Citations de Julie Stanton (60)
le bruit n’est pas pareil
du rocher et de la plage sous la vague
mais tes silences
la même tache d’huile le même brouillard
de violet en plus sombre
au seuil de mon isolement
mais tes silences retournent l’amour comme un gant
de quelle distance farouche
aurons-nous besoin demain
pour s’absenter l’un de l’autre
si nos fissures deviennent brèches
— Je sais si peu de ta vie.
— Moi, rien de toi. L’amour doit-il savoir tant de choses ?
— Non, l’amour est.
(p. 73)
L'encre des choses ne blanchissait toujours pas mais l'apaisement me venait de ce qui s'était tu hors de ma brume, le rideau retombé sur les anciens parcours. Qu'importait l'attente puisque celle que j'attendais ne vivait plus lointaine. (p. 51)
réfugiée
dans ma chapelle ardente
pour vêtir ton spectre
de pourpre et de velours
c’est ta robe bleue
qui émerge de ta biographie
comme une petite âme
endimanchée
s’échappant
d’un vaisseau fantôme,
vers quel cimetière marin
as-tu dérivé ?
vers quels ciels, quelle contrée
quelles eaux
hormis ce fleuve quand je te parle ?
dans le coin nord de la chambre
ta voix parfois
a des accents d’infinitude
tout dépend
de quel côté souffle l’espérance
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arrive la saison des vents d’ombre
des bourrasques s’annoncent
les glaces se figent
demain la tempête
reste au chaud avec moi
ma chérie
tu as l’éternité devant toi (pp. 124-125)
Elle coule le silence de pierre
aux creux des chambres sans issue (p. 38)
Elle le sait
cette mémoire de marbre ces fleurs de leurre
camouflent toutes les clameurs des femmes
couchées dans le chaos
asservies au profit des dynasties de pacotille
transfuges à l'amour (p. 22)
Chant et contre-chant de ses hanches
fatales amphores transmutation de glaise en continent
toujours prophétesse la voici qui hâle la vie
sur ses lèvres se lèvent les morts
des fantômes remontent ses rivières (p. 8)
J'étais moi-même cet oiseau de velours prenant son envol dans une musique de cithare, l’œil et la vision, l'image et la regardante. Ma cape sur ma robe longue, je revenais à elle, la steppe, le relais de voyageurs. La lumière. (p. 97)
est-ce nos deltas ou nos labyrinthes
l’édition originale de ces millions d’années
est-ce bien la peine de chercher dans les lointaines
quand la mise à nu confond la mise en page
à tant t’aimer mon mal-jumeau
mon fardeau qui persiste
je n’entends battre que la lame toujours recommencée
qui me défait dans tes bras
Si tu viens
nous chevaucherons
les hémisphères
sur les dorsales océaniques.
Notre odyssée
Aussi spectaculaire
que la fosse des Mariannes. (p. 69)
Il y eut un soir
Il y eut une aurore
des lendemains multipliés par dix et mille.
Puis nous avons cessé
de compter.
Ça ne sera jamais assez.
Tant de regards déjà sur moi. Aujourd'hui c'est le sien, l'unique émoi de ce fluide qui me sollicite certaine dans l'incertitude cependant de ce qui nous arrivera. (p. 30)
la prochaine fois descendre trois stations avant
me dépêcher entre les lignes de m’écrire
Ici
ils jouiront continûment
des réserves
d’eau
de cervoise aromatisée à la menthe
de blé et d’églantines.
Les croiserai-je?
Nous rejoindras-tu
bientôt ange convoité
de la Plénitude?
Pose l’oreille
sur ma tombe
ô mon amour de peu de foi
tu entendras
malgré la stridulation
des cigales
mon pouls
battre le siècle.
Sous les hydrangées
ma chair
encore violente
mes iris
de pierres précieuses
le sang d’or dans mes veines
d’un rose amarante
ma bouche
pleine
de royal et d’auguste.
Ici
j’existe bardée d’infinitude
en dépit
des porteurs de noir
et de fleurs.
— Pourquoi les hommes meurent-ils à la guerre ?
— Pour rien.
— Moi, quand je serai grande, je veux mourir pour l’amour… (p. 94)
Dans un soudain état de grâce, le texte se donnait à lui. Il l'imaginait sur scène, révélé par lui et le révélant à lui-même. Il fallait qu'il le monte, au risque d'en perdre le sommeil. (p. 64)
je perds le goût du verbe et
je marche donc seule
dans la typographie des jours
imposant le noir et le rouge