Citations de Julie Stanton (60)
Si tu viens
nous chevaucherons
les hémisphères
sur les dorsales océaniques.
Notre odyssée
Aussi spectaculaire
que la fosse des Mariannes. (p. 69)
Ici
ils jouiront continûment
des réserves
d’eau
de cervoise aromatisée à la menthe
de blé et d’églantines.
Les croiserai-je?
Nous rejoindras-tu
bientôt ange convoité
de la Plénitude?
Pose l’oreille
sur ma tombe
ô mon amour de peu de foi
tu entendras
malgré la stridulation
des cigales
mon pouls
battre le siècle.
Sous les hydrangées
ma chair
encore violente
mes iris
de pierres précieuses
le sang d’or dans mes veines
d’un rose amarante
ma bouche
pleine
de royal et d’auguste.
Ici
j’existe bardée d’infinitude
en dépit
des porteurs de noir
et de fleurs.
Il y eut un soir
Il y eut une aurore
des lendemains multipliés par dix et mille.
Puis nous avons cessé
de compter.
Ça ne sera jamais assez.
réfugiée
dans ma chapelle ardente
pour vêtir ton spectre
de pourpre et de velours
c’est ta robe bleue
qui émerge de ta biographie
comme une petite âme
endimanchée
s’échappant
d’un vaisseau fantôme,
vers quel cimetière marin
as-tu dérivé ?
vers quels ciels, quelle contrée
quelles eaux
hormis ce fleuve quand je te parle ?
dans le coin nord de la chambre
ta voix parfois
a des accents d’infinitude
tout dépend
de quel côté souffle l’espérance
***********
arrive la saison des vents d’ombre
des bourrasques s’annoncent
les glaces se figent
demain la tempête
reste au chaud avec moi
ma chérie
tu as l’éternité devant toi (pp. 124-125)
Elle coule le silence de pierre
aux creux des chambres sans issue (p. 38)
Elle le sait
cette mémoire de marbre ces fleurs de leurre
camouflent toutes les clameurs des femmes
couchées dans le chaos
asservies au profit des dynasties de pacotille
transfuges à l'amour (p. 22)
Chant et contre-chant de ses hanches
fatales amphores transmutation de glaise en continent
toujours prophétesse la voici qui hâle la vie
sur ses lèvres se lèvent les morts
des fantômes remontent ses rivières (p. 8)
Demain
nous traverserons le soleil
nos baisers comme des poings
au visage de ces hommes de pierre
qui ont détourné tes chemins
chaviré ton enfance (p. 34)
Mon sexe coule dans ta tête
ta vie entre mes reins
me donne au ventre
un jardin
où poussent des enfants (p. 31)
J'avais pris par mégarde
un petit petit mari
si petit le perdis
dans mon lit
dans ma vie (p. 17)
« maman… »
un mot ingénu
d'une telle amplitude
tu te redresses dans ton lit
croyant à l'orage (p. 106)
pourquoi t'acharner
tu as une valise
de larmes à vider
les visages de ta fille à recomposer (p. 76)
elle a la symphonie fabuleuse
des oiseaux migrateurs
la polyphonie des chorales célestes
le rugueux et le satin des dialectes
la sonorité du persan
du créole et du danois
mais c'est en italien
que tu lui demandes le parcours (p. 64)
dès que tu ouvres les yeux
ça se pétrifie
tu as soif de mirages
mais où dans la ville
ville assassine
ville fureur de vivre
tu demandes l'aumône
d'un début de délire
tu dis que tu cherches ta fille (p. 44)
le masque de tes souffrances
je l'ai gardé dans mon coffre à bijoux
avec tes médailles de guerre (p. 20)
Le Septième jour, Dieu se reposa.
Il n'aurait pas dû. (p. 45)
Il faut raccommoder les enfants au risque d'y passer. (p.38)
Avec leurs doigts sur la gâchette,
on vieillira en pièces détachées
dans des villes de nulle part où aller.
Ce sera très Pompéi
en plus des goudrons et de la nicotine,
ce sera bombe à retardement, la soif et le désert.
On fouillera l'Histoire pour un vague souvenir. (p. 31)
J'ai creusé les mémoires jusqu'aux muscles, les uniformes affûtés comme une lame, l'odieux à pleines mains et les mains trois jours encore. J'ai vu ce que je n'aurais pas dû voir, mais j'ai vu quand même. (p. 23)