An exciting contemporary YA read | Clean by Juno Dawson
J'en viens à détester mon portable. Avant, j'avais toujours un message, ne serait-ce qu'un emoji, de Ferdy. A présent, la plupart du temps, je n'ai aucune notification. C'est comme transporter un minuscule cadavre carré.
Qui a besoin d'un réveil quand il y a un coq à proximité ?
J'ai fait une interview avec Victoria Secret, et ils ont été surpris de découvrir que j'avais un accent londonien. J'ai compris que c'était parce que je ne m'étais presque pas exprimée en sept ans. Enfin, "Parce que je le vaut bien .", c'est quand même pas du Shakespeare, hein ? Comment se fait-il que le monde entier sait à quoi je ressemble, mais que personne n'ait jamais entendu ma voix ?
- Sois belle et tais-toi ?
Je me souviens. Je suis allongée sur la méridienne. Je me souviens. Kurt a enfoncé l'aiguille dans mon bras. Je ne le fais jamais moi-même, évidemment, c'est trop flippant. Je me souviens, j'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu toutes les lumières, les minuscules lumières de Londres. Ambre or et paillettes. Des bateaux sur la Tamise, des phares, le Shard à l'horizon. Tout s'est brouillé, tout était lucioles.
Lucioles...
Je rêve de lucioles.
Les échecs ? C'est très facile une fois que tu sais comment se déplacent les pièces. Le but du jeu est de protéger le roi.
- Quelle surprise !
- A vrai dire, la dame est tactiquement plus utile : elle peut se déplacer dans toutes les directions sur n'importe quel nombre de cases tandis que le roi ne peut bouger que d'une case à la fois.
- Comme d'habitude, la femme travaille deux fois plus pour moins de reconnaissance.
Et puis soudain je l'ai vu, accoudé à une extrémité du bar, parfaitement à l'aise. Ses cheveux tombaient dans les yeux, ses manches retroussées presque jusqu'aux épaules dévoilaient une peau qui grouillait de sirènes, d'ancres et de krakens. Oh, purée, vous savez quoi ? C'est lui qui a été mon premier opium. Il était une volute de fumée bleue qui s'enroulait autour du bar, se transformait en index me faisant signe d'approcher. J'ai su dés que je l'ai vu.
- Comment tu t'appelles ?
- Laurel Ross.
- Eh bien, Laurel, t es vraiment une très jolie fille. Mais tu mesures combien ?
- Un mètre soixante-cinq. (Elle baisse la voix. ) Mais plus avec des talons !
Il lui retourne un sourire compatissant.
- Pour être honnête, on ne recrute personne en dessous du mètre soixante-douze.
- Kate Moss fait un mètre soixante-dix...
Tom sourit.
- Kate Moss, c'est Kate Moss.
Elle était heureuse là-haut, à observer la vie à ses pieds, comme elle s'imaginait Gaïa le faire. C'est un vrai don de trouver le point d'orgue entre la solitude et l'isolement.
Je vais être orpheline. Orpheline ! Comme Oliver Twist ou Annie. Comment est-ce possible ? Je ne pensais même pas que ça arrivait dans la vraie vie.
Il n'y a pas de gentilles ou méchantes sorcières, il n'y a que des sorcières et les choix qu'elles font.