Entrevue de Julie Stanton par Claudine Bertrand au Salon du Livre de Montréal 2011 dans l'émission Les Grandes voix de la Francophonie pour Parfaitement le chaos.
le bruit n’est pas pareil
du rocher et de la plage sous la vague
mais tes silences
la même tache d’huile le même brouillard
de violet en plus sombre
au seuil de mon isolement
mais tes silences retournent l’amour comme un gant
de quelle distance farouche
aurons-nous besoin demain
pour s’absenter l’un de l’autre
si nos fissures deviennent brèches
réfugiée
dans ma chapelle ardente
pour vêtir ton spectre
de pourpre et de velours
c’est ta robe bleue
qui émerge de ta biographie
comme une petite âme
endimanchée
s’échappant
d’un vaisseau fantôme,
vers quel cimetière marin
as-tu dérivé ?
vers quels ciels, quelle contrée
quelles eaux
hormis ce fleuve quand je te parle ?
dans le coin nord de la chambre
ta voix parfois
a des accents d’infinitude
tout dépend
de quel côté souffle l’espérance
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arrive la saison des vents d’ombre
des bourrasques s’annoncent
les glaces se figent
demain la tempête
reste au chaud avec moi
ma chérie
tu as l’éternité devant toi (pp. 124-125)
L'encre des choses ne blanchissait toujours pas mais l'apaisement me venait de ce qui s'était tu hors de ma brume, le rideau retombé sur les anciens parcours. Qu'importait l'attente puisque celle que j'attendais ne vivait plus lointaine. (p. 51)
— Je sais si peu de ta vie.
— Moi, rien de toi. L’amour doit-il savoir tant de choses ?
— Non, l’amour est.
(p. 73)
J'étais moi-même cet oiseau de velours prenant son envol dans une musique de cithare, l’œil et la vision, l'image et la regardante. Ma cape sur ma robe longue, je revenais à elle, la steppe, le relais de voyageurs. La lumière. (p. 97)
Chant et contre-chant de ses hanches
fatales amphores transmutation de glaise en continent
toujours prophétesse la voici qui hâle la vie
sur ses lèvres se lèvent les morts
des fantômes remontent ses rivières (p. 8)
Elle le sait
cette mémoire de marbre ces fleurs de leurre
camouflent toutes les clameurs des femmes
couchées dans le chaos
asservies au profit des dynasties de pacotille
transfuges à l'amour (p. 22)
est-ce nos deltas ou nos labyrinthes
l’édition originale de ces millions d’années
est-ce bien la peine de chercher dans les lointaines
quand la mise à nu confond la mise en page
à tant t’aimer mon mal-jumeau
mon fardeau qui persiste
je n’entends battre que la lame toujours recommencée
qui me défait dans tes bras