Blay !
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Je suis catalan mais je me soigne

ce livre evite la lecture fastidieuse de 4 livres d "histoires"

vendus sous le titre de livres d HISTOIRE

très bien documenté ferocement instructif et amusant

(qui aime bien ETC......)

en bonne place dans ma bibliotheque

MERCES PLA Y GRACIES a JUAN MILHAU-BLAY

philippe
Lien : https://philippe.chiffre@wan..
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A lier...

Juan Milhau-Blay a déjà plusieurs vies à son actif (à son passif aussi d'ailleurs) dont certaines que j'ignore et d'autres que je ne veux même pas connaître.

Je crois qu'il a été musicien, une espèce de Didier Super des Pyrénées en plus foutraque si tant est que ce soit possible. Kidnappeur de Ronald McDonald si tant est que ce soit un métier. Inventeur du "board-hell", une sorte de patinette planche à voile si tant est que ce soit une invention et pas simplement un moyen de matérialiser un jeu de mots.

Militant pacifique mais déterminé pour l'indépendance de la Catalogne, inventeur de la Tauranela, une recette à base de veau, d'huîtres et de safran destinée à devenir une spécialité locale, amateur jusqu'à l'excès de tout ce qui se mange et se boit parce que l'excès est un mode de vie, une philosophie, un hédonisme vital, un eudémonisme de survie.

Et puis Juan Milhau-Blay est écrivain. Il a publié en 2017 À lier... chez Mare Nostrum. Il paraît qu'il s'agit de son troisième roman mais j'ignore quels sont les deux premiers.

À lier... c'est surtout une grande claque dans ta gueule de lecteur, une polyphonie corsée retraçant au travers des récits de quatre personnages la généalogie d'une famille de cons-sanguins hantés par l'inceste, l'appât du gain, le meurtre considéré comme un des beaux-arts, l'alcool, le sexe, la vengeance, l'aryanisme et les bonbecs.

Le bruit et la fureur de Faulkner plane au-dessus du roman. Le Golfe du Lion est un Yoknapatawpha méditerranéen dans lequel chaque personnage est, à sa manière, un Benjy Compson assumé et consumé.

Il y a de l'occultisme, de l'armanisme, aussi, comme si Bukowski avait écrit le Da Vinci code ou Malcolm Lowry Les souffrances du jeune Werther, mais un Werther original (les bonbons qu'on suce).

Parce qu'il s'agit aussi d'un roman d'apprentissage à sa manière. Le style est sec, tranchant, un putain de style, je ne saurais le dire autrement. Juan Milhau-Blay ne s'est pas contenté d'écrire un livre, il a produit de la littérature parce qu'il sait que c'est ce qui compte, "de la musique avant toute chose".

Et puis il y a de la baise, des pipes, de la sodomie, du sperme, de la cyprine, du sang, de la merde, de la sueur et des larmes, tout ce qu'un corps humain peut sécréter, un roman dans lequel les fluides corporels sont les vecteurs des émotions, de l'amour autant que de la haine, parce que À lier... c'est d'abord et surtout une histoire d'amour.

Juan Milhau-Blay est un écrivain romantique, au sens le plus noble du terme, parce qu'il sait que le romantisme c'est évidemment du sperme, du sang, des larmes et de la mort, dans la lignée des vrais romantiques, Goethe, Hölderlin ou Novalis.

Juan Milhau-Blay est un grand écrivain, lisez-le et vous comprendrez.
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Je suis catalan mais je me soigne

Un livre désolant. Un livre d'opinion qui ne vaut que pour celui qui l'écrit et ceux, sur sa route, qui partagent ses rancunes et sa colère. Aucune source sérieuse. L'écrivain se contente de rappeler des mythologies familiales et culturelles. En ces temps de problématiques entre-soi et de désinformation, éditer pareille feuille de chou est une action particulièrement navrante. L'humour derrière lequel se cache l'auteur augmente encore le malaise. Mais pourquoi tant de haine ? Les Mézois comme bon nombre d'"imbéciles heureux qui sont nés quelque part" ont accouché d'un Assurancetourix demago... à leur parfaite image.
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