Chapitre 1 :
Petite annonce
«… Pseudo : Pomme-qui-rit
Âge : 25 ans
Lieu de résidence : Biarritz
Puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, je vais faire classique. Je suis haute comme trois pommes, mais comme disait toujours ma grand-mère, « pomme qui roule n’amasse pas mousse », et c’est ainsi que je suis arrivée à l’âge respectable de vingt-cinq ans.
…
Je crois qu’il est temps que je liste mes attentes. Cela va être rapide.
Je suis attirée par les hommes riches.
Les hommes riches de sagesse, de générosité, d’humour et de temps consacré aux autres.
Côté caractère, il devra admettre que j’ai toujours raison (même si j’ai tort !) et être capable de discuter de tout, je dis bien de tout. Des noix de pécan dans le brownie, de la fin la plus pourrie d’une série, du meilleur film de Spielberg, des trois objets à emporter sur une île déserte, des petits hommes verts, de la meilleure destination pour un voyage, du fait qu’une pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.
Si les mecs pas sérieux, mariés avec une femme ou avec leur boulot pouvaient ne pas répondre, cela éviterait à mon cœur de se briser une fois de plus.
Auras-tu envie de partager une pomme d’amour avec moi ? …»
Chapitre 9 :
Joshua
«… « Pseudo : Sea-you-soon
Âge : 28 ans
Lieu de résidence : Biarritz
Je ne connais pas ton histoire.
Je ne sais pas qui tu es ni d’où tu viens.
Je ne sais pas à quoi tu ressembles.
Qu’importe, du moment que tu apprécies la vie, la mer et que tu as quelque chose à raconter.
Je te mentirais en te disant que je n’ai pas d’idéal féminin. Le mien, c’est le feeling, l’intensité de la voix et la vivacité de l’esprit.
J’ai une fâcheuse tendance à m’ennuyer rapidement. Si tu parviens à me faire rire (surtout avec un humour pourri), à me faire t’écouter sans décrocher et par-dessous tout, à rester, tu auras gagné là où beaucoup ont échoué (je teste ici ton esprit de compétition).
Si l’envie te prend de me découvrir, sache que j’ai une unique exigence : que les trois premières rencontres se fassent respectivement dans le noir, déguisés et de dos.
Oseras-tu relever ce défi ? »…»
Chapitre 3 :
Avery
«… tout en m’affrontant de son regard sombre dans le mien.
– Vous me connaissez sans doute déjà, intervient-il, mais je suis Carter Blanchais.
Quelle suffisance ! Sa voix est grave, envoûtante, du genre à faire fondre la personne à laquelle il s’adresse. Quelle qu’elle soit. Dangereux, bien trop dangereux.
Je rétablis une distance physique entre nos deux corps, et reprends le contrôle de la situation.
– Je suis Avery Jones, affirmé-je d’une voix posée.
Et c’est sûr que vous ne me connaissez pas encore.
Ostensiblement, je me tourne vers Dan Sutherland, un sourcil levé. J’attends les explications promises.
– Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur votre « petit jeune » ?
Mes mots font naître un sourire amusé sur les lèvres de Dan. Il sait parfaitement ce qu’il fait et ce qu’il dit. Rien de spontané chez cet homme. On ne développe pas une des plus grandes agences de communication de Grande-Bretagne sans maîtriser soi-même l’art du mensonge.
– Petit ? Rien ne l’est chez moi ! s’étonne Carter, avec une expression railleuse en appuyant sur chacun des mots.
Je lève les yeux au ciel, mais Dan fait mine de ne pas avoir entendu sa remarque impertinente. …»
La table est mise et une assiette fumante m'attend. C'est l'eau à la bouche que je plonge ma fourchette dans la purée maison, d'une onctuosité bandante.
Chapitre 6 :
Carter
«… – Vous allez faire du bon boulot ensemble, me certifie Dan.
Il me gratifie d’une tape amicale sur l’épaule et continue sa route pour se rendre dans son bureau. Peu confiant quant à cet élan de positivité, je pénètre dans la pièce sans frapper au préalable, ce qui me vaut une remarque acerbe de ma boss.
– En France, on ne vous apprend pas à vous annoncer avant d’entrer ? me lâche-t-elle, acerbe.
Je me retiens de lui rétorquer que lorsque je pénètre une femme, je n’annonce jamais ma venue au préalable, et me contente d’une réponse plus convenable. Du moins pour moi. Je choisis d’obéir comme me l’a stipulé Dan et ressors de la pièce avant d’y revenir.
– Carter Blanchais arrive ! hurlé-je théâtralement comme un crieur de rue.
Ce qui ne la fait pas du tout rire… …»
Voilà la vérité ! On aime, on souffre. Ne pas s’engager représente un gage de plaisir. Les conneries d’âme sœur, de sentiments réciproques qui durent toute une existence sont purement des mensonges. Comme le père Noël et la petite souris, placer l’amour au sommet du bonheur revient à te faire croire en quelque chose qui n’existe pas.