Kate Riordan

– Quel temps vivifiant ! leur cria-t-il afin de se faire entendre. Sanditon doit avoir la brise la plus revigorante de toute la côte sud ! Qu’en dites-vous, Charlotte ?
– Qu’en tout autre endroit, on la qualifierait de tempête, monsieur !
– Très juste, très juste, acquiesça-t-il en inspirant à pleins poumons. Mais à Sanditon, il n’y a jamais de tempête !
– Elles ne sont pas autorisées à y souffler, c’est bien cela ?
Mr Parker lui adressa un sourire approbateur.

Si on divorce, ce n'est pas faute d'amour pour son conjoint. C'est aussi qu'on ne veut plus passer de temps avec cette version de soi qui surgit en sa présence.

Je veux t'avertir que savoir n'est pas toujours une bonne chose, qu'une fois que l'on sait on ne peut plus ne pas savoir. Une seule révélation peut tout renverser, démolir des murs qu'on croyait solides, révéler des pièces qu’on aurait préféré ne jamais voir.

Nous sommes tous, jusqu'à un certain point, impénétrables. Nos pensées et nos désirs les plus intimes choqueraient les gens dont nous sommes le plus proches.

Oser envisager d'abandonner son enfant est peut-être d'un égoïsme impardonnable mais pas pour moi, pas à ce moment-là; je suis mue par un instinct de survie.

Je donnerais ma vie pour elle, sans l'ombre d'une hésitation; je suis sa mère. Mais, parfois, j'aimerais ne pas l'être. Il n'y a pas de paradoxe pour moi dans ces affirmations. Elles coexistent dans ma tête, certitudes jumelles que je me surprends à chuchoter, comme un étrange mantra.

𝑬𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒏’𝒆́𝒑𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒓𝒊𝒆𝒏 𝒅’𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒎𝒐𝒊 𝒆𝒕 𝒎𝒂 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝒅𝒖 𝒅𝒆́𝒈𝒐𝒖̂𝒕 𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒍’𝒉𝒐𝒓𝒓𝒆𝒖𝒓, 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒎𝒆̂𝒎𝒆.

Si on divorce, ce n'est pas juste faute d'amour pour son conjoint. C'est aussi qu'on ne veut plus passer de temps avec cette version de soi qui surgit en sa présence.

comme si j'étais remontée dans le temps, à cette époque où je n'étais encore ni épouse ni mère, quand tout était devant moi et que rien ne m'effrayait.

« Écoute, chérie. Écoute les cigales, me disait ma mère quand j'étais petite pour tenter de m'empêcher de courir dehors et de prendre un coup de chaleur. Elles te diront s'il fait trop chaud pour sortir aujourd'hui. » J'avais oublié.

Élodie a toujours été solitaire à l'école. C'est l'un des points soulevés par les enseignants, et ce dès ses premiers jours à la crèche du village. "Élodie ne semble pas avoir beaucoup d'amis", disaient-ils, même si je savais qu'en fait ils voulaient dire "n'a aucun ami". Seule une maîtresse, jeune et sérieuse, en début de carrière, a fait une observation légèrement différente mais qui m'a paru fondamentale. "Élodie ne semble pas avoir besoin d'amis."