Citations de Kae Tempest (191)
Chacun cherche cette étincelle qui donnera du sens à sa vie. Cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur cœur plus fort.
Pete veut jouer la carte de la désinvolture avant de remarquer, penaud, qu'elle s'est désintéressée de lui.
Mais si un certain nombre de personnes ajoutent foi à un mensonge, la vérité n'a plus aucune valeur.
Harry se demande souvent comment on peut se fier aux souvenirs de deux personnes qui soutiennent deux versions différentes du même événement.
Les yeux fatigués, visage terne, il ne sait pas
où commence la vie et où s’arrête son crayon.
Tu es né pour être grand;
tu dois le croire.
Le savoir.
Le puiser
dans les larmes des poètes .
C’est ça le truc. Ça arrange le gouvernement, pas vrai, si tout le monde est fauché et malheureux et si on a l’impression qu’on arrive même pas à décrocher une seule journée de taf. Si on peut pas tirer de fierté de ce qu’on produit de nos propres mains. Comment on pourrait se soulever, foutre le feu au système ?
Harry lui donne une cigarette et fourre dans sa main deux ou trois billets de vingt livres. « Va pas tout claquer en héro, compris ? » La fille tressaille, imperceptiblement. « Va passer une nuit ou deux dans un foyer. Mets-toi quelque chose dans l’estomac. Tu promets ? » poursuit Harry, du désespoir dans la voix. La fille ne répond rien, elle garde les yeux fixés sur les billets dans son poing et Harry finit par s’éloigner, prise d’un vertige. La mauvaise conscience bourgeonne en elle. Combinée au chagrin. Je ne peux pas faire grand-chose de plus.
Autrefois ses rêves avaient une autre envergure.
Les gens se remettent à tuer au nom de leur dieu. L’argent nous anéantit. Leur solitude est si totale qu’elle sous-tend chaque amitié.
Alors Becky fit ce que font tous les ados quand ils sont entourés d'adultes qui disjonctent : elle prit la tangente.
Le corps d’Harry est propulsé à travers les airs et il atterrit,
démantibulé, au pied d’une falaise. Chaque os de son squelette
se brise en mille fragments.
Lui essaie de ne pas perdre la face, il envoie un message urgent
à son nez, ses yeux, sa bouche, son menton. Bougez pas. Prenez
l’air naturel.
Elle voudrait s’arracher la peau et se mettre à nu, révéler ses veines,
ses muscles, ses poumons qui palpitent, encrassés par le tabac, et
son pauvre cœur épuisé.
Son corps n’est plus que vibration. Un grondement assourdi, informe. Le monde décélère, elle a le cœur au bord des lèvres.
La perspective de coucher avec cette fille gronde dans le ciel
et retombe en pluie dense sur la vitre.
À la seconde où Paula posa les yeux sur John sa gorge se noua ; son sang se fit lourd. John éprouva une sensation indescriptible dans chaque millimètre carré de son cuir chevelu, et à la base de ses ongles.
Tout le tue, et pourtant sa vie ne finit pas de n’en plus finir : le matin arrive et il est encore là, les yeux ouverts. Vivant.
Elle fit de lui un homme, une femme, un enfant. Il n’avait jamais rien connu d’aussi intense. Lors d’une fête il se retrouva assis sur ses genoux, à minauder, rien que pour elle. Il aimait ce qu’il devenait sous son regard. Un coup d’œil de sa part et il se mettait à rire bêtement, à sautiller, à faire le pitre, pour elle. Au coup d’œil suivant il redevenait sérieux et taciturne, la passion le consumant à la moindre vibration de ses cils. Avec elle il passa par tous les stades. Elle était comme un corps étranger qui l’avait parasité. Un fragment métallique logé dans un organe vital. Un éclat d’obus scélérat qui s’était incrusté la première fois où il avait posé les yeux sur elle, l’instant où il avait senti la déflagration.
Tu trimes, tu bouffes, tu dors, tu baises, tu bois, tu danses, tu crèves.