Depuis quelques années, chaque été l’éditeur Delcourt-Tonkam propose un one-shot estivale. En 2017 ce fut Our Summer Holiday de Kaori OZAKI, en 2018 Our Summer Love de Takeru FURUMOTO [mon avis ici], et l’éditeur français nous propose de retrouver un récit de OZAKI avec Mermaid Prince. Enfin, ici nous ne devrions pas dire one-shot mais trois histoires courtes en un tome. Chaque histoire peut être lue de manière indépendante. Au Japon, ces trois récits sont parus entre 2014 et 2015 dans le magazine Wings Shojo des éditions Shinshokan, qui avait déjà vu la publication de lu premier récit de la mangaka Immortal Rain en 1999. La première histoire porte le nom de »Les Hauts de Pluie et Lune », où l’on suit deux collégiennes prenent le train pour se rendre en cours. En chemin elles réalisent qu’elles ne sont jamais allées plus loin que la station qui les mène au collège. Fumika et Akari sont très différentes, la première étant plutôt réservée et studieuse, tandis que la seconde n’est pas très douée pour les études et adore se mettre un peu en danger. Une amitié simple mais qui va être chamboulée quand Fumika annonce qu’elle va sortir avec un garçon lui ayant fait une déclaration. L’ambiance est à la fois douce et mélancolique, et on ne sait pas trop sur quel pied danser. Chacune des jeunes filles va prendre une direction différente, Fumika devenant une nouvelle personne. Le fossé se creuse entre les deux amies, ce qui secoue énormément Akari. Les sentiments d’Akari semblent effacés face à la vie et les changements qui s’opèrent autour d’elle, ce qui est traduit par son comportement désinvolte presque je m’en foutiste. Un portrait de l’adolescence auquel OZAKI insuffle sa propre vision. La seconde histoire »Jour de neige » ne fait qu’une vingtaine de pages dans une contrée enneigé, plus particulièrement dans une bibliothèque où travaille une jeune femme. La tempête de neige qui sévit place ce petit lieu plein de chaleur au cœur d’un récit qui emprunte un peu au surnaturel avec l’entrée d’un père et de son fils qui semblent être à la rue. La mangaka place ici et là quelques indices pour nous guider dans la découverte de cette dynamique avec l’homme et son fils.
Là aussi, la mélancolie se fait sentir mais avec une narration plus intime et plus adulte. Puis, arrive enfin »Mermaid Prince » qui donne titre à ce recueil. En un peu plus d’une centaine de pages, nous plongeons dans un récit porté sur la mer et une certaine forme de conte de fées, ou presque. Mugi vient d’emménager sur l’archipel d’Okinawa pour rejoindre sa sœur qui vient de se marier. Venant de Tokyo il est difficile pour lui de trouver ses marques dans un paysage si différent, le laissant un peu sur le banc de touche. Sans amis et parfois chamaillé, il va trouver en la présence de Matori, une camarade, un certain sentiment de réconfort. Joviale et attentive la jeune fille arrive à lui faire vivre son déménagement de manière moins brutale. Mais un jour, après une dispute avec le mari de sa sœur, Mugi décide de s’enfuir. Commence alors une série d’évènements qui va amener Mugi et Matori à découvrir les secrets d’une légende sur une sirène que la grand-mère de l’adolescente lui avait raconté. Sans en dire trop, la légende dit que la sirène en question peut réaliser les vœux de ceux qui la rencontrent. Sous l’écriture de ce petit conte, la mangaka reste dans le thème de l’adolescence et à quel point il est difficile de trouver sa place en ce monde. La perception du monde qui entourent les deux ados est différente pour chacune. L’une est positive tandis que l’autre est plus dans le négatif en ayant du mal à accepter que les choses changent, qu’on le veuille ou non. Chaque histoire nous laisse un ressenti différent après la lecture. En fonction de vos goûts, vous aurez une préférence. De mon côté j’ai plus apprécié »Mermaid Prince » qui m’a séduite par son côté conte de fées servant de miroir à des sentiments plus personnels. La narration est bonne dans les trois histoires, mais encore une fois ce sera au lecteur d’y trouver ses préférences. Le dessin est très bon et reste dans la lignée des récits estivaux proposés par l’éditeur français. Le design des personnages est plein de vitalité, quoique parfois un peu vide. Toutefois, il reste agréable et sert bien les récits. L’édition ne souffre d’aucun défaut majeur, et bénéficie d’une traduction de Patrick Honnoré (Le Gourmet solitaire, Un Ciel radieux, le roman Battle Royale, La Photographe, etc.). En conclusion, Mermaid Prince propose trois histoires qui illustrent les changements d’une vie et ses conséquences en notre fort intérieur. Une lecture divertissante.
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